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Présentation

  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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Articles RÉCents

6 janvier 2025 1 06 /01 /janvier /2025 16:03

Le Parti autrichien de la liberté va se tourner vers les conservateurs

 

Après l'échec des négociations avec les sociaux-démocrates et les libéraux, le chancelier sortant conservateur (droite OVP), Karl Nehammer, avait annoncé sa démission de la présidence du parti OVP et de meneur de négociations pour former un gouvernement.

Voir Autriche, Allemagne, France : des majorités parlementaires incertaines.

 

 

Le président autrichien Alexander Van der Bellen a demandé lundi au chef de l’extrême droite Herbert Kickl de trouver une majorité. Une première dans l’histoire du pays.

 

Le Temps (avec AFP), 6 janvier : 

En Autriche, l'extrême droite se charge des négociations pour former un gouvernement

 

Le président autrichien a demandé lundi au chef de l’extrême droite Herbert Kickl de trouver une majorité pour gouverner, une première dans l’histoire du pays alpin, après l’échec des négociations entre conservateurs, sociaux-démocrates et libéraux.

 

Au vu de «la nouvelle situation […], j’ai chargé» Herbert Kickl, dont le parti était arrivé premier des législatives fin septembre avec près de 29% des voix, de mener des discussions, a déclaré le chef d’Etat écologiste Alexander Van der Bellen, ajoutant qu’il n’avait «pas été facile de prendre» une telle décision.

Echec de précédentes négociations

Si le Parti autrichien de la liberté (FPÖ) a déjà participé au pouvoir en tant que partenaire minoritaire, il n’a jamais occupé la chancellerie dans cet Etat membre de l’Union européenne de neuf millions d’habitants.

Avant le scrutin, Alexander Van der Bellen n’avait pas caché ses réticences envers Herbert Kickl, qui l’a par le passé traité de «momie sénile». Et le chef d’Etat octogénaire avait préféré en octobre choisir le chancelier conservateur sortant Karl Nehammer pour mener les négociations, contrairement à l’usage qui réserve normalement ce droit au parti vainqueur.

Mais l’échec des négociations menées avec les sociaux-démocrates et les libéraux, suivi de la démission annoncée de Karl Nehammer, farouche opposant à Herbert Kickl, ont changé la donne, dans un spectaculaire rebondissement sur fond de montée des forces nationalistes en Europe.

Une extrême droite déjà active dans les gouvernements régionaux

Le nouveau chef par intérim des conservateurs, Christian Stocker, s’est dit ouvert à des pourparlers avec l’extrême droite, les deux partis partageant des positions proches sur l’économie et l’immigration.

Les conservateurs autrichiens se sont déjà alliés deux fois au FPÖ, en 2000 et en 2017, dans un pays qui a brisé le tabou de l’extrême droite bien avant le reste de l’Europe. L’extrême droite participe par ailleurs actuellement à quatre des neuf gouvernements régionaux. «Les voix au sein de l’ÖVP qui excluaient de travailler avec (…) Kickl se sont faites beaucoup plus discrètes», a commenté dimanche le président.

«Nazis dehors»

Confier au FPÖ le soin de mener des négociations est lourd de symbole: c’est une première depuis 1945 pour cette formation fondée par d’anciens nazis et dirigée par un homme qui veut se faire appeler Volkskanzler, le «chancelier du peuple» – comme Adolf Hitler, natif d’Autriche, même s’il se défend de toute référence nazie.

Des centaines de manifestants se sont rassemblés lundi devant le palais de la Hofburg, siège de la présidence, criant «Nazis dehors».

Un projet de remigration

Herbert Kickl, 56 ans, a pris la tête du FPÖ en 2021 et en jouant la carte conspirationniste face aux restrictions anti-Covid, il a su faire oublier les scandales de corruption qui avaient laminé son prédécesseur.

Nerveux, toujours dissimulé derrière une barbe de trois jours, il a opté pour une ligne dure, opposée aux médias, aux LGBT +, à l’Europe et aux élites, loin de toute stratégie de dédiabolisation. Cet ex-ministre de l’Intérieur ménage par ailleurs la Russie malgré l’invasion de l’Ukraine.

Petites lunettes rondes et silhouette de marathonien, l’ancien étudiant en philosophie et en histoire assume également sa proximité avec les identitaires contre un ennemi commun: l’islam.

Il parle sans s’excuser de «remigration» - un projet anticonstitutionnel de déchéance de nationalité et d’expulsion des Autrichiens d’origine extra-européenne - et a l’insulte facile envers ses adversaires.

 

Cet article est le 3417 ème sur le blog MRC 53 - le 163ème, catégorie France et Europe

Article paru le 06 janvier 2025 sur http://mrc53.over-blog.com/

Le Parlement autrichien

Le Parlement autrichien

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5 janvier 2025 7 05 /01 /janvier /2025 21:39

En Autriche, une majorité est introuvable sans l'extrême droite

 

Les Élections législatives autrichiennes de 2024 (Wikipédia), le 29 septembre, avaient mis en tête (près de 29 % des voix) le FPO (parti de la liberté d'Autriche, extrême droite) mais les autres partis excluaient de participer à un gouvernement avec son dirigeant, Herbert Kickl.

 

Arrivé en 2ème position avec 26 % des voix, OVP (parti populaire autrichien, conservateurs) avait alors tenté de former un gouvernement avec le SPO (parti social démocrate, centre gauche, 21 %) et avec NEOS (parti libéral, 9 %).

C'est d'abord NEOS qui a quitté les négociations, puis le chancelier conservateur Karl Nehammer a annoncé qu'un accord est impossible avec les sociaux démocrates, ce qui mettait fin à sa tentative de négociation. Parmi les principaux sujets de discorde cités par les médias autrichiens, l’impôt sur la fortune, les droits de succession, les retraites et des divergences sur la façon de contrôler le déficit budgétaire.

 

Le président autrichien, Alexander Van der Bellen, a annoncé qu'il allait rencontrer le chef du parti FPO (extrême droite) pour discuter de la nouvelle situation. Cela signifie que les opposants, au sein de la droite conservatrice OVP, se font beaucoup plus discrets dans leur refus de travailler avec FPO.

 

Si les négociations amenant l'extrême droite au pouvoir étaient infructueuses, le président devrait déclencher de nouvelles élections législatives.

 

Pour en savoir plus sur la situation en Autriche

 

- Marianne (4 janvier) : En Autriche, l'échec des négociations de coalition ravive la crainte d'un retour de l'extrême droite au pouvoir

- Courrier international (4 janvier) : Autriche : le chancelier va démissionner après l'“inévitable” échec des négociations de coalition

- Euractiv (3 janvier) : Autriche : l'échec des négociations de coalition laisse la porte ouverte à l'extrême droite

 

 

En Allemagne, après les élections législatives 2025, quelle nouvelle majorité ?

