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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

Jean-Yves Griot : paysan solidaire, humaniste cohérent et persévérant

 

Il était un sage, constructif et apaisant, une référence

 

Le 1er mars, déséquilibré par les branches qu’il venait de tronçonner, Jean-Yves Griot était hospitalisé, gravement blessé. Le 1er mai 2013, il s’arrêtait de vivre. Le 4 mai, ses amis étaient nombreux autour de son épouse, Elisabeth, et de leurs enfants, à vouloir manifester leur peine de le voir ainsi quitter le monde des vivants, beaucoup trop tôt, à 70 ans.

Le grand nombre de témoignages était le signe de la diversité de ses engagements. Leur convergence sur le fond montrait la cohérence de ses idées. Cette dernière rencontre dans la salle des sports de la commune était particulièrement émouvante, en rapport direct avec ce qu’avait été Jean-Yves pendant sa vie.

 

La dernière fois que j’ai vu Jean-Yves Griot, le 12 février 2013 : il participait à Paris à la réunion de Mars, le Mouvement agricole et rural solidaire, en qualité de « discutant » après l’intervention de André Neveu sur le thème du développement du capitalisme en agriculture (voir André Neveu s'alarme de la pénétration du capitalisme en agriculture - 13 février 2013).

 

Il avait d’abord conseillé la lecture du livre « Vivre l’agro-révolution française » du journaliste Vincent Tardieu. Puis, il avait réagi à l’exposé de Neveu, considérant que celui-ci avait l’avantage d’alerter sur des réalités. Concernant le Brésil, il avait observé que, depuis l’arrivée au pouvoir de Lula, en 2003, l’agriculture exportatrice et l’agriculture familiale avaient été soutenues, ce qui était nouveau pour cette dernière, représentant 30 % des produits locaux.

Par ailleurs, il avait signalé les conclusions de l’étude de Nadège Garambois montrant l’intérêt des systèmes herbagers du Réseau agriculture durable (coût le plus faible) et, aussi, l’étude de l’INRA en relation avec le CEDAPA (méthode Pochon) en Bretagne sur la qualité de l’eau.

 

Commentaires dans la presse après le décès de Jean-Yves Griot

 

Jean-Yves Griot, paysan solidaire (Ouest-France, 18-19 mai 2013)

 

Il était le cofondateur et premier président du Résea agriculture durable (RAD) dans le Grand-Ouest.

« Il avait l’élégance des sages » ; « C’était un enragé de l’espoir » ; « Sa maison était ouverte à tous », ont dit de lui ses amis lorsqu’ils sont venus lui rendre hommage dans la salle omnisports du Genest-Saint-Isle (Mayenne). Jean-Yves Griot est décédé au matin du 1er mai des suites d’un accident de bûcheronnage.

C’est dans cette commune de Mayenne qu’il s’était installé, en 1977, après avoir travaillé dix ans comme ingénieur à l’Institut technique du porc. Jusqu’au bout, ce pionnier des réseaux d’agriculture durable aura porté le projet d’une agriculture à taille humaine, respectueuse de l’environnement.

Cofondateur du Réseau agriculture durable, adhérent à la Confédération paysanne, militant écologiste, il avait également participé au lancement du réseau Cohérence. « Il y a quinze ans, la bio était marginale, confiait-il en 2012. Aujourd’hui, c’est un créneau porteur. Mais doit-il être réservé à quelques-uns ? Toute l’agriculture est appelée à passer en bio ou à s’en rapprocher ». Lors de cette même intervention, il avait une fois encore exprimé son inquiétude sur les pesticides. Opposé aux importations de soja, Jean-Yves Griot défendait un modèle plus autonome sur son exploitation de 38 hectares qu’il avait cédée en 2003. « Un grand humain, à la fois humble, constructif et tenace », explique Jean-Marie Lusson.

Semeur d’espoir, il faisait partie de ces paysans dont les idées alimentent aujourd’hui les projets autour de l’agro-écologie. Une agriculture enracinée et ouverte sur le monde.

 

Jean-Yves Griot militait pour la “cohérence” sociale (L’avenir agricole, Frédéric Gérard, 10 mai 2013)

C’est un pédagogue de premier plan que viennent de perdre les réseaux altermondialistes et de dé­ve­lop­pement durable.

Jean-Yves Griot a été l’un des acteurs fondateurs du réseau agriculture durable (RAD, 1994), puis instigateur du réseau Cohérence­ (1997), auquel adhère une centaine d’associations de producteurs, consommateurs et environnementalistes du Grand-Ouest. 

