Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
L’Europe pour des politiques de régulation
Perspectives sombres pour l’agriculture française et européenne. En fait, les perturbations des marchés depuis deux ans rendent les prix et les revenus agricoles très aléatoires dans le monde entier. C’est le prix à payer d’un libéralisme économique planétaire, voulu par les responsables politiques au pouvoir, en France, en Europe, et presque partout dans le monde.
Le dernier article de The Economist sur les évolutions mondiales de l'agriculture donne involontairement des arguments aux critiques de la libéralisation des échanges : ruée sur les terres des pays pauvres, volatilité des prix, et surtout succès des politiques nationales pour l'autosuffisance alimentaire.
C’est Laurent Pinsolle qui l’écrit sur son Blog gaulliste libre, certains de ses textes étant reproduits sur le site de Marianne, ce qui est le cas de celui-ci : Comment le marché libre conduit au retour des famines (1).
Les perspectives de revenu agricole 2009 sont conformes aux prévisions, c’est-à-dire très mauvaises. Voir l’article, ce 9 décembre, du quotidien Ouest-France (Hervé Plagnol) : Bilan en berne pour le revenu agricole 2009
Les agriculteurs n'ont pas besoin des résultats de la commission des comptes de l'agriculture, prévue le 14 décembre, pour savoir l'état de leur revenu. Ils savent que la crise a aussi frappé à leur porte comme à celle des Français en général.
Les péripéties du dossier laitier en ont été un exemple. Les producteurs ont accumulé les problèmes liés à une baisse des volumes produits et une des prix.
Tout le monde est touché
Côté volume, la baisse de la collecte laitière a été de 4 % sur les huit premiers mois de l'année, selon les données tout juste parues du ministère de l'Agriculture. Le prix, lui, s'affiche à la baisse de 19 % malgré des cours qui restaient encore corrects en début d'année. Face à cela, la baisse des prix de l'aliment du bétail se réduit à peu de chose. Elle est de 13 % au cours des huit premiers mois de l'année, mais les prix de ces aliments restent de 8 % au-dessus de la moyenne 2007 et 19 % au-dessus de celle de 2006. Le revenu laitier s'inscrira évidemment en noir sur le tableau de bord de fin d'année.
La situation est un peu moins grave pour les producteurs de viande bovine. Si le cours moyen de janvier à août est inférieur de 5 % à celui de 2008, la production s'est redressée de 3 %. La production de broutards, notamment à destination de l'Italie, est redevenue plus rentable après les difficultés dues à la fièvre catarrhale ovine. Mais le cours des gros bovins subit la pression des vaches laitières de réforme plus nombreuses. De plus, le long terme est toujours préoccupant : la consommation de viande de boeuf est toujours en baisse.
Les producteurs de porcs ne s'en sortent pas mieux : des prix qui se traînent (baisse de 4 % pour le porc charcutier) et se combinent à une production en réduction (-1 %).
Plus fluctuants, les prix des poulets sont en baisse de 9 % par rapport à 2008, avec un repli de 2 % des volumes. Un creux de production et de prix qui est plus marqué encore pour la dinde.
Un phénomène similaire touche les producteurs d'oeufs. Les éleveurs ne pourront pas se dire que les cultivateurs s'en sortent mieux. Pour les grandes cultures aussi, la situation s'est détériorée : production souvent en hausse, mais prix toujours en baisse. Les statisticiens de ministère de l'Agriculture, peu sujets à l'exagération en général, estiment que pour plusieurs filières, « l'année s'avère critique ». C'est tout dire.
Voir aussi Ouest-France, 5 décembre : Lait : les clés pour comprendre six mois de crise.
Par contre, les perspectives d’évolution des marchés de matières premières agricoles semblent plus favorables, à en juger par l’article d’un spécialiste Chris Mayer dans L'Edito Matières Premières & Devises ce 9 décembre (extraits).
La population mondiale a plus que doublé depuis 1950 -- elle est passée de 2,5 milliards à 6,7 milliards. D'ici 2050, il y aura plus de neuf milliards d'individus sur terre. La quasi-totalité de cette croissance va se produire dans les marchés émergents comme la Chine et l'Inde. Et il y a une chose que ces populations vont faire sans le moindre doute : manger (…).
