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Présentation

  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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Articles RÉCents

5 juin 2010 6 05 /06 /juin /2010 21:44

 

Des réductions budgétaires systématiques et intempestives

 

Comme il en a l’habitude, notre collègue Michel Vignal, secrétaire national MRC à l’Education, est intervenu le 2 juin à propos des mesures prises par le gouvernement pour faire des économies budgétaires dans les écoles. Son texte a été mis en ligne sur le site du MRC le lendemain. 

 

 

Ecole : une recherche contre-productive d'économies aux dépens des élèves

 

Le redressement de l’Ecole ne se réduit pas à une question de moyens. Le MRC pense qu’il faut allier à la priorité budgétaire une claire orientation pour faire le pari de la qualité sur l’ensemble des établissements scolaires et mettre l’accent sur l’exigence, le travail et la solidité des connaissances transmises et acquises par les élèves.

Mais les actes gouvernementaux répétés, pour faire des économies budgétaires à n’importe quelles conditions et réduire systématiquement le nombre de fonctionnaires, sont aujourd’hui dangereux pour l’avenir de l’Ecole publique.

Après avoir supprimé plus de 40 000 postes ces trois dernières années, le Ministre Luc Châtel, dans un courrier aux recteurs envisage « 13 leviers » pour supprimer des postes : 16 000 postes environ sont visés.

Les académies sont chargées d’augmenter la taille des classes. Dans les collèges et les lycées en prévoyant une moyenne de 30 élèves par classe, alors même que les réformes ministérielles préconisent l’individualisation de l’enseignement.

Dans l’enseignement primaire, il est recommandé d’élever d’un élève en moyenne la taille des classes, de supprimer d’avantage de postes d’instituteurs spécialisés et psychologues scolaires dans les RASED qui sont pourtant chargés de soutenir les élèves en grande difficulté, et enfin de se passer des assistants étrangers de langues.

L‘ensemble de l’école primaire va encore plus se dégrader après la réforme Darcos qui a supprimé le samedi matin et réduit le nombre d’heures enseignées.

L’école maternelle est tout particulièrement visée puisque le ministre envisage d’accélérer sa politique de réduction drastique de la scolarisation des moins de trois ans, passée de 35% en 2000 à 15% aujourd’hui. Nous savons pourtant que cette scolarisation à deux ans est bénéfique, en particulier pour les enfants de milieux défavorisés.

Avec de telles intentions, le malaise de l’Ecole publique ne pourra que s’accentuer. L’intérêt des élèves est complètement bafoué. Le MRC agira pour que soit développé et concilié les efforts en faveur de la quantité et de la qualité dans l’esprit de Paul Langevin qui affirmait : « l’Ecole doit assurer la promotion de tous et la sélection démocratique des meilleurs ».

 

Lu dans la presse :

L'assouplissement de la carte scolaire a déstabilisé le paysage éducatif (Le Monde, 7 mai)

 

La Cour des comptes dénonce le système scolaire français (Le Monde, 12 mai 2010)

 

Le ministre de l'éducation dévoile sa réforme des rythmes scolaires (Le Monde, 25 mai)

Rythmes scolaires : quand l'Allemagne vante le modèle français (Le Monde, 25 mai)

 

Cet article est le 21ème paru sur ce blog dans la catégorie L'école.

 

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12 décembre 2009 6 12 /12 /décembre /2009 23:05

 

Une rupture de plus, dans le sens de la régression

 

Le projet du ministre de l’éducation nationale de faire disparaître l’histoire et la géographie des programmes de terminale scientifique a suscité de nombreuses protestations.

 

Voici la position du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), sur proposition de Michel Vignal, mon collègue, professeur agrégé, secrétaire national MRC à l’éducation, qui avait pris position, en octobre, sur la réforme des lycées (voir Réforme des lycées : Michel Vignal (MRC) y voit surtout du négatif - 16 octobre). 


Pour le maintien de l'histoire-géographie en terminale scientifique

 

L’histoire et la géographie sont constitutives d’une culture générale dont la maîtrise est un des objectifs de l’école républicaine.

