Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
Refaire le monde, protéger les ressources naturelles
J’ai fait la connaissance de Robert Levesque lors d’une réunion du Mouvement agricole et rural solidaire (Mars) - voir L'accès à la terre, un problème pour l'installation des jeunes agriculteurs - 26 février 2012.
En fin de réunion, il a présenté, brièvement, son livre TERRE NOURRICIERE, un livre sur le lien entre les usages de la terre et le réchauffement climatique. Aux éditions L’Harmattan, 2011.
Voir ROBERT LEVESQUE. Présentation du livre par agter-video (synthèse vidéo de la réunion thématique organisée par l’association aGter le 7 décembre 2011 avec Robert Levesque).
La préface de l’ouvrage est signée par Hubert Cochet, Président d’AGTER, professeur d’agriculture comparée à AgroParisTech.
C’est un ouvrage important, qui traite de questions beaucoup trop peu développées jusqu’ici, et qu’il est pourtant extrêmement urgent de traiter avant qu’il ne soit trop tard. Le sous-titre, Halte au pillage des biens communs, laisse entrevoir l’angle avec lequel Robert Levesque a choisi de traiter le sujet. Il nous offre à la fois le regard d’un scientifique, avec un examen lucide et très bien documenté des questions agronomiques, et il est en même temps capable de souligner toute l’absurdité des règles et des pratiques d’exploitation des ressources naturelles qui dominent le monde d’aujourd’hui.
Hubert Cochet souligne dans la préface que ce "… livre résonne comme un cri d’alarme …". "Il n’est désormais plus possible d’envisager l’avenir de l’humanité comme un chemin unilatéral vers le « développement », la « croissance », - à laquelle toutes les énergies humaines seraient consacrées - étant supposée conduire à une satisfaction toujours plus grande et toujours plus élargie des besoins"
"Sans verser pour autant dans un malthusianisme pourtant revigoré aujourd’hui par la prise de conscience du caractère fini des ressources de notre Terre, Robert Levesque propose plutôt de renouveler notre rapport à la nature et d’asseoir cette renaissance sur un ensemble de politiques foncières pensées à l’échelle mondiale et visant à réguler l’utilisation du sol dans le sens de l’intérêt général et partagé de l’humanité. Il écarte, non sans raison, les tentatives de marchandisation de la nature qui, au nom d’une « valorisation » de cette dernière et pour en promouvoir le meilleur usage possible, affectent un prix, mesuré en unités monétaires, à la nature. Parce qu’un tel calcul financier implique nécessairement de se soumettre à la tyrannie de l’actualisation, il conduit de facto à sacrifier le long terme au court terme, alors même que les services multiples apportés par la « terre nourricière » dans le futur n’ont pas moins de valeur que ceux qu’elle est en mesure d’apporter aujourd’hui." (…)
Le chemin d’un développement plus conforme à l’intérêt général "passe par une meilleure répartition de la terre entre tous les humains, entre les agriculteurs d’une part - et ceci pose en termes renouvelés la question de la réforme agraire -, entre les consommateurs d’autre part, afin que chacun ait une empreinte comparable sur la planète, la plus raisonnable possible. Tel est le formidable défi posé par ce livre, balisant le chemin à parcourir pour changer notre rapport à la nature et passer ainsi de l’Anthropocène à l’Ecolocène."
Voici le commentaire et le résumé publiés par la maison d’édition L’Harmattan dans le comité de presse relatif à la parution de l’ouvrage.
Ce livre fait le point sur les contraintes auxquelles la production alimentaire mondiale se trouvera confrontée : le réchauffement climatique, le manque de terre « nourricière », la pénurie d’éléments fertilisants, l’érosion de la biodiversité. Mais il est avant tout une invitation à la vie, contre « l’utopie du toujours plus », contre le suicide collectif de l’humanité. Il se veut positif, et indique des voies pour sortir de l’impasse socio-écologique dans laquelle l’humanité s’est engouffrée.
