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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

Réforme des retraites : bilan et perspectives de l'action des syndicats

2010, une année importante pour le mouvement social

 

Pour le dernier article en 2010, mon choix se porte sur ce qui restera le principal évènement de l’année : le mouvement social et citoyen en faveur des retraites. C’est une étape dans la libération et l’émancipation du peuple français, comme l’écrit Bernard Teper dans l’édito de la revue en ligne Gauche républicaine  ReSPUBLICA (voir, plus loin).

 

A noter deux articles qui traitent de l’action des syndicats :

- Syndicats : de l'unité d'action au "cartel de propositions" ? (Le Monde, Michel Noblecourt, 29 décembre 2010)

Dans une France largement sous-syndicalisée - moins de 5 % des salariés du secteur privé sont syndiqués -, les syndicats sont engagés dans une course perpétuelle pour conquérir leur légitimité. A cet égard, l'année qui s'achève est un bon cru. Comme en 2006, contre le contrat première embauche (CPE), en 2009, face au déferlement de la crise financière et économique, 2010 a été marquée, dans le conflit sur la réforme des retraites, par une exceptionnelle unité d'action. Il y a eu des hauts et des bas, mais cette unité s'est maintenue quasiment jusqu'au bout dans l'épreuve de force engagée avec Nicolas Sarkozy (…).

- Où vont les syndicats ? (Le Monde Diplomatique, décembre 2010, Eric Dupin)

Malgré une mobilisation exceptionnelle, la nouvelle loi française sur les retraites entérine le recul de l’âge de départ. A gauche, tous réclament « une grande réforme », mais sous un vocabulaire enjôleur se cache souvent la baisse programmée des pensions (lire « Les apprentis sorciers de la retraite à points »). La Confédération française démocratique du travail (CFDT) est séduite. Mais il n’est pas sûr que son entente stratégique avec la Confédération générale du travail (CGT) y survivrait. Plus généralement, quel paysage syndical se dessine après le mouvement social d’octobre ? (…)

Marquée par un soutien de l’opinion qui n’a pas faibli malgré les difficultés d’approvisionnement en carburant, la victoire idéologique s’est cependant doublée d’une défaite politique (…).

 

Dans ReSPUBLICA (n° 644, 25 novembre 2010), l’éditorialiste Evariste présente sa contribution au débat du mouvement social. Il souligne le côté positif de celui-ci et y voit une étape de la démarche à suivre. « Il faut donc faire mûrir notre expérience pour vaincre demain ».

La bataille des retraites 2010, une étape sur le chemin de l'émancipation

Les dirigeants néolibéraux vont continuer, accélérer, durcir leur offensive contre les salariés, les citoyens et les peuples sur l’ensemble des dossiers sociaux et politiques. Nous devons donc tirer les leçons de cette dernière expérience pour savoir mieux résister demain et pour préparer la contre-offensive après-demain vers une politique alternative.

2010 restera une étape enrichissante et importante pour le mouvement social

La bataille 2010 sur les retraites a permis la remobilisation des travailleurs autour des mots d’ordre dune Intersyndicale unie. La page semble tournée de la période où l’adversaire d’un syndicat était le syndicat le plus proche de lui. Dans beaucoup d’entreprises, notamment privées, la discussion, le débat et la participation aux manifestations étaient à l’ordre du jour.

Le mouvement syndical, dans son ensemble, a regagné une image de marque, qu’il avait perdue aux yeux des travailleurs, car il a engagé une bataille de classe pour l’intérêt de la grande majorité des salariés en ne se contentant plus de défendre des intérêts catégoriels. Par ailleurs, il y avait une bonne ambiance dans le camp du travail. Les manifestations se faisaient dans la bonne humeur au son du « tous ensemble ».

De plus en plus de salariés et de retraités ont compris que ceux qui étaient à la manoeuvre de cette « réforme régressive » le faisaient dans l’intérêt d’une minorité et que le mouvement social était du côté du plus grand nombre. Les réunions publiques d’éducation populaire qui ont accompagné ce mouvement de résistance ont détruit un à un tous les dogmes du néolibéralisme à commencer par ceux de la démographie et du caractère soi-disant immuable de la répartition des richesses. L’Intersyndicale unie a raison aujourd’hui d’élargir la revendication, car de plus en plus la conscience de la globalisation des combats se renforce. Par ailleurs, la pédagogie de l’unité a joué. Chacun a appris à travailler avec l’autre.