 

La suppression de l’enseignement de l’histoire-géographie en terminale scientifique, orientation qui concerne plus de la moitié des lycéens de la filière générale, montre combien Luc Chatel renonce, dans sa réforme du lycée, à faire de la formation du citoyen une priorité, en particulier pour ceux des élèves qui se destinent à devenir scientifiques ou techniciens, ingénieurs, cadres issus des écoles de commerce et de gestion ou cadres administratifs…

La présence de l’histoire-géographie sous forme optionnelle est trompeuse et démagogique car, en réalité, avec la spécialisation renforcée en mathématique et en sciences, bien peu d’élèves choisiront d’alourdir leur temps d’études.

L’incohérence de cette décision est profonde alors qu’un débat sur l’identité nationale est lancé par le président de la République. Comment comprendre ce qu’est être citoyen français dans le monde d’aujourd’hui, si tous les lycéens ne sont pas en mesure de se forger un jugement à partir de savoirs historiques solides sur leur peuple et les autres peuples et d’une réflexion critique sur la période récente ? Participer à une construction collective et se projeter dans le futur autour d’un destin commun exigent une bonne connaissance du passé.

Etre citoyen français, c’est aussi comprendre les données de la mondialisation, les caractéristiques et les facteurs de la vie et des crises économiques et sociales, la géopolitique avec les rapports de force entre les nations, les interrelations aussi entre les groupes humains et leurs milieux. Ces connaissances sur le monde contemporain sont l’objet de la géographie.

L’histoire et la géographie sont constitutives d’une culture générale dont la maîtrise est un des objectifs de l’école républicaine. Cet acte de rupture avec les humanités et les valeurs républicaines, décidée par le ministre, est inadmissible puisque qu’il éloigne le lycée de la nécessaire formation d’esprits libres et éclairés. Le ministre Luc Chatel s’enferme, sous prétexte de rééquilibrage des filières, dans une vision utilitariste de l’enseignement.

C’est pourquoi le Mouvement Républicain et Citoyen soutient les nombreuses protestations qui s’expriment pour demander le retour à un enseignement obligatoire d’histoire-géographie en terminale scientifique.

 

Revue de presse

 

Exclusif: Chatel veut supprimer l'histoire-géo en terminale S (Marianne, 23 novembre),

Des historiens contre la suppression de leur discipline en terminale S (Le Monde, 5 décembre),

Appel des économistes : «Le lycée forme des citoyens» (Marianne, 9 décembre),

Suppression de l'histoire : les Français disent « non » (l’Humanité, 11 décembre)

 

Cet article est le 20ème paru sur ce blog dans la catégorie L'école.

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16 octobre 2009 5 16 /10 /octobre /2009 21:57

 

Pas de quoi redresser la barre, les moyens manqueront

 

MRC-national-Michel-Vignal-T.jpgLe spécialiste des questions scolaires au MRC était sur la brèche avec la réforme du lycée, la loi Carle et la « cagnotte » contre l’absentéisme. Michel Vignal, professeur agrégé, secrétaire national à l’éducation, a vu son texte sur le lycée, amendé, mais peu modifié par le secrétariat national, mercredi (photo).

La réforme des lycées a été présentée le 13 octobre à l’Elysée par le président de la République. La fronde lycéenne, l’hiver dernier, avait contraint le président à retirer le projet Darcos. Ce qui revient avec Chatel, l’actuel ministre de l’éducation nationale, c’est un projet plus modeste.

 

En résumé : sauver les littéraires, rénover les séries industrielles et technologiques, réduire les redoublements, éviter l’orientation couperet.

 

Voici ce qu’en pense le MRC (site, 15 octobre) :

 

Lycée : une réforme prudente, mais insuffisante

Le Mouvement Républicain et Citoyen juge très superficielles et à certains égards pernicieuses les propositions de réforme du lycée, proposées par Nicolas Sarkozy.

