Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
Le candidat qui propose des solutions face à la crise
La preuve que la candidature Chevènement dérange ? Les propos de Michel Rocard, ce matin sur France Inter, clairvoyants sur l’énergie nucléaire mais inappropriés vis-à-vis de son éternel adversaire au sein du PS des années 1970-80. Rappel : Présidentielle 2012 : Chevènement candidat pour que la France gagne - 6 novembre 2011.
Jean-Pierre Chevènement a toujours été indépendant, ne craignant pas les polémiques. Il a trouvé ce 7 novembre en Philippe Cohen, dans Marianne, un commentateur avisé de sa candidature. En effet, celle-ci est à double détente : d'abord en direction de François Hollande et, si le candidat PS ne montre pas suffisamment d'intérêt pour le programme de salut public, Chevènement se tournera vers l'ensemble des français.
Chevènement candidat, la balle est dans le camp d'Hollande
Histoire ne se répète pas, elle bégaie. Beaucoup de commentateurs seront tentés d’interpréter la candidature de Jean-Pierre Chevènement comme une inutile répétition de la douloureuse expérience de 2002 : avec Jean-Luc Mélenchon, Éva Joly et à présent Jean-Pierre Chevènement, il ne manque plus qu'un candidat des radicaux de gauche, une nouvelle Christiane Taubira, pour réitérer la configuration de premier tour qui n’avait pas permis à Lionel Jospin de se qualifier pour le second en avril 2002. Et encore : à l’époque, en novembre 2001, Jean-Marie Le Pen était bien moins haut dans les sondages que sa fille aujourd’hui.
Pourtant, on aurait tort de décalquer purement et simplement la présidentielle de 2002 sur celle qui se prépare. La crise financière, et la forme particulière qu’elle revêt en Europe avec les dettes publiques, bouleverse tous les calculs pré-électoraux. On voit bien que la campagne de 2012 sera une campagne de temps de crise et que les événements viendront sans cesse percuter son bon déroulement. En outre, la cuvée Chevènement 2012 n’a pas grand-chose à voir avec celle de 2002. À l’époque, l'ex-maire de Belfort avait l’ambition de « turbuler » le système et de devenir ainsi le troisième homme de la campagne, ce qu’il fut un court moment, en janvier 2002
Cette foi-ci, l’ambition est autre. Il s’agit d’une candidature d’idées. Depuis sa semi-retraite politique, Chevènement s’est plongé dans le monde des idées. L’essentiel de ses activités s’est recentré autour de sa fondation fondation, Res publica. On y trouvera des textes et des débats sur les sujets à la fois essentiels et évités par la plupart des hommes et des femmes politiques : la géopolitique, les ambitions des grandes puissances (Chine, Allemagne), le Printemps arabe, l’industrie, la défense, etc.
Autre différence de taille, il n’y a pas, entre François Hollande et Jean-Pierre Chevènement, l’antagonisme qui existait entre ce dernier et Lionel Jospin. « Je ne suis pas candidat contre François Hollande » , a déclaré Chevènement au Parisien.
Les deux hommes dialoguent. Le candidat du PS respecte Chevènement, et il aurait tort de traiter sa décision avec mépris, comme seront tentés de lui suggérer certains de ses soutiens. François Hollande a montré, pendant et après les primaires, son extrême habileté politique. Il a soigneusement évité toute polémique avec ses concurrents, les ménageant même quand ils ne le ménageaient point. Nul doute qu’il cherchera à faire une place à Chevènement.
Autre chose est de savoir comment il le fera.
Jean-Pierre Chevènement décevrait s’il se contentait de solder sa tentative, autrement dit de renoncer, contre quelques « circonscriptions » aux législatives, des «circos» comme on dit à présent dans les appareils de la gauche. Il est trop intelligent et aussi trop fier pour finir sa carrière dans des négociations d’appareil telles qu’elles sont en train de s’opérer entre le PS et Europe-Écologie-les-Verts. Pour François Hollande, la candidature Chevènement peut même s’avérer utile pour rééquilibrer le rapport des forces au sein de la gauche dans lequel, jusqu’alors, les Verts et le Modem – dont on ne connaît pas encore la trajectoire – semblent plus forts que le Front de gauche et la gauche républicaine.
En réalité, la candidature Chevènement – que ce dernier a décidé voici trois semaines, non sans hésitations, peu après les primaires PS – n’a de sens que si elle se situe par rapport à l’incroyable crise économique dans laquelle nous sommes installés. Chevènement a une vision singulière de la situation et propose une stratégie différente pour la France au moment où Nicolas Sarkozy, lui, continue de se raccrocher à Angela Merkel comme si le pays n’avait aucune marge de manœuvre. Chevènement propose une alternative articulée autour de quelques grands points :
1) une nouvelle négociation avec l’Allemagne : soit notre partenaire accepte de modifier les statuts de la Banque centrale européenne (BCE) pour lui permettre d’élever un mur d’argent contre les attaques des marchés ; soit la France met en place un plan B et nous passons de la monnaie unique à la monnaie commune, permettant à chaque pays de retrouver les voies de la croissance.
2) La nationalisation de la dette française par une souscription auprès des citoyens résidents.
3) La reconstruction de l’industrie ravagée par un euro trop fort et l’absence de stratégie de l’État.
4) La mise sous tutelle des banques par un plan comparable à celui que mit en place Roosevelt après la crise de 1929.
Pour imposer ses idées dans la campagne, Chevènement ne dispose que de peu de moyens en argent et en hommes. Sa campagne sera surtout médiatique. Il n’a obtenu pour l’heure que 250 promesses de signatures, toutes glanées à gauche, précise son staff. Le camp hollandiste, qui a déjà ignoré les prétentions du Che au Sénat, sous l'influence de Jean-Pierre Bel - peut être tenté d’ignorer sa tentative en espérant qu’il n’ira pas au bout, ou encore qu’il ne dépasserait pas les 2% dans les intentions de vote.
Une phrase de Jean-Pierre Chevènement n’a sûrement pas échappé au candidat du PS, lorsqu’il a indiqué que l’on « pouvait aider François Hollande à se mettre à la hauteur »... Phrase qui peut certes paraître méprisante, mais qui peut aussi être interprétée comme une main tendue si, comme le suggère Arnaud Montebourg, le candidat du PS consent à écouter son message.
Cet article est le 21ème paru sur ce blog dans la catégorie Présidentielle 2012