Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
Ouvrir la voie de la République et de la démocratie en Afrique du Nord
Ben Ali se voyait président à vie. Le peuple tunisien l’en a empêché, mettant fin à 23 ans de règne pseudo démocratique, en réalité tyrannique, car ses opposants étaient privés de liberté et contraints de quitter le pays. La vie démocratique est désormais possible.
Voici ce qu’écrivait la correspondante du quotidien Le Monde, Florence Beaugé, dans un article paru le 7 novembre 2007, sous le titre « La Tunisie des illusions perdues ».
« On y a tous cru. Le 7 novembre 1987, Ben Ali, c’était le sauveur (…). On n’en pouvait plus de trente ans de bourguibisme (…). On a assez vite déchanté. La réalité ne collait pas avec les engagements (…). Puis il y a eu les arrestations des islamistes. Puis le musellement de la gauche, puis de tous les démocrates. Et ça n’a jamais cessé… ». Les propos de Lofti, pharmacien dans un village proche de Monastir, on les entend à l’infini en Tunisie, en ce 20ème anniversaire de l’arrivée au pouvoir de Zine El-Abidine Ben Ali. Le 7 novembre 1987, celui qui est à l’époque premier ministre évince en douceur le vieux chef de l’Etat, Habib Bourguiba, devenu sénile. Pas une goutte de sang. La population n’en a alors que plus de gratitude pour le nouveau venu qui promet la démocratie et déclare « On ne saurait être président à vie » (…).
L’ombre de Bourguiba
(…) Les Tunisiens parlent librement de celui qui a projeté leur pays dans l’ère moderne et lui a donné une aura internationale.
Ils n’ont pas oublié que, dès 1957, au lendemain de l’indépendance, Bourguiba a accordé aux femmes le droit de vote et l’éligibilité, puis interdit la répudiation et la polygamie. Aujourd’hui encore, les Tunisiennes bénéficient d’un statut inégalé dans le monde arabo-musulman, le président Ben Ali ayant poursuivi la politique de son prédécesseur (…)
Le nom de Bourguiba revient souvent dans les conversations. On oublie son despotisme et ses incohérences de fin de parcours pour mieux souligner (…) sa probité. On ne peut en dire autant de la famille de Ben Ali, accusée de tous côtés de s’infiltrer, de grignoter, de s’imposer, dès qu’il y a de l’argent à gagner en Tunisie (…).
Florence Beaugé titrait déjà, dans Le Monde daté du 16 novembre 2005, « Entre soumission et révolte, la société tunisienne prise au piège du système Ben Ali. Chaque année, 5 millions de personnes visitent la Tunisie souvent sans rien voir de la peur qui règne dans le pays, instaurée par dix-huit ans de régime Ben Ali ».
Dans Le Monde des 24 et 25 octobre 2004, Jean-Pierre Tuquoi, présentait le livre de Sihem Bensedrine et Omar Mestiri, intitulé « L’Europe et ses despotes ». Il commençait ainsi « C’est une Tunisie au rebours de celle vantée par le régime que nous décrivent les auteurs de cet ouvrage : un Etat despotique bon teint où la justice est bafouée, la presse muselée et le culte de la personnalité omniprésent* (…). Les chapitres les plus sensibles touchent à la corruption et à l’affairisme du clan présidentiel avec une mise en cause directe de l’épouse du chef de l’Etat » (…).
* Je l’avais constaté lors d’une visite dans une coopérative viticole, en juin 2001, avec mon groupe de la Coopérative des agriculteurs de la Mayenne. Il y avait des photos de Ben Ali partout, au moment de la réception.
Dernier témoignage, celui de Danielle Mitterrand, en tant que présidente de la Fondation France Libertés (Le Monde, 16 août 2001) « Le peuple tunisien de la souffrance à la résistance ». « La communauté internationale ne peut continuer à fermer pudiquement les yeux et laisser libre cours aux dérives autoritaires du régime tunisien (…). Le temps des soumissions à la force et à un pouvoir injustement répressif verra son terme lorsque s’établira une concordance entre un pouvoir public soucieux de vérité et de démocratie et son peuple. La Tunisie n’a rien à gagner à s’accrocher à des archaïsmes de gouvernance. Qu’on la laisse grandir à l’air libre et elle n’en sera que plus forte ».
Revue de presse
Continuité de la position de la France : Paris a défendu jusqu'au bout le régime tunisien (Le Monde, 15 janvier 2011). Michèle Alliot-Marie réduisait les troubles à un problème de professionnalisme des forces de sécurité.
Ben Ali, 23 ans de règne (Le Monde, 15 janvier). Un dictateur honni par son peuple et choyé par les dirigeants occidentaux.
« Les Tunisiens, fatigués d'un pays tenu par quelques familles » (Rue89, Jean-Sébastien Mora, 2 janvier 2011). L'avocate engagée Bochra Beljaj Hamida détaille pour Rue89 les caractéristiques de cette mobilisation « sans précédent ».
Edito du "Monde" : A Tunis, l'espoir d'une transition démocratique (Le Monde, 15 janvier)
Foued Mebazaa, apparatchik devenu le nouvel homme fort de la Tunisie (Le Monde, 15 janvier)
Des médias tunisiens pris de court (Courrier international, 15 janvier)
Changement de siècle en Tunisie (Abdallah Rihani, politologue, installé à Montréal, 15 janvier). Révolte spontanée et révolution sociale contre la dictature de Ben Ali, les tenants et l’aboutissement.
La «révolution du Jasmin», de Sidi Bouzid à la fuite de Ben Ali (Libération, 15 janvier)
Tunisie : quelle opposition pourra intégrer le futur gouvernement ? (Rue89, Marie Kostrz, 15 janvier). Le président Mebazaa n'a pour l'instant approché que « l'opposition de façade » pour former le gouvernement d'union nationale.
Jean-Pierre Chevènement
Je souhaite qu'elles débouchent sur un gouvernement républicain, d'abord respectueux de ses citoyens et capable d'offrir à la jeunesse tunisienne les perspectives d'avenir en matière d'emploi et d'accomplissement civique auxquelles elle aspire justement.
La France et l'Europe ont une responsabilité essentielle pour associer la Tunisie à leur développement par l'investissement et par une offre croissante de débouchés. Il nous revient d'aider à la création d'une véritable euro-méditerranée.
La Tunisie n'est évidemment pas complètement à l'abri de l'intégrisme radical mais elle vient de montrer sa maturité démocratique à travers le comportement de sa jeunesse, de ses syndicats et de ses forces armées qui ont refusé de tirer sur les manifestants.
La Tunisie saura montrer que idéaux républicains et démocratiques peuvent s'épanouir dans un pays de tradition musulmane.
Jean-Yves Autexier, Membre du Conseil scientifique de la Fondation Res Publica
Georges Corm, Ancien ministre des Finances de la République libanaise, auteur de « Le nouveau gouvernement du monde » (La Découverte, 2010)
Alain Dejammet, Président du Conseil scientifique de la Fondation Res Publica
Hubert Védrine, Ancien ministre des Affaires étrangères
Henri Guaino, Conseiller spécial du Président de la République
Jean-Pierre Chevènement, Président de la Fondation Res Publica
Inscrivez-vous à l'adresse électronique info@fondation-res-publica.org (Merci de préciser vos nom et coordonnées complètes). Pour consulter les travaux de la Fondation Res Publica, fondation reconnue d'utilité publique par décret du 30 décembre 2005, une seule adresse : www.fondation-res-publica.org.
Cet article est le 16ème paru sur ce blog dans la catégorie Afrique.