 

Le MRC, dont le président Jean-Pierre Chevènement a initié, comme Ministre, la démocratisation de l’accès au baccalauréat en 1985, est favorable depuis longtemps au maintien et au rééquilibrage des voies générales, technologiques et professionnelles. La revalorisation de la filière littéraire du bac général et le renforcement de l’enseignement des langues vont dans le bon sens, encore faudrait-il ne pas abandonner l’enseignement des langues anciennes (latin et grec) et donner les moyens réels pour le développement de cette orientation. Il serait également absurde de vouloir promouvoir la filière littéraire aux dépens de la filière scientifique. Il faut aussi encourager les vocations scientifiques insuffisamment nombreuses.

Si la revalorisation et la modernisation de la filière science et technologie industrielle envisagée est très souhaitable, on peut s’étonner que les problèmes de la voie professionnelle d’accès au baccalauréat, qui fut une création décisive de J.P. Chevènement en 1985, ne soient que très rapidement évoqués alors que les insuffisances sont aujourd’hui manifestes au niveau de l’orientation, du suivi des études, des sorties sans qualification et des moyens donnés aux établissements.

La question générale de l’orientation des lycéens est certes abordée, mais les moyens financiers et humains pour l’assurer ne sont pas envisagés. Le temps de l’orientation semble être pris en partie sur le temps scolaire qui a pourtant déjà diminué. Par ailleurs l’orientation est traitée sans référence au niveau des connaissances acquises par les élèves. A aucun moment n’est abordé concrètement l’objectif essentiel pour le MRC d’une revalorisation des niveaux d’exigence au baccalauréat et donc pendant les années d’études qui le précèdent.

Le dispositif dit « d’accompagnement personnalisé » de deux heures par semaine pour tous les lycéens, prépare en fait, comme pour l’école primaire, une régression puisque les moyens humains nécessaires ne sont pas prévus. Alors qu’existe déjà une aide individualisée pour les élèves en difficulté, ce dispositif devra fonctionner avec un nombre de professeurs qui se réduit d’année en année. C'est à une réduction, non affichée, des horaires des enseignements des différents savoirs disciplinaires à laquelle vont être soumis les établissements pour mettre en place ce dispositif. Déjà les services du Ministre préparent cette opération. C’est bien, d’une manière insidieuse et progressive, le « lycée light » qui se met en place. Il soulèvera des résistances légitimes.

On le voit, la suppression massive des postes de professeurs ne favorisera pas l’application de cet ensemble de mesures. En outre, en amont, l’absence de réforme du collège dont les difficultés s’accroissent, et la régression organisée à l’école primaire avec la suppression du samedi matin et la réduction des horaires enseignés, contribueront à rendre impossible le redressement de l’école républicaine que le MRC appelle de ses vœux. Les conditions d’étude des élèves et de travail des professeurs vont continuer à se détériorer.

Enfin, les difficiles questions de l’amélioration des résultats scolaires des enfants des milieux populaires et des inégalités croissantes dans la qualité des lycées ne sont pas réellement traitées. Il est vrai que la logique de l’autonomie des établissements, et donc celle de la concurrence, de la primauté de l’individu-consommateur et du marché scolaire marquent les choix de Nicolas Sarkozy. Les lycées ghettos continueront d’exister, d’autant que les mesures prises de suppression de la carte scolaire y contribuent largement malgré les promesses.

Un projet ambitieux serait nécessaire pour permettre à tous les lycéens quelles que soient leurs origines sociales ou géographiques d’élever leur niveau de connaissances, de maîtriser des acquis solides et ainsi d’aller jusqu’au bout de leur possibilités. Un effort impérieux pour la qualité des études est un objectif essentiel pour réussir la démocratisation du lycée. Il faut allier effort quantitatif et exigence de qualité.

Le MRC agira pour que le lycée retrouve partout qualité et exigence afin de préparer un baccalauréat qui doit rester un examen national anonyme d’un niveau suffisamment exigeant. Toutes les disciplines scolaires actuellement enseignées doivent y garder leur place car elles sont constitutives de cette culture générale qui doit être commune à tous les élèves afin de leur offrir les meilleures chances de réussite à l’université ou dans la vie professionnelle et les bases formatrices de la citoyenneté.

