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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

G20 agricole à Paris : cet accord prétendument historique ne règle rien

Ce n’est pas là que l’Europe doit penser une politique agricole

 

La presse évoque les acclamations qui ont accompagné l’adoption de mesures des principales puissances pour lutter contre la faim dans le monde et limiter la volatilité des prix agricoles. Les ministres de l’agriculture, Le Maire en tête, ont eu l’impression de vivre des moments historiques au cours de ce G20 agricole à Paris. Peut-être parce que cette initiative a le mérite de contrecarrer la désertion des Etats dans le combat politique contre la faim. Mais c’est bien loin de ce qu’il faudrait faire pour aller vers des décisions de souveraineté alimentaire.

Rappel : La question agricole et alimentaire à l'ordre du jour des débats du G20 - 21 juin 2011.

 

Voici deux textes, parmi les meilleurs sur cet évènement.

 

 Accord "historique" trouvé au G20 agricole (L’Usine Nouvelle, Morgane Rémy, 23 juin)

 

Les pays du G20 ont approuvé un plan d'actions pour lutter contre la volatilité des cours des produits agricoles, responsable de nombreuses crises alimentaires.

"Ce sera fumée blanche ou fumée noire", annonçait le ministre de l’agriculture Bruno Lemaire, mercredi 22 juin. Il parlait des négociations du premier G20 agricole avec la ferme intention de signer un bon accord ou de ne rien signer du tout. Un pari gagnant puisque dès le lendemain, jeudi 23 juin, un consensus a été trouvé. Réunis à Paris, les ministres de l'Agriculture de ce forum des 20 plus grandes économies de la planète ont avalisé presque toutes les mesures du plan en cinq points proposé par la présidence française du G20.

Ils ont ainsi validé une série de mesures sur la transparence des marchés ou la gestion des crises. Un des résultats les plus concrets est la création d'une banque de données internationales, baptisée Amis. Elle doit recenser la production, la consommation et les stocks de produits agricoles. Hébergé au sein de l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (la FAO), le système Amis améliorera la transparence sur l'état des marchés physiques et contribuera à la prévention de crises alimentaires. Les pays du G20 sont également tombés d'accord pour coordonner leurs politiques de marchés en cas de crise alimentaire via un "Forum de réaction rapide".

Un 5ème point retoqué

Seule ombre au tableau : les ministres de l’Agriculture ont repoussé la décision sur la régulation des marchés financiers, le cinquième point du plan. Ils ont décidé de laisser ce dossier sensible à leurs homologues des Finances. Ils les encouragent néanmoins "à prendre les décisions appropriées". Par exemple, ils recommandent de mettre en place une limite autorisée de prises de position (vendre ou acheter des actions) sur les marchés financiers, dans le but de lutter contre "les manipulations et les abus" spéculatifs.

"Nous jetons les bases de la nouvelle agriculture mondiale, une agriculture qui sera durable, une agriculture qui sera solidaire, une agriculture dont les marchés seront régulés", s'est félicité le ministre français Bruno Le Maire. Son homologue américain Tom Vilsack a salué le caractère "historique" de la volonté commune affichée par les participants "pour combattre les défis pressants de la faim et de volatilité des prix ". La France, qui a fait de la lutte une des priorités de sa présidence du G20, semble avoir remporté la partie. Mais certains soulignent qu’il ne s’agit qu’un début.

Les organisations humanitaires sont les plus critiques. Par exemple, l’ONG Peuples Solidaires-Action Aid déplore que ce premier G20 agricole n'ait pas "pris les décisions qui s'imposaient pour prévenir une nouvelle crise alimentaire imminente". Pour Michel Portier, directeur fondateur de la société de gestion du risque Agritel, la victoire de ce G20 est à nuancer : "Vouloir donner des informations mondiales sur les stocks, la production et la consommation risque, au contraire, d’accentuer la volatilité. Dès que le marché a une information, il réagit et plus le marché réagit, plus il y a de volatilité". Quoiqu'il en soit, après ce consensus, il reste encore à appliquer les décisions concrètement.

