Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
Dans ces circonstances gravissimes, faire bouger les lignes
Depuis 2002, Jean-Pierre Chevènement était victime d’un ostracisme politico-médiatique. Ces derniers jours, il y a du mieux et l’amélioration devrait se poursuivre dans les deux ans qui viennent.
Que se passe-t-il ? Tout simplement un atterrissage, le retour aux réalités. Les yeux s’ouvrent sur la nature de la crise et sur le bilan du pouvoir en place depuis trois ans. La France va de plus en plus mal.
Le brouillard européen se dissipe, laissant voir le paysage. Et on commence à ne plus mépriser celui qui, constamment depuis 1983, a mis l’accent sur les causes du mal, sans être écouté, car on le disait archaïque (comme Mitterrand, avant 1981).
Désormais, le PS passe la consigne de ne pas l’agresser, car il représente une sensibilité de gauche qu’il faut respecter, selon Benoît Hamon (JDD, 26 juin).
La leçon de 2002 a été retenue par le PS (le congrès de Reims est passé par là), mais aussi par Jean-Pierre Chevènement, qui se situe clairement à gauche, renvoyant d’autres éventuels candidats républicains là où ils sont. Dominique de Villepin vise à prendre le dessus sur Nicolas Sarkozy dans l’électorat de droite. Le cas de Nicolas Dupont-Aignan est différent, car il a clairement rompu avec l’UMP et pourrait être tenté par le programme de salut public de Chevènement.
C’est une grande satisfaction pour nous, militants de la Mayenne et de la Sarthe, signataires d’une contribution* au débat du congrès, qui avons souhaité une candidature républicaine ancrée à gauche, faisant le lien, comme Jaurès, entre République et socialisme, entre le monde du travail et le pouvoir politique, nous qui avons proposé un amendement pour maintenir la retraite à 60 ans**.
Jean-Pierre Chevènement a médité l’expérience de 2002. Il recherche l’alliance à gauche, mais ce sera aux partis de gauche et aux citoyens de se déterminer par rapport à son programme de salut public et il se donne un an pour y voir clair sur la capacité de la gauche à se remettre en cause.
Tout est donc possible, selon l’évolution de la crise et les réponses qui seront apportées par les partis de gauche.
Il se lance le premier, parce que son diagnostic de la maladie de la nation française le conduit à proposer des remèdes qui lui semblent nécessaires et urgents pour un retour à l’équilibre sanitaire du pays. Il ne voit pas d’autre dirigeant politique français s’engager dans une démarche similaire.
Dans un premier temps, il s’agit de lancer le débat de fond afin de faire bouger les lignes sclérosées de la politique en France. En fonction du résultat, il avisera de la décision à prendre en ce qui concerne l’élection présidentielle.
Entretien à France-Soir: « Oui, j'envisage d'être candidat en 2012 »
France-Soir. Le Mouvement républicain et citoyen (MRC), dont vous êtes le président d’honneur, annonce son intention de soutenir en 2012 un « candidat républicain ». Vous pourriez, dit-on, être ce candidat. C’est sérieux ?
Jean-Pierre Chevènement. Si j’envisage d’être candidat, c’est parce que les circonstances sont gravissimes et qu’il faut faire « bouger les lignes ». La France va mal. Elle s’est installée depuis trente ans dans un chômage de masse qui touche plus de 20 % des jeunes. Elle n’a jamais été aussi inégale. L’éthique républicaine est foulée aux pieds. Certes, je ne suis plus jeune, mais l’expérience est irremplaçable !
Pourtant, vous aviez envisagé, jusqu’à une période récente, de participer aux primaires du PS…
Elles ont été vidées de leur substance par Martine Aubry et Dominique Strauss Kahn qui ont conclu le pacte de Marrakech, et qui se sont également entendus avec Ségolène Royal. Quelle confiance, au surplus, peut-on faire aux socialistes pour l’organisation de ces primaires ? Mais la question majeure est ailleurs : le PS est-il prêt à mener demain une politique de salut public ?
Qu’est-ce que ça veut dire?
J’ai toujours essayé de faire accepter au PS qu’il pèse pour modifier les statuts de la Banque centrale européenne : sans aucun résultat. Le PS est prisonnier du PSE (Parti socialiste européen) lui-même sous la domination du SPD allemand qui ne le veut pas. Alors pour nous sortir d’affaire, je ne fais pas confiance à ceux qui, depuis 1983, nous ont fourvoyés avec une politique de la monnaie forte, une déréglementation généralisée et l’introduction d’une monnaie unique par le traité de Maastricht. Un traité qui est en train de se casser la figure.
