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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

Marché des produits laitiers : l'Allemagne en force, la France en baisse

L’Europe récolte la désorganisation qu’elle a semée

 

L’Allemagne accumule les parts de marché dans les produits agroalimentaires pendant que la France en perd et s’émeut de voir nos voisins allemands devenir la principale puissance agricole d’Europe.

Le président du Sénat s’est rendu outre-Rhin du 5 au 7 mai, à la tête d’une délégation du Sénat -  comprenant, notamment, Jean-Pierre Chevènement - pour voir sur place comment il sera possible de maintenir la Politique Agricole Commune (L'Allemagne pour le maintien d'une Pac forte, Ouest-France, 14 mai). La question des écarts de compétitivité n’a, sans doute, pas été absente des discussions. Par ailleurs, j’y reviendrai, aucune solution n’apparaît pour résoudre la crise laitière. Les producteurs, démoralisés, sont de plus en plus nombreux à préparer leur reconversion.

Coops de l'Ouest. Face aux ambitions allemandes (Le Télégramme, 19 mai)

 

Les coopératives de l'Ouest continuent de dénoncer les distorsions de concurrence entre pays européens, en particulier entre la France et l'Allemagne. «L'ambition allemande de devenir une puissance agricole met fin au pacte économique implicite qui nous liait depuis 50 ans», a affirmé hier à Rennes Jean-Marie Gabillaud, président de Coop de France Ouest. Selon lui, ces distorsions touchent la quasi totalité des filières dans différents domaines: fiscal, environnemental, social. « Ce qui nous trouble, c'est moins l'existence de ces distorsions que l'accélération de ces pratiques dans la période récente ».

Tout se passe comme si on assistait à un sauve-qui-peut généralisé, les pays européens utilisant toutes les marges possibles pour avantager la compétitivité de leurs filières sauf en France. Nous sommes restés à côté de ce mouvement et nous commençons à payer le prix», a insisté Jean-Marie Gabillaud. Coop de France Ouest en lien avec les organisations professionnelles dans le secteur de la volaille et des fruits et légumes est en train de recenser ces distorsions pour alimenter les travaux des ministères sur le sujet (…).

 

Dans cet autre article du Télégramme (27 avril), Frédérique Le Gal pose la question :

Lait. Pourquoi l'Allemagne produit-elle moins cher ?

La filière laitière française perd des parts de marché. Elle se fait tailler des croupières par l'Allemagne qui vend ses produits laitiers moins cher. Pourquoi ?

Pourquoi le prix allemand fait-il référence?
L'Allemagne est le plus gros pays laitier européen et le principal concurrent de la France. C'est notre premier fournisseur de produits laitiers et notre premier client. L'Allemagne produit 27milliards de litres de lait (contre 23milliards pour la France). En 2009, le prix du lait payé aux producteurs allemands était 15% inférieur au prix payé aux producteurs français. Cela ne fait pas les affaires de l'industrie laitière française qui estime que cet écart de prix lui fait perdre des parts de marché et stimule les importations. Selon la FNIL (Fédération national de l'industrie laitière) les importations françaises ont augmenté de 21% en emmental et de 38% en lait de consommation tandis que les exportations ont diminué de 15%. En 2009, la France a importé l'équivalent de de la production de deux usines bretonnes

Pourquoi le lait français est-il plus cher que le lait allemand?
La France est parvenue à maintenir un prix plus élevé que ses concurrents en maîtrisant sa production. En 2009, elle n'a pas produit tout son quota. Elle a terminé sa campagne avec une sous-réalisation de deux milliards de litres sur 8,5 milliards de sous-réalisation européenne. En 2009, le prix du lait français était parmi les plus élevés d'Europe, derrière la Finlande, la Grèce et l'Italie. Le problème, c'est que la France est l'un des rares pays à réguler sa production. Les autres pays en ont profité. L'Allemagne qui a fait le pari de l'exportation produit moins cher mais se rattrape sur de volumes. Elle exporte 30% de son lait sur l'Union européenne et les autres marchés mondiaux et défend ses débouchés en jouant sur les prix. La France se pose donc la question aujourd'hui de rouvrir les vannes.