 

Voir aussi, sur le site du MRC :


La loi Carle affaiblit l'école élémentaire publique et laïque
  

 

La proposition de loi Carle, votée au Sénat puis à l’Assemblée nationale, prétend garantir la parité de financement entre les écoles élémentaires publiques et privées sous contrat d’association, lorsqu’elles accueillent des élèves scolarisés hors de la commune de résidence (…).

 

"Cagnotte" contre absentéisme : un remède pire que le mal

 
Au delà des objectifs louables affichés, échanger assiduité aux cours contre récompense sonnante et trébuchante est un renoncement aux ambitions de l'Ecole républicaine (…).

La rentrée scolaire n’est pas si loin. Voir : Rentrée scolaire : profil bas généralisé, malaise, l'Etat laisse faire -  3 septembre 2009.

 

Cet article est le 19ème paru sur ce blog dans la catégorie L'école.

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3 septembre 2009 4 03 /09 /septembre /2009 22:50

En attendant une profonde réorientation de l’école …

 

Peu d’articles de presse cette année pour la rentrée scolaire. Cet article paru le 2 septembre sur le site du quotidien Le Monde est significatif des difficultés des syndicats (voir Des enseignants en quête de nouveaux modes d'action, par Luc Cédelle).

 

Pas beaucoup à dire, sinon que le malaise persiste. C’est la position de Michel Vignal, qui aurait pu reprendre ses écrits d’il y a un an (voir MRC et rentrée scolaire 2008 : l'école républicaine encore affaiblie - 4 septembre 2008).

 

Voici le communiqué qu’il a proposé au MRC à l’occasion de cette rentrée.

 

Rentrée 2009 : le malaise de l’Ecole rend nécessaire une profonde réorientation

 

Tout redressement de l’Ecole ne se réduit pas à une question de moyens. Mais les suppressions répétées de postes sous le gouvernement Fillon, 11 200 en 2008, 13 500 en 2009 et 16 000 pour 2010 empêchent toute politique sérieuse d’amélioration du système éducatif. A cette rentrée la baisse de l’effort public se traduira par une élévation du nombre d’élèves dans de trop nombreuses classes, l’insuffisance des moyens pour mettre en place partout le soutien ou l’accompagnement des élèves et les options, avec en outre des difficultés pour assurer les remplacements de professeurs.

L’ambition pour l’Ecole doit, pour le Mouvement Républicain et Citoyen, allier la priorité budgétaire à une claire orientation pour faire le pari de la qualité sur l’ensemble des établissements et mettre l’accent sur l’exigence, le travail et la solidité des connaissances transmises et acquises par élèves.

Les réformes Darcos sur la suppression du samedi matin à l’école primaire, sur la formation des enseignants, les ambiguïtés sur la réforme future du lycée et la marche irréfléchie vers la suppression totale de la carte scolaire, contribuent toujours à l’affaiblissement de l’Ecole.

Cette rentrée 2009 n’est pas marquée par l’implication forte de l’Etat qui serait nécessaire pour vaincre les tropismes libéraux qui favorisent l’installation d’une école à plusieurs vitesses.

Le malaise de l’Ecole ne sera surmonté que grâce à une profonde réorientation de la politique actuelle. Le MRC agira pour que soient développés et conciliés les efforts en faveur de la quantité et de la qualité dans l’esprit de Paul Langevin qui affirmait à la Libération : « l’Ecole doit assurer la promotion de tous et la sélection démocratique des meilleurs ».

 

Cet article est le 18ème paru sur ce blog dans la catégorie L'école.

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8 février 2009 7 08 /02 /février /2009 16:04

Liberté de recherche, besoin d’indépendance réelle

 

Le 5 février, une partie des étudiants et des professeurs universitaires était dans les rues de France.

La coordination des universités, les syndicats FSU, CGT, CFDT, FO, Solidaires, les mouvements Sauvons l'université et Sauvons la recherche, ainsi que les étudiants de l'Unef, incitaient les personnels de l'enseignement supérieur à tenir des assemblées générales et à défiler.

 

Dans l’ouest, Rennes I et II, Nantes, Angers et Le Mans étaient en grève (source : Ouest-France).

