Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
Par SORIN Michel
Retrouver le soutien du peuple et redresser l’Europe
Les principaux candidats socialistes aux primaires ne semblent pas avoir lu le livre de Jean-Pierre Chevènement « La France est-elle finie ? » (voir Chevènement répond à Malakine, qui avait commenté (blog) son livre - 2 mars 2011).
Pourtant, il leur serait bien utile pour ouvrir la porte de l’élection présidentielle. Car on y trouve les clés. Encore faut-il accepter de remettre en cause les dogmes européens du PS et vouloir fermer la parenthèse libérale.
Comment renverser le cours de la politique européenne et faire germer l’idée d’une politique alternative ? Les Strauss-Kahn, Aubry, Royal et Hollande n’ont pas amorcé la moindre réflexion sur ce point.
Voici deux extraits du livre de Chevènement, qui sont déterminants pour la prochaine élection présidentielle.
Faire fond sur la France pour redresser l’Europe (ch XII, p 249)
(…) Or, dans la crise qui vient, nous aurons besoin non pas de « plus d’Europe », mais d’une « autre Europe », ou, pour parler clair, d’une Europe confédérale des nations, ou, si l’on préfère, d’une « République européenne des peuples », dont la clé est d’abord une nouvelle entente franco-allemande englobant bien entendu les autres peuples, à commencer par l’Italie et par l’Espagne (pour en rester aux pays de la zone euro), mais aussi la Russie et les peuples de l’Euroméditerranée.
Ce sera une question de vie ou de mort, si tant est que l’Europe n’ait pas déjà été « sortie » définitivement de l’Histoire. Parions donc que la mort n’a pas déjà saisi le vif.
Nous l’avons vu, il faudra, dans cette hypothèse, bouleverser la pratique européenne pour introduire un mécanisme de solidarité financière acceptable par l’Allemagne, revoir les statuts et le rôle de la Banque centrale européenne, et instaurer enfin une politique harmonisée au niveau de la zone euro, là où précisément ne peuvent plus jouer, aujourd’hui, les mécanismes d’ajustement monétaire.
C’est donc le contenu même du traité de Maastricht, son « logiciel », que, sous l’empire de l’urgence, il faudra revoir. Sera-ce possible ? Si l’occasion s’en présente, cela dépendra beaucoup de la capacité de la France à rassembler sur un tel projet une majorité dépassant les clivages habituels. Seule une France unie pourra faire bouger l’Allemagne.
Beaucoup de dirigeants socialistes n’ont malheureusement pas encore compris qu’ils allaient devoir faire fond sur la France pour redresser l’Europe. Ils disposent d’un outil sans équivalent, à la fois pour retrouver le soutien des couches populaires et pour exercer un effet de levier sur l’Europe et sur le monde. Il serait temps qu’ils s’en avisent s’ils ne veulent pas laisser à Nicolas Sarkozy le soin d’interpréter le rôle.
La gauche doit se mettre à la hauteur du défi (p 255)
Tout président de la République française devrait avoir pris la mesure de l’enjeu, et bien sûr tout candidat, comme un chevalier doit se recueillir avant d’être adoubé. Est-ce aujourd’hui le cas ? Y a-t-il, à gauche, un candidat qui soit à la hauteur du rôle ? Comment dessiller les yeux de femmes et d’hommes auxquels l’emploi du mot France est suspect et qui n’y voient qu’un « petit pays », alors que la France est le seul véritable levier pour affirmer notre responsabilité vis-à-vis du monde ?
La gauche doit se hisser à la hauteur du défi. La remontée du Front national et le retour au bercail des électeurs frontistes qui s’étaient portés sur Nicolas Sarkozy en 2007 peuvent, certes, faciliter la défaite de celui-ci en 2012, mais, à terme, elle recèle un immense danger. Si la gauche française n’était pas capable d’incarner en période de crise le salut public, on verrait alors une radicalisation de la droite, qui faciliterait son rapprochement avec le Front national de Marine Le Pen.
Pour réussir en 2012, la gauche doit hausser la mire. Les choix effectués à partir des années 1983-85 l’ont mise en porte-à-faux par rapport aux aspirations et aux besoins de son électorat naturel. Elle peine à renouer avec le Peuple : autant avec le «peuple des « travailleurs » qu’avec le « Peuple français », celui des citoyens. La tentation est grande de surfer sur les échecs et les difficultés de Nicolas Sarkozy. Comme toujours (sauf de 1965 à 1981), la plupart des dirigeants de la gauche comptent sur l’effet « essuie-glace », c’est-à-dire sur le rejet d’un corps électoral déçu par les promesses dont il a été abreuvé et déshabitué de penser la chose publique à la lumière de l’intérêt général.
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