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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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22 juin 2010 2 22 /06 /juin /2010 22:54

Berlin cherche à imposer une Europe allemande  

 

Les divergences franco-allemandes sont masquées parce que la France cède (voir Marianne2, 18 juin : Comment Sarkozy est redevenu le petit Nicolas face à Angela).

 

Un spécialiste de l’Allemagne, Gilbert Casasus, affirme ce 22 juin, dans une chronique publiée sur le site Marianne2 : La France doit apprendre à dire non à l'Allemagne.

 

« Le couple franco-allemand a du plomb dans l'aile. L'Allemagne dispose d'un rapport de forces qui lui permet d'imposer ses vues. Rien ne sert de tendre à tout prix la main à la RFA ».

 

(…) Il est temps que les Français se rendent à l’évidence : depuis le début de la crise, qu’elle soit d’abord celle de la Grèce, puis celle de l’euro, Berlin n’a suivi qu’un seul et même objectif : imposer une solution allemande à l’Europe et non une solution européenne à l’Allemagne. Bien que formulé dans des termes plus diplomatiques, Jacques Delors ne dit rien d’autre lorsqu’ il s’interroge dans le Figaro du 15 juin dernier sur « la nouvelle donne de la politique allemande, Mme Merkel ignorant la notion de coopération renforcée…et la différence qualitative entre l’UEM et l’UE ».

Historiquement, cette attitude allemande traduit une évolution qui n’a cessé de se confirmer depuis l’unification de 1990 et, plus encore, depuis le départ du chancelier Helmut Kohl en octobre 1998. Souvent opposé à Jacques Chirac, Gerhard Schröder s’était fait, dès son arrivée au pouvoir, l’avocat des intérêts allemands au sein de l’Union européenne. Que ce soit à l’occasion des négociations budgétaires de « l’Agenda 2000 » ou lors de l’adoption du sinistre traité de Nice, il voulait favoriser la prééminence allemande à l’intérieur de l’UE. Pourtant, parce qu’unis dans leur refus de participer à la guerre d’Irak, le chancelier et le Président de l’époque accordèrent leurs violons dès 2003 pour relancer la coopération franco-allemande en Europe.

 

Avec Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, celle-ci se fissure et se lézarde et  au fur et à mesure des nombreuses divergences de fond que la France et la République fédérale d’Allemagne n’arrivent plus guère à surmonter ensemble. Face à une Allemagne de plus en plus consciente d’elle-même, Paris semble faire du suivisme sans affirmer ses propres positions et son indépendance d’esprit et de jugement.

Parce que la France a affaire à une nouvelle Allemagne, c’est aussi à Paris que revient le devoir de tracer les contours et de définir les contenus d’une nouvelle relation franco-allemande. Rien ne sert, à tout prix, de tendre la main à la RFA, si celle-ci ne se sent pas obligée d’en faire de même.

 

Vingt ans après l’unification allemande, le rapport de forces entre la France et l’Allemagne a considérablement changé au profit de cette dernière.
La coopération entre les deux pays ne repose plus sur un équilibre harmonieux entre le politique et l’économie qui naguère a fait son succès. Aujourd’hui, l’Allemagne a moins besoin de la France pour s’imposer politiquement sur la scène européenne et mondiale que la France a besoin de l’Allemagne pour maintenir, voire améliorer sa situation économique.

 

Ainsi la France est devenue plus dépendante d’une Allemagne qui le lui fait volontiers sentir. Paris pourrait alors soit se résigner, soit choisir la voie de l’affrontement avec Berlin. Mais, parce qu’elles présentent toutes les deux plus d’inconvénients que d’avantages, ni l’une ni l’autre de ces solutions mérite d’être retenue.

 

C’est pourquoi, la France doit désormais apprendre à composer avec cette nouvelle Allemagne, en développant à son égard une sorte de « politique à géométrie variable ». Selon les circonstances et les dossiers, la France doit aussi bien savoir dire « oui » que « non », toujours défendre ses propres valeurs politiques et sociales et rester plus ferme et plus vigilante qu’elle ne l’était jusqu’à présent pour tous les choix institutionnels et pour tous ceux concernant les personnes nommées à la tête des instances européennes (…).  

Ce problème de la relation franco-allemande a été traité par Jean-Pierre Chevènement dans son intervention au Sénat le 15 juin, lors de la préparation du Conseil européen (voir Jean-Pierre Chevènement : sortir de la logique des marchés financiers - 17 juin 2010).

