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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

Rwanda : premiers pas dans la recherche de la vérité sur le génocide


Rapprochement entre la France et le Rwanda

 

La visite du président de la République française, ce 25 février, à Kigali venait après le rétablissement des relations diplomatiques entre la France et le Rwanda. Ce qui est en question dans le contentieux entre les deux pays, c’est le rôle qu’a joué la France dans ce pays lors du génocide des Tutsi (800 000 morts en trois mois, d’avril à juin 1994).

 

La présidence de la République (Mitterrand) et le Premier Ministre (Balladur), fortement influencés par les militaires qui étaient en charge du dossier, notamment le général Quesnot, soutenaient le pouvoir en place Hutu, face à la rébellion Tutsi conduite par Paul Kagame et financée par l’Ouganda. Les dirigeants français étaient préoccupés par des aspects de géopolitique (rivalité entre influences anglo-saxonne et française dans cette région d’Afrique), négligeant les informations alarmistes depuis 1990 de menace génocidaire visant les Tutsi, de la part des extrémistes Hutu.

 

Voir les informations Afrique publiées sur ce blog.

 

Voir aussi Sarkozy à Kigali : le Dossier de Presse de "France Rwanda Génocide" du 22 février. Cette association tient à rappeler que ce « réchauffement » ne doit pas occulter les responsabilités françaises dans le génocide des Tutsi du Rwanda en 1994 (…).

 

Le rapport rwandais sur l'attentat du 6 avril 1994 confirme la probable implication des extrémistes hutus dans l'assassinat du président Habyarimana. Reste la question, non abordée par l'enquête rwandaise, du rôle de la France dans l'organisation et l'exécution de cet attentat. L'association FRG-EJR dénonce le fait qu'aucune enquête sérieuse n'ait jamais été engagée en France sur ce point, et demande formellement que le ministère de la défense remette au juge Trévidic, en charge de l'enquête sur ce crime, les éléments dont l'armée française dispose depuis le 6 avril 1994 (…).

 

Dans un « Point de vue » publié sur le site du quotidien Le Monde le 24 février, Rwanda : Que doit dire la France ? par Luc Lamprière, Jean-Marie Fardeau, Michel Roy, ces auteurs montrent le chemin qui reste à parcourir.

(…) Il reste cependant encore à la France à reconnaître le travail fait par nombre d'historiens sur le génocide rwandais et, comme l'a déclaré Bernard Kouchner, de trouver "les mots justes pour évoquer l'attitude des uns et des autres pendant cette tragédie". On pourra alors se réjouir du " rétablissement " des relations diplomatiques franco-rwandaises, en attendant une réelle "normalisation" qui impliquera d'aborder tant les sujets dont on peut se féliciter que les questions qu'on a moins envie d'entendre.

C'est-à-dire souligner l'efficacité de la reconstruction des institutions étatiques après le génocide, la professionnalisation des fonctionnaires, les initiatives pour lutter contre la corruption, le développement économique – du moins au niveau de la capitale – et la promotion active de la participation des femmes en politique.

Mais aussi pointer du doigt les menaces qui, au Rwanda, pèsent sur la société civile, la presse et l'espace démocratique. Dire que le devoir de mémoire et d'inventaire jusqu'en 1994 ne doit pas occulter le fait qu'une loi définissant vaguement "l'idéologie génocidaire" permet, dans les faits, de réprimer le moindre début de débat politique. Que les candidats aux prochaines élections font l'objet d'intimidations diverses. Que les rares organes de presse indépendants font l'objet de pressions – politiques, fiscales ou législatives – systématiques. Et que les populations paysannes – 85 % des Rwandais – subissent actuellement de plein fouet une politique gouvernementale de "révolution verte" inadaptée à la réalité du milieu rural au Rwanda et de l'agriculture de subsistance les obligeant à se consacrer à une culture d'exportation, déterminée par l'Etat en fonction de chaque région, les rendant très vulnérables aux aléas du marché et du climat.

La mémoire retrouvée pour le Rwanda ne devrait pas non plus signifier l'oubli des populations congolaises dont la France a, depuis dix ans, régulièrement défendu la cause au Conseil de sécurité. Nicolas Sarkozy devrait clairement indiquer à Paul Kagame que la communauté internationale attend de sa part des mesures concrètes pour mettre un terme aux agissements des dignitaires rwandais qui continuent de soutenir des groupes armés à l'est de la RDC et de bénéficier de l'exploitation et de la commercialisation des ressources de son sous-sol.