 

Etudiants et professeurs de l’IUT de Laval dans le mouvement

 

A Laval, ils étaient une centaine dans la rue, derrière le slogan « IUT en danger, étudiants mobilisés ». Les étudiants et les enseignants de l'IUT (voir accueil [IUT de LAVAL]) ont manifesté contre la réforme des universités, craignant que la recherche ne soit dévaluée et contestant les réductions de budget. Une trentaine de professeurs les accompagnaient.

 

La loi LRU (liberté et responsabilité des universités) redéfinit le financement des IUT (voir Institut universitaire de technologie - Wikipédia). La responsabilité est transférée de l’Etat vers les présidents d’université, en l’occurrence, de l’université du Maine, au Mans. Des postes administratifs (Iatos) vont disparaître au cours des prochaines années.

 

Les raisons de la colère au niveau national

Les protestataires demandent le retrait du projet de décret qui modifie le statut des enseignants-chercheurs. Ils veulent aussi le retrait de la réforme sur la formation des maîtres. Et, enfin, « l'arrêt du démantèlement des organismes de recherche ».

 

Le professeur Dominique Rousseau (université Montpellier I, membre de l'Institut universitaire de France) avait publié, dans Le Monde daté du 28 janvier, son point de vue.


Les universitaires dénoncent une dérive bureaucratique, par Dominique Rousseau

 

La fronde des professeurs peut surprendre. Parce qu'elle est rare. Parce qu'elle est partagée. Parce qu'elle est moderne. Il faut sans doute que la situation universitaire soit grave pour que des universitaires, plus habitués aux voies feutrées des réseaux personnels qu'à celles, bruyantes, des manifestations collectives, dépassent leurs différences politiques, syndicales et disciplinaires pour décliner au temps présent "une certaine idée de l'université". De quoi s'agit-il ? En apparence, d'une simple réforme de leur statut. En réalité, du destin européen et international de l'université française.

 

Depuis vingt ans au moins, de rapport en rapport, les causes du malaise universitaire sont connues : uniformité des structures, pauvreté des moyens, asphyxie de la recherche et absence de sélection. Et pour y remédier, un maître mot : l'autonomie. Revendiquée et proclamée en 1968, approchée par la réforme de 1984, consacrée par la loi d'août 2007, l'autonomie des universités fait, dans son principe, consensus. Le désaccord et donc la fronde portent sur la forme de l'autonomie. Car il en est deux possibles, la forme bureaucratique et la forme universitaire.

 

En donnant aux présidents d'université et à leur conseil d'administration les pouvoirs de recruter les enseignants-chercheurs, de définir leur service, d'évaluer leurs travaux et de rémunérer en primes leurs différents services, la loi Pécresse consolide le pouvoir corporatiste, renforce le localisme et décourage la recherche. Bref, condamne les universités à un lent mais inexorable déclin. Inutile pour l'enrayer de jeter le bébé avec l'eau du bain ! Il faut garder l'autonomie, mais en la conciliant avec l'indépendance des enseignants-chercheurs pour lui donner sa véritable dimension universitaire. A l'autonomie contre l'indépendance des universitaires s'oppose l'autonomie par l'indépendance des universitaires.

 

L'évaluation des individus et des équipes de recherche, la modulation des services entre enseignement, recherche et administration, l'adaptation de la rémunération selon les talents ne sont des chances, pour les universités françaises, dans la compétition européenne et internationale que si elles sont décidées par des instances scientifiquement légitimes, c'est-à-dire, assurant, selon les exigences constitutionnelles rappelées en 1984, une "représentation propre et authentique" des enseignants-chercheurs.


LA LIBERTÉ DE LA RECHERCHE


Le recrutement, la promotion et l'évaluation des universitaires sont, en effet, des décisions scientifiques en ce qu'elles engagent la liberté et la qualité de la recherche. Elles ne peuvent donc être prises par des administrateurs, fussent-ils universitaires, mais par une instance où siègent des universitaires, français et étrangers, reconnus pour leurs compétences scientifiques. En garantissant ainsi l'indépendance des universitaires, serait garantie l'autonomie des universités à l'égard de tous les pouvoirs, politique, économique, administratif et syndical. Pour le plus grand profit des étudiants qui demandent pour leur formation professionnelle des enseignants-chercheurs qualifiés et responsables, dans des universités réputées et dynamiques.