 

Le 23 février, auront lieu les Élections fédérales allemandes de 2025 - Wikipédia. Le site européen Euractiv a fait part des nombreuses interrogations qui surgissent sur la majorité parlementaire qui pourra sortir des urnes.

Voir Allemagne : après les élections de février, cette vague conservatrice qui pourrait emporter le Bundestag.

 

 

 

Et, en France, si le gouvernement Bayrou était censuré sur le budget ?...


 

Cet article est le 3416 ème sur le blog MRC 53 - le 162ème, catégorie France et Europe

Article paru le 05 janvier 2025 sur http://mrc53.over-blog.com/

Le parlement autrichien à Vienne

Le parlement autrichien à Vienne

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31 décembre 2024 2 31 /12 /décembre /2024 16:30

Dessiner un avenir différent pour Mayotte, pas seulement reconstruire


 

Le 14 décembre 2024, le cyclone tropical Chido a dévasté Mayotte, "petite île de l’océan Indien, qui symbolise à elle seule la collision brutale entre histoire coloniale, fractures sociales et désastres environnementaux. Département français depuis 2011, elle est un territoire en crise, où la misère humaine et les catastrophes naturelles s’entrelacent dans une spirale infernale".

Voir (CiViQ, 28 décembre) : Mayotte, île française des Comores, département où la vie s'est arrêtée.

 

Le 30 décembre, le gouvernement français était sur place, avec une importante délégation interministérielle : le Premier ministre François Bayrou et cinq ministres, Elisabeth Borne (éducation nationale), Manuel Valls (Outre-mer), Valérie Létard (logement), Yannick Neuder (santé) et Thani Mohamed Soilihi (francophonie et partenariats internationaux).

Compte rendu dans Ouest-France par Baptiste Legrand, le 30 décembre.
 

François Bayrou présente un plan "Mayotte debout"

 

En visite dans l’archipel, le Premier ministre François Bayrou a présenté lundi 30 décembre une série de mesures. Objectif : reconstruire l’archipel dévasté en deux ans.

Il a enchaîné les étapes au pas de course : dans un collège de Mamoudzou, à l’hôpital de campagne, à l’usine de dessalement d’eau… Seize jours après la dévastation du cyclone Chido, le Premier ministre François Bayrou était hier à Mayotte. Une visite express qu’il a achevée par une série de mesures pour venir en aide au 101e département français.

 

Le plan « Mayotte debout » vise à reconstruire l’archipel en deux ans. Un délai très court, que François Bayrou assume, décidé à « faire mentir la fatalité ». Le moyen ? Une « loi d’urgence » pour Mayotte, qui sera au menu du Conseil des ministres ce vendredi, avant de prendre la direction du Parlement « sous quinze jours ». Le plan comporte plusieurs dizaines de mesures.

Rétablir l’eau et l’électricité

Les infrastructures sont une priorité. Le Premier ministre a évoqué une « intervention » imminente de « l’armée » pour rétablir l’eau : « Avant la fin de la semaine, le volume de production d’eau potable obtenu avant Chido sera atteint », a-t-il promis. L’électricité prendra plus de temps. Elle sera « rétablie dans chaque foyer fin janvier », selon François Bayrou. D’ici là, 200 groupes électrogènes alimenteront les équipements indispensables.

Interdire les bidonvilles

Comme Emmanuel Macron, venu il y a dix jours, François Bayrou a dit vouloir « interdire et empêcher la reconstruction des bidonvilles ». Et pourtant, ils sont déjà de retour : dans ce département, le plus pauvre de France, un tiers de la population vit dans des habitats précaires. « Il y aura des interventions pour que l’on sorte de ce cycle infernal », a affirmé le chef du gouvernement. Pour aider les familles mahoraises dont les maisons ont été endommagées, il annonce des prêts garantis par l’État.

Rouvrir les écoles

La rentrée des classes aura lieu « à partir » du 13 janvier, au cas par cas. Des tentes-écoles seront fournies par une ONG. Et pour pallier le manque d’enseignants, l’État fera appel aux volontaires (retraités, étudiants…). S’agissant des élèves, « une scolarisation temporaire dans l’Hexagone pourra être réalisée », comme on l’a fait pour les enfants ukrainiens, a annoncé François Bayrou, qui était accompagné de cinq ministres, dont Manuel Valls (Outre Mer) et Élisabeth Borne (Éducation).

Soutenir l’économie

En soutien aux acteurs économiques, le Premier ministre a annoncé la création d’une « zone franche globale » afin « que les entreprises puissent se développer et passer d’une économie souterraine à une économie régulière ». Parmi les mesures, la suspension des cotisations sociales jusqu’au 31 mars et une aide financière d’urgence pour toutes les entreprises.

Quantifier l’immigration

François Bayrou a aussi plaidé pour un « recensement général et précis de la population », dans ce département qui compte 320 000 habitants, plus 100 000 à 200 000 avec les sans-papiers. Une « opération vérité » pour sortir de « l’ambiguïté ».

Il ne s’agit pas seulement de reconstruire mais « de dessiner l’avenir de Mayotte, différent », a aussi expliqué François Bayrou. Qui a dû, au cours de son déplacement, répondre à des élus locaux et des habitants échaudés par les années de « promesses non tenues ».


 

Cet article est le 3411 ème sur le blog MRC 53 - le 161ème, catégorie France et Europe

Article paru le 31 décembre 2024 sur http://mrc53.over-blog.com/

François Bayrou, le 30 décembre 2024, à la télévision

François Bayrou, le 30 décembre 2024, à la télévision

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17 décembre 2024 2 17 /12 /décembre /2024 22:00

Le dogme de la concurrence libre et non faussée a frappé fort dans l'énergie


 

"L'Europe étranglée par l'énergie chère", c'est le titre du quotidien Le Monde ce soir. "Cet appauvrissement européen se résume en deux chiffres : en 2019, la facture d'importation d'énergies fossiles de l'UE s'élevait à 341 milliards d'euros ; en 2023, c'était 416 milliards d'euros, alors même que la consommation de gaz avait baissé. Voilà pour le secteur industriel".

Voir Énergies - Actualités.
 

Dans l'introduction aux Journées de l'économie à Lyon, les 4, 5 et 6 novembre 2025, auxquelles participera l'économiste david.cayla, la question du marché européen de l'électricité est posée.

Le marché européen de l’électricité a été créé dans la perspective de stimuler une concurrence devant bénéficier au consommateur en faisant baisser les prix.

La spécificité du bien concerné s’est traduite par la fixation du prix par le gestionnaire du réseau au niveau du coût de production de la centrale la plus onéreuse en fonction d’un «merit order» consistant à appeler successivement les centrales de la moins chère à la plus chère jusqu’à satisfaction de la demande.

