Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
Par Michel SORIN
Adosser une perspective d’avenir à une réflexion sur le passé
« Le monde selon Chevènement », c’est sous ce titre que Thomas Wieder (Le Monde, 5 novembre 2013) a présenté sa critique du livre «1914-2014 : l'Europe sortie de l'histoire?» (Edition Fayard, 342 pages, 20 €). Le journaliste fait œuvre utile en soulignant des aspects méconnus de la personnalité de Chevènement, qui ressortent dans le livre.
Jean-Pierre Chevènement aime les questions inquiétantes. Deux ans après La France est-elle finie ? (Fayard, 2011), le voici qui récidive avec 1914-2014. L'Europe sortie de l'histoire ?
La focale s'est élargie, mais la thèse est voisine : le déclin est incontestable, mais il n'est pas inéluctable. Pour développer son analyse, le sénateur du Territoire de Belfort, président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen, embrasse un siècle d'histoire européenne. Cela n'a l'air de rien, mais peu d'hommes politiques actuels seraient capables de le faire avec le même degré d'érudition.
Jean-Pierre Chevènement a le sens de l'histoire, le goût de l'histoire. Il connaît ses classiques mais a lu ses contemporains, se plaît à citer de Gaulle mais aime se référer à Tony Judt. Il est de ceux qui ont à la fois l'expérience du pouvoir et la capacité de parler avec la même hauteur de vue qu'un Poincaré et qu'une Merkel du traité de Versailles et de celui de Maastricht. C'est assez rare pour être salué.
UN OBSERVATEUR AVERTI
Sans surprise, on retrouve ici les obsessions de l'ancien ministre de François Mitterrand et de Lionel Jospin, mais inscrites dans une réflexion sur le temps long qui tord certaines idées reçues sur leur auteur.
Sur l'Allemagne, par exemple, dont il n'est pas le pourfendeur qu'on imagine parfois mais un observateur averti, ce qui n'interdit pas la critique mais n'empêche pas l'admiration.
Sur la construction européenne, aussi, dont il n'est pas l'ennemi que l'on caricature volontiers, même s'il en brocarde l'orientation. Sur la mondialisation, enfin, que le patriote qu'il est ne regarde pas en négateur apeuré, mais dont il décrit les métamorphoses à travers ses bipolarités successives, Allemagne - Grande-Bretagne avant 1914, Chine - Etats-Unis aujourd'hui.
Pour sortir de la spirale du déclin, les recettes de Jean-Pierre Chevènement sont connues. Certaines restent largement taboues, à commencer par l'abandon de l'euro comme monnaie unique. D'autres, que d'aucuns considéraient avec circonspection il y a peu, notamment au Parti socialiste dont l'auteur fut jadis l'une des figures, sont devenues familières : le « défi de la compétitivité », la nécessité de la « réindustrialisation », la promotion d'une Europe à « géométrie variable », mais aussi la conviction que la relance du « projet européen » n'est pas conditionnée par la dissolution des nations.
C'est peut-être là, au fond, que réside le principal intérêt de ce dense essai : dans la capacité qu'a Jean-Pierre Chevènement d'adosser une perspective d'avenir à une réflexion sur le passé. De regarder loin en arrière pour esquisser des scénarios pour demain. De rappeler, en somme, qu'il n'est pas de vision politique concevable sans un solide regard sur l'histoire.
Autres présences de Jean-Pierre Chevènement dans les médias
Débat Chevènement-Minc dans Le Nouvel Observateur: "Hégémonique, l'Allemagne ?" (NO, 24 octobre 2013, propos recueillis par Odile Benyahia-Kouider)
"Les peuples ont de plus en plus conscience que les gouvernements ne sont plus capables de rien décider" (L’Opinion, Béatrice Houchard, 4 novembre 2013)
Ecotaxe: "Une toute petite partie du problème posé à la Bretagne" (BFM Business, Hedwige Chevrillon, 5 novembre 2013)
"Allons vers une grande Europe confédérale, une confédération de peuples libres" (TV5 Monde, Patrick Simonin, 6 novembre 2013)
"Nous avons des pays dont il faudra restructurer les dettes" (L’Opinion, Nicolas Beytout, 6 novembre 2013)
Cet article est le 178ème paru sur ce blog dans la catégorie CHEVENEMENT
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