Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
La plus grande vigilance est demandée aux syndicats
Gérard Beillard milite au MRC en Mayenne. Il s’intéresse tout particulièrement aux questions de la protection sociale - santé et retraite - et du logement, mais aussi à tout ce qui concerne les conditions et la législation du travail (il est ouvrier dans une entreprise textile à Laval).
Il m’a remis trois textes qui seront publiés sur ce blog, portant sur la sécurité sociale, les retraites et le logement social.
Commençons par les retraites, dossier le plus médiatisé actuellement (le président de la République a « ouvert le chantier de la réforme des retraites » - voir l’article de Rémi Barroux et Françoise Fressoz, Le Monde, 15 février Retraites : Sarkozy dit qu'il "ne passera pas en force").
Ne laissons pas marchander nos retraites !
Les retraites sont le fruit de plus d’un siècle de mobilisation des salariés, intégrées à la Sécurité sociale en 1945, il ne faut pas l’oublier, complétées par les retraites complémentaires obligatoires. Régulièrement combattues par tous les bouts par le patronat et les divers gouvernements : loi Balladur de 1993 pour le privé (passage à 40 années de cotisation, le calcul du salaire de référence passant des 10 aux 25 meilleures années), loi Fillon contre les retraites de la fonction publique en 2003, imposition des 40 années aux régimes spéciaux.
Cela n’a rien changé et le gouvernement veut remettre une couche supplémentaire pour satisfaire toujours les mêmes ! La solidarité nationale, c’est fini ! Les patrons ne veulent plus payer pour des gens qui sont devenus inutiles à leurs profits, spécialement aux actionnaires.
Le ministre Darcos l’a affirmé devant le Parlement : il n’est pas question de relever les cotisations, surtout la part employeur. Le Sénat estime que le chômage va augmenter et restera à un haut niveau pendant plusieurs années. C’est vrai mais, en disant cela, il ne se mouille pas trop.
Le gouvernement a plusieurs axes de réformes, déjà expérimentés et prévus.
1) L’augmentation de l’âge de départ à la retraite, selon deux modalités, la première étant de relever l’âge légal du droit à la retraite, la seconde, plus malicieuse et appliquée depuis 1993, étant d’augmenter le nombre de trimestres de cotisations pour percevoir une retraite à taux plein, ce qui incite, bien sûr, les salariés à repousser leur départ.
Ceci ne marche pas vraiment d’ailleurs, soit à cause du chômage définitif après 50 ans, soit en raison du management moderne insupportable qui pousse des salariés à prendre leur retraite, même s’ils n’ont pas leur nombre de trimestres validés (les deux options peuvent se cumuler).
2) Il est question aussi de faire des économies de prestations, afin de stabiliser le système financier. Une proposition avantageuse pour le patronat est avancée. On supprime les trimestres de cotisation obligatoires et l’assiette, déjà moins avantageuse, des 25 meilleures années est mise au placard. Place au « compte rationnel ». De quoi s’agit-il ? Une pension en fait pour des morts.
Chaque assuré est titulaire d’un compte d’épargne virtuel. Les cotisations acquittées par l’assuré créditent virtuellement le compte qui est revalorisé chaque année, par le gouvernement ou, comme dans les retraites complémentaires, par les « partenaires sociaux » en fonction du bon vouloir du patronat. Le montant de la pension serait proportionnel au capital virtuel accumulé par chaque salarié. Ce coefficient de proportionnalité dépendrait de l’âge effectif de départ à la retraite (d’où, bien sûr, le maquillage idéologique de la retraite dite choisie).
C’est donc sur la totalité de la carrière, et pas seulement sur les 25 meilleures années, que serait évaluée la retraite. En fait, bonjour les précaires, les périodes de chômage, de maladie, de handicap, les invalidités, les temps partiels (qui concernent encore plus les femmes qui souffrent déjà d’une dévalorisation de leur retraite par rapport aux hommes (écart de 29%, tous régimes confondus).
De plus, une grande nouveauté, le calcul de « l’espérance de vie » à l’âge du départ à la retraite ! La retraite devient une rente viagère. « La méthode conduit ainsi à prendre en compte dans le calcul de la pension le risque de longévité ». On dit de façon plus claire « Le montant de la pension liquidée est d’autant plus grand que les probabilités de survie sont faibles ».
Si cela se faisait ainsi, c’en serait fini de la Sécurité sociale. Vive l’assurance privée ! Mais deux conséquences, au moins, seraient à prévoir : une baisse très violente des pensions et l’individualisation totale du calcul des retraites, sans règles communes et sans contrôles possibles, donc sans revendications collectives facilement formulables. Dans ce cas, la mobilisation massive contre un tel projet s’imposerait.
Le risque est que cela pousse les salariés qui le peuvent à se tourner vers les assurances privées ou mutuelles, afin d’aboutir aux fonds de pension, ce qui n’est pas prudent par ces temps d’instabilité boursière. On en a vu des exemples aux USA et dans le Royaume-Uni.
Bien sûr, le gouvernement ferait des correctifs dits sociaux, de la bienfaisance, pour masquer la réalité qui serait la mise en place d’un système à l’opposé, philosophiquement, de la Sécurité sociale.
Il ne faudrait pas croire que les retraites complémentaires pourraient amortir le choc. Leurs rendements sont en baisse constante depuis dix ans et cela va continuer. La pension servie pour 100 euros de cotisation a chuté de 5,82% à l’Arrco (non cadres) et de 5,59% à l’Agirc (cadres). Il faut savoir que ces retraites complémentaires représentent entre 50 et 70% de la retraite pour un cadre et entre 20 et 30% pour un non cadre. Cherchez l’erreur et trouvez la justice, tant criée par le gouvernement !
Par ailleurs, un accord a été signé, fin 2009, par deux syndicats (CFDT et CFTC) et le Medef. La CGT ne l’a pas signé et les autres syndicats ont émis des réserves. Cet accord prévoit de renégocier en 2010 afin d’articuler les nouvelles règles des retraites complémentaires avec celles qui seront décidées par la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav).
J’espère que nous serons tous très vigilants à l’égard des négociations concernant les retraites, et que les syndicats penseront à défendre l’intérêt des salariés, sans se laisser attirer par les leurres gouvernementaux (cela s’est déjà produit et nous en subissons, actuellement, les conséquences). Il est temps de se réveiller et d’agir !
Article précédent sur ce thème (28 avril 2009) : Gérard Beillard (MRC 53) à propos des retraites : s'inspirer de la CGT -
Cet article est le 13ème sur ce blog dans la catégorie Les retraites