En parallèle, une nouvelle architecture industrielle s’est dessinée avec une séparation entre production, distribution et gestion du réseau et un affaiblissement de l’opérateur historique français EDF.

D’autres impératifs se sont ajoutés, comme la subvention aux énergies renouvelables.
L’explosion du prix du gaz naturel a montré les limites de ce système en provoquant une flambée des prix de l’électricité.

La forte volatilité des prix spot découragent l’investissement, ce qui aggrave la pénurie d’offre. La coordination de l’offre et de la demande censée stabiliser les prix ne fonctionne pas.

Dès lors, comment repenser l’organisation du marché de l’électricité ? Faut-il renoncer au principe de concurrence dans le cas d’un monopole naturel ? Mettre en place un système d’acheteur unique ? Est-ce compatible avec la subvention donnée aux EnR ? Quelle place pour le nucléaire ?


 

Pour bien comprendre, il faut lire l'entretien publié le 23 janvier 2023 dans "Quartier général", média libre, introduit en ces termes.

"Grâce à son parc nucléaire, la France serait en mesure de produire une électricité beaucoup moins chère que ses partenaires européens, notamment l’Allemagne. Ainsi les boulangers pourraient-ils voir leurs factures divisées par cinq, entre autres professions prises à la gorge en ce moment. Problème: l’UE l’interdit, afin de faire respecter le dogme d’une prétendue concurrence libre et non faussée. L’économiste David Cayla, auteur de « Déclin et chute du néolibéralisme » répond à toutes les questions de QG sur cette machine à broyer l’économie hexagonale qu’est devenu le marché européen de l’électricité".

Voir « Le scandale du marché européen de l’électricité »: entretien avec David Cayla.

David Cayla est économiste à l’Université d’Angers, membre du collectif Les Économistes Atterrés. Il est l’auteur de Déclin et chute du néolibéralisme (2022), Populisme et néolibéralisme (2020) et de L’économie du réel (2018), tous parus aux éditions De Boeck Supérieur. Voir david.cayla.
 

Le 11 octobre 2022, sur le site Elucid, tout était dit sur l'explosion du prix de l'électricité.

L’explosion des prix de l’électricité sur le marché européen intégré est totalement inédite par son ampleur et sa durée. La France est aujourd’hui l'un des pays qui paient le plus cher son électricité. Comment une telle situation, devenue hors de contrôle, a-t-elle pu arriver ? Pourquoi va-t-elle durer ? Au fond, à qui profite ce flot de flambées historiques des prix de l’énergie ? Explications.

Nos puissances publiques et financières tentent d’étouffer la réalité de la situation, à coups de boucliers tarifaires (des pansements de court terme qui provoquent des gouffres financiers de long terme) et de ruée (voire de pillage) vers le gaz produit hors de Russie, aux quatre coins du monde, provoquant une volatilité historique sur les marchés énergétiques mondiaux, et mettant ainsi en péril la sécurité énergétique (...)

Pour comprendre comment les prix de gros de l’électricité évoluent et pourquoi ils ont tant augmenté depuis l’année dernière, il faut connaître le fonctionnement du marché européen intégré de l’électricité  : il détermine chaque jour un prix de gros de l’électricité qui est fixé au niveau du coût marginal de l'électricité. C’est-à-dire en fonction du coût de production de la dernière centrale utilisée pour satisfaire la demande. Ainsi, les sources de production les moins chères sont appelées en premier (soit les énergies renouvelables et le nucléaire), puis, à mesure que la demande d’électricité augmente, les centrales à charbon sont sollicitées, et enfin, les centrales à gaz, dont les coûts de production sont les plus élevés.


 

Cet article est le 3403 ème sur le blog MRC 53 - le 160ème, catégorie France et Europe

Article paru le 17 décembre 2024 sur http://mrc53.over-blog.com/

David Cayla, le 25 septembre 2022, à Rochefort (Charente-Maritime), lors des universités de la Gauche Républicaine

David Cayla, le 25 septembre 2022, à Rochefort (Charente-Maritime), lors des universités de la Gauche Républicaine

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25 octobre 2024 5 25 /10 /octobre /2024 20:06

Des doutes sur l'équilibre entre la France et l'Allemagne dans l'Union Européenne

 

Dans "le média indépendant qui décrypte les grands enjeux contemporains", Le Temps des Ruptures, le sénateur de Charente-Maritime, Mickaël Vallet, a réagi, le 1er octobre 2024, à l'éviction de Thierry Breton de la Commission européenne, derrière laquelle il voit "la perte d'influence de la France sur la scène européenne". Selon le sénateur de la Charente-Maritime, l’Union européenne est en danger. Voici pourquoi.

 

Quel que soit le substantif utilisé pour parler de la relation franco-allemande – couple, moteur, tandem -, chacun traduit la nécessité d’être deux pour avancer. Les grands présidents l’avaient compris. Le général de Gaulle prenant le risque de la main tendue à Adenauer quinze ans seulement après la fin du conflit, comme Mitterrand se donnant tous les moyens pour arrimer l’Allemagne de l’Ouest puis l’Allemagne réunifiée dans le camp européen, quel qu’en soit d’ailleurs le coût pour l’économie française. Mais côté allemand, il suffit d’échanger avec des parlementaires outre-Rhin pour constater que cette idée de moteur ou de couple sont des images absentes de l’imaginaire politique allemand.

 

Il est dans l’ordre des choses que chaque État-membre agisse en faveur de ses intérêts propres. Les Etats, c’est bien connu et même au sein d’une union aussi intégrée, ont des intérêts avant d’avoir des amis. Mais ce rapport de forces n’est profitable à tous que si chaque parti parvient dans un subtil jeu à défendre sa part du gâteau tout en participant à accroître le gâteau européen. Quand le général de Gaulle défend une PAC résolument favorable aux intérêts des exploitants français, il a aussi en tête les avantages qu’une agriculture communautaire pourrait offrir à chacun des États-membres. Ce n’est pas seulement l’idée de l’Europe comme une France en grand qui n’est qu’au mieux un fantasme et au pire une manière d’habiller les renoncements à des pans entiers de souveraineté. C’est bien plutôt la poursuite de l’objectif d’un développement concerté et bénéfique au plus grand nombre dans un cadre juridique original et qui n’appartient qu’au continent européen. Mais nous sommes, dans les faits, bien loin de ce jeu coopératif.

Car l’Allemagne avance ses pions au sein des institutions européennes avec une tendance hégémonique et elle le fait au détriment de la place de la France. C’est la rencontre de cette force exprimée et de cette faiblesse constatée qui, loin de renforcer l’édifice général déstabilise l’ensemble du continent.

