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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

Lors de l'AG 2013 de l'APLI, André Pflimlin a parlé de l'Europe laitière

La double impasse : marché libéral et modèle de production

 

APLI-AG-50913-011-T.jpgAndré Pflimlin, l’auteur du livre « Europe laitière » (Editions France Agricole, 2010) - voir Dans son livre, Europe laitière, André Pflimlin condamne le libéralisme, était l’invité de l’assemblée générale de l’APLI le 5 septembre 2013.

Voir AG 2013 de l'APLI : le président André Lefranc fait le bilan et rassure - 13 septembre 2013 

Les éleveurs laitiers de l'APLI en AG nationale à Landelles et Coupigny - 12 septembre 2013

 

Photo : André Pflimlin avec le président de l'APLI, André Lefranc

 

Il est intervenu sur le thème « Europe laitière, la double impasse : le marché libéral et le modèle de production. Comment en sortir ? ».

Plan de l’exposé

I - Le marché mondial beurre-poudre est un leurre pour les producteurs européens.

II  - La dérégulation et la mise en compétition des éleveurs et des régions de l’UE à 27 est une arme de destruction massive…

III - Pour une autre politique laitière et rurale :

-          La privatisation du marché laitier UE… pour l’OMC ?

-          La plupart des autres grands pays se protègent

-          La nécessité d’une régulation européenne

Conclusion

 

Voici le résumé des deux premières parties.

 

I - L’autorégulation du marché laitier est une utopie ou un mensonge

 

La demande est rigide (aliments au quotidien). L’offre dépend des investissements à long terme (c’est une industrie lourde) mais aussi des aléas climatiques et des rapports de prix lait-concentrés.

L’offre reste atomisée : plus de un million de producteurs, dont beaucoup de petits, alors que la transformation est de plus en plus concentrée : une douzaine de laiteries font plus de la moitié du lait UE… souvent avec une quasi-exclusivité de collecte. On est loin du marché idéal, cher aux économistes libéraux.

 

Le marché mondial des produits laitiers ne représente que 6 % de la production. L’essentiel est consommé dans les pays ! Il est composé pour plus de 80 % de produits industriels (beurres et poudres de lait). Il est pourvu pour moitié par l’Océanie et l’Amérique du Sud avec du lait de pâturage, à faible coût de production mais à forte sensibilité climatique.

L’absence de stockage public (UE et USA) encourage la spéculation et rend le marché de plus en plus volatil. D’où un prix du lait sur le marché mondial qui varie de 180 à 360 euros par tonne équivalent lait.

 

La Nouvelle-Zélande tient le marché beurre-poudre (un tiers du marché mondial) avec 2,5 % de la production de lait. Avec une matière première peu coûteuse, c’est un pays idéal pour faire du lait pas cher (moins de 200 euros par tonne) :

-          pâturage toute l’année sans complément,

-          pas de bâtiment ni de matériel, hors salle de traite,

-          des troupeaux de 400 vaches par élevage et 1 à 2 travailleurs (UTA).

La coopérative Fonterra collecte et exporte plus de 90 % de la production, sous forme de beurre-poudre, essentiellement, en contrat pérenne avec des pays importateurs dans le monde entier. Fonterra contrôle les marchés à terme de la poudre de lait. En 2011-2012, la Nouvelle-Zélande a fait + 10 % de lait (1,5 million de tonnes), ce qui a fait chuter les prix sur le marché mondial. Début 2013, la sécheresse (baisse de 5 % de la production) a provoqué une remontée des prix.

 

Conclusion : l’Europe doit choisir clairement entre deux stratégies :

-          Produire beaucoup et à bas prix pour l’export de poudre et gagner des marchés sur Fonterra, et selon les règles de l’OMC, donc sans aides et sans protections aux frontières.

-          Produire surtout pour un marché européen mieux protégé, avec des produits régionaux, et n’exporter que des produits de qualité sans aides.

 

II  - La dérégulation et la mise en compétition des éleveurs et des régions de l’UE à 27 est une arme de destruction massive…

 

Jusqu’à aujourd’hui, la diversité des élevages et des régions laitières est déjà considérable mais était régulée dans l’UE à 27. Demain, avec la fin des quotas, la compétition entre pays et régions sera plus inéquitable et plus destructrice.