Aucune entente n’est donc envisageable entre vous, d’une part, Martine Aubry, DSK et Ségolène Royal, de l’autre ?
Tous les dirigeants socialistes, même Jean-Luc Mélenchon, ont soutenu perinde ac cadaver (jusqu’à la mort, NDLR) le traité de Maastricht et ses dispositions les plus stupides. Maastricht, ça a été la mise en congé de la nation. Une erreur gravissime. Résultat : la France, aujourd’hui, ne croit plus en elle-même. Comme dans les années 1930.
Allez-vous jusqu’à dire qu’il vaudrait mieux sortir de l’euro ?
L’euro est aujourd’hui une réalité. Je suis partisan de défendre la zone euro dans son intégralité, c’est-à-dire avec tous les pays du Sud. Cela passe par un compromis franco-allemand sur l’idée que l’Europe ne peut pas avoir une monnaie surévaluée. L’Allemagne devrait admettre que la Banque centrale européenne (BCE) fasse des avances aux Etats attaqués. Sinon, la spéculation se déchaînera, et ça va « péter » ! On ne peut pas exclure la défaillance d’un grand pays du sud de l’Europe dans le cours de l’été. Il faut se donner, dès maintenant, des armes de dissuasion. Le mois d’août est toujours le mois des mauvais coups!
En réponse au projet du gouvernement sur la réforme des retraites, la gauche propose un financement du déficit mettant largement – et presque exclusivement – les plus riches à contribution. Y adhérez-vous ?
La retraite est le capital de ceux qui n’en ont pas. On ne peut faire l’économie de l’augmentation des années cotisées mais, pour cela, il faut une économie en croissance, créatrice d’emplois. C’est bien beau de dire qu’on va retarder l’âge de départ à la retraite mais s‘il n’y a plus de travail, si les entreprises veulent se débarrasser de leurs sexagénaires, comment faire ?
Acceptez-vous de retarder l’âge légal de départ à 62 ans ?
C’est injuste pour les ouvriers ! Savez-vous qu’ils vivent en moyenne sept ans de moins que les autres catégories de Français ? La retraite à 60 ans, c’était une grande conquête pour la classe ouvrière. Cependant, il est évident que la durée de vie moyenne s’allonge. Le fond du problème, c’est la relance de l’économie : on ne rétablira les comptes de la Sécurité sociale comme les comptes publics que par une augmentation des recettes. Et cela passe par une monnaie moins forte qui n’écrase pas notre compétitivité, par l’investissement de notre épargne – une des plus élevées du monde – dans l’innovation, la recherche, la technologie, la formation. Et cela en France, pas à l’étranger ! Il faut refaire de la France un grand pays industriel et technologique. Elle en a la capacité si la volonté politique est là !
Aujourd’hui, l’ancien ministre de l’Intérieur que vous êtes combat la réforme territoriale. Pourquoi cette posture ?
Cette réforme, très mal conçue, n’était pas nécessaire. Notre organisation, simple, repose sur trois niveaux : commune, département, région. L’intercommunalité a remédié à l’émiettement communal. La réforme vise à réduire drastiquement le nombre des communes en transformant les intercommunalités en communes nouvelles. Or on a besoin des petites communes ! On a besoin de ces élus locaux très dévoués qui participent au maintien du lien social. Et puis le gouvernement a inventé une nouvelle entité : la métropole.
Vous y êtes hostile ?
Soyons clair : la création de ces « métropoles » va décapiter sept régions et désosser une douzaine de départements. Et puis cette réforme vise à mettre les collectivités locales à la diète : le gouvernement a déjà annoncé le gel des dotations des collectivités territoriales. Bref, voilà une « réforme » qui met le pataquès dans l’organisation territoriale de la France. Bon, la loi va être votée, mais y aura-t-il une majorité pour l’appliquer en 2014 ?
La gauche peut-elle, selon vous, gagner le Sénat en 2011 ?
C’est possible. Les dernières élections locales et régionales devraient en effet permettre à l’ensemble de la gauche de gagner de nouveaux sièges. Quant à ceux qui font courir le bruit que je serai candidat à la présidence du Sénat en 2011, ce ne sont pas des gens qui me veulent du bien ! Je me suis uniquement déclaré disponible pour l’élection présidentielle de 2012 !
Source : francesoir.fr
· *Congrès MRC : l'intervention de Michel Sorin, présentant sa contribution - 29 juin 2010
· ** Congrès MRC : Gérard Beillard (MRC 53) est intervenu sur les retraites -28 juin 2010
Cet article est le 108ème paru sur ce blog dans la catégorie CHEVENEMENT.