L’éviction de Thierry Breton[2] illustre parfaitement cette situation. C’est un camouflet infligé autant à la France qu’à l’autonomie européenne. L’exultation affichée par Elon Musk au lendemain de sa démission dit tout de cet échec. S’il reste un homme de droite, l’ancien commissaire a été un fer de lance de la lutte contre les GAFAM et leurs manquements à nos règles communes. Et il a toujours pris soin de le faire dans l’idée de défendre l’intérêt général de l’union dont la plupart des Etats, et pas seulement la France, ont considéré que cela servait tout autant leur intérêt national.

Surtout, son remplacement par Stéphane Séjourné signe cruellement la baisse d’influence de la France au sein de la future Commission européenne. Personne ne déniera à l’ancien ministre français des Affaires étrangères certaines capacités à gérer les relations du groupe Renew avec le reste de la droite européenne. Mais il ne fera pas grand-chose de cette expérience-là lorsqu’il aura à définir une stratégie à long-terme pour l’industrie européenne face aux rouleaux compresseurs américains et chinois. Le portefeuille élargi accordé à Thierry Breton en 2019 venait compenser la désignation d’une Allemande à la tête de la Commission européenne – une première depuis plus de soixante ans. Or sans cet équilibre, la France ne pèse plus grand-chose. Thierry Breton, dans son entretien au Monde, précise du reste qu’il pourrait n’y avoir qu’un ou deux chefs de cabinet français pour neuf ou dix allemands dans la future architecture de la Commission. Gross Malheur.

Il en va de même du sort réservé par la présidente de la commission européenne au rapport Draghi tout juste sorti des presses. L’ancien président du conseil italien a montré que l’Union européenne avait besoin d’un nouveau souffle si elle ne voulait pas poursuivre son décrochage économique vis-à-vis des États-Unis et de la Chine. Mais l’Allemagne se trouve dans une situation économique et politique délicate. En stagnation économique depuis 2019, avec un gouvernement baroque où chacun des partis de la coalition feu tricolore joue sa propre partition, elle ne parvient pas à s’extraire de la crise. Sa classe politique voit en majorité d’un très mauvais œil l’idée d’une solidarité européenne accrue par des investissements assumés solidairement par les Etats par le biais d’emprunts communs. Avis confirmé, si certains en doutaient, par le ministre des Finances allemand et surtout par Mme Von Der Leyen qui réagit clairement en représentante de son pays. D’où vient que les commissaires européens français trouvent aussi facilement le chemin de l’intérêt général européen en se mettant à l’abri de toutes accusations de chauvinisme ? Qui oserait accuser Pascal Lamy, Pierre Moscovici et même Jacques Delors de s’être comportés en français à Bruxelles frôlerait le ridicule. Et nous connaissons trop de camarades manquant sur ce sujet de sens du ridicule.

Alors que nous persistons à être les idiots utiles du village global et que notre dépendance sécuritaire aux États-Unis ne faiblit pas, Thierry Breton a su être un commissaire qui défendant les intérêts de l’Europe et des Européens si à propos qu’il a défendu se faisant ceux de son pays. Son éviction, en plus d’être un camouflet infligé à notre vieux pays, est un cadeau offert aux GAFAM.

L’Allemagne, fidèle à son histoire d’après 1945 (on ne saurait lui reprocher), ne tourne pas la page du béatlantisme. C’est donc à la France macroniste que le reproche fondamental doit être fait. La France a la chance, par son histoire (que méconnait tant la macronie), de trouver de quoi affirmer une véritable vision de ce que l’Europe peut et doit être. En sabordant son influence au sein de la Commission européenne, elle commet une double-faute, autant contre l’Europe que contre la France. Une de plus. 

[2] L’ancien ministre a annoncé sa démission le 16 septembre car il savait que la présidente de la Commission von der Leyen avait mis la France devant un dilemme : le maintenir avec un portefeuille plus restreint, ou offrir un portefeuille plus large à la France mais avec un autre titulaire au poste.

Cet article est le 3368 ème sur le blog MRC 53 - le 160ème, catégorie France et Europe

Article paru le 25 octobre 2024 sur http://mrc53.over-blog.com

Mickaël Vallet, le 25 septembre 2022, à Rochefort (Charente-Maritime), lors des universités de la Gauche républicaine

Mickaël Vallet, le 25 septembre 2022, à Rochefort (Charente-Maritime), lors des universités de la Gauche républicaine

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11 juin 2024 2 11 /06 /juin /2024 21:20

Appel au rassemblement de la gauche autour des idées de Jean Jaurès


Le 9 juin 2024, les élections européennes ont été favorables à l'extrême droite, la France se distinguant par l'ampleur du vote d'exaspération, provoquant la décision inattendue du président de la République, Emmanuel Macron, de dissoudre l'Assemblée nationale.

- En Mayenne, voir Ouest-France, 10 juin : Résultats des élections européennes 2024

- En France, voir France info : CARTE. Résultats des élections européennes 2024

- Au niveau européen, voir le site Toute l'Europe : Résultats des élections européennes 2024.

 

Réaction du président du Mouvement Républicain et Citoyen, 10 juin 2024.

 

Résultats Européennes 2024 - Réaction de Thierry Cotelle, Président du MRC

 

"Le score important des listes d’extrême-droite lors de ces élections européennes est le témoin de l’exaspération et de la colère des Français. Il montre l’ampleur de la crise démocratique que traverse notre pays.
 
En République, face à des désaveux de cet ampleur, on n’a jamais tort de redonner la parole au peuple. Emmanuel Macron a choisi de dissoudre l’Assemblée nationale et de précipiter de nouvelles élections en réduisant la campagne à trois petites semaines et en limitant ainsi le débat démocratique dont la France a besoin.
 
Pour contrer le Rassemblement National, le Mouvement Républicain et Citoyen appelle au rassemblement de la Gauche autour des valeurs républicaines chères à Jean Jaurès : Liberté, Égalité, Fraternité, Laïcité.

Pour notre part, nous sommes prêts à construire et à participer activement à cette alternative républicaine."

 

Cet article est le 3346 ème sur le blog MRC 53 - le 159ème, catégorie France et Europe

Article paru le 11 juin 2024 sur http://mrc53.over-blog.com

Thierry Cotelle, président du Mouvement Républicain et Citoyen

Thierry Cotelle, président du Mouvement Républicain et Citoyen

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4 juin 2024 2 04 /06 /juin /2024 17:31

Dimanche 9 juin, reprenons la main en France et en Europe

 

Catherine Coutard, vice-présidente du Mouvement Républicain et Citoyen, appelle à voter pour Léon Deffontaines et la liste « Gauche unie pour le monde du travail – Reprenons la main en France et en Europe ». Avec ces arguments :

 

  - Vous trouvez que la Gauche est orpheline d’un courant au service du monde du travail - retraités et chômeurs compris, alors votez Léon Deffontaines.

