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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

Sommet européen : un plan menant à la récession et à la dépendance

Euro trop fort, rigueur généralisée, pertes de souveraineté

 

La nuit dernière, réunis à Bruxelles, les dirigeants de la zone euro ont sauvé les meubles, tout en continuant la même route, qui n’est pas la bonne. Tel était le sens de la question d’actualité posée par Jean-Pierre Chevènement au Sénat ce 27 octobre concernant le sommet européen.

Chevènement Le Mans 280111 002 TIl est temps de changer de route

L’arbre grec ne doit pas cacher la forêt, c’est-à-dire la crise de la monnaie unique dans son ensemble. Cinq pays sont actuellement sous tension : outre la Grèce, le Portugal, l’Irlande, et plus gravement l’Espagne et l’Italie. La dette cumulée de ces pays dépasse 3000 milliards d’euros. Ces pays doivent emprunter à des taux voisins ou supérieurs à 6 %. Ce n’est pas tenable. Les ressources du Fonds européen de stabilité financière – 440 milliards d’euros – sont insuffisantes, comme il ressort des chiffres.
Le gouvernement français avait fait une proposition intéressante : transformer le Fonds européen de stabilité financière en banque pour l’adosser aux ressources illimitées de la Banque Centrale européenne. Cette proposition a été écartée par l’Allemagne. Elle n’est plus sur la table mais le problème de l’insuffisance des ressources du Fonds européen de stabilité financière reste.

L’accord de Bruxelles ce matin parle de « l’optimisation du Fonds européen de stabilité financière. Il a retenu deux options de base pour obtenir un « effet de levier » capable d’augmenter les ressources du Fonds européen de solidarité financière
- Un mécanisme de garantie partielle de 20 à 30 % sur les émissions de dette des pays sous tension.
- Et par ailleurs la création d’un ou de plusieurs « véhicules spéciaux », c’est-à-dire de fonds d’investissements ouverts aux investisseurs internationaux, privés et publics.

Le Président Von Rompuy a agité le chiffre de 1000 milliards pour indiquer l’effet de « maximisation » qui serait ainsi obtenu. Ces perspectives sont très aléatoires :
- Les pays sous tension craignent de voir s’instaurer un double régime pour leurs dettes : celles qui seront garanties à 20 et 30 % et les autres avec des taux d’intérêts différents.
- Quant à la création des « véhicules spéciaux », elle nous met à la merci des investisseurs internationaux : Chine et FMI, c’est-à-dire du Congrès américain.

Nous n’avons aucune assurance sur la mise en œuvre opérationnelle de ces deux mécanismes. Ce sont des rustines ou des promesses de rustines. Dans l’état actuel des choses, les ressources du Fonds européen de solidarité financière restent insuffisantes. L’accord obtenu est un trompe l’œil.
Vous nous faites aller de « sommet décisif » en « sommet historique ». Il en sera ainsi tant qu’une solution viable où la Banque centrale européenne acquérrait les mêmes prérogatives que la FED américaine n’aura pas été adoptée.

Dans l’immédiat que voyons-nous ? Trois choses :
1. un euro qui caracole à 1,40 dollar. Ce n’est pas un signe de bonne santé pour notre économie et sa compétitivité. Les Etats-Unis, la Chine, l’Allemagne sont d’accord sur un point : un euro cher, trop cher pour que les pays de l’Europe méditerranéenne puissent espérer restaurer leur compétitivité. Ils deviendront un vaste Mezzogiorno. Quant à la réindustrialisation de la France, Bonjour les dégâts !
2. Et par ailleurs des politiques de rigueur généralisées qui conduiront l’Europe à la récession et l’enfermeront encore plus dans la spirale des déficits et de la dette. Aucune initiative de croissance n’est prise à l’échelle de l’Europe et de la zone euro.
3. Enfin, l’encadrement des budgets nationaux se resserre. Après la souveraineté monétaire, c’est la souveraineté budgétaire et fiscale qui va disparaître.

Monsieur Juppé parle de fédéralisme. Mais c’est le fédéralisme du pauvre qui se met en place, un fédéralisme purement coercitif qui vise à faire de l’Europe un espace essentiellement disciplinaire.
Il est temps de changer de route. Monsieur le Premier ministre, de réconcilier l’Europe avec le progrès et la démocratie. Cela passe par une révision d’ensemble de l’architecture de la zone euro et particulièrement du rôle de la Banque Centrale. Vous étiez bien partis. Il est dommage que vous ayez abandonné en route vos positions sur la Banque Centrale.
D’autres, je l’espère, sinon vous, les reprendront.

 

Revue de presse

Sommet européen: les principales décisions (Libération, 27 octobre). Le sommet a débouché sur un ensemble de mesures pour résoudre la crise, dont l'effacement de 50% de la dette grecque envers ses créanciers privés et le renforcement du Fonds de stabilité de la zone euro.

Sapir : l'accord signé ne fait que prolonger l'agonie de l'euro (Jacques Sapir, Marianne, 27 octobre)

L’accord réalisé cette nuit ne fera que prolonger l'agonie de l'Euro car il ne règle aucun des problèmes structurels qui ont conduit à la crise de la dette. Mais, en plus, il compromet très sérieusement l'indépendance économique de l'Europe et son futur à moyen terme. C'est en fait le pire accord envisageable, et un échec eût été en fin de compte préférable.

Nos gouvernements ont sacrifié la croissance et l'indépendance de l'Europe sur l'autel d'un fétiche désigné Euro.

 

Jeudi 27 octobre, le jour où l'Europe est devenue un clochard (Cécile Chevré, La Quotidienne d’Agora)

 

Cet article est le 83ème paru sur ce blog dans la catégorie France et Europe.

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