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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

OPA de Lactalis (France) sur Parmalat (Italie) : les grandes manoeuvres

Logique financière libérale et Europe puissance industrielle

 

Les relations entre l’Italie et la France sont piquantes en ce moment, que ce soit en matière d’immigration ou de « patriotisme économique ». Tenons-nous en aux opérations entre les poids lourds de l’industrie agroalimentaire, principalement dans le secteur laitier, que sont Lactalis (l’attaquant laitier français, dont le siège est à Laval et la propriété du capital entièrement dans les mains de la famille Besnier, le fondateur ayant commencé en collectant les bidons de lait dans les fermes mayennaises) et Parmalat (le fleuron de l’économie italienne, sur la défensive).

Voici ce qu’écrivait Mathilde Golla le 28 mars sur le site du Figaro : Parmalat : Lactalis assure avoir agi correctement

Plus intéressante est l’analyse de Thierry Pouch, responsable du Pôle Economie et Politiques Agricoles à l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture (APCA), dans La Lettre économique (n° 306, avril 2011) :

Bataille transalpine de titans autour de l’agroalimentaire

L’incertitude engendrée par la crise mondiale avait refroidi les ardeurs des entreprises en matière d’OPA amicales ou inamicales. La reprise des opérations de fusions-acquisitions en 2010 indique que les firmes ont repris confiance. Ce regain d’OPA ne laisse pas indifférent les gouvernements qui, pour certains, entendent défendre coûte que coûte l’outil national de production. Resurgit alors la notion de « patriotisme économique », dont l’un des aspects les plus visibles est la bataille qui s’est engagée autour de l’italien Parmalat.

 

Si les opérations de fusions-acquisitions d’entreprises (OPA) ont été en 2010 moins nombreuses dans l’UE comparativement aux États-Unis, elles traduisent un regain de confiance des entreprises dans la solidité de la reprise économique.

Certaines firmes avaient constitué durant la crise quelques réserves financières pour contenir les incertitudes liées à la rapidité de la reprise, et pour se préparer au redémarrage de leur activité. De plus, à ces réserves accumulées durant trois ans s’ajoutent désormais les bons résultats de l’année 2010. De quoi inciter certaines d’entre elles à absorber le ou les concurrents directs, afin d’atteindre une taille critique. C’est précisément ce qui se passe dans le secteur de l’agroalimentaire européen.

 

L’italien Parmalat, géant des produits laitiers et des boissons à base de fruits, est l’objet depuis quelques semaines d’une OPA inamicale lancée par le groupe français Lactalis, leader européen sur le marché des mêmes produits laitiers.

Les intentions de Lactalis ont fini par faire réagir l’Italie, et plus précisément le Ministre de l’économie, Giulio Tremonti, et la Confindustria, le patronat italien. L’affaire est d’autant plus préoccupante pour l’Italie qu’elle vient de voir passer son joaillier Bulgari sous la coupe de LVMH. Il s’ensuit un retour fracassant du « patriotisme économique », celui qu’avait précisément avancé en 2005 Dominique de Villepin, alors Premier Ministre français, lorsque celui-ci contrecarra le rachat de Suez par l’italien Enel.

Giulio Tremonti tente de mobiliser tous les acteurs concernés (firmes, banques, financiers divers) pour empêcher le français Lactalis d’absorber Parmalat, considéré comme le fleuron de l’économie italienne. Il est même question de provoquer une scission du groupe agroalimentaire, les activités « internes » étant prises en charge par des investisseurs nationaux, les activités « externes » par Lactalis (en attendant, l’AG des actionnaires a tout simplement été reportée). Mais dans la mesure où Parmalat est dotée d’une valorisation boursière de quelque 5 milliards d’€, la facture risque d’être lourde pour les italiens, et pour quelques entreprises déjà très endettées.

 

Ce retour du « patriotisme économique » fait écho à celui suggéré en 1933 par le célèbre économiste anglais, John Maynard Keynes. Il soulignait que l’internationalisation du capital n’était pas une réussite et que, face à l’influence des capitaux étrangers, il était indispensable de protéger les intérêts économiques nationaux. Ce que Keynes fustigeait, c’était le calcul financier de court terme. Le propos tenu par

Keynes est arrivé jusqu’à nous, et notamment au regard des menaces que fait peser la mondialisation sur les outils de production nationaux.

 

Sauf que, dans l’affaire Parmalat/Lactalis, il conviendrait d’évaluer et par conséquent de distinguer ce qui relève de la stricte logique financière de court terme, que condamnait le professeur de Cambridge, de ce qui anime Lactalis en matière de stratégie industrielle. Dans ce second cas, une opération de fusion-acquisition peut déboucher sur la formation d’un groupe d’envergure mondiale, capable d’affronter la concurrence et par conséquent de répondre aux intérêts économiques…en l’occurrence européens. Si l’UE entend encore jouer un rôle dans l’économie mondiale, renforcer sa puissance industrielle en constitue l’un des instruments possibles.

Une stratégie qui ne doit évidemment pas s’effectuer au détriment ni des salariés ni de l’emploi.

 

Cet article est le 221ème publié sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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