  - Vous trouvez que la gauche est orpheline d’un courant fidèle aux valeurs républicaines dont la laïcité, alors votez Léon Deffontaines.

  - Vous avez voté NON en 2005 ou vous avez votez OUI en 2005 mais la suite vous a convaincu que la construction européenne est à réorienter radicalement, alors votez Léon Deffontaines.

  - Vous trouvez que Pierre Joxe, Arnaud Montebourg, Emmanuel Maurel, Marie-Noëlle Lienemann … sont plus socialistes que bien d’autres, encore membres du PS, alors votez Léon Deffontaines.

  - Vous voulez que votre voix pèse lourd, alors votez Léon Deffontaines, car en faisant passer la barre des 5% à la liste « Gauche unie pour le monde du travail - Reprenons la main en France et en Europe », c’est 5 à 6 députés d’un coup que vous prenez à la droite et l’extrême-droite alors que 1% de plus aux autres listes, ça ne fait qu’un député de plus…

 

ELECTIONS EUROPÉENNES DU 9 JUIN 2024 - LE MRC S'ENGAGE !


LE 9 JUIN VOTONS ET FAISONS VOTER « GAUCHE UNIE POUR LE MONDE DU TRAVAIL »

 

Pour le Mouvement Républicain et Citoyen, il faut choisir :

- Des députés capables d’obliger les institutions bruxelloises à respecter la volonté des peuples et la souveraineté des nations en s’opposant à la généralisation du vote à la majorité qualifiée comme à toute tentation de projet fédéral.

- Des députés capables de promouvoir une Europe des projets d’intérêt général et de refuser l’austérité à perpétuité.

- Des députés capables d’exiger le retour de la puissance publique pour soutenir le « made in France », les relocalisations, la ré-industrialisation décarbonée et afin d’assurer notre souveraineté dans les domaines vitaux.

- Des députés capables de garantir notre indépendance énergétique grâce au mix nucléaire-renouvelables et de s’opposer aux règles du marché européen de l’électricité qui plombent nos factures.

- Des députés capables de soutenir le rail et le fluvial contre les logiques délétères de la soi-disant libre concurrence et du tout route.

- Des députés capables de travailler à l’urgente transition écologique sans faire payer la note aux couches populaires.

- Des députés capables de protéger notre agriculture et la qualité de notre alimentation et de s’opposer aux traités de libre-échange tous azimuts.

- Des députés capables de refuser l’élargissement sans fin de l’Union Européenne et de mettre fin au dumping social.

- Des députés capables de protéger notre système de protection sociale et nos services publics contre les oukases de la Commission Européenne.

- Des députés capables de défendre l’exception culturelle en Europe et de tenir tête aux géants du net.

- Des députés capables de porter nos valeurs républicaines dont la Laïcité.

 

En un mot, des députées et députés au service de nos nations, de nos peuples et de leur avenir. Les premières semaines de campagne électorale nous ont permis d’être attentifs au contenu des programmes et aux convictions des candidates et candidats. Comme chaque citoyenne et chaque citoyen, nous sommes prêts à faire un choix.

Le Mouvement Républicain et Citoyen appelle à voter le 9 juin pour la liste « Reprendre la main en France et en Europe – Gauche unie pour le monde du travail » emmenée par Léon Deffontaines.

Les futurs députées et députés de cette liste rassemblant le PCF, la Gauche Républicaine et de nombreux syndicalistes sauront porter les engagements qui nous sont chers.


 

Le 9 juin, un seul tour, votons Léon Deffontaines !


 

Voir aussi (3 juin) : Européennes 2024 : Thierry Cotelle (MRC) appelle à voter "Gauche unie"


 

Cet article est le 3345 ème sur le blog MRC 53 - le 158ème, catégorie France et Europe

Article paru le 4 juin 2024 sur http://mrc53.over-blog.com

Le 31 mai, à Valence, Catherine Coutard avec Samia Jaber (à gauche), candidate sur la liste "Gauche unie pour le monde du travail"

Le 31 mai, à Valence, Catherine Coutard avec Samia Jaber (à gauche), candidate sur la liste "Gauche unie pour le monde du travail"

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3 juin 2024 1 03 /06 /juin /2024 21:18

Il intervenait le 25 mai à la Fête de l'Humanité en Haute-Garonne (31)


Thierry Cotelle, Président du MRC, était présent samedi 25 mai 2024 à la Fête de l'humanité organisée à Pechbonnieu en Haute-Garonne. Lors de cette rencontre, il a appelé les électeurs de gauche, authentiquement radicaux, socialistes et ceux qui se réclament de la Gauche Républicaine, à voter le 9 juin pour la liste de la « Gauche Unie pour le monde du travail » soutenue par Fabien Roussel et portée par sa tête de liste Léon Deffontaines.

 

Intervention de Thierry Cotelle

 

C'est un tant que Président du Mouvement Républicain et Citoyen que je m'adresse ici à vous en tenant tout d’abord à remercier la Fédération du PCF 31 pour son invitation et à Pierre Lacaze, Léon Deffontaines, de me permettre d’intervenir dans le cadre de la campagne de ces élections européennes.

Je tiens également à saluer nos partenaires de la Fédération de la Gauche Républicaine, Marie Carmen Garcia de la Gauche Républicaine et Socialiste, l’Engagement d’Arnaud Montebourg et Les Radicaux de Gauche en la personne d’Isabelle Amaglio.

Si le plaisir d’être parmi vous est évident c’est surtout avec responsabilité que nous avons choisi de soutenir et d'appeler à voter pour la seule liste de gauche authentiquement républicaine, la seule qui concilie défense de notre modèle social tout en défendant en toutes circonstances notre modèle républicain, universel, laïque opposé à toute idée de flatter telle ou telle communauté.

La République c’est la défense et l'obligation de faire vivre les valeurs d'Egalité, de Liberté de Fraternité sans qu'aucune de ces 3 valeurs ne prévale sur les 2 autres.

La République ne reconnaît que des citoyens libres et égaux entre eux. C’est cette idée selon laquelle ceux qui sont français aujourd'hui sont aussi français que ceux qui le sont depuis des générations.

La République est une construction politique et non la mosaïque d'intérêts organisés en communauté.

C'est donc ce modèle que nous voulons défendre dans cette Union européenne dont les peuples comprennent combien elle leur retire peu à peu une part toujours plus importante de leur souveraineté.

Défendre les intérêts de la France en tant que République laïque et sociale et en faire la matrice de notre engagement européen c'est la raison pour laquelle le Mouvement Républicain et Citoyen est aujourd'hui à vos côtés !

