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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

OMC : échec de la conférence de Genève pour relancer le cycle Doha


Pas de remise en cause du libre-échange doctrinaire

 

Les journaux ont peu relaté les travaux de la conférence de l’OMC. Et pour cause ! Les efforts du directeur général, Pascal Lamy, pour libéraliser les échanges commerciaux n’ont pas été couronnés de succès. Le point sera fait en mars 2010 pour vérifier la crédibilité d’une relance des négociations.

 

Voici le court article publié, le 3 décembre, sur le site du quotidien Le Monde :

 

L'OMC échoue à relancer la négociation de Doha

La 7e Conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) réunie du 30 novembre au 2 décembre à Genève (Suisse) n'est pas parvenue à relancer la négociation sur la libéralisation des échanges internationaux dans le cadre du "Cycle de Doha". A l'issue de ses travaux, son directeur général, le Français Pascal Lamy, a reconnu que des "divergences subsistent sur le fond" et qu'il manquait "d'engagement" sur les questions qui sont en suspens.

L'impasse est imputable aux Etats-Unis qui sont revenus sur leurs positions de juillet 2008 en demandant, notamment, aux pays émergents de nouvelles concessions. Ils l'ont fait par la voix de Ron Kirk, le représentant américain au commerce. Les ministres réunis lors de la conférence de l'OMC ont toutefois décidé qu'ils vérifieraient, avant la fin mars 2010, si les progrès des discussions entre les hauts fonctionnaires peuvent permettre de convoquer une négociation en bonne et due forme au cours de l'année prochaine.

 

Le 30 novembre, le Mouvement politique d’éducation populaire (M’PEP) avait fait sensation en annonçant une déclaration du dirigeant de l’OMC, sans préciser, à ce moment, que c’était de la fiction : Révolution au sommet de Genève, Pascal Lamy change de cap et propose que l’OMC se transforme en OIC !

Le sous-titre était : Le secrétaire général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, dénonce le libre-échange et se prononce pour des mesures protectionnistes.

(…) Pascal Lamy a distribué aux délégués présents à cette réunion confidentielle un texte présentant la Charte de La Havane en insistant sur le fait que l’OIC devrait être placée dans le cadre de l’Organisation des nations unies, contrairement au statut actuel de l’OMC. Pascal Lamy a rappelé que La Charte avait été signée en 1948 par 53 pays, mais qu’elle n’avait pu entrer en vigueur du fait du sénat américain dont la majorité venait de changer. La particularité de cette charte est qu’elle rejette le libre-échange et la guerre commerciale qu’il entraîne, et préconise la coopération commerciale à partir d’un principe fondateur qui est celui de l’ « équilibre de la balance des paiements ». Selon ce principe, les échanges commerciaux entre pays doivent tendre vers l’équilibre, aucun pays n’ayant de raisons particulières d’être structurellement en excédent commercial ou, inversement, en déficit commercial.
 
C’est le « bilan catastrophique » des politiques de libre-échange menées par l’OMC, tant pour les pays du Nord dont les emplois industriels sont délocalisés, que pour les pays du Sud qui ne parviennent pas à développer leur agriculture et leur économie, ainsi que son effet sur le climat qui auraient convaincu le secrétaire général de faire cette proposition radicale.
 
Le M’PEP se félicite évidemment de cette conversion soudaine, même s’il s’interroge sur les raisons d’un tel revirement venant d’un homme qui avait jusqu’à présent symbolisé la caricature du libre-échange.

Voir le texte Le bilan catastrophique du libre-échange.

De son côté, ATTAC a publié, ce 4 décembre, un communiqué de presse :

Décidément, l’OMC ne comprend rien

 

La crise de légitimité de l'OMC est évidente : alors que s'approfondit la crise globale à laquelle l'OMC a significativement contribué, celle-ci a décidé de ne rien changer, et de poursuivre la réalisation de son programme de dérégulation et de libéralisation, qui reste identique à celui de 2001 (date à laquelle a commencé le cycle de Doha).

