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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

Euro : des cadres du MRC proposent de passer de l'euro à l'euro franc

De l’euro, monnaie unique, aux euros nationaux ?

 

Il est temps de proposer une solution à la crise de l’euro. Le Mouvement Républicain et Citoyen le fait, par l’intermédiaire de ses deux secrétaires nationaux chargés des affaires économiques et financières, Dominique Garabiol (photo en haut) et Bruno Moschetto(photo en bas), qui ont publié une tribune dans l’édition du quotidien Le Monde, datée du 30 septembre 2011.

Universite-d-ete-MRC-2011-008-T.jpgL'euro est mort, vive l'euro franc !

 

Cette accélération de la crise de l'euro appelle sa nécessaire maîtrise par les autorités politiques ou monétaires. Avant que les marchés n'imposent une désintégration anarchique de l'euro, une gestion pragmatique de leur monnaie par les pays de la zone euro s'impose. En effet, l'euro est une monnaie, mais ce n'est pas une monnaie désincarnée, ni une "monnaie européenne". Ce qui est européen, c'est la politique monétaire et l'instance qui la détermine et la conduit : la Banque centrale européenne.

L'euro, c'est la monnaie de chaque État membre de ladite zone. Cette donnée est illustrée par le fait que les pièces de monnaie ont pour chaque État une face nationale et les billets un code national. Par là, notre monnaie l'euro a gardé l'identité de son ancrage national.

Une monnaie, c'est pour ceux qui la détiennent des créances sur l'appareil bancaire des pays concernés. En l'espèce des avoirs en compte, ou la monnaie scripturale, correspondent à des créances sur les banques commerciales. Et, des avoirs en poche, les billets ou la monnaie fiduciaire correspondent à des créances sur les banques centrales du système. La masse monétaire de chacune de ces monnaies a pour contrepartie des crédits pour l'essentiel sur l'économie. En matière monétaire, tout se ramène aux territoires nationaux.

Ainsi, les avoirs monétaires qui sont gérés par l'appareil bancaire d'un pays au bénéfice de ses déposants, ne seraient en rien altérés si ces pays décidaient de rebaptiser leur monnaie en y accolant la dénomination de leur assise nationale. L'euro franc serait l'équivalent de l'euro "unique" un pour un. Par là, rien ne serait changé à la valeur interne de notre monnaie puisque soit nos banques commerciales soit notre banque centrale seraient redevables d'euro francs comme elles le sont d'euros "uniques". Une banque dont un déposant souhaiterait convertir ses avoirs en compte en billets, se verrait offrir des billets portant la mention euro franc correspondant au signe distinctif. Autrement dit l'euro franc existe déjà en droit et en fait.

Ce passage de l'euro "unique" aux euros "nationaux" se ferait sans contrainte ni contrepartie puisque depuis sa création, l'euro n'est rattaché à aucun autre étalon. Autrement dit, l'euro est un électron libre dont la valeur externe flotte vis-à-vis des autres devises, le dollar ou le yen. Sa parité externe n'est garantie par aucune clause de change et l'adjonction d'une dénomination nationale à la dénomination commune ne ferait que correspondre à la réalité de l'activité économique et monétaire des différents pays composant l'espace commun. La cohabitation des différents euros nationaux serait assurée par des appréciations ou des dépréciations qui tempéreraient ou encourageraient le passage d'une euromonnaie à une autre. Sur le plan interne, le pouvoir libératoire des différentes euromonnaies serait garanti par le fait que chacun des États accepterait l'euro national en paiement des prélèvements obligatoires, pratique qui a contribué à accréditer le cours légal d'une monnaie.

Ce qui est valable pour les avoirs monétaires, c'est-à-dire les dettes bancaires, le serait aussi pour les avoirs obligataires dont les dettes souveraines, lesquelles seraient au terme de leurs échéances payées en euros nationaux. Ces dettes ne verraient pas leur valeur nominale modifiée par cette mutation monétaire des euros "uniques" en euros nationaux, mais leur valeur serait appelée à fluctuer en fonction de leur prix sur les marchés secondaires. Aussi pourrait-on imaginer que, face à une dépréciation significative de ces créances, leurs détenteurs seraient conduits à constituer des provisions compensatoires mais rien n'interdit de penser que celles-ci pourraient être reprises en cas d'appréciation ultérieure de leur valeur sur les marchés.

La flexibilité monétaire intrinsèque à cette mutation permettrait aussi l'adoption rapide de l'euro par les nouveaux pays membres de l'UE ainsi que par les anciens qui ne l'ont pas adopté. L'UE redeviendrait une zone politique soutenable et durable. L'Allemagne n'aurait pas à supporter une Europe de transferts financiers qui s'annonce sans fond. Aussi, que vive l'euro franc et ses semblables !

Universite-d-ete-MRC-2011-017-T.jpgSource : Le Monde (29 septembre)

 

Rappel : Le plan de sauvetage européen de la Grèce pris en défaut de crédibilité - 26 juillet 2011

 

Chevènement dénonce l'aveuglement des autorités européennes - 20 septembre 2011

 

A lire, aussi : Euro : pourquoi il est très loin d'être sauvé (Jacques Sapir, Marianne, 3 octobre)

Beaucoup de commentateurs ont poussé de ouf de soulagement après l'adoption par la majorité des pays de l'Union du plan de soutien à la Grèce. L'économiste Jacques Sapir explique pourquoi il s'agit d'un répit précaire : la faillite de la Grèce est inéluctable, la contagion va s'étendre à l'Espagne et l'Italie, et la situation va devenir encore plus périlleuse pour les banques françaises et allemandes (...)
Et aussi cet extrait d’un article (3 octobre) de Florent Detrov pour l'Edito Matières Premières & Devises  qui montre le climat du moment.

(…) Une Europe qui fige le monde. Les matières dégringolent à mesure que le paquebot européen se dirige lentement mais sûrement sur l'iceberg de la dette. Malheureusement, personne ne s'est encore précipité pour donner un grand coup de barre à gauche ou à droite pour inverser la direction. Jeudi dernier, un premier écueil a été évité, avec le vote du Bundestag en faveur du FESF. Une première bataille remportée. Pourtant l'Europe est tombée de Charybde en Scylla, évitant l'écueil allemand pour mieux patienter devant la décision slovaque. Personnellement, je n'arrive pas à savoir lequel des deux est le plus effrayant : le risque de faillite bancaire, ou dépendre de la Slovaquie pour sauver l'euro ? Le FESF reste le symbole de l'immobilisme européen, et sa mise en place n'en finit pas de figer les investissements...

La BCE s'attend au pire. Cependant, le feuilleton du FESF a été relégué en deuxième page des journaux ce matin, devant l'imminence de l'intervention de la BCE. Seule capable de donner le coup de barre nécessaire, la BCE pourrait abaisser ses taux directeurs à trois mois, vers les 1%. Ne cherchez rien de positif pourtant. Quand on connaît la fermeté de la BCE quant à la maîtrise de l'inflation, un tel geste signifie que l'heure est grave. Vous l'aurez donc compris, ce n'est pas d'Europe que les bonnes nouvelles viendront (…).

 

Cet article est le 80ème paru sur ce blog dans la catégorie France et Europe.

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