Vers un front politique mayennais pour le maintien à 60 ans
L’impression dominante est que la mobilisation syndicale, ce 24 juin, a trouvé un nouveau souffle.
En Mayenne, à Laval, nous étions environ 6 000 (selon Ouest-France, voir Retraites. Mobilisation massive dans l'Ouest. Le point) à exprimer notre opposition au projet de réforme des retraites. Un taux de participation en hausse par rapport au mouvement du 27 mai dernier auquel 3 000 personnes avaient participé.
Au niveau national, les syndicats français estiment avoir nettement amplifié l'opposition à la réforme des retraites en mobilisant, jeudi 24 juin, environ deux millions de personnes dans la rue, selon leurs chiffres. Il s'agit de la plus grosse manifestation en France depuis le début de l'année, contre le projet gouvernemental de relever l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans. Au vu de cette montée en puissance, Bernard Thibault a estimé qu'il serait "sage" que le président Nicolas Sarkozy "renonce à soumettre le projet de loi" dans sa version actuelle au conseil des ministres du 13 juillet. François Chérèque a souligné qu'il s'agissait "de la plus forte manifestation de l'année : cela montre que le sentiment d'injustice face à cette réforme brutale monte très fort dans le pays"
Voir, Le Monde, 24 juin, Retraites : près de deux millions de manifestants, selon les syndicats.
Et Retraites : les syndicats ont gagné leur pari en mobilisant davantage (Le Monde, 24 juin).
Ce même jour, à l’initiative du PCF et du PG, les partis de gauche, en Mayenne, étaient invités à donner leur avis sur un projet de texte appelant à constituer un Front politique pour la défense de la retraite à 60 ans. Réponses attendues au début de la semaine prochaine. Voici ce texte.
Un Front politique pour la défense de la retraite à 60 ans
La réforme des retraites souhaitée par le gouvernement s'attaque à un puissant symbole du progrès social. Elle va à l'encontre de l'attachement des français à cet acquis social majeur : la retraite à 60 ans. S’il était voté, ce projet entraînerait une nouvelle régression pour les retraites des salariés qui s’ajouterait à toutes celles mises en œuvre depuis 1993.
La remise en cause du droit à la retraite à 60 ans est inacceptable ! Elle pénaliserait les jeunes à la recherche d’un emploi en obligeant des salariés, qui comptaient partir en retraite à 60 ans, à continuer à travailler. Elle ne répondrait pas au souhait légitime de partir avant 60 ans des salariés qui exercent un travail pénible.
Quant à l’allongement de la durée de cotisation prévu dans le projet gouvernemental, il est tout aussi inacceptable ! Il serait synonyme des nouvelles baisses du montant des retraites pour tous ceux qui sont mis hors des entreprises (souvent avant même 60 ans) sans avoir toutes leurs annuités.
Le report à 67 ans de la limite d'application de la décote pour manque d'annuités aggraverait encore les conditions de départ en retraite des salariés aux carrières incomplètes, au premier rang desquels figurent de nombreuses femmes.
Les fausses solutions qui sont mises en avant conduiraient à une baisse des pensions et des salaires et frapperaient les revenus les plus faibles, alors que les plus riches et les revenus du capital passeraient entre les gouttes (plus 1 % pour la tranche supérieure d'impôt alors que de 2002 à 2010 ce taux a diminué de 12,75 %).
Ce n'est pas la solution aux questions qui se posent : la bonne voie passe par une plus juste répartition des richesses.
L’objectif gouvernemental reste toujours le même : fragiliser le système de retraite par répartition, favoriser la montée en puissance des retraites par capitalisation (« la capitalisation ne doit pas être un tabou » a déclaré Xavier Bertrand, le secrétaire général de l’UMP). La droite n’a jamais réellement accepté les avancées sociales du programme du Conseil National de la Résistance, en particulier le principe des cotisations sociales qui représentent un salaire socialisé : les cotisations des actifs sont immédiatement versées aux retraités et échappent totalement aux banques et assurances.
Des actions ont eu lieu pour exiger du gouvernement qu'il retire son projet, mais celui-ci s'entête à maintenir sa contre-réforme.
Les partis signataires ont donc décidé de s’organiser en "Front politique pour la défense de la retraite à 60 ans" dans le but :
· D’exprimer leur totale opposition au projet gouvernemental
· De défendre le droit à la retraite à 60 ans
· De refuser l’allongement de la durée de cotisation
· De défendre les retraites par répartition
· De combattre toute attaque contre l’ensemble des régimes de retraite
· De mettre en avant un financement assis sur une nouvelle répartition des richesses entre le capital et le travail
Les partis signataires resteront mobilisés tout l'été pour pouvoir réagir à toute éventualité et le "Front politique" qu'ils constituent organisera le lundi 6 septembre une réunion publique d'information et de débats : l'objectif est clair, ce projet ne doit pas voir le jour et seule une forte mobilisation populaire permettra d'obtenir son retrait.
Lu dans la presse
Retraites mal traitées : un scandale déguisé en réalisme (Henri Pena Ruiz, Le Monde, 24 juin).
Les retraites mal traitées. Réalisme ? Non. Mystification et régression. Invoquer seulement l'évolution du rapport entre "actifs" et "passifs" et celle de l'élévation de l'espérance de vie pour élever l'âge légal de départ à la retraite et la durée de cotisation est irrecevable. On prétend le faire au nom de la pure économie.
Retraites : une réforme sans courage (Le Monde, 23 juin, point de vue de trois députés socialistes)
L'effort va toucher de plein fouet les salariés. Le président de la République a décidé de réformer les retraites à la hâte. Une réforme alibi pour faire oublier toutes celles qu'il a manquées ; une réforme pour tenter de rassurer des marchés qui s'inquiètent de notre situation financière et donner des gages à une Allemagne qui, agacée de recevoir des leçons de la France, conditionne désormais le maintien de ses relations privilégiées avec nous à l'instauration d'une politique de rigueur dénuée d'ambiguïté.
Rocard : sur les retraites, « le gouvernement passe en force » (Rue89, 24 juin)
En réformant vite et sans négocier, le gouvernement « n'a pas pu couvrir tout le sujet ». Rocard suggère une « retraite à la carte ».
Réforme des retraites : les principales mesures (Le Monde, 16 juin)
Réforme des retraites : les arbitrages et les enjeux (La Tribune, 16 juin)
Cet article est le 24ème sur ce blog dans la catégorie Les retraites