Nouvelle direction avec les journalistes Frédéric Taddeï (1er mars) et Eve Szeftel
Le magazine d'actualité hebdomadaire Marianne (Wikipédia) - créé en 1997 par Jean-François Kahn et Maurice Szafran, acquis en 2018 par Daniel Kretinsky, dirigé depuis par Natacha Polony - a pris une nouvelle orientation en décembre 2024 avec l'annonce de l'arrivée en mars 2025 de Frédéric Taddeï à la direction du journal et la nomination le 8 janvier de Eve Szeftel en tant que directrice de la rédaction. Natacha Polony est éditorialiste.
Voir Le Monde, 8 janvier : La journaliste Eve Szeftel, de « Libération », prend la tête de la rédaction de Marianne
Nommée le mercredi 8 janvier dernier, la nouvelle directrice de la rédaction de « Marianne », Eve Szeftel, revient sur son engagement et sa vision pour le futur de l'hebdomadaire :
En 2025, Natacha Polony sera toujours là pour signer chaque semaine un éditorial que vous lirez comme toujours avec grand intérêt. Mais le directeur du magazine sera désormais Frédéric Taddeï – qui prendra ses fonctions le 1er mars – et je serai la directrice de la rédaction.
En 2025, la mission première de Marianne sera d’abord de vous informer, sans tabous ni œillères. Les faits d’abord. Je ne pense pas que vous vouliez qu’on vous dise quoi penser. Vous aspirez à vous forger votre propre opinion à partir des informations que nous publions.
Donc, vous donner du grain à moudre sera mon premier objectif. Notre dossier de cette semaine, « La France Musk », illustre ce parti pris. Un quart des Français aimeraient Musk ou Trump chez nous. Certains médias pourraient être tentés de les montrer du doigt : nous pensons au contraire que notre rôle est de vous raconter qui ils sont et ce qu’ils pensent. Et ce que cela révèle du pays.
Nouvelles aventures
En 2025, Marianne occupera une place centrale, entre l’ « empire du Mal », qui penche vers l’extrême droite, et l’« empire du Bien », qui incline vers l’extrême gauche. Il ne sera pas le journal d’un camp, d’une tribu, mais le journal de la majorité, silencieuse souvent, bruyante parfois, qui ne s’identifie à aucun de ces deux pôles identitaires, pas plus qu’à un entre-deux mou ou à un « en même temps » nébuleux. Or cette majorité, qui est à gauche sur les questions sociales, qui est attachée à la laïcité, et qui est plus conservatrice sur les questions de souveraineté, de sécurité et d’immigration, qui croit encore en l’État et en la nation, ne se reconnaît plus dans l’offre médiatique actuelle. Et c’est à cette attente que Marianne peut répondre.
En 2025, Marianne continuera à être un journal indépendant de tous les pouvoirs. C’est là sa singularité, son ADN. Pour les médias de gauche, le pouvoir est à l'Élysée, à la tête des grandes entreprises ou des administrations. Mais jamais à LFI ou dans les lobbys militants. À l’inverse, pour les médias de droite, le pouvoir, c’est la gauche, les syndicats, les wokes, le politiquement correct. Mais jamais les multinationales, les grands propriétaires immobiliers, les champions de l’optimisation fiscale. À Marianne, nous tenons à analyser de manière critique tous les pouvoirs, y compris les contre-pouvoirs. Mais sans poujadisme, sans populisme, sans complotisme, avec le souci de la nuance et du contradictoire.
En 2025, Marianne continuera à prendre à bras-le-corps la lutte contre l’islamisme et le communautarisme, contre l’antisémitisme et les discriminations raciales. À défendre une écologie pronucléaire, non décroissante et non punitive ; un féminisme universaliste, qui ne trouve pas d’excuses aux minorités raciales, qui s’intéresse à la condition des jeunes filles et des femmes en banlieue et en milieu rural, et pas uniquement aux hommes blancs, riches et célèbres ; une école et une université centrées sur leur mission de transmission des savoirs, préservées des ingérences religieuses et politiques ; une culture accessible à tous et non élitiste.
Sur le plan économique, attachés à la souveraineté industrielle, nous pensons que l’État-nation reste le cadre pertinent pour déployer des services publics efficaces et protéger notre modèle social. Qu’il faut réguler l’immigration et répondre au besoin de sécurité, physique et culturelle, des classes populaires. Sur le plan international, attachés à la construction européenne, nous resterons vigilants quant aux orientations prises par l’UE. Ailleurs dans le monde, notre ligne est claire : préférer les démocraties, toujours perfectibles, aux dictatures ou aux mouvements autoritaires, même lorsqu’ils avancent sous le masque du progressisme.
En 2025, Marianne continuera à être un journal populaire. Sa singularité a été de donner la parole aux Français qui étaient tentés par le non au référendum en 2005 quand tous les médias faisaient campagne pour le oui. Puis de prendre au sérieux la révolte des Gilets jaunes, quand le reste de la presse ignorait la demande de justice fiscale et sociale qu’exprimait cette nouvelle classe laborieuse des ronds-points. Sur le plan des valeurs, Marianne assume pleinement l’héritage des Lumières et de 1789, mais aussi de 1848, de 1936, du CNR, de Mai 68… bref, de la République, dans ce qu’elle a de libre, de fraternel, de social, de laïque et aussi de joyeux. Aux kiosques, citoyens ! Longue vie à Marianne et à la République !
Cet article est le 3440 ème sur le blog MRC 53 - le 27ème cat. Culture langue medias histoire
Article paru le 29 janvier 2025 sur http://mrc53.over-blog.com/