Pour le plus grand profit aussi du citoyen. Quand, en 1984, le doyen Georges Vedel, alors membre du Conseil constitutionnel, fait consacrer la valeur constitutionnelle du principe d'indépendance des professeurs d'université, quand il fait sanctionner, par la décision du 20 janvier 1984, les règles d'organisation de l'université qui y portent atteinte, il fonde son raisonnement sur une liberté, "la liberté du citoyen", qui, dit-il, est toujours "première". Vingt-cinq ans après, cette exigence de liberté n'a pas changé.


Sur le blog de Sylvestre Huet, hébergé par Libération, on trouve, le 7 février, cet article intéressant.


Le président de Paris-5 lâche Sarkozy et Pécresse


Le front des Présidents d'Universités craque : après l'appel de plusieurs d'entre eux à une réunion lundi à la Sorbonne, c'est Axel Kahn, le président de Paris-5 Descartes qui abandonne en rase campagne Nicolas Sarkozy et Valérie Pécresse.


Alors même que le Président de la République s'était réclamé de son soutien lors de son émission télévisée jeudi - en insistant sur son positionnement à gauche - Axel Kahn vient de déclarer : "M. le président de la République, vous n'arriverez pas à faire passer ce décret (...).


Cette volte-face d'Axel Kahn sera diversement appréciée. Il avait en effet récemment réaffirmé, avec trois autres Présidents dans
une tribune soutenant cette réforme. Mais nul ne peut se tromper sur sa cause : comme de nombreux Présidents d'Universités, au contact de leurs collègues et électeurs, il ne peut que constater l'énorme colère de ces derniers. A moins de décider de se couper de leur base électorale mais aussi de leurs collègues avec lesquels ils doivent travailler, il leur devient de plus en plus difficile de suivre Valérie Pécresse.


La nouvelle position d'Axel Kahn reflète une réalité désagréable pour Nicolas Sarkozy et sa ministre : le refus de la communauté universitaire de se voir imposer un nouveau statut analysé par beaucoup comme atteignant la dignité de leur métier, est clairement majoritaire, toutes opinions politiques confondues.

En outre, Nicolas Sarkozy et son gouvernement ont commis l'erreur tactique de provoquer un front commun d'actions en cumulant plusieurs raisons de colère du milieu universitaire et scientifique.

A la réforme du statut s'ajoute en effet celle de la formation des enseignants et de leur recrutement. Réforme baptisée mastérisation, mais dont le refus n'est pas celui d'une hausse du diplôme exigé pour être enseignant, mais la manière dont elle est conduite.


Pour les professeurs des écoles, c'est la diminution de la formation pédagogique et la disparition de l'année de stage payée qui est au coeur de la colère des IUFM et explique pourquoi ils se mettent en grève. Pour les enseignants du secondaire, c'est presque l'inverse : les contestataires visent l'affaiblissement des contenus disciplinaires, la possiblité d'être recruté comme professeur de langue vivante sans examen oral, le risque de voir les reçus au master/recalés aux concours gonfler les rangs des futurs vacataires.


Surtout, les choix budgétaires encadrent et déterminent complètement le sens réel des réformes. Avec moins d'enseignants-chercheurs, il est évident que la charge de cours de la majorité ne peut qu'augmenter. Avec le démantèlement des Organismes de Recherche et leur transformation en Agence de Moyens, la précarisation des jeunes chercheurs, c'est la structuration de la recherche qui vacille.


L'addition de ces différentes décisions par le gouvernement se paye aujourd'hui par un mouvement social inédit, de très grande puissance, et dont les participants sont loin de se limiter à la gauche universitaire
.

L'irruption possible des étudiants, déjà perceptible dans les manifestations de jeudi dernier, pourrait mettre en difficulté politique Valérie Pécresse et même le Président de la République. Or, ces étudiants ont bien des raisons d'entrer en action :  les problèmes de formations, de bourses, de qualité d'accueil dans les Universités, d'orientation scolaire, de réussite... sont tout aussi énormes qu'il y a un an, deux ans, trois ans.