Un décalage patent existe entre ce que les gouvernements disent dans leurs pays, entre ce que les populations demandent et les déclarations de ces mêmes gouvernements durant la 7ème conférence ministérielle qui vient de s'achever à Genève. Alors que de nombreux pays en développement ont demandé que le développement soit au centre des négociations, celles-ci visent à plus de destructions d'emplois, d'insécurité alimentaire, d'insécurité financière, et de dérégulation du secteur des services. De plus, la libre circulation des connaissances et des techniques est entravée par l’accord ADPIC sur le droit de propriété intellectuelle, au moment même où les pays les plus pauvres et les pays émergents auraient besoin d’accéder à ces ressources pour atténuer les méfaits du changement climatique et y faire face.

De plus en plus de pays du Sud rejettent le modèle désastreux porté par l'OMC : ils refusent de répondre aux exigences croissantes des pays du Nord visant à libéraliser leurs marchés. Malgré le discours prononcé à l'issue de cette conférence ministérielle, affirmant que "les Ministres font preuve de l’énergie politique nécessaire pour mener à bien le Cycle de Doha", il ressort clairement de cette conférence une absence profonde de légitimité de l'OMC. D'ailleurs, les pays en développement se sont mis d'accord en marge de la conférence pour négocier leur propre accord commercial à l'horizon de 2010.  Dans cette situation, il est d'autant plus urgent d'appeler à un nouveau cadre de régulation multilatéral, fondé sur la coopération et la solidarité. Il est nécessaire également de remettre en cause les accords de libre-échange bilatéraux ou régionaux qui se multiplient dans le monde et qui vont souvent encore plus loin que l'OMC en termes de libéralisation.

Enfin, l’OMC, en mettant en concurrence l’ensemble des régions du monde, a engendré un dumping environnemental sans précédent. À Genève, juste avant le sommet de Copenhague, elle a tenté d'imposer sa propre vision du changement climatique, qui passe par les solutions de marché et la libéralisation. À Copenhague, dix ans après Seattle, de multiples organisations et réseaux internationaux préparent des mobilisations citoyennes d'ampleur pour porter ensemble l’urgence climatique et la justice sociale.

 

La Fondation Res Publica (reconnue d’utilité publique), avait organisé sous la présidence de Jean-Pierre Chevènement un colloque, le 27 avril 2009, sur le thème « Crise du libre-échange mondial : comment en sortir ? » avec la participation de Jean-Luc Gréau, économiste ; Hakim el Karoui, banquier d’affaires ; Jacques Sapir, directeur d'études à l'EHESS ; Jean-Marc Daniel, professeur d'économie à l'ESCP-EAP. Voici un extrait (mot de conclusion de Jean-Pierre Chevènement) :

 

 (…) Je ne pense pas qu’on puisse convertir les Chinois à la thèse d’un protectionnisme modéré (concurrence équitable, raisonnable). Il faudra leur imposer ou on n’y arrivera pas. Mais ce n’est pas l’Europe qui l’imposera, ça ne peut venir que des Etats-Unis ; nous suivrons ensuite. Il faudrait aussi convaincre les Allemands de la nécessité de cette protection au niveau de l’Europe. Les Allemands étaient encore l’an dernier les premiers exportateurs mondiaux, suivis de très près par la Chine. Aujourd’hui, ils ont été dépassés par la Chine. Mais ils restent convaincus que l’hypercompétitivité sur les marchés extérieurs et européens est la « clé » de leur réussite (…).

 

Le MRC est favorable à des protections contre le dumping monétaire, social et environnemental. La nécessaire protection du progrès social et de l’équilibre de l’environnement devrait conduire à organiser les échanges entre des zones géographiques relativement homogènes, avec des mesures raisonnables de protection à l’intérieur de ces zones. C’est la mise en place pragmatique d’une telle concurrence raisonnable qu’il faut rechercher.

Cet article est le 82ème paru sur ce blog dans la catégorie Capitalisme .

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