Ces économies en voie de développement deviennent de plus en plus riches. De manière prévisible, comme l'ont fait et le font encore les gens partout dans le monde quand ils ont un peu plus d'argent en poche, ils modifient leur régime alimentaire. Ils dépensent plus pour acheter de la nourriture.
Et qu'achètent-ils ? Ils achètent plus de viande, plus de fruits et plus de légumes. Leur apport en calories augmente. C'est pourquoi les Nations unies disent que la production de nourriture devrait augmenter de 70% d'ici 2050 -- une tâche énorme, étant donné les restrictions sur l'eau et les terres arables.
Comment répondre à cette demande ? Concentrons-nous sur le soja. La Chine est le plus gros importateur de soja au monde, et ce depuis 2000. La Chine a autrefois été le plus gros exportateur de soja, mais est devenue importateur net en 1995. Il se peut qu'il soit impossible à la Chine de répondre à sa demande de soja en augmentant sa propre production. Passport Capital, un fond de couverture plutôt malin, estime que pour cultiver suffisamment de soja pour être auto-suffisante, la Chine devrait mobiliser une surface de terre grande comme l'Etat du Nebraska.
Cela semble impossible sur la base des terres arables de la Chine, qui ne cessent de diminuer depuis 1988 -- et ce malgré le fait que la Chine subventionne l'agriculture. Une autre raison en est que la Chine a un niveau de ressources en eau très bas. La culture du soja nécessite énormément d'eau -- 1 500 tonnes d'eau pour une tonne de soja.
Qui possède beaucoup d'eau ? Le Brésil. Il n'est donc pas surprenant de découvrir que l'augmentation de la demande en soja de la part de la Chine est largement satisfaite par une augmentation, au Brésil, de la surface de terre où l'on cultive du soja. (Le Brésil est le second plus gros exportateur de soja au monde, derrière les Etats-Unis et devant l'Argentine et le Paraguay). La solution la plus simple pour que la Chine contourne son problème de pénurie d'eau, c'est d'importer du soja. En important du soja, Passport a calculé que la Chine importe en réalité 14% de ses besoins en eau (…).
Nous pouvons donc maintenant relier les points entre eux et mieux comprendre la situation. L'augmentation de la population de la Chine va pousser le pays à augmenter ses importations de soja. Ces importations viendront principalement du Brésil. Et le Brésil, en transformant ses terres arables en terres cultivées, va avoir besoin de beaucoup plus de potasse et de phosphates.
Ce qui est vrai pour le soja l'est également pour le blé et le maïs, ainsi que le riz et d'autres matières premières agricoles. Tous doivent faire face aux mêmes défis pour obtenir de l'eau et de la terre. Tous ont besoin de beaucoup d'engrais.
▪ Je n'ai pas mentionné la composante des biocarburants. Mais c'est un autre aspect de la demande importante en céréales. Les Etats-Unis à eux seuls visent à produire 15 milliards de gallons d'éthanol d'ici 2015. Partout dans le monde, la demande de céréales pour le biocarburant est en compétition avec la demande "pour l'assiette".
Ce n'est pas un scénario catastrophe. Cela signifie seulement qu'il y a beaucoup de facteurs qui favorisent l'augmentation du cours des matières premières agricoles. Les stocks demeurent bas partout dans le monde. Les cours des céréales sont tous bien loin de leurs plus hauts. Après s'être ajustés à l'inflation, nombre d'entre eux sont aussi bas qu'ils l'ont été depuis des décennies (…).
Avant la réunion, demain, des ministres de l’agriculture des pays membres de l’UE qui sont favorables à une politique de régulation pour l’agriculture, Bruno Le Maire a accordé, ce 9 décembre, un entretien au quotidien Le Monde :
- Voir aussi les informations concernant le nouveau Commissaire européen à l’agriculture, Dacian Ciolos, dont la sensibilité est régulatrice, à l’opposé de Mariann Fischer Boel, qui l’a précédé dans cette fonction. Voir Le nouveau visage de l'agriculture européenne (Ouest-France, 28 novembre).
- Et MRC 61 : Michel Sorin présente les réflexions du MRC sur l'agriculture - 27 novembre 2009.
Cet article est le 151ème paru sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.