Car envoyer des députés européens de la liste « Gauche unie pour le monde du travail » c'est :

Obliger les institutions bruxelloises à respecter la volonté des peuples et la souveraineté des nations en s'opposant à la généralisation du vote à la majorité qualifiée,

C'est promouvoir une Europe des projets d'intérêt général et refuser l'austérité à perpétuité,

C'est exiger le retour de la puissance publique pour soutenir le « made in France » et une réindustrialisation bien entendu décarbonée afin d'assurer notre souveraineté dans les domaines vitaux.

C'est aussi de garantir notre indépendance énergétique grâce au mix nucléaire-renouvelable,

C'est de s'opposer aux règles du marché européen de l'électricité qui plombent nos factures et freinent le développement de nos entreprises,

C'est de travailler à l'urgence transition écologique sans faire payer la note aux couches populaires,

Soutenir la liste de la gauche unie c'est aussi protéger notre agriculture et la qualité de notre alimentation,

C'est aussi s'opposer aux traités de libre-échange toutes azimuts

C’est refuser l'élargissement sans fin de l'Union européenne,

. C'est mettre fin au dumping social et protéger notre système de protection sociale et nos services publics mais c'est aussi défendre l'exception culturelle en Europe et tenir tête aux géants du net !


 

Alors le slogan choisi de « Reprendre la main » et donc redonner sens à l'action politique c'est défendre le monde du travail d'abord et s'attaquer aux inégalités salariales !

Ils vous parlent de ré-industrialisation, mais comment comptent-ils le faire lorsque l’Union Européenne refuse de mener toute politique industrielle ?

Ils vous parlent de rehausser les salaires, mais comment comptent-ils le faire dans une UE ou le salaire moyen ne dépasse pas 600€ rendant ainsi la concurrence déloyale !

Ils vous parlent de défendre la retraite à 60 ans ? Mais comment dans un marché unique ouvert aux 4 vents où le choix des autres pays est de l’obtenir à 65 ou 67 ans !

ils vous parlent de lutte contre le réchauffement climatique mais comment le faire sans mix énergétique ENR-nucléaire avec une énergie pilotable et décarbonée !


 

Je m'adresse aux électeurs de gauche, authentiquement radicaux, socialistes, ceux qui se réclament de la Gauche Républicaine.

 

Votez le 9 juin pour la liste de la « Gauche Unie pour le monde du travail »

 

Ses colistiers n’avancent pas masqués et vous donnerez un signe fort pour que la gauche retrouve sa vraie vocation : celle de Changer la Vie !!

Une génération à l'instar de Léon Deffontaines monte pour défendre ce qui a été si chèrement gagné par nos anciens,

Soutenons-les et tout d’abord le 9 juin pour envoyer au moins 5 députés français au parlement européen pour y défendre les intérêts de la France et ceux du monde du travail !


 

Cet article est le 3344 ème sur le blog MRC 53 - le 157ème, catégorie France et Europe

Article paru le 03 juin 2024 sur http://mrc53.over-blog.com

Léon Deffontaines, tête de la liste "Gauche unie pour le monde du travail" et Thierry Cotelle, président du MRC, le 25 mai 2024, lors de la Fête de l'Humanité 31

Léon Deffontaines, tête de la liste "Gauche unie pour le monde du travail" et Thierry Cotelle, président du MRC, le 25 mai 2024, lors de la Fête de l'Humanité 31

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25 avril 2024 4 25 /04 /avril /2024 20:18

Pour les signataires, c'est un sujet qui engage la souveraineté de la France


 

Il y avait eu La note d'Arnaud Montebourg, suite à son audition par le Conseil d'Etat qui mettait l'accent sur la prééminence de la souveraineté nationale. Depuis hier, ce sont cinquante personnalités, dont Arnaud Montebourg, qui publient une Tribune (initialement dans Le Figaro, pour les abonnés). Voir ici L'appel de 50 personnalités pour un référendum sur le site de gaullisme.fr.

Le moment est certainement en rapport avec le Discours sur l'Europe du président de la République, Emmanuel Macron, qui avait lieu ce jour à La Sorbonne.


 

TRIBUNE – En novembre 2023, une résolution du Parlement européen a proposé de modifier les traités pour généraliser la règle de la majorité qualifiée, puis une résolution semblable a été adoptée à l’Assemblée nationale.

Cinquante personnalités, dont Arnaud Montebourg et Marcel Gauchet, appellent à organiser un référendum sur ce sujet qui engage la souveraineté de la France.

L’Union européenne n’en finit plus de dériver vers une supranationalité écrasante. D’année en année, la devise « Unis dans la diversité » a cédé sous une centralisation uniformisatrice effaçant les identités et les souverainetés nationales. Tournant le dos à ce qui la fonde, l’Union devient un carcan normatif où l’État de droit n’est brandi que pour justifier l’extension sans limites d’un système autoritaire. Imaginée comme un espace de prospérité où le « doux commerce » et la coopération renforceraient la paix entre les nations, elle est devenue une « prison des peuples » reposant sur des dogmes aveugles qu’il est interdit d’interroger malgré leurs évidents et dramatiques échecs économiques, sociaux et géopolitiques.

Cette dérive est servie par les deux dynamiques sans frein de l’élargissement et de l’approfondissement, le second étant toujours présenté comme indispensable au premier, lui-même inéluctable.

L’extension illimitée du territoire de l’Union européenne, sans stratégie ni délibération démocratique, semble échapper à la raison et ne plus obéir qu’à un automatisme incontrôlé. Entre 2004 et 2007, l’Union a déjà accueilli des États qui n’adhéraient pas à l’idée d’une autonomie stratégique. Il en est résulté une soumission accrue à l’hégémonie américaine tandis que les travailleurs de l’Ouest étaient livrés à la concurrence de ceux de l’Est. L’entrée irréfléchie, récemment promise, de l’Ukraine et de la Moldavie risque encore de ruiner des pans entiers de l’économie française, sans parler des conflits avec la fédération de Russie ni des distorsions culturelles et sociologiques que l’on feint d’ignorer.

L’approfondissement consiste ensuite, au nom de l’efficacité décisionnelle menacée par les élargissements, à accentuer le tour de vis fédéraliste en confisquant toujours davantage la souveraineté des peuples au profit des institutions supranationales.

Cette captation continue passe depuis l’origine par l’interprétation extensive des compétences de l’Union, toujours défendue par la Commission et systématiquement validée et accentuée par la Cour de justice de l’Union européenne qui a imposé brutalement d’elle-même, en marge des traités et même contre leur lettre, la primauté inconditionnelle du droit européen, y compris sur les constitutions nationales.