Voici des extraits des déclarations d'Axel Kahn
sur Europe-1, d'après Reuters.


"Depuis plus d'un an j'étais favorable à une modification du décret fixant le service des enseignants chercheurs. Aujourd'hui l'affaire est emmanchée de telle sorte qu'elle n'aboutira pas. Puisque le président de la République a fait l'honneur d'accorder quelque poids à mon avis, il s'est réclamé de moi, qu'il m'écoute : M. le président de la République, vous n'arriverez pas à faire passer ce décret aujourd'hui et par conséquent il faut reprendre le dialogue, voir comment on évalue le métier des enseignants chercheurs, comment on valorise toutes leurs activités."

Il a également regretté les propos "blessants" sur les chercheurs et la réalité de leur engagement tenus par Nicolas Sarkozy. "Tout cela fait qu'aujourd'hui la communauté est à ce point remontée contre ce qui se fait que la seule possibilité de reprendre un dialogue et de discuter d'une évolution du métier des chercheurs, c'est de retirer ce texte, même si personne ne peut désirer revenir au statu quo antérieur".


Lire aussi, sur le site de L’Humanité, le 22 janvier, l’article intitulé
Universités sous haute tension.

 

Cet article est le 17ème paru sur ce blog dans la catégorie L'école.

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22 décembre 2008 1 22 /12 /décembre /2008 19:06

L’Etat se désengage de sa mission éducative

 

Le Lycée agricole de Laval (Etablissement Public Local d'Enseignement et de Formation Professionnelle Agricole) offre des parcours de formation initiale, par apprentissage ou par la formation continue dans les domaines de l'agriculture, de la filière cheval, de l'industrie agroalimentaire et de l'environnement.

L’EPLEFPA de Laval est un établissement public qui délivre des formations de qualité à 700 élèves.

 

Moins d’heures de cours, moins d’élèves, suppression de postes : le 26 novembre 2008, une trentaine d’enseignants du lycée agricole alertaient les élus par un « avis d’obsèques » concernant la 1ère technologique, une classe de 1ère professionnelle, ainsi que 32 places en seconde et BEPA (OF, 27 novembre).

 

Le secrétaire départemental du syndicat national de l’enseignement technique agricole public (SNETAP-FSU), Yoann Vigner, informait que la dotation globale horaire (DGH) de l’établissement, en 2009-2010, allait baisser de près de 9%, soit 3200 heures de cours sur un total de 5000 heures en moins dans les Pays de la Loire.

 

Cette information était confirmée quelques jours plus tard (OF, 5 décembre). Gérard Pigois, secrétaire régional du SNETAP-FSU, rappelait les mesures de limitation d’effectifs entraînant des regroupements et fermetures de classes (il n’y aurait plus de classe de 4ème à la rentrée 2009 en Pays de la Loire).

 

Le directeur régional de l’agriculture et de la forêt, qui devait venir à Laval expliquer ces mesures (OF, 8 décembre), s’est décommandé « au motif qu’il n’avait pas été prévenu de la présence de parents d’élèves et de la presse ».

 

Ce « refus du dialogue social » avait motivé le projet de blocage de l’établissement à partir du 16 décembre. La direction a préféré fermer l'établissement pour la semaine, avant les vacances de Noël.

 

Ouest-France a relaté les initiatives des élèves et des enseignants de ce Lycée dans son édition du 17 décembre (voir Laval.maville.com Deux cents élèves ont bloqué le lycée agricole).

 

En fait, les régressions de budget se renouvellent chaque année, depuis quatre ou cinq ans. L’an dernier, les enseignants avaient présenté aux parents d’élèves et aux élus la note du ministère de l’agriculture et de la pêche, concernant la rentrée 2008-2009 (voir Le budget de l'enseignement agricole public en baisse, les personnels inquiets - 9 décembre 2007).

 

Ce désengagement de l’Etat s’inscrit dans une logique globale de réduction des moyens affectés aux services publics. On peut se demander si l’enseignement privé compensera  ou si les parents verront une offre éducative minorée pour leurs enfants.