Dès 1984, trois ans après la création du Cédapa d’André Pochon dans les Côtes-d’Armor, il lance l’Aldis (Action locale pour un développement solidaire), qui se veut une ONG mayennaise. Depuis, des liens perdurent entre agriculteurs de la Mayenne et de l’Ouest et des paysans brésiliens. Jean-Yves Griot s’était aussi investi dans la politique, et s’était notamment présenté aux Européennes en 2007, sous l’étiquette Europe-Ecologie -Les Verts. 

Jean-Yves Griot était éleveur laitier au Genest-Saint-Isle, associé à un autre militant de la première heure de la Confédération­ paysanne, Albert Ody. Ingénieur de formation, il a travaillé dix ans à Paris à l’Institut technique du porc, avant de s’installer en Mayenne, en 1977. 

En 2003, le natif du Massif-Central prend sa retraite et laisse l’exploitation à laquelle il avait adapté ses préceptes : une “taille humaine” (38 hectares) et la recherche de système fourrager autonome. Depuis sa formation au lycée agricole, il mettait en cause l’agriculture productiviste prônée à l’époque de façon forcenée par ses enseignants. 

Des combats­ qui le mèneront à s’opposer au recours massif du soja, rendant “dépendant” l’élevage européen du continent américain, à ses yeux.

Anti-OGM, il les dénonçait à travers les frontières, jusqu’au Brésil qu’il connaissait bien, où des paysans en recherche d’organisation collective étaient chassés de leurs terres par les grands propriétaires.

 

L'agriculture durable perd son Griot (Bretagne durable, Laurence Mermet, 8 mai 2013)

 

Jean-Yves Griot nous a quitté le 1er mai dernier. Agriculteur, pionnier de l’agriculture durable, syndicaliste à la Confédération paysanne, cheville ouvrière du réseau Agriculture Durable et du réseau breton Cohérence, cet homme tranquille et de conviction a non seulement remis en cause avec d’autres paysans et des personnes de la société civile l’agriculture productiviste industrielle du Grand Ouest, mais également proposé un autre modèle agricole, en faisant notamment la promotion du système herbager dans un souci d’autonomie de production. Ceux et celles qui ont eu le plaisir de le côtoyer saluent son engagement et son humanisme constants. Marié, père et grand-père, il avait 70 ans. Sa disparition suscite une vive émotion ainsi qu'une immense tristesse.

Originaire de la Loire, Jean-Yves Griot fut tout d'abord Ingénieur à l’Institut technique du porc à Paris durant 10 ans, puis éleveur laitier au Genest-Saint-Isle en Mayenne, de 1977 à 2003. En cohérence avec ses convictions, il a fait évoluer son système de production vers une agriculture plus autonome, plus économe et liée au sol. Avant de prendre sa retraite, il était ainsi dans un GAEC de 2 exploitants, sur une ferme de 38 ha, en système herbager développé au sein des groupes Agriculture durable.

Une vie militante pour un autre développement, durable et solidaire

Des premières activités militantes aux dernières, des premières responsabilités aux dernières, du local dans sa commune dont il était conseiller municipal à l’international, l'ampleur de l'engagement de ce chevalier de la Légion d’honneur est impressionnante. Jean-Yves Griot a activement oeuvré à la construction de deux réseaux associatifs accompagnant les agriculteurs à faire évoluer leur mode de production. Le Réseau Agriculture Durable, dont il fut le premier président. Le Réseau Cohérence dont il fut président puis secrétaire général, aux côtés de Jean-Claude Pierre. Il était aussi pilote de sa Commission Eau-Agriculture-Santé où il a mené un travail très patient et déterminé pour faire valoir une agriculture respectueuse du vivant. Ainsi, l'accompagnement d'éleveurs de porcs vers des exploitations à taille humaine, valorisant des systèmes durables, respectueux de l'environnement et des animaux (retour sur paille) par la voie d'une certification citoyenne participative, a été l'un de ses dossiers majeurs dont les enjeux restent cruciaux quant aux indispensables mutations de l'agriculture en Bretagne.

 

Voir aussi : Décès de Jean-Yves Griot (EELV, 3 mai 2013)

Décès de Jean-Yves Griot (EELV, Pays de la Loire, 8 mai 2013)

Jean-Yves Griot à l'AG du réseau Cohérence - Vidéo Dailymotion (25 mai 2012)

Cet article est le 31ème paru sur ce blog dans la catégorie Personnalités et célébrations

 

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