Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
La souveraineté alimentaire, but de la politique agricole
Frédéric Paré, qui coordonne la Coalition pour la souveraineté alimentaire (voir Souveraineté alimentaire contre néolibéralisme mondial en agriculture - 9 avril 2011), dans un message publié sur Facebook, a souligné l’évolution de la Suisse :
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Ce patriotisme alimentaire n’a rien de nouveau mais il est cultivé intensément par une majorité politique à Berne (les élections fédérales auront lieu en octobre 2011). L’UDC exalte la patrie et cherche à satisfaire son électorat agraire. Les Verts et une partie des Socialistes portent aux nues les produits locaux pour leur bilan écologique.
Tel est le message principal contenu dans le texte de Patrick Chuard, publié ce 18 mai sur le site Politblog : Patate, vos papiers !
La campagne pour les Fédérales irrigue l’agriculture d’un protectionnisme bienfaisant. Si une tomate est heureuse, c’est qu’elle a forcément poussé en Suisse. Si elles le pouvaient, les poules voteraient pour avoir du grain 100% indigène. Un bon steak de bœuf a forcément passé ses vacances dans notre pays. Le meilleur beurre provient de nos alpages. La patate la plus vulgaire a intérêt à montrer ses papiers, traçabilité oblige. Un chou sans certificat de naissance est suspect, considèrent à l’unanimité les associations de consommateurs (pour des raisons de qualité), la grande distribution (pour doper ses prix et ses bénéfices) et la filière agricole (pour espérer placer ses produits indigènes).
Ce patriotisme jardinier n’a rien de nouveau mais il est cultivé intensément par une majorité politique à Berne. L’UDC doit exalter la patrie et contenter son électorat agraire. Les Verts et une partie des Socialistes portent aux nues les produits locaux pour leur bilan écologique. Les partis centristes rament déjà suffisamment dans les sondages pour ne pas se mettre les consommateurs et les paysans à dos. Même au sein du PDC, qui a si ardemment milité derrière Doris Leuthard pour introduire le principe du Cassis de Dijon – ouvrir les vannes aux produits étrangers et casser l’îlot de cherté de la Suisse – des voix dénoncent aujourd’hui ces vils produits étrangers et ces satanés prix qui persistent à ne pas baisser.
Le lobby agricole devrait en théorie récolter les fruits de cette floraison identitaire, en espérant qu’elle ne meurt pas totalement après le scrutin d’octobre. Le mouvement de fond a été amorcé l’année dernière, par une alliance de gauche-droite de toutes les couleurs. Une majorité du Parlement a en effet accepté l’initiative sur la souveraineté alimentaire, signée Jacques Bourgeois*, directeur l’Union suisse des paysans. Les commissions du National et des Etats ne voulaient pourtant pas, au départ, de cette mesure aux relents de Plan Wahlen.
La motion d’Andreas Aebi** pour rééquilibrer les quotas de lait a quant à elle passé la rampe. En mars, plusieurs démarches de soutien au marché du lait ont été approuvées. Et les critiques ont mitraillé le projet d’accord de libre-échange dans le secteur agricole. Même l’initiative verte des cantons concernant «l’importation de denrées alimentaires produites dans des conditions sociales et écologiques inacceptables» a en partie passé la rampe.
Le nouveau paquet de la Politique agricole (PA) 2014-2017, en consultation jusqu’en juin, débarque sous les meilleurs auspices. On voit mal qui pourrait globalement contester les 13,6 milliards de francs d’aide prévus pour l’agriculture. Mais le diable se niche dans les détails: la belle alliance de la saison électorale promet quelques fissures sous des exigences contradictoires. Des associations professionnelles dénoncent de nouvelles règles trop contraignantes, tandis que les écologistes se navrent du peu de soutien accordé à l’agriculture biologique. L’Union suisse des arts et métiers (USAM) dénonce les facilités prétendument accordées aux paysans pour leur diversification. L’alliance pro-agricole de saison à Berne ne pourra pas dissiper des tensions récurrentes. Il en va de l’agriculture comme de l’armée: chaque citoyen de ce pays est un spécialiste autoproclamé de la question.
Rien de nouveau pour les paysans, habitués qu’ils sont à s’adapter aux exigences du moment posées par la Confédération, à la fois jardiniers du paysage et entrepreneurs responsables. L’adaptation ou la mort sont les seules alternatives pour une majorité d’exploitations agricoles: un quart d’entre elles ont disparu en quinze ans, passant au-dessous de la barre des 60’000. Et les surfaces agricoles disparaissent au rythme de dix terrains de football par jour. Or, «personne n’a envie de voir un jour ce pays réduit à des villes et des zones résidentielles pour pendulaires», résume une élue verte. Dans ce contexte, le patriotisme alimentaire est bon à prendre. Même s’il profite davantage à l’industrie et aux distributeurs qu’aux agriculteurs eux-mêmes, dénoncent les associations paysannes. Le repli identitaire arrange tout le monde. Patate, vos papiers !
Patrick Chuard, est journaliste à la rubrique Suisse de 24heures et de la Tribune de Genève.
Voir tous les articles par Patrick Chuard - Website : http://www.24heures.ch
* Jacques Bourgeois (voir L'Agri du 11 février 2011 : Evolution politique de la souveraineté alimentaire)
JACOUES BOURGEOIS, directeur de I'Union suisse des paysans, a déposé en 2010 une initiative parlementaire afin d’introduire la notion de souveraineté alimentaire dans la loi. Le point sur I'avancement du projet.
CH/Souveraineté alimentaire (11 mars 2010): La Chambre des cantons a donné suite jeudi, par 27 voix contre 13, à une initiative parlementaire du conseiller national Jacques Bourgeois (PLR/FR), qui demande de compléter la loi sur l'agriculture. Le texte du directeur de l'Union suisse des paysans prévoit notamment d'y inclure le principe de la souveraineté alimentaire comme but de la politique agricole.
Jacques Bourgeois - Souveraineté alimentaire (juin 2008) - Demande d’un débat sur la souveraineté alimentaire.
** UNITERRE - pour une agriculture durable : Uniterre s'est positionné en faveur d’un modèle de régulation permettant d’adapter les quantités de lait aux besoins du marché.
La motion Aebi a le grand avantage de redonner un certain poids aux producteurs lors des négociations avec l’industrie laitière et la grande distribution. En effet, elle permettrait aux producteurs de détenir le fond financier nécessaire à la gestion de ces surplus du marché laitier qui pèse fortement sur les prix. Ce fond de dégagement serait alimenté par une taxe sur les quantités supplémentaires (principe du pollueur payeur). La hauteur de cette taxe serait adaptée en fonction des tensions sur le marché. Selon les initiants, cette taxe, si elle est suffisamment élevée, permettrait réduire les quantités supplémentaires et stabiliser les pressions sur les prix. Elle ne donne par contre aucune garantie sur une éventuelle hausse du prix. > suite
Rappel : Réunions Apli : Paul Ecoffey, producteur de lait en Suisse, a témoigné - 22 janvier 2011
Crise du lait : le canton de Vaud (Suisse) proche du système canadien - 9 février 2010
Cet article est le 224ème publié sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.