Attac (23 juin, communiqué de presse) : Le G-20 agricole accouche d'une souris !

Sous couvert de lutter contre la volatilité des prix, toutes les préconisations vont renforcer l'insécurité alimentaire. La recommandation la plus forte est de conclure au plus vite le cycle actuel de négociations à l'Organisation mondiale du commerce, avec la poursuite de la libéralisation des échanges agricoles et le refus pour les Pays en voie de développement (PED) de renforcer leur protection. La déclaration finale du G20 agricole colle d'ailleurs étroitement au rapport remis à Nicolas Sarkozy le 11 juin par les 10 institutions internationales qui régentent ce désordre alimentaire mondial.

Il s'agit de promouvoir "un marché agricole plus ouvert qui améliore la transmission des signaux du marché", "d'améliorer la coordination internationale des politiques agricoles afin de renforcer la confiance dans les marchés internationaux", de "faciliter les flux internationaux de produits agricoles pour renforcer la sécurité alimentaire mondiale », et pour cela :

·         d'"améliorer et mettre en œuvre les instruments de gestion des risques", avec des préconisations totalement irréalistes de favoriser les marchés à terme agricoles dans les PED alors que les expériences très limitées de la Banque Mondiale en Afrique subsaharienne depuis les années 90 ont été un échec total. Il en irait de même pour les systèmes d'assurances agricoles qui leur sont d'autant moins accessibles qu'ils nécessitent des subventions massives, comme c'est le cas dans les pays riches ;

·         d'"améliorer le fonctionnement des marchés dérivés agricoles", sans plus de précision, la balle étant renvoyée au G-20 des Ministres des finances. La spéculation sur les marchés agricoles, qui contribue fortement à la volatilité des prix alimentaires, ne pourra que continuer à se développer.

Faute de consensus, le G-20 se limite à préconiser la mise en place de stocks de sécurité régionaux dans les seuls PED sujets aux crises alimentaires. Ces stocks régionaux seront impuissants à lutter contre la flambée des prix tant que les Etats-Unis – qui sont "faiseurs des prix mondiaux" des grains – et l'Union européenne continueront à déréguler leurs marchés et à réduire leurs stocks céréaliers.

Aucun consensus n'a été trouvé pour souligner le rôle déterminant de la production d'agrocarburants dans la flambée des prix agricoles, et le rapport demande seulement d'approfondir les analyses sur ce sujet.

La solution avancée par le G20 agricole repose sur l'« augmentation significative de la production et de la productivité agricoles », avec notamment la concentration des efforts sur la recherche sur le génome du blé : il s'agit ainsi de favoriser les intérêts de l'agro-industrie et des multinationales d'OGM au détriment de l'autonomie des paysans. Ceci alors même que les problèmes reposent avant tout sur des inégalités très fortes d'accès à l'alimentation et de développement agricole, pour lequel les OGM sont tout sauf une solution.

On ne pouvait pas s'attendre à d'autres résultats de ce G-20 agricole puisque, sous couvert de lutter contre la "volatilité" des prix, les grands exportateurs mondiaux de céréales et oléagineux – Etats-Unis, Canada, Australie, UE, Argentine, Brésil, plus Indonésie et Malaisie pour les oléagineux – ont intérêt à la poursuite de la flambée des prix qui a fortement augmenté les revenus tout au long de ces filières, même si cela continuera à faire souffrir les importateurs nets du Sud et les éleveurs du monde entier.

Pourtant la reconstruction des politiques agricoles sur la souveraineté alimentaire, basée sur une protection efficace à l'importation et des prix rémunérateurs aux agriculteurs, serait demain, comme hier dans les pays du Nord, le seul moyen de mettre un terme à la faim dans le monde et de promouvoir un développement durable. ATTAC continuera son combat en ce sens, avec tous les mouvements sociaux du Nord et du Sud.

 

Cet article est le 235ème publié sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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