Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
Les syndicats de salariés sont mis en concurrence
Le mouvement social est « introuvable », selon une note produite par un organisme qui réunit les directions des ressources humaines des plus grandes entreprises françaises (voir cet article de Rémi Barroux, paru le 8 octobre sur le site du quotidien Le Monde, La question salariale pourrait fédérer un mouvement social éclaté).
(...) Cela ne signifie pas absence de mouvement social. Si "le climat social paraît relativement stable", s'il n'y a pas de "collectivisation des actions ", les auteurs soulignent "la dégradation des rapports sociaux dans la société elle-même, la montée des frustrations et des ressentiments".
Le faible nombre des participants à la journée d'action internationale en faveur du "travail décent", mercredi 7 octobre, ne doit pas masquer le nombre de conflits sociaux, grèves, occupations d'usine, qui émaillent le territoire. Les auteurs de l'étude d'Entreprises & Personnel intitulée "Entre colères et fatalisme", présentée le 29 septembre, recensent aussi les phénomènes de "sous-travail", d'absentéisme, de "présentéisme contemplatif", de risques psychosociaux liés aux "impératifs de restructuration".
Le malaise social est toujours là alors que, malgré quelques signes de reprise, la crise n'en finit pas de se traduire sur le terrain par l'annonce de fermetures ou de réorganisations d'entreprises et, plus globalement, par la montée du chômage. La grogne sociale ne se mesure plus au nombre de participants aux manifestations interprofessionnelles, elle se vérifie par entreprise ou par secteur (...).
Pour sa part, dans le même journal, Michel Noblecourt considère que Le déclin des "grand-messes" syndicales n'est pas inexorable. Même si le « G8 », c’est-à-dire les huit organisations syndicales, peine à se relancer.
(...) L'échec de la journée d'action du 13 juin a mis du plomb dans l'aile du "G8". Et, depuis, le contexte a changé. Même si la sortie de la récession se profile, la crise est toujours là. Elle attise le mécontentement et, là où les plans sociaux tombent brutalement, la tentation jusqu'au-boutiste. La sombre perspective d'une dégradation accélérée du chômage nourrit les angoisses sociales et n'incite pas à la combativité. Loin de favoriser les "grand-messes" syndicales à répétition - que l'ancien président du Conseil Edgar Faure résumait par une formule féroce : "Litanie, liturgie, léthargie" -, l'air du temps favorise le repli des salariés sur leur entreprise. Là, ils courbent le dos en attendant la fin de l'orage. Ou ils se battent avec l'énergie du désespoir.
Avec la réforme de la représentativité syndicale, qui oblige les syndicats à recueillir 10 % des voix aux élections professionnelles pour avoir un certificat de légitimité dans l'entreprise, la concurrence est de plus en plus vive au sein du "G8". Le fossé se creuse entre l'axe CGT-CFDT qui, à l'origine de la réforme, affiche une entente de plus en plus complice, et les autres syndicats qui luttent pour leur survie (...).
Une décision de justice tendrait à remettre en cause la réforme de la représentativité syndicale. C’est ce qu’on pouvait lire, le 9 novembre sur le site de Marianne (Gérald Andrieu). Extraits.
L’essentiel de cette réforme, rappelons-le, repose sur une mesure : lors des élections professionnelles, ne peuvent désigner un délégué syndical que les organisations qui ont atteint le seuil de 10% des voix. Mais voilà, le tribunal d’instance de Brest, saisi notamment par FO, a tranché : cette mesure est, si l'on se réfère au droit européen, « contraire au principe de la liberté syndicale et constitue une ingérence dans le fonctionnement syndical ». Les juges s'appuient sur la Convention européenne des droits de l'Homme qui interdit toute « restriction » à la liberté syndicale. Par ailleurs, les magistrats bretons ont considéré que la dérogation accordée à la CFE-CGC, le syndicat des cadres, était « discriminatoire ». La réforme permet en effet à cette formation de décrocher un poste de délégué syndical, si elle obtient 10% des suffrages dans le seul collège électoral des cadres.
Cette décision, ce n’est pas rien. Cette semaine encore, avant que ne soit connue cette décision du tribunal d’instance brestois, François Fillon se gargarisait devant les députés de la politique de « rupture » engagée par son gouvernement. Quelles réformes citait-il en exemple ? Celles de l’autonomie des universités et… de « la représentativité syndicale, sur laquelle personne n'avait voulu agir depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale » !
Cette réforme a toujours été présentée par le gouvernement comme un moyen de mieux prendre en compte l’expression des salariés et, donc, à terme, d’améliorer la syndicalisation. Mais il n’en est rien. Jusque dans l’entourage du chef de l’Etat, on concède qu’elle a surtout pour but de renforcer deux organisations, la CFDT et la CGT, avec lesquelles le président a développé des relations privilégiées. L'issue de la mobilisation sociale contre la crise que nous venons de connaître est bien une preuve que cette approche élyséenne a eu un certain succès… D’ailleurs, la CFDT et le ministère du Travail ont tous deux annoncé vouloir déposer un recours en cassation du jugement du tribunal d’instance de Brest.
Mais s’il n’y avait que ça. Interrogé par Marianne2 il y a quelque temps, Dominique Andolfatto, professeur de sciences politiques à Nancy II et co-auteur de « Toujours moins ! Déclin du syndicalisme à la française » (1) expliquait pourquoi cette réforme ne peut pas dignement favoriser la syndicalisation : « Elle va transformer les syndicats en pures machines électorales. Tous les quatre ans, lors des élections en entreprises, ils vont faire campagne. Ils n’auront pas besoin d’adhérents mais d’électeurs. Ça va donner des sortes de conseillers généraux au petit pied, élus aux postes de délégués du personnel ou comme membres des Comités d’entreprises. »
Une situation déjà bien engagée, diront certains. C’est juste. Dominique Andolfatto rappelle que la professionnalisation du monde syndical de ces derrières années a déjà donné naissance à « un syndicalisme un peu hors-sol, un syndicalisme qui n’a plus besoin de beaucoup d’adhérents ». D’après lui, ce travers risque de se trouver renforcée avec cette réforme qui « va donner des professionnels de l’action syndicale loin des salariés qui seront nécessairement moins bien défendus ». En somme, la réforme de la représentativité syndicale chère à Nicolas Sarkozy et François Fillon, c’est un peu les primaires, appliquées au monde syndical. Une raison supplémentaire de se réjouir de la décision du tribunal d’instance de Brest…
Cet article est le 63ème paru sur ce blog dans la catégorie Travail Economie.