Le constat est sans appel : nous vivons au-dessus des moyens que la nature met à notre disposition, et aux dépens des générations futures. Le « toujours plus » en matière de consommation d’énergie fossile, de terres bétonnées et bitumées, de biens matériels utilisant des ressources naturelles non renouvelables est impossible durablement pour l’humanité. L’homme s’est mis en tête de dominer la nature, de la mettre à son service. Ce faisant, non seulement il se comporte comme une espèce invasive qui épuise les ressources naturelles dont il a besoin pour vivre, mais il modifie également les caractéristiques de la biosphère à tel point qu’il est susceptible de rendre invivable la planète pour son espèce. Ce « toujours plus » ne peut que conduire à de graves conflits sociaux, des guerres que personne ne pourra gagner.
Avant tout, pour sortir de l’impasse écologique dans laquelle l’humanité s’est engouffrée et donc pour le bien-être de chacun, il faut changer de paradigme. L’homme doit abandonner l’idée de dominer le reste de la nature. De la domination de la nature, de la destruction de la biosphère, nous devons passer à une symbiose entre l’homme et le reste de la nature. De la compétition, de l’individualisme, nous devons aller à la coopération, à la solidarité, au partage y compris avec les générations futures.
La nature ne négocie pas. Aux hommes de négocier entre eux l’accès aux ressources naturelles, notamment à la terre nourricière. Pour nourrir l’humanité, une gouvernance démocratique mondiale des biens communs de l’humanité, notamment des ressources naturelles (la biodiversité, les espaces naturels, le climat, les réserves minières) doit se mettre en place en lien avec les politiques locales. La propriété de ces biens doit être encadrée sur la base de la déclaration des droits de l’homme qui prévoit des limites à la propriété dans l’intérêt général. Au lieu de laisser faire la course mondiale aux hectares naturels, des réformes agraires doivent être engagées pour permettre aux affamés de se nourrir.
Ce livre propose des pistes de solutions, une voie pour atteindre l’Ecolocène, l’ère de la symbiose entre l’homme et le reste de la nature. Le temps est compté. C’est sans doute la première fois que l’humanité dans son ensemble est susceptible de se détruire. L’état d’urgence socio-écologique doit être décrété. Un futur apaisé doit nous faire rêver et nous motiver à le construire.
Résumé
Le dérèglement climatique auquel nous assistons et participons se traduit par une augmentation des tempêtes, des inondations, des sécheresses et des canicules. Il fait baisser les rendements agricoles alors que la concurrence entre les productions de biomasse alimentaire, énergétique et de biomatériaux commence à faire rage et pèse sur l’équilibre alimentaire mondial. Pour satisfaire les besoins alimentaires futurs de l’humanité, il faut équilibrer au plus vite émissions et capture des gaz à effet de serre. Il y a urgence. La crise énergétique n’est pas celle du manque d’énergie fossile, mais bien celle de l’excèdent de la demande par rapport à l’offre en énergies renouvelables. Les économies d’énergie, premier gisement à exploiter, et la progression des énergies renouvelables doivent mobiliser tous les investissements en matière énergétique.
Autre aspect trop souvent délaissé, les rendements agricoles ont augmenté avec l’utilisation d’engrais azotés de synthèse, fabriqués à partir de gaz naturel, et de ressources minières, ressources naturelles non renouvelables et non substituables entre elles. Il faut donc inventer, en quelques décennies, une agriculture durable, en recyclant les éléments comme les phosphates et la potasse.
Compte tenu de la lutte à livrer contre le réchauffement climatique, nous devons nous contenter des surfaces arables actuelles. Nous pouvons envisager de développer des systèmes agro-forestiers mais aussi de diminuer, dans les pays riches, notre consommation de viande et de calories. Par contre, mettre en culture de nouvelles surfaces en libérant du carbone supplémentaire dans l’atmosphère ne pourrait nous conduire qu’à une victoire à la Pyrrhus ! (…)
Cet article est le 291ème publié sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.