L’augmentation considérable du budget de l’Union, soustrait au contrôle des peuples et même parfois utilisée contre eux pour sanctionner leurs choix électoraux, révèle un déficit démocratique considérable, particulièrement injuste pour les pays contributeurs nets comme la France.

Enfin, l’abandon du vote à l’unanimité au Conseil de l’Union, remplacé progressivement par le vote à la majorité qualifiée, a déjà ôté aux États membres leur droit de veto sur des domaines essentiels. Le projet de réforme des traités en préparation propose de généraliser définitivement, en toutes matières, y compris la défense et la politique extérieure commune, la règle de la majorité, actant ainsi officiellement la disparition du droit de veto des États membres et donc de ce qu’il leur reste encore de souveraineté.

C’est ainsi la fédéralisation complète d’une Union élargie à trente-sept qui se prépare à l’insu des Français.

Depuis des décennies déjà, une grande partie des lois nationales n’est plus que la transposition servile de directives communautaires, tandis que la Cour de justice étend l’empire de sa jurisprudence et de son interprétation abusive des traités. Jusqu’ici, grâce au droit de veto résiduel, chaque pays membre pouvait encore, en théorie, refuser de consentir à une politique qui lui serait préjudiciable. Mais depuis la Conférence « citoyenne » sur l’avenir de l’Europe, organisée en 2022 de façon parfaitement opaque et pseudo-démocratique, la suppression de ce droit est programmée.

En mai 2023, des dirigeants français et allemands élus mais non mandatés pour cela ont déclaré vouloir réformer l’UE dans ce sens. En septembre 2023, des experts franco-allemands ont déposé leur rapport. Le 22 novembre 2023, une résolution du Parlement européen a proposé de modifier les traités pour généraliser la règle de la majorité qualifiée à tous les domaines sans exception et prévoir davantage de sanctions contre les États membres récalcitrants. Le 29 novembre suivant ce fut le tour de l’Assemblée nationale française de voter une résolution en faveur d’un projet de traité reléguant notre souveraineté et prévoyant explicitement que les frontières extérieures, la protection civile, les affaires étrangères, la sécurité commune, la défense, l’industrie et l’éducation deviennent des « compétences partagées » de l’Union européenne, c’est-à-dire que les États n’y disposeront plus que d’une compétence résiduelle.

L’adoption de cette réforme, qui transférera à l’Union les derniers éléments de ce que le Conseil constitutionnel français appelle les « conditions essentielles d’exercice de la souveraineté nationale », réalisera le rêve de quelques-uns d’une Europe fédérale, dirigée par une commission portant officiellement le titre d’« Exécutif », coiffé d’un « Président de l’Union européenne ». La fin des souverainetés nationales, et donc de nos démocraties, est ainsi clairement projetée.

Le peuple français pressent depuis longtemps cette dépossession. Elle dissout la souveraineté nationale et populaire. Elle sape la République. Il s’est opposé en 2005 à une première tentative de fédéralisation qui scellait sa disparition politique et culturelle, mais ses réticences ont été balayées par des dirigeants convertis à l’idéologie de la « société ouverte ». Le verdict populaire a été bafoué et contourné par la ratification parlementaire du traité de Lisbonne, simple copier-coller du traité rejeté par les Français.

C’est la poursuite de ce processus qui est actuellement à l’œuvre. Nos dirigeants s’apprêtent à prendre, au nom du peuple français, une décision majeure engageant le destin de notre pays, son indépendance et son existence même en tant que nation. Exploitant l’angoisse suscitée par la guerre, ils précipitent la fédéralisation sans jamais la nommer et sans que les populations européennes puissent prendre la mesure de leur dépossession.

Pour ce qui nous concerne, nous refusons cette dérive. Nous pensons, dans le sillage du général de Gaulle, qu’un système fédéral post-démocratique est contraire au génie de l’Europe et de la France et à l’imaginaire collectif qui, depuis mare nostrum, produit du commun à partir de la diversité de ses nations et de leur culture propre. La déconnexion définitive entre les peuples et la machinerie européenne achèvera la déresponsabilisation des dirigeants nationaux et décuplera les réactions nationalistes, au risque de nous conduire au chaos.

Quelle que soit notre vision de la France et de l’Europe, et l’avis que l’on porte sur la réforme et les élargissements en préparation, nous devons exiger qu’un pareil saut qualitatif dans l’inconnu d’un système supranational, qui minore l’identité des peuples, l’existence des nations et l’expérience des États d’Europe, soit soumis au référendum.

Il est urgent d’ouvrir le débat sur ce qui se prépare. Les élections de juin 2024 doivent être l’occasion de se prononcer en connaissance de cause sur le projet de fédéralisation en cours ainsi que sur les élargissements en vue.

Les signataires de cet appel et les citoyens qui s’y associent demandent aux candidats de chaque liste aux élections européennes de prendre clairement position sur ces projets et de s’engager à les faire soumettre à la ratification populaire.

 

Note de gaullisme.fr
Jean-Pierre Chevènement approuve le principe posé par les signataires de l’appel publié ce mercredi 24 avril dans Le Figaro visant à soumettre au référendum populaire tout nouveau projet de traité européen, notamment en ce qui concerne l’élargissement de l’Union européenne ou le passage à la majorité qualifiée pour les décisions du Conseil en matière de défense ou de politique étrangère. (www.chevenement.fr)


 

Cet article est le 3339 ème sur le blog MRC 53 - le 156ème, catégorie France et Europe

Article paru le 25 avril 2024 sur http://mrc53.over-blog.com

L'un des signataires, Arnaud Montebourg, alors candidat à l'élection présidentielle 2022, dans une séance de dédicace à Clamecy (Nièvre), le 4 septembre 2021.

L'un des signataires, Arnaud Montebourg, alors candidat à l'élection présidentielle 2022, dans une séance de dédicace à Clamecy (Nièvre), le 4 septembre 2021.

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8 avril 2024 1 08 /04 /avril /2024 17:43

La question de la souveraineté nationale est d'intérêt supérieur pour le pays


 

La Fondation Res Publica a publié la note d’Arnaud Montebourg produite lors de son audition par la Section du Rapport et des Etudes du Conseil d’Etat (novembre 2023). Voir le document :

"Europe et souveraineté nationale : où en est-on, que faudrait-il faire ?"

 

Lors de mon audition devant la Section des Études et du Rapport du Conseil d’État présidée par sa présidente Martine de Boisdeffre, le 27 novembre 2023, j’ai présenté brièvement le contexte alarmant auquel la France est aujourd’hui exposée en raison de la perte de souveraineté dont la population a parfaitement conscience.

 

Cette perte de souveraineté conduira les Français à réclamer et obtenir correction et réparation, dans la lignée de la tradition politique d’un pays, la France, qui n’a jamais supporté la dépossession de sa liberté collective ni davantage les humiliations.

