Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
Articuler le militaire, le politique et l’économique au Sahel
Le tandem formé par les sénateurs Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre, et Gérard Larcher, ancien président du Sénat, rapporteurs du groupe « Sahel », mis en place par la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, est opérationnel (voir Chevènement et Larcher (Sénat) : 10 recommandations pour le Mali - 20 avril 2013).
Il vient de présenter un rapport sur la situation au Sahel (voir Sahel : Pour une approche globale).
Près de six mois après le début de l'intervention militaire au Mali, les soldats Français passent le relais, le 1er juillet, aux Casques bleus de l'ONU. Le succès éclatant des forces armées françaises et de notre diplomatie dans la gestion de la crise malienne ne doivent pas faire oublier qu'il convient désormais de traiter, dans le long terme, les racines profondes d'un demi-siècle de crises ayant conduit le Mali, jadis présenté comme un modèle de démocratie en Afrique de l'Ouest, au bord du gouffre.
Au-delà du Mali, les chocs multiples qui déstabilisent le Sahel (pauvreté, explosion démographique, montée de l'islamisme radical, trafics, terrorisme, piraterie...) appellent une réponse globale articulant sécurisation militaire, réforme de la gouvernance politique et promotion d'un développement économique à l'échelle régionale.
Brossant le tableau réaliste d'une région en crise, dont le centre de gravité terroriste se déplace vers le Nord Niger et le Sud Libyen, ce rapport formule une série de recommandations pour conforter la montée en puissance des capacités africaines de sécurité. Car « Nous n'en avons pas terminé avec le terrorisme au Sahel », comme l'affirmait, le 31 mai dernier, le Président de la République.
Voir aussi "L'opération menée au Mali a été un succès" - Jean-Pierre Chevènement était l'invité du 19 heures sur Public Sénat, mercredi 4 Juillet. Il répondait aux questions de Michel Grossiord sur la situation au Mali et au Sahel quelques mois après l'intervention Serval.
Le quotidien Le Monde a publié, le 5 juillet 2013, un entretien de Nathalie Guibert avec Jean-Pierre Chevènement : Au Sahel, "le risque terroriste est sous-estimé"
La situation au Sahel est le sujet d'un rapport d'information très fouillé publié jeudi 4 juillet par les sénateurs Jean-Pierre Chevènement et Gérard Larcher, membres de la commission des affaires étrangères et des forces armées. Face à la menace terroriste, la France ne doit pas réduire son dispositif militaire en Afrique de l'Ouest, plaident les parlementaires.
Le Monde : Après l'intervention militaire française au Mali, rien n'est réglé au Sahel, dites-vous dans le rapport que vous avez coécrit avec votre collègue du Sénat Gérard Larcher. Quels sont les enjeux ?
Jean-Pierre Chevènement : Autant nous pouvons dire que, jusqu'à présent, l'affaire du Mali a été menée de manière brillante, sur le plan militaire et diplomatique, autant les difficultés ne doivent pas êtres sous-estimées pour la suite. Le Sahel va réclamer des moyens très importants de la part de la communauté internationale. Il faut rester très attentif à cette région, car elle reste en marge de l'Afrique qui décolle, avec, en ligne de mire, une explosion démographique à venir – 50 millions d'habitants au Mali et autant au Niger à l'horizon 2020. Les questions de développement sont essentielles, pour répondre à terme à la menace terroriste. La question de la coordination de l'action internationale se pose. Il faut une approche large.
Le risque islamiste est sous-estimé. Il s'ouvre une madrasa supplémentaire chaque semaine au Mali. Des milliers d'écoles coraniques se sont déjà ouvertes en Mauritanie. Le Niger est aussi concerné.
Au Mali, on a découvert que le Mujao était bien enraciné dans les villages wahhabites de la boucle du Niger, qu'il n'était pas seulement un groupe de narcotrafiquants. On a sous-estimé ses adhérences locales avec les populations. Boko Haram au Nigeria a des connexions avec AQMI. L'implantation d'Al Qaida en Libye n'est qu'une question de temps. Il faut saisir les interconnexions entre l'Afrique de l'Ouest et le Maghreb.
Vous indiquez, comme le souligne le ministère de la défense français, que le sud libyen est "un trou noir sécuritaire", notamment le Fezzan, région à la frontière avec l'Algérie, le Niger et le Tchad. Sera-t-elle le prochain sanctuaire d'Al Qaida ?
Dans le sud de la Libye, vous avez des sanctuaires potentiels, le Tassili, le massif de l'Aïr, qui ressemble à l'adrar des Ifoghas du nord Mali, des passes, comme celle de Salvador vers le Niger et celle d'Anaï vers l'Algérie, et des villes où passent Mokhtar Belmokhtar comme beaucoup d'autres individus inscrits au fichier du terrorisme international. L'est et le sud libyen possèdent des caractéristiques "idéales" à l'instar du nord Mali il y a quelques années.
Vous insistez sur le rôle crucial de l'Algérie pour contenir le problème du terrorisme au Sahel, Alger ayant déployé quelque 6 000 hommes pour tenter de sécuriser ses frontières, notamment la passe d'Anaï. L'intervention au Mali a-t-elle fait progresser la coopération avec la France ?
Nos relations se sont beaucoup améliorées. Mais autant le gouvernement algérien est déterminé – il est évident qu'Al-Qaida est notre adversaire commun – autant l'opinion publique algérienne n'a pas intégré toutes les données du problème. Des soldats français qui quadrillent l'adrar des Ifoghas, ça rappelle des souvenirs. Mais l'ennemi est commun, et on a affaire à des durs prêts à tout. Les Algériens ont fermé leurs frontières, ils ont autorisé en grand nombre les survols de leur territoire pendant l'opération Serval, et ils nous ont fourni un appui logistique très important. Le pays a aussi proposé de former les armées des pays voisins, y compris au Mali où il l'a déjà fait, à Tessalit.
L'Algérie a une armée puissante. Dans cette région, il faut des unités opérationnelles, ayant l'habitude de travailler ensemble avec un état-major permanent et nous encourageons tout cela. Il ne faut pas faire de procès d'intention aux Algériens. Il y a certes le jeu traditionnel d'infiltration et de manipulation. Mais l'arbre ne doit pas cacher la forêt.
Vous craignez de voir les bases françaises réduites avec les contraintes budgétaires...
Nous craignons les baisses budgétaires. Avec l'opération au Mali, les forces pré-positionnées se sont révélées extrêmement importantes. Le centre de gravité de nos implantations militaires doit être déplacé de l'est de l'Afrique (sachant qu'au Moyen-Orient, ce sont plutôt les Etats-Unis qui sont chefs de file) vers l'ouest et le nord-ouest du continent. Les problèmes logistiques de l'opération Serval ont par ailleurs démontré que l'accès aux ports – Abidjan, Dakar – était décisif. Dans ce dispositif, il faut continuer de s'appuyer en outre sur des "nénuphars", des échelons plus légers, dans la bande sahélienne.
L’élection présidentielle au Mali est prévue le 28 juillet 2013. Voir Wikipédia : Élection présidentielle malienne de 2013
Cet article est le 26ème paru sur ce blog dans la catégorie Afrique.