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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

Thierry Pouch (APCA) : crise agricole, l'Europe persévère dans l'erreur


Réguler afin de surmonter la crise et les conflits

 

Au moment de prendre congé de cette terrible année 2009, je propose de prendre connaissance, en plusieurs articles, des informations développées par les services du Pôle économie et politiques agricoles de l’APCA - l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture.

 

Hier, j’ai commencé (voir Crise agricole 2009 : les explications des services économiques APCA - 30 décembre 2009).

 

Deuxième article (Thierry Pouch), portant sur la crise économique, ses répercussions sur l’agriculture, les perspectives 2010. Sans oublier la persévérance dans l’erreur libérale au niveau européen. C’est dans le Focus « L’agriculture en chiffres » - Les comptes de l’agriculture - et dans la Lettre économique, décembre 2009 (http://paris.apca.chambagri.fr/repeco).

 

La croissance perdue et les tourments de l’agriculture française

 

Le choc de la crise a donc été d’une rare brutalité. L’économie de la zone euro devrait enregistrer une récession de l’ordre de – 4% en 2009, les résultats étant bien évidemment contrastés selon les pays membres. L’économie française doit terminer quant à elle l’année sur une récession de – 2,3%, une récession qui affecte la plupart des secteurs, à commencer par l’agriculture.

 

Les répercussions de la crise sur l’agriculture

 

Concernant l’économie française, le PIB a reculé durant quatre trimestres consécutifs, et il faut remonter à 1935 pour retrouver une récession de l’ampleur de celle que nous connaissons en 2009, au-delà de –2%. Toutes les composantes du PIB ont été affectées par la crise internationale.

 

L’investissement dans les industries manufacturières tout d’abord, qui enregistrera dans l’industrie une baisse de –22% en 2009, l’industrie agroalimentaire affichant un recul de –16% après une croissance de +6% en 2008 (…).

 

La demande des ménages ensuite. Après avoir résisté à la crise en 2008 (+1%), la croissance de la consommation des ménages stagnerait en 2009 (+0,2% en rythme annuel, sous l’impulsion notamment des produits manufacturés).

 

(…) Le commerce extérieur enfin. Si le déficit commercial global sera encore imposant cette année, c’est le secteur agroalimentaire qui a dévissé, comparativement à 2008 où il avait dégagé un surprenant excédent de +9,1 milliards d’euros. Rappelons que les exportations de produits agricoles et alimentaires représentent 10 à 11% des exportations totales de l’économie française. La contribution du secteur agroalimentaire au commerce extérieur sera par conséquent moins favorable cette année (…).

 

Quelles perspectives pour 2010 ?

 

Les prévisions font la plupart du temps état d’une amélioration réelle mais qui restera somme toute timide, c’est-à-dire que la crise ne sera pas terminée tant que le taux de croissance de l’économie n’aura pas retrouvé son rythme de long terme. Le taux de croissance du PIB de l’économie française devrait osciller entre +0,7 et +0,9% (l’Italie et l’Espagne demeureraient, au sein de la zone euro, en récession, alors que l’Allemagne se situerait autour de 1%). Il faut y voir l’effet des plans de relance adoptés de manière quasi coordonnée par les gouvernements.

Trois facteurs au moins pourraient être à l’origine d’un blocage de la reprise en France, mais aussi dans les pays industrialisés. L’élévation du chômage dans un premier temps, qui atteindrait en France, 3 millions soit 10% de la population active. Le prolongement du désendettement des ménages, aux États-Unis en particulier, qui limiterait la demande et par conséquent les exportations vers ce pays, la France étant concernée par les ventes de produits agricoles et alimentaires qu’elle effectue.

Enfin, l’évolution de la parité de l’euro vis-à-vis du dollar constitue une contrainte supplémentaire pour les exportations françaises agroalimentaires. En cas de remontée des prix du pétrole, et si les politiques économiques devenaient moins expansionnistes, ne serait-ce que pour contenir l’endettement public, la reprise serait alors totalement étouffée.

 

Errare humanum est, perseverare diabolicum …

 

Que ce soit la crise alimentaire, les fluctuations des prix agricoles, les incertitudes qui pèsent sur le devenir des agriculteurs, rien n’y fait. L’idée d’une régulation des échanges agricoles par la seule voie du marché semble résister à toutes les critiques, défiant ainsi la réalité même des marchés agricoles et des situations humaines qui en découlent. Le récent Sommet alimentaire mondial qui s’est tenu à Rome en novembre et les déclarations de la Commissaire européenne à l’agriculture à ce même Sommet l’illustrent parfaitement.

 

Quelles que soient les dimensions de la crise agricole et alimentaire que l’on retienne, allant du franchissement du seuil de 1 milliard d’êtres humains souffrant de malnutrition ou de sous-alimentation chronique, à la volatilité des prix des matières premières agricoles toujours néfaste aux décisions d’investissement et de production, ainsi qu’à la formation du revenu des agriculteurs, les grands prêtres du marché semblent ne pas désarmer, ainsi qu’en témoigne le discours prononcé par la Commissaire européenne à l’agriculture à Rome lors du Sommet mondial de l’alimentation (…).

 

Il ressort de l’intervention de la Commissaire que la solution aux problèmes alimentaires de la planète réside dans l’ouverture commerciale généralisée, et sur ce point, la convergence de vue avec le directeur de l’OMC est totale. Les producteurs de denrées agricoles sont donc, une fois de plus, invités à répondre aux signaux émis par le marché, en l’occurrence le prix, véritable vecteur de transmission de l’information économique selon les libéraux. Cette posture est sous-tendue par l’idée selon laquelle il y aurait identité d’aspirations et d’objectifs entre les acteurs évoluant sur un marché agricole.

Mais dès lors que l’on est en présence, dans les sociétés, de stratifications de quelque ordre que ce soit, les antagonismes se déploient, ruinant toute légitimité à l’idée d’identité des objectifs entre les acteurs.

Les agriculteurs le savent d’autant mieux qu’ils sont régulièrement confrontés au délicat problème du partage de la valeur ajoutée au sein des filières. S’il est un domaine où il apparaît impossible d’évacuer le pouvoir, c’est bien celui de l’économie. C’est pourquoi la thématique de la régulation doit s’inscrire dans une réflexion dépassant le seul problème du fonctionnement des marchés agricoles.

Que des mécanismes de régulation, des filets de sécurité, des procédures contra-cycliques, soient actionnés au gré des crises, tous les économistes et les acteurs se démarquant de la ligne libérale seront d’accord pour qu’ils soient restaurés ou adaptés.

 

La régulation d’un secteur renvoie surtout à toute autre chose. La crise agricole actuelle, indissociable bien évidemment de la crise mondiale, est porteuse d’une décomposition du lien économique qui fut antérieurement tissé par les dispositifs de la PAC. Afin d’éviter que les conflits ne surgissent ou ne s’amplifient entre les acteurs d’une filière, quelle qu’elle soit, il est indispensable de réfléchir à une régulation qui les surmonterait.

 

La condition sine qua non pour y parvenir a trait à l’existence d’institutions, ici européennes, dont la mission principale a été et devrait être précisément de (re)définir des règles communes visant à surmonter les conflits d’ordre économique. Le marché livré à lui même n’est qu’une arène dans laquelle se déploient des combats au détriment du bien commun.

 

Au contraire, la solidité d’un État ou d’une pluralité d’États, est subordonnée à des institutions garantissant le bien général. Cela vaut pour l’agriculture et l’alimentation. Qui pourrait en douter ?

 

Cet article est le 156ème paru sur ce blog dans la catégorie AGRICULTURE et PAC.

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