 

Une souveraineté économiquement affaiblie, ainsi qu’en témoignent les fondamentaux économiques démontrant notre dépendance économique et financière extrêmes : record du déficit commercial et du surendettement de l’État. Certains économistes qualifient à juste titre la France de pays « détenu » par ses créanciers.

 

Une souveraineté politiquement aliénée, car non consentie, en raison de la transposition par les parlementaires du Traité de Lisbonne en violation de la volonté du peuple souverain qui, dans son expression directe, avait refusé le Traité Constitutionnel Européen en 2005. Cet usage parlementaire de la transposition d’un traité refusé par le peuple souverain nourrit malheureusement un divorce grandissant entre les Français et leurs représentants politiques.

 

Une souveraineté internationalement défaite, comme en témoigne la dure litanie des pertes de contrôle de nos fleurons industriels en 20 ans (Arcelor, Péchiney, Alstom, Technip, Alcatel, Lafarge, Essilor), l’affaire du rachat par EDF des turbines Alstom vendues à l’américain General Electric 10 ans plus tôt faisant culminer l’inconséquence au niveau d’un ridicule déshonorant ; tout comme la France devenue une colonie numérique des États-Unis, comme en témoignent notre incapacité à nous défendre contre les intrusions numériques (affaires Snowden et Pegasus) ni davantage à organiser la réduction de la domination des géants américains du numérique sur notre économie domestique et nos fonctions nationales vitales.

 

Enfin, une souveraineté juridiquement mutilée, en raison de la dépossession sérieuse et continue des pouvoirs appartenant au législateur, pourtant seul dépositaire selon la Constitution de l’exercice du pouvoir législatif. Une Commission Européenne, un Conseil Européen et cinq Cours suprêmes (Conseil Constitutionnel, Cour Européenne des Droits de l’Homme, Cour de Justice de l’Union Européenne, Conseil d’État, Cour de Cassation) fabriquent à jet continu des décisions rivalisant de zèle pour écarter nos lois, relativiser leur application, interdire tout ou partie de leur contenu et inventer toutes sortes de règles afin de les rendre caduques. Écrire la loi et par conséquent prendre des décisions en toute indépendance est devenu un travail de slalomeur serré entre les bâtons hérissés d’interdits illisibles, imperfectibles, instables et parfaitement illégitimes.

 

Cette mutilation est le fruit de la sédimentation au long cours de nombreuses décisions mais deux d’entre elles relèvent de la lourde responsabilité du Conseil d’État sur lesquelles j’ai prié mes interlocuteurs d’attacher leur attention. Il s’agit de l’arrêt d’Assemblée du 20 octobre 1989 dit « Nicolo », consacrant la supériorité absolue des traités sur les lois. Et l’arrêt de principe et d’Assemblée par le même Conseil d’État en date du 21 avril 2021, dit « French Data Network », refusant le contrôle des excès de pouvoirs des institutions de l’Union Européenne, se refusant ainsi à contrôler ce que le Tribunal Constitutionnel de Karlsruhe organise depuis bien longtemps en Allemagne.

 

Je leur ai indiqué, comme membres du Conseil d’État, qu’il revient désormais à celui-ci de corriger de lui- même ces deux décisions qui sont des atteintes sérieuses à notre souveraineté, avant que de futures réactions politiques, et des plus fortes, ne placent cette noble et indispensable institution au cœur d’une réforme cruelle et définitive.

 

Pour ma part, je placerai ce travail de revirement de jurisprudence indispensable au nom de l’intérêt supérieur de la France, ou de correction de trajectoire de ces deux décisions, dans le cadre qui devrait s’imposer à terme de lui-même : la reconstruction d’un système juridico-politique souverain restaurant la primauté de la loi, outil de sauvegarde et de protection de l’intérêt national, ce dont notre pays a un besoin urgent.

En effet, l’intégration par des règles uniques ou uniformes applicables à des Nations dont l’histoire, la géographie et la culture sont disparates ne peut pas susciter l’adhésion, et provoque souvent à bon droit le rejet. L’Union ne peut pas être l’uniformisation. Et à l’intégration juridique, il faut préférer la coopération politique.

C’est pourquoi, pour préserver le futur de l’Union Européenne, il paraît nécessaire de mettre un certain terme à cette intégration juridique excessive, pour ne pas dire d’inspiration extrémiste, à tout le moins permettre souplesse et liberté aux Nations membres, et au total accepter que les intérêts nationaux prévalent lorsqu’ils le souhaitent et limiter les règles communes au strict nécessaire.

La question n’est donc pas : faut-il moins ou plus d’Europe ? La question est plutôt : il faut moins d’intrusion dans la vie des peuples et plus de protection des peuples contre les menaces extérieures par l’Union Européenne, deux objectifs de bon sens dont elle s’est malheureusement montrée jusqu’ici incapable de défendre.

Voir aussi dans Les actes des colloques (19 décembre 2023) : Quel avenir pour l'Europe ?

Henri Guaino propose de placer la loi au-dessus des traités afin de restaurer la responsabilité politique, condition de l'exercice de la démocratie. Extrait.

Pour comprendre ce que nous pouvons faire à l’échelle de la France pour enrayer cet engrenage infernal, il faut revenir à l’arrêt Nicolo, cet arrêt du Conseil d’État qui, en 1989, après une jurisprudence constante depuis 1958 – qui avait d’ailleurs été celle aussi de la Cour de cassation jusqu’en 1975 – a décidé que ce n’était plus la dernière volonté du législateur qui l’emportait mais les conventions internationales, mais que les traités étaient toujours supérieurs à la loi nationale comme le disait la lettre de l’article 55 de la Constitution : « Les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve, pour chaque accord ou traité, de son application par l’autre partie ».

Dès lors, au fur et à mesure que s’étend le champ des conventions internationales et du droit européen, il sert de moins en moins à grand-chose d’aller voter et la crise de la démocratie devient inéluctable. La seule voie raisonnable est donc de réformer l’article 55 de la Constitution de façon à ce que ce soit de nouveau la dernière volonté du législateur qui l’emporte : quand la loi est postérieure au traité c’est la loi qui doit l’emporter, quand le traité est postérieur à la loi c’est le traité qui doit l’emporter.

Cet article est le 3336 ème sur le blog MRC 53 - le 155ème, catégorie France et Europe

Article paru le 08 avril 2024 sur http://mrc53.over-blog.com

Arnaud Montebourg, le 25 septembre 2021, à Frangy-en-Bresse, au lancement de sa candidature à l'élection présidentielle 2022

Arnaud Montebourg, le 25 septembre 2021, à Frangy-en-Bresse, au lancement de sa candidature à l'élection présidentielle 2022

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