Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
Maintenant, il faut un projet de redressement national
François Hollande a obtenu un résultat conforme aux prévisions* après le 1er tour. Il devance largement Martine Aubry, ce qui est logique, dans la mesure où il a une démarche de rassemblement des Français quand sa concurrente se place sur le terrain, plus technique, de la gestion gouvernementale. Mais l’essentiel de ce qui les différencie n’a pas été dit. Voir Primaire PS : le clivage Aubry-Hollande cache 2 stratégies différentes - 14 octobre 2011.
Voir Université d'été MRC à Valence : le dialogue Chevènement-Hollande - 9 septembre 2010
Après avoir fait la liste des interrogations concernant la France de 2010, François Hollande précise les cinq défis à relever en 2012 :
- La place de la France dans la mondialisation. Depuis dix ans, la France a reculé. Il faut retrouver un chemin productif. Il faut proposer au pays un pacte productif, et aux entreprises une logique coopérative tournée vers l’investissement.
- La mutation écologique. La tendance est à renouveler les énergies, garder le nucléaire, moderniser sans catastrophisme. Les questions à régler : le coût lié à la taxe carbone, les déchets, le coût lié à l’augmentation du carburant.
- La cohésion sociale et la redistribution. Les disparités se sont accrues entre les 2% les plus favorisés et le reste de la population. Il faudra une réforme fiscale transparente et réduire les déficits. Il n’est pas acceptable que 60% de l’endettement soit entre les mains de non résidents et que la charge de remboursement des emprunts soit le 2ème poste du budget.
- La cohésion républicaine. Il s’agit de traduire les principes dans le quotidien : autorité, égalité, solidarité républicaines, fermeté face à la délinquance.
- La jeunesse. Elle est sacrifiée (chômage, logement, sécurité, égalité…). Elle est électoralement minoritaire.
Il faut rassembler la nation autour d’objectifs qui nous dépassent. Le rassemblement de la gauche est nécessaire au premier tour de l’élection présidentielle, ou au second. Le rêve français dans le récit national (en écho au rêve américain d’Obama), c’est l’égalité réelle, le progrès maîtrisé, les droits de l’Homme et du Citoyen (…).
Voir Présidentielle 2012 : vers un axe Montebourg Chevènement Hollande- 11 octobre 2011
François Hollande répond à Jean-Pierre Chevènement. Il commence par saluer ce qui est agréable et plaisant chez Jean-Pierre Chevènement, qui consiste à s’inscrire dans l’histoire longue ; nous sommes des acteurs d’un moment, continuateurs de ce qui a été fait avant nous. C’est le rêve du récit national. Actuellement, nous constatons la liquidation de l’esprit républicain. Jean-Pierre a raison d’aborder la politique planétaire, pas seulement hexagonale, avec le réalisme nécessaire.
Puis il revient sur les deux points mis en avant par Marie-Françoise Bechtel, animatrice du débat.
- La crise n’est pas finie, les causes demeurent. Pas de régulation, sauf aux USA. Certains pays ont mis des taxes (Royaume-Uni, Allemagne). Il ne s’agit pas de moraliser ce qui n’a pas vocation à l’être. La spéculation sur les dettes souveraines n’est pas finie. La compétition entre Etats et marchés continue. En 2012, il y aura des déficits considérables, une croissance faible, une régulation à mettre en place.
- L’Europe. En 2005, à propos du traité constitutionnel européen (TCE), il y a eu une grande controverse entre le oui, en faveur d’une autorité politique européenne, et le non.
Le traité de Lisbonne, avatar du TCE, n’a pas permis de disposer d’une force politique, face à la crise. Le refus du TCE n’a pas empêché l’Europe de dériver. Les traités ont été bousculés, sans que la croissance revienne. Il faut dépasser ce qui nous a, un moment, séparés. L’Europe à 27 n’a plus de sens, c’est un espace de droit et de vie commune. Il y avait une part d’utopie à vouloir faire une Europe fédérale, à dix, douze, pays, ce qui était l’idée initiale.
On revient à l’idée de Mitterrand : une confédération européenne. Avec quelques pays qui s’engagent (un noyau, monnaie unique, politiques coordonnées, pacte). Ce ne sera pas l’Europe d’avant, mais c’est une Europe nécessairement avec les Allemands.
En 2012, il faudra une gouvernance commune de l’euro. Entre Sarkozy (gouvernance à 16) et Merkel (à 27), c’est celle-ci qui a gagné. Le modèle allemand est tributaire du commerce mondial. Les excédents allemands sur la zone euro ne sont pas coopératifs. Le peuple allemand est traversé par des contradictions (baisse démographique et baisse de la demande intérieure). La gauche allemande est actuellement majoritaire.
Nous avons un devoir de cohésion sur la question européenne. Les citoyens s’étant mobilisés en 2005, il faut une clarification en 2012. La question de la valeur de l’euro nous a séparés. Entre 1997 et 2002, l’euro s’est déprécié de 20% par rapport aux autres monnaies. Depuis 2003, la valeur de l’euro a augmenté de 40% jusqu’en 2010. Les autres monnaies ont repris de la valeur en 2010 par rapport à l’euro. La Chine est un vrai problème, car sa monnaie est déstabilisatrice. La vocation de l’euro est la stabilité.
La donne ayant changé, nous devons donner des réponses communes à cette question de l’euro. Il n’est pas possible de se séparer sur la question européenne, sinon la gauche n’y arrivera pas.
Relancé par l’animatrice du débat, François Hollande ajoute qu’il faut, à la fois, de la souplesse et de la force dans la gouvernance européenne. La plupart des pays européens font confiance en l’OTAN en matière de défense. L’idée européenne perd du terrain. Certes, l’idée d’un Etat européen n’est pas réaliste, même si c’est sympathique et utopique. Mais on se fait dépasser par les pays émergents. L’Europe est nécessaire, sinon les populismes s’imposeront. Un traité n’est plus possible. Le problème de l’Union, c’est de faire des enfants !
Jean-Pierre Chevènement constate que l’Europe avance en ordre dispersé. Le Secrétaire d’Etat américain, Kissinger, dans les années 1970, demandait le numéro de téléphone de l’Europe. En 2010, le président Obama ne pose pas cette question. Il téléphone à Merkel pour qu’elle soutienne le plan de financement à la Grèce, puis à Sarkozy. Celui-ci dit oui, aussitôt. Celle-là finit par s’y résigner. Obama n’a pas appelé Van Rompuy, Barroso ou Zapatero (l’Espagne avait la présidence tournante).
Il faut rompre avec « l’irreal » politique, selon l’expression d’Hubert Védrine. Il faut une volonté française et aller vers une Europe, république des peuples, en prenant appui sur la France et l’Allemagne. L’Europe de la non harmonisation fiscale a produit l’hypertrophie bancaire au Luxembourg.
Quant à l’euro, c’est clair, il ne faut pas accepter de sacrifier les intérêts français. Le Rhin, qui sépare la France et l’Allemagne, est beaucoup plus large qu’il n’y paraît.
Le sénateur du Territoire de Belfort se rend très souvent en Allemagne (3/4 d’heure par la route). Le nom Chevènement vient de la partie allemande de Fribourg en Suisse.
Non à l’au-delà des nations. Le PS, avec ses nuances et ses courants, lui semble compliqué. Il faudrait simplifier, clarifier, en vue de 2012.
Cet article est le 19ème paru sur ce blog dans la catégorie Présidentielle 2012