Comment les producteurs allemands font-ils pour s'en sortir?
C'est la grande question que se posent les professionnels français qui ont demandé à l'Institut de l'élevage de réaliser une étude sur les atouts et les handicaps de l'élevage allemand. Pour les producteurs français, l'Allemagne a fait le choix politique d'accompagner ses producteurs. Un plan de soutien à l'agriculture de 750 millions d'euros a été mis en place par le gouvernement allemand.

Les producteurs français mettent d'autres éléments en avant: gestion plus souple des quotas, coût du travail plus faible, aides à la modernisation, subventions aux énergies renouvelables, charges de mécanisation moindres, double activité de beaucoup de producteurs allemands... « A moins d'un accompagnement de l'État, si on s'aligne sur le prix allemand, ce sont 50% des exploitations qui disparaissent. Il faut impérativement qu'on se batte à armes égales», souligne Franck Guéhennec de la FRSEAO.

 

Jérôme Créel et Jacques Le Cacheux* (Département des Etudes, OFCE), en juillet 2006, avaient décrit ce qu’ils nommaient « la nouvelle désinflation compétitive européenne » de l’Allemagne.

 

La stratégie économique actuelle de l’Allemagne n’est qu’une variante de la « désinflation compétitive » qu’en d’autres temps la France a mise en oeuvre, avatar des stratégies non coopératives qui, depuis les premiers pas du processus d’unification monétaire européen, ont pesé, faute d’institutions communes ou de mécanismes de coordination adéquats, sur les performances économiques de l’UE.

L’élargissement, qui a considérablement accru le nombre de membres et affaibli les instances de coordination risque de conforter ces tentations opportunistes des États membres.

Elles prennent, au sein de l’Union monétaire, des formes nouvelles, parce que les instruments dont disposent les gouvernements nationaux ne sont plus les mêmes : aux « dévaluations compétitives », désormais impossibles dans le cadre de l’Union monétaire, les gouvernements nationaux ont substitué d’autres moyens ; la concurrence fiscale, le dumping social, les politiques de modération salariale, etc., apparaissent comme des outils de « désinflation compétitive », améliorant les coûts relatifs de production.

 

Ainsi, la baisse des coûts relatifs allemands est désormais substantielle, en particulier par rapport à certaines économies du Sud de l’Europe. Mais notre analyse suggère que la stratégie allemande risque d’être moins efficace que les expériences similaires menées dans de « petites économies ouvertes ».

Deux hypothèses permettent d’éclairer l’adoption, par l’Allemagne, d’une stratégie de désinflation compétitive.

- La première met l’accent sur les implications macroéconomiques et distributives d’un éventuel changement des modes de financement privé en Allemagne, notamment en matière d’évolution du rapport de forces entre salariés et détenteurs du capital, sous l’influence grandissante des marchés financiers.

- La seconde hypothèse concerne le régime de croissance de l’Allemagne et son mode d’insertion dans l’économie mondiale : l’Allemagne et les autres économies européennes peuvent-elles compter, grâce à leurs spécificités ou à des politiques bien conçues d’encouragement à l’innovation, sur des aspects « hors prix » de la compétitivité ?

 

* J’ai côtoyé Jacques Le Cacheux lors d’une table ronde de la Fondation Res Publica (voir Quelle politique agricole, au défi de la crise alimentaire mondiale ?).

 

La Suisse, d’une autre façon, s’est engagée dans la dérégulation de sa filière laitière. Des producteurs sont invités en Bretagne à Landrévarzec (Finistère) ce 19 mai par l’Apli. « Ils témoigneront sur leur expérience des organisations de producteurs et de la contractualisation » (voir Filière lait. Une rencontre de l'Apli à Landrévarzec, Le Télégramme, 19 mai).

 

 Concernant la Suisse, voir Crise du lait : le canton de Vaud (Suisse) proche du système canadien - 9 février 2010.

 

Cet article est le 183ème paru sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

 

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