Voici sa conclusion :

Pour une Europe de la croissance et de la démocratie, avec les nations !

Beaucoup de nos concitoyens se demandent ce que veut réellement l’Allemagne : remodeler la zone euro pour en exclure les pays de l’Europe du Sud ? Ce serait la négation de l’Europe ! Et il vaut mieux dire dès maintenant à nos amis allemands que cette fracture serait pour nous inacceptable.  

Pour l’Europe et pour la France elle-même, dont l’industrie a souffert d’une monnaie trop forte, probablement parce que nous ne disposons pas des mêmes spécialisations que l’Allemagne sur des créneaux très porteurs, comme la machine-outil. Sans doute y a-t-il beaucoup à balayer devant notre porte pour muscler notre tissu productif et notamment développer les grosses PMI mais une grande zone euro prospère est dans l’intérêt de l’Allemagne elle-même.

Il faut des disciplines. Certes ! Mais il faut trouver le bon équilibre entre la responsabilité de chaque Etat et la solidarité qui doit s’exercer entre pays membres. L’Europe doit être une grande ambition partagée. Chaque pays européen doit y trouver son compte, à commencer par l’Allemagne et la France.

J’ai tout à fait confiance dans la capacité de dialogue qui peut s’instaurer de peuple à peuple. Mais cela donne à nos dirigeants de grands devoirs. Un peu de lucidité sur le passé : les règles du jeu de la monnaie unique sont à revoir ! Mais surtout une ferme résolution pour l’avenir : celui-ci n’est pas au fédéralisme mais à une meilleure coordination de nos politiques – et cela est déjà assez difficile -. Nous devons ainsi bâtir une Europe de la croissance et du progrès social. Avec les nations, cadres irremplaçables de la démocratie, et non pas contre elles, ou même simplement sans elles. C’est ce langage de vérité et de réalisme qui servira le mieux la cause de l’amitié franco-allemande à laquelle je suis profondément attaché et par conséquent celle de l’Europe.
La purge, Monsieur le Ministre, n’est pas une stratégie ! La France et l’Europe ont besoin d’un projet mobilisateur !

 

MRC national 002 Jean-Pierre Chevènement constate que l’Allemagne a eu gain de cause sur la question de la dette financière de l’Espagne. Les engagements des banques françaises et allemandes en Espagne sont évalués à 850 milliards d’euros. En cas d’attaque spéculative sur la dette publique espagnole, l’Espagne sera peut-être amenée à prendre congé de l’euro. Et, à terme, la zone euro pourrait se réduire au noyau dur, plus homogène (Allemagne, France, Bénélux et quelques pays comme l’Autriche et la Slovénie), ce qui correspond au projet initial de l’actuel ministre des finances allemand.

 

La France ne doit pas se laisser enfermer dans cette zone monétaire restreinte (euro fort) qui condamnerait ce qui reste de notre industrie. Elle ne doit pas accepter, non plus, le mécanisme technocratique en préparation qui sera au-dessus des gouvernements.

Le président français a déjà fait deux concessions majeures en acceptant :
1. que le droit de vote d’un pays au sein du Conseil européen puisse être suspendu pour laxisme, en contravention avec les traités existants ;
2. que la coordination économique et budgétaire s’opère au niveau de l’Union à vingt-sept, et pas au niveau des seize pays qui ont adopté la monnaie unique où se pose justement ce problème, les onze autres pays qui ont gardé leur monnaie pouvant procéder à des ajustements monétaires.

 

Lors de sa visite en Allemagne, avec une délégation du Sénat, Jean-Pierre Chevènement avait pu constater l’extrême nervosité des responsables politiques allemands face aux aides financières à la Grèce, considérant que les traités européens avaient été violés.

 

La chancelière éprouve de grosses difficultés au sein de la coalition majoritaire avec les libéraux du FDP. Elle a perdu les élections en Rhénanie-Westphalie (voir La coalition d'Angela Merkel perd un scrutin-clé pour le contrôle du Bundesrat(Le Monde, 10 mai). Ce land est désormais géré par une coalition minoritaire SPD-Verts. Elle a perdu la majorité du Bundesrat. Le président de la République a démissionné et elle n’est pas sûre d’imposer son candidat, le président étant élu par le Parlement (600 voix du Bundesrat et 600 voix du Bundestag). La déstabilisation des partenaires FDP rend plus difficile la gestion de la coalition.

 

Cet article est le 38ème sur ce blog dans la catégorie Etats Union européenne

 

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