Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
Par SORIN Michel
Respecter la légalité internationale, c’est l’intérêt de la France
D’abord, la Libye
Entre la protection des populations en Libye, qui a justifié l’intervention militaire, et le risque d’ingérence, Jean-Pierre Chevènement pense que l’ingérence est déjà un fait. C’est ce qu’il a déclaré le 12 juillet au Sénat, concluant ainsi son intervention (Le texte de l'intervention est disponible ici) :
(…) Il est temps, Messieurs les ministres, de conclure cette opération. Pour ce qui me concerne, je ne puis l’approuver car nous avons franchi les bornes de « la responsabilité de protéger ». Nous sommes dans l’ingérence, même si on peut ratiociner à l’infini sur l’interprétation de la résolution 1973.
Mais je ne veux pas émettre un vote qui pourrait être interprété comme un désaveu de ceux qui luttent pour la démocratie dans le monde arabe et pour la liberté de leurs peuples. J’exprimerai mes très fortes réserves par un vote d’abstention qui se veut aussi un appel au gouvernement pour qu’il trouve désormais rapidement à ce conflit une solution politique, conforme à l’intérêt de la France.
Le vote massif et inconditionnel d’approbation à la poursuite des opérations en Libye m’a irrésistiblement fait penser au syndrome de la guerre du Golfe. Aucune vue longue.
La majorité des parlementaires, sous prétexte de solidarité avec nos soldats, se montrent, en réalité, solidaires du gouvernement qui, comme il se doit, donne des ordres aux militaires.
Les socialistes se retrouvent naturellement dans l’ingérence, concept qui historiquement leur doit beaucoup. Bernard Kouchner, là où il est, et Bernard Henri Lévy, peuvent se frotter les mains. Le souci du respect de la légalité internationale passe au second plan, comme si la légalité internationale n’était pas aussi l’intérêt de la France.
Dans quel état seront demain la Libye, le Maghreb, le Sahel ? Ces grandes questions sont évacuées.
Une option militaire à courte vue a été privilégiée. Plus le conflit durera et plus la Libye sera déstabilisée. La tâche de la force de l’ONU, qui sera demain chargée de rétablir l’ordre, ne sera pas de tout repos. Politiquement, on peut se demander quel moyen de pression le PS conservera encore pour conduire le gouvernement à privilégier une issue politique.
Concernant l’Afghanistan, voici ce que Jean-Pierre Chevènement a déclaré le 14 juillet à RTL, en répondant aux questions de Philippe Corbé.
Résumé. Nous sommes dans une situation difficile. La démocratie ne s'exporte pas. Il y a certainement dans la population afghane des gens qui ne veulent pas de la dure loi des Talibans.
Il y a les conditions réunies aujourd'hui pour une rupture entre les populations afghanes dans leur diversité, dont l'élément pachtoune, et le terrorisme international, Al-Quaida. C'était le but de guerre initial. Aujourd'hui nous devons agir comme une grande nation responsable.
[…] Nous sommes amenés à suivre le mouvement par l'enchaînement même des décisions prises [par les Etats-Unis] Il faut laisser aux Afghans la possibilité de créer eux-mêmes leur propre gouvernement. Ne nous donnons pas d'objectifs inaccessibles !
On n'imposera pas un modèle de démocratie à l'occidentale à un pays dont on voit bien que le fonctionnement repose sur des assemblées de notables. Nous sommes à la remorque des impulsions successives de l'administration américaine.
Nous devons faciliter la transition afghane, permettre à un gouvernement afghan de se maintenir. De ce point de vue-là, je pense que même après 2014, il faudra pouvoir apporter des soutiens à un tel gouvernement, y compris par des fournitures d'armes mais pourquoi pas en maintenant quelques bases avec un appui aérien.
Des grandes puissances responsables doivent faire en sorte que leur retrait ne se transforme pas en débâcle. Croyez-le, je compatis à la douleur des soldats et de leurs familles, j'ai beaucoup d'émotion.
Cet article est le 25ème paru sur ce blog dans la catégorie Chevènement sénateur
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