Le discours introductif de Jean-Luc Laurent au Conseil national MRC

Donner à Chevènement la possibilité de dire « Je suis candidat »

Cette fois-ci, en 2012, lors de l’élection présidentielle, il faut qu’on nous entende ! C’est ainsi que Jean-Pierre Chevènement a conclu son intervention, en fin de matinée, le 3 juillet, en séance du Conseil national du Mouvement Républicain et Citoyen, dont il est le président d’honneur.

Il a demandé aux cadres et aux militants de faire ce qui dépend d’eux en vue des échéances 2012. Auparavant, il avait souligné, à la veille de très profondes secousses, bouleversantes, remettant en question le vivre ensemble européen, que l’objectif est de le préserver, en le renouvelant (voir Chevènement occupe une position déterminante sur l'euro et l'Europe - 5 juillet 2011).

En début de matinée, Jean-Luc Laurent, président du MRC, s’était adressé ainsi aux membres du Conseil national (extrait).

Dans un an, nous aurons peut-être un nouveau Président de la République Française. Nous vivrons les traditionnels 100 jours. Après trois échecs successifs de la gauche à cette élection phare, elle ne peut échouer et laisser les Français dans l’impasse. Le paysage politique se dessine, mais comme nous avons pu le vivre récemment, l’imprévisible s’invite en campagne.

Jusqu’à présent, le parti hégémonique à gauche n’est pas à la hauteur des enjeux. Plutôt que de se concentrer sur l’élaboration d’un projet alternatif apportant les solutions au défi du redressement de la France, le parti socialiste innove dans le processus de désignation de son candidat. Les primaires, ouvertes aux sympathisants de gauche, voilà la solution ! Une solution interne maquillée en grande parade démocratique pour effacer les luttes internes et les traumatismes du congrès de Reims. La direction socialiste a de plus en plus de mal à cacher sa première motivation : éviter le débat de fond entre candidats à la candidature.

S’agissant des primaires du PS, notre camarade Patrick Trannoy, qui ne peut être présent, m’a adressé une résolution du MRC Limousin qui propose au Conseil National d’appeler à voter aux primaires. Le secrétariat national qui a été saisi de cette résolution considère que cette participation est en contradiction avec notre résolution du congrès et qu’il ne peut y avoir de position différente émanant d’instances départementales ou locales du MRC. Ce serait se rendre un très mauvais service et mettrait en cause le travail engagé par Jean-Pierre Chevènement.

Pour ma part, je me satisfaits que le MRC ne participe pas à ce simulacre des primaires, cette machine à désistement automatique, selon la formule de Jean-Pierre Chevènement. Nous ne pouvons vouloir notre autonomie de pensée et d’action, vouloir faire bouger les lignes pour reprendre l’expression de Jean-Pierre Chevènement et nous engager dans une démarche qui nous scellera au destin du PS.

Offrons-nous la possibilité de décider de notre avenir. Accordons-nous la chance de pouvoir être libre de choisir, de présenter notre projet et donnons-nous les moyens de notre liberté.

Nous sommes lucides ! Ce sont les sondages qui vont orienter cette « campagne » des primaires. A ce jeu là du candidat marketé, notre candidat n’a rien à gagner.

Soutenir un candidat socialiste ou participer aux primaires, cela revient à adopter son « projet ». Nous n’avons pas à nous égarer. Ce serait la fin du MRC. Nous avons à parler du fond. « Le changement » promis est immobile. Loin d’une profonde mutation attendue par la gauche et les français, le parti socialiste continue son mouvement d’adaptation à la globalisation financière, et accouche d’un projet FMI compatible et euro-silencieux. Il se concentre sur des questions sociétales, preuve de son incapacité à agir et à concevoir un projet pour la France. La « boite à outils» risque fort de devenir celle des désillusions, faute d’aborder les questions de fond.

11 mois nous séparent de l’échéance majeure. Le MRC doit imposer dans le débat présidentiel les vrais enjeux qui s’imposent à notre pays parmi lesquels l’euro et l’Europe, l’énergie et le nucléaire, les valeurs de la transmission et l’école.

La réorientation de la construction européenne est le préalable à toute politique ambitieuse. Sans elle, aucun gouvernement ne pourra reprendre en main le destin de la France et ses actions ne s’apparenteront qu’à des gesticulations et des mesurettes.

Nous avons un double devoir : faire gagner la gauche et réussir la conversion… économique, sociale et républicaine de notre pays.

Avec « Pourquoi je serai candidat », Jean-Pierre Chevènement dresse l’état des lieux et esquisse les orientations pour une France maîtresse de son avenir. Il nous appartient, dans nos villes et à partir de nos réseaux, de vulgariser et de décliner ces orientations. Nous devons les rendre lisibles pour les classes populaires, premières concernées par notre projet.

Pour porter ce débat, le MRC doit se bouger dans les mois à venir. La semaine dernière, avec « pourquoi je serai candidat », et l’ouverture sur le blog de Jean-Pierre Chevènement d’un espace Chevènement 2012 pour promouvoir ce texte, recueillir des soutiens et récolter des dons, nous sommes entrés dans la campagne active. Nous le savons, Jean-Pierre nous l’a dit : il arrêtera son choix à l’automne. Le MRC ne doit pas être dans l’attente, notre rôle est de l’accompagner, d’agir (…).

Le MRC est prêt pour vivre une nouvelle étape de son histoire. Les prochains mois sont décisifs. Nous avons la conviction, la volonté, les idées, le projet. Nous avons le candidat. Resserrons nos forces, mettons-nous au travail et donnons à Jean-Pierre Chevènement la possibilité de dire « oui, je suis candidat ». Cela dépendra de l’espace politique, des événements qui peuvent créer des turbulences utiles avec lesquels il faut compter. Cela dépend de nous et de vous, aussi.

Cet article est le 93^ème paru sur ce blog dans la catégorie MRC national.