Il devrait aussi l'inviter à contribuer activement aux efforts internationaux de désarmement volontaire des rebelles hutus rwandais encore actifs dans les Kivus, et à offrir à ceux d'entre eux qui n'ont pas participé au génocide des garanties et perspectives véritables de réintégration socio-économique au Rwanda. Pour ceux qui ont participé au génocide, le Rwanda doit leur assurer une justice équitable.

Evoquer ces questions plus difficiles dans le cadre de relations en voie de "normalisation" est nécessaire pour répondre à l'attente d'une population civile à l'Est du Congo qui assigne une très large part de responsabilité à la communauté internationale autant qu'au Rwanda pour les conflits qu'ils ont hérités de l'époque du génocide.

Dans son discours au corps diplomatique le mois dernier, Nicolas Sarkozy a annoncé qu'un "forum pour la coopération dans la région des Grands Lacs" sera organisé en France cette année. Ce projet centré sur l'intégration économique régionale ne devrait pas feindre d'ignorer l'ensemble des facteurs structurels et politiques des conflits des Grands Lacs. La France devrait aider le Rwanda à s'engager dans la voie d'un multipartisme et d'un débat politique véritable en amont des élections prévues en août prochain. Ou se résigner à substituer un silence à un aveuglement, et à en faire payer le prix aux populations de toute la région.


Le président français Nicolas Sarkozy a reconnu de «graves erreurs d’appréciation» et «une forme d’aveuglement» de la France
et de la communauté internationale lors du génocide de 1994 au Rwanda, lors d’une conférence de presse à Kigali ce 25 février avec son homologue rwandais Paul Kagame. Voir Sarkozy au Rwanda : "la France doit réfléchir à ses erreurs".


"Nous devons voir plus loin, pour organiser la réconciliation. Des erreurs d
'appréciation, des erreurs politiques ont été commises ici et ont eu des conséquences absolument dramatiques", a poursuivi le président. "Nous voulons que les responsables du génocide soient retrouvés et soient punis. Il n'y a aucune ambiguïté. Je l'ai dit au président Kagamé, ceux qui ont fait ça, où qu'ils se trouvent, doivent être retrouvés et punis", a encore déclaré M. Sarkozy. "Est-ce qu'il y en a en France ? C'est à la justice de le dire. Nous venons de refuser l'asile politique à une des personnes concernées, et il y a une procédure judiciaire engagée", a-t-il également indiqué en faisant référence, sans la nommer, à Agathe Habyarimana, la veuve du prédécesseur de Paul Kagamé.

 

"Nous allons essayer de construire une relation bilatérale où nous allons explorer une nouvelle façon de s'entraider. La France veut aider le Rwanda et nous allons construire une coopération politique, économique et culturelle", a conclu le chef de l'Etat, dans une optique de réchauffement des relations franco-rwandaises (…).

 

La visite du président français au Rwanda est destinée à sceller la réconciliation entre la France et le Rwanda après des années de brouille. Au début de sa visite, le chef de l'Etat français, accompagné des ministres rwandais des affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, et de la culture, Joseph Habineza, a d'abord observé une minute de silence devant l'une des quatorze fosses communes du mémorial, où sont inhumés les corps de plus de deux cent cinquante mille victimes, et y a déposé une gerbe. Avec sa délégation, qui comprend le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, Nicolas Sarkozy a ensuite visité le musée pendant vingt minutes.

 

Celui-ci retrace l'histoire du Rwanda depuis la colonisation belge jusqu'au génocide, qui a fait plus de huit cent mille morts (selon l'ONU) en grande majorité des Tutsis, et l'arrivée au pouvoir de l'actuel président Paul Kagamé. A deux reprises, M. Sarkozy a été interpellé par le guide du musée sur le rôle de la France dans les événements de 1994. Depuis cette date, le régime de Paul Kagamé accuse la France de complicité dans le génocide pour avoir soutenu le régime de son prédécesseur Juvenal Habyarimana. Paris a toujours rejeté ces accusations (…).


Cet article est le 14ème paru sur ce blog dans la catégorie Afrique
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