Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
L’Apli : un rôle d’aiguillon vis-à-vis des syndicats majoritaires
On se souvient des grèves de livraisons du lait aux collecteurs (industriels et coopératives) organisées par les producteurs de lait regroupés dans l’EMB (European Milk Board) à l’échelon européen pendant deux semaines en septembre 2009, à l’initiative de l’ASSOCIATION NATIONALE DES PRODUCTEURS DE LAITS INDEPENDANTS.
Les syndicats majoritaires avaient refusé de s’y associer, en désaccord avec la méthode d’action et mettant en avant l’accord négocié avec leurs partenaires de la transformation, concernant la fixation du prix du lait payé aux producteurs.
En 2009, les producteurs avaient supporté tout le poids de la crise, leur revenu baissant de 30 à 50%. En 2010, le marché du beurre et de la poudre de lait s’est redressé, sans que l’évolution du prix payé aux producteurs remonte en conséquence. Vexés par l’attitude non partageuse des industriels, les syndicats majoritaires, gestionnaires du système, se rebiffent et manifestent leur mécontentement. Ils prennent ainsi les devants pour éviter de se faire déborder par leur base et par l’Apli.
Manifestation à Laval
Le quotidien Ouest-France relate, dans son édition départementale (53) hier - voir Laval : 150 producteurs de lait manifestent devant Lactalis - « l’action coup de poing de 150 producteurs, emmenés par la FDSEA 53 et les Jeunes Agriculteurs (JA), devant l’usine Lactalis à Laval. Ils demandaient le respect des accords sur le prix du lait. A travers Lactalis, c’est l’ensemble des transformateurs qui étaient visés. Les industriels et les coopératives laitières refusent de respecter les accords interprofessionnels du 3 juin 2009, selon lesquels le prix du lait devrait se situer autour de 325 euros les mille litres de lait pour le mois de juillet et de 340 euros pour le mois d’août ».
Voir Crise du lait : nouvelles manifestations près de Laval (Le Monde, 4 août)
L’article publié ce 5 août sur le site du Monde (Tiphaine de Tricornot) pose bien le problème.
Pourquoi la filière laitière se remet à bouillir
Les braises du conflit opposant les producteurs de lait aux industriels depuis maintenant plus d'un an sont encore chaudes. La Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), sa branche laitière (la FNPL), ainsi que les Jeunes Agriculteurs (JA), proches de la première centrale française, ont lancé, mercredi 4 août, un ultimatum aux industriels : ces derniers ont jusqu'au 12 août pour revenir à la table des négociations.
Principal point d'achoppement, le prix du lait pour le troisième trimestre. Les livraisons effectuées en juillet doivent être payées le 15 août. Or, certains agriculteurs ne connaissent toujours pas aujourd'hui la valeur de leur production déjà livrée. Depuis l'accord du 3 juin 2009, le prix du litre de lait est fixé chaque trimestre pour les trois mois suivants par une négociation de l'interprofessionnelle, rassemblant la FNPL et les industriels du secteur. La réunion de juin – censée établir les prix de juillet, août, et septembre – s'est soldée par un échec, tout comme celles qui ont suivi.
La conjoncture s'est pourtant améliorée et n'a plus rien à voir avec la crise de 2009, où la demande était en chute libre. Les producteurs français, qui ont connu en moyenne une baisse de 54% de leurs revenus en 2009, entendent profiter eux aussi de cette embellie: ils réclament une augmentation des prix à 330 euros la tonne, loin des 295 euros du deuxième trimestre et des 313,68 proposés par le groupe Lactalis.
RÔLES INVERSÉS
Epandages massifs et spectaculaires, ouverture des "tanks"…: la "grève du lait" de septembre 2009 avait été lancée par des agriculteurs rassemblées autour de la bannière de l'Association des producteurs de lait indépendants (APLI). Un mouvement auquel la FNSEA s'était fermement opposée, au risque de se couper de sa base. Mais désormais, les rôles s'inversent: la FNSEA s'agite et l'APLI observe. "On va laisser faire les syndicats dits “représentatifs” [FNSEA, JA, FNPL], voir s'ils sont capables d'engager une grève du lait au niveau européen et là, nous, on suivra", explique Pascal Massol, président de l'APLI.
"Alors qu'en août 2009 la FNSEA a joué la carte de l'accord et attendu des termes satisfaisants, elle a cette fois compris que sa base militante voulait qu'elle joue son rôle de syndicat et plus seulement de partenaire, explique François Purseigle, sociologue à l'Institut national polytechnique de Toulouse. La FNSEA ne veut pas revivre une grève du lait et risquer une nouvelle déstabilisation. Elle anticipe donc le conflit à venir. Sentant le vent gronder, elle a préféré mener les choses et ne pas laisser de marge de manœuvre à l'APLI."
Pour le moment, les agriculteurs se limitent donc surtout à apposer des autocollants sur les produits faits à partir de "lait inéquitable". Et ils ont demandé aux consommateurs de boycotter les produits vendus par Lactalis (Président, Bridel…), Bongrain (Cœur de lion…) ou Bel (La Vache qui rit…). Luc Morelon, porte-parole de Lactalis, dit "ne pas refuser le dialogue" : "Le problème reste le même, explique-t-il. La question est de savoir combien de temps on va continuer à surpayer le lait en France, notamment par rapport à l'Allemagne." Une différence qu'il estime de "40 euros par tonne".
Bruno Le Maire, le ministre de l'agriculture, a apporté, mercredi 4 août, sur RTL, son soutien aux producteurs : "Lorsque les prix s'effondrent, la répercussion est immédiate sur les revenus des producteurs. (…) Les prix remontent, je souhaite que les producteurs soient correctement rémunérés. Ils ne le sont pas aujourd'hui." Dans son entourage, on annonce un plan de développement de la filière laitière pour la rentrée. Et la Commission européenne doit aussi rendre public un paquet législatif à l'automne avec des mesures spécifiques au secteur du lait.
Le conflit ne devrait pas connaître de conclusion rapide. L'APLI mise, pour le moment, sur sa marque de "lait équitable". Un produit "respectant un prix décent pour les producteurs à 400 euros la tonne", explique M.Massol : "On a déjà reçu l'accord de principe d'industriels et de producteurs. On doit pouvoir le commercialiser, fin 2010, en Poitou-Charentes avec le soutien de Ségolène Royal." Les trois syndicats majoritaires ont eux refusé de se prononcer sur les types d'actions envisagées à la fin de leur ultimatum.