 

Localisation de la production laitière en Europe

- UE à 15 : 80 % du lait. Concentration : 50 % du lait sur 10 % des surfaces. Diversité de taille des troupeaux et de systèmes (moyenne 45 VL par troupeau ; Autriche : 12 ; Danemark : 120).

- 12 nouveaux pays dans l’UE : 20 % du lait UE et 80 % des élevages. Grands troupeaux (100 à 1000 VL, mais aussi de nombreux très petits troupeaux (moins de 5 VL).

Demain, avec la fin des quotas, la compétition entre pays et régions sera plus inéquitable et plus destructrice, même entre les pays de l’Europe de l’ouest (…)

 

Les deux « modèles » extrêmes à ne pas suivre :

-          Danemark : 3 % du lait UE. Modèle unique « quitte ou double » : 150 VL à 9 000 kg.

-          Irlande : 3,5 % du lait UE. Modèle unique herbe : 60 VL à plus de 5 000 kg. Toujours plus de pâturage. Et de poudre ?...

Danemark :

Jutland une autre Bretagne ; 90 % de la SAU labourable pour produire du lait ou du porc.

Une restructuration vertigineuse : de 33 000 troupeaux à 30 VL en 1984 à 3 300 troupeaux à 150 VL en 2013.

Investissements énormes : nouvelles étables, terres, quota, mécanisation, robot, ration complète.

Rachat des fermes pour l’installation avec des prêts à très long terme (30 ans ou plus, dont 10 sans rembourser de capital).

Un taux d’endettement moyen de 20 000 euros par VL et 100 à 150 euros de frais financiers par tonne de lait. Augmentation de la production (+ 1,5 % en 2012-2013) pour les banques et la coopérative ARLA.

 

Irlande : toujours plus de lait à l’herbe !

Un coût de production (hors main-d’œuvre) de 150 euros par tonne de lait (9 à 10 mois de pâture, peu de bâtiments et de stockage, peu de concentrés, davantage d’engrais azoté). Proche du modèle néo-zélandais, avec des vaches plus rustiques.

A l’avenir, face à la crise et au chômage : produire plus et exporter plus (80 % du lait est exporté, sous forme de beurre et de poudre sur le marché mondial). Donc, plus de pâturage et plus de lait, moins de vaches allaitantes et de bœufs. Encore plus de beurre et de poudre (sans aides de l’UE ?).

 

France et filières de qualité ? 16 % du lait UE, 70 000 troupeaux

-          Les systèmes avec maïs ensilage (75 % du quota). Des produits frais mais aussi trop de produits industriels (plus-value faible pour le lait « minerai ».

-          Les systèmes herbagers de plaine (moins de 10 % de maïs ensilage). Moins de 10 % du lait, quelques AOC encore peu rémunérées.

-          Les systèmes herbagers de montagne : 10 % du quota, 30 % des producteurs impliqués dans les AOC et un prix du lait souvent plus élevé (Alpes, Jura, mais pas le Massif central).

Le total lait de vache en France : AOC + bio + produits fermiers = 10 % du lait.

 

Quels modèles pour les régions laitières de l’UE ?

A – Modèle danois : 100 000 fermes à 160 VL ; haut risque pour les éleveurs ; lait minerai ; concentration et pollution ici, déprise ailleurs.

B – Modèle bavarois-normand : un million de fermes à 20-50 VL ; diversité des produits et des territoires ; biens publics avec renforcement du 2ème pilier. Quels équilibres, quels soutiens entre les deux ?

 

La suite dans un autre article…

 

Voir aussi ces résumés d’une intervention d’André Pflimlin sur le même thème :

André Pflimlin et l'Europe des producteurs de lait : une infinie diversité - 27 juillet 2012

André Pflimlin contre la stratégie de produire plus de lait pour l'export - 28 juillet 2012

André Pflimlin et la régulation laitière (Europe, USA, Canada, Suisse) - 29 juillet 2012

André Pflimlin présente trois avenirs possibles pour l'Europe laitière - 30 juillet 2012 

 

Cet article est le 407ème publié sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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