Gardons la stratégie à front large et globalisons les combats

La stratégie à front large, initiée par l’Intersyndicale unie, est un acquis qu’il ne faut sous aucun prétexte abandonner. Nous avons pris conscience que nous reprenions force par notre unité. Comme disent les travailleurs hispanisants : « El pueblo unido jamas sera vencido » (le peuple uni ne sera jamais vaincu). Historiquement, les défaites des peuples ont surtout eu lieu lorsqu’ils sont divisés. Même si nous n’avons pas réussi à empêcher cette loi scélérate, le mouvement n’est pas vaincu, il sort indemne et peut se relancer notamment par la globalisation des combats. Tout simplement parce que,  pour la première fois depuis longtemps, le peuple français a soutenu de bout en bout le mouvement social. Rien n’y fit : les médias aux ordres, les provocations du pouvoir n’ont pas réussi à diviser le peuple.

Dans les débats dans les entreprises, dans les réunions publiques, pas un débat sur les retraites ne s’est terminé sans parler du lien avec la santé et toute la Sécu, voire toute la protection sociale ou encore du lien avec les services publics, la politique économique et la politique de l’Union européenne, etc. Nous avons donc avancé en terme de globalisation des combats.

Il faut continuer. Pourquoi ? Parce que toutes les réformes régressives actuelles n’ont qu’une fonction : baisser les salaires, baisser les retraites, baisser les remboursements sécu, diminuer les droits des salariés et des citoyens, diminuer les principes républicains de liberté, d’égalité, de fraternité, de laïcité, de solidarité, de démocratie, de sûreté, de souveraineté populaire et de développement écologique et social.

De plus en plus, émerge l’idée que cet ordre social et économique n’est plus supportable. De plus en plus voit le jour la nécessité d’une rupture démocratique, sociale, écologique et laïque pour aller vers ce que Jean Jaurès appelait la République sociale.

Marcher sur ses deux jambes : front de résistance et éducation populaire

Garder une stratégie à front large et globaliser les combats sont indispensable et nécessaire, mais cela n’est pas suffisant. Il en faut plus. Il faut élever le niveau de conscience des travailleurs mobilisés, entraîner dans la lutte ceux qui aujourd’hui sont d’accord avec le mouvement, mais ne sont pas encore venus ni dans la mobilisation ni dans les mouvements de grève. Pour cela, d’abord développer l’action syndicale, mais développer aussi la deuxième jambe qu’est l’éducation populaire tournée vers l’action. Les travailleurs doivent se former et ne pas croire que des experts feront le travail à leur place. Plus que jamais, le principe qui énonce que « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes » est d’actualité. Il convient donc de développer par l’éducation populaire tournée vers l’action une nouvelle culture salariale autonome du clergé médiatique et des experts nommés par les puissants de ce monde.

C’est aussi par cette éducation populaire tournée vers l’action que se forgera, en liaison avec l’action syndicale, une culture qui rompra avec l’esprit de soumission à l’ordre établi et avec l’esprit de délégation à d’autres pour se battre pour soi.

L’éducation populaire tournée vers l’action doit bien sûr former les salariés, mais aussi les informer. De ce point de vue, nous sommes en retard sur la création de nouveaux vecteurs d’information pour contrebalancer les médias aux ordres spécialistes de la désinformation. Ces médias aux ordres qui n’invitent sur leurs plateaux que ceux qui acceptent de ne pas s’opposer à leur logiciel de pensée. Par exemple, personne à la télé n’a été invité pour montrer en quelques minutes que l’argument de la démographie, principal argument pour justifier la loi scélérate des retraites, n’était qu’un dogme contredit par la raison. Personne n’a contredit ceux qui essaient de faire croire que pour aller vers l’émancipation salariale, il faut supprimer les cotisations sociales pour le financement de la protection sociale solidaire pour lui préférer la TVA sociale et la généralisation des impôts avec niches fiscales pour les plus riches.

Pourquoi pas un site de l’Intersyndicale unie avec documents, débats, vidéos, ouverts à l’ensemble du mouvement social ?

Développons une culture salariale autonome de l’idéologie dominante

Gardons la fraternité des intersyndicales nationales et locales, des collectifs retraites. Cela doit nous permettre de continuer notre réflexion et de bien préparer notre future action collective. Mais cela n’est possible que si nous continuons à élargir le rassemblement des salariés et des retraités tant dans les fronts de résistance que dans les initiatives d’éducation populaire tournées vers l’action.

Mais il faut encore plus !

Il faut que nos discours soient conformes aux intérêts du plus grand nombre et donc d’abord aux intérêts des couches populaires (ouvriers, employés, majoritaires dans le pays) et des couches moyennes inférieures soumises au mouvement de prolétarisation du turbocapitalisme actuel (que tous ceux-ci et ceux-là soient en activité, au chômage ou en précarité ou qu’ils soient salariés, artisans ou paysans pauvres ou même, pour certains, dans des professions dites libérales). Oui, pour cela, il faut démonter et rompre avec les discours des experts en communication utilisés par le clergé médiatique dans les médias aux ordres.

Cet article est le 79ème paru sur ce blog dans la catégorie Travail Economie

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