 

Le lycée agricole de Laval, soutenu financièrement par la Région des Pays de la Loire en ce qui concerne les principaux investissements, a développé les formations de la filière cheval, tout en continuant de répondre à la demande éducative en agriculture. C’est l’un des principaux établissements du grand ouest. La résistance de ses enseignants et de ses élèves à la politique de désengagement de l’Etat mérite d’être saluée comme il convient.

 

 

Cet article est le 16ème paru sur ce blog dans la catégorie L'école

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21 décembre 2008 7 21 /12 /décembre /2008 22:13

La réforme la moins chère et la plus urgente

 

Le ministre Xavier Darcos avait exprimé une ferme volonté de réformer le lycée, mais il a dû, lui aussi, faire marche arrière (voir l’article précédent paru, hier, sur ce blog (La réforme du lycée est reportée d'un an en raison des manifestations - 20 décembre 2008).

Il admet qu’il va falloir repartir à zéro, tant les incompréhensions et les oppositions à son projet de réforme sont grandes (Xavier Darcos et les lycéens se donnent rendez-vous à la rentrée (Le Monde, 21 décembre).

En fait, celles-ci sont dues essentiellement à la suppression de postes d’enseignants. Comment ce gouvernement pourra-t-il procéder à des réformes libérales pendant que la crise s’avance à une vitesse qu’on n’a jamais connue ?

 

Le président de la République est très malin pour semer la zizanie politique chez ses adversaires socialistes. Il l’est moins pour comprendre que sa politique libérale, dans le contexte actuel, ne peut que monter la société contre lui. Et comme il veut tout régenter, s’il persiste sur cette voie, il court le risque de n’avoir le choix qu’entre la démission et la capitulation…

 

Pour ma part, je veux être constructif. Ayant participé aux conférences organisées par l’AFLEC Association Familiale Loisirs Et Culture Saint-Berthevin ... animées par Philippe Barrieu, professeur d’économie politique au lycée Ambroise Paré et à l’université populaire de Laval, il me semble important d’évoquer ici les réflexions de ce professeur.

 

Que dit Philippe Barrieu du système éducatif français ?

 

Il considère le système éducatif en France comme un cas d’école, révélateur des blocages de la société. D’un côté, des constats assez bien partagés sur les succès et les difficultés du système français. De l’autre, l’incapacité collective à réformer ce qui devrait l’être, sans toucher à ce qui fonctionne bien.

 

Un constat qui n’est pas flatteur

 

Au-delà de progrès incontestables, qui semblent s’arrêter depuis une dizaine d’années, le niveau moyen est faible sur deux aspects : le supérieur (après la licence) et la formation professionnelle qualifiée, au-delà du baccalauréat.

 

Les classements internationaux sont plus que médiocres : les universités (selon les critères, contestés, de Shangai) et les acquis des élèves âgés de 15 ans (classement PISA). De plus, une enquête du CNDP montre un recul du niveau d’acquisition des connaissances (deux ans entre 1980 et 2002). Le plus préoccupant est le décrochage d’une forte minorité d’élèves (classement PÏSA).

 

Le gros point noir est l’aggravation des inégalités sociales à l’école. Les résultats scolaires sont très liés à l’origine sociale des élèves.

 

Comment remédier à ces difficultés ?

 

Ce n’est pas un problème de moyens insuffisants. La France met 6% du PIB dans l’éducation, ce qui est correct. L’effort financier par élève progresse. Mais la dépense est mal répartie : trop dans le secondaire et les grandes écoles, pas assez pour le primaire et le supérieur universitaire.

 

Les résultats modestes et les inégalités sociales peuvent s’expliquer par l’inadaptation de ce qui est enseigné aux élèves (enseignement trop encyclopédique, trop de matières différentes, trop de théories, pas assez de savoirs pratiques et de mise en autonomie). Ce type d’enseignement favorise le bachotage.

 

Les réformes pourraient être de mieux définir les savoirs fondamentaux et les enseignements optionnels, de séparer l’essentiel de l’accessoire dans chaque discipline et de développer en priorité la capacité de l’élève à l’apprentissage, la curiosité et l’autonomie.

 

Le système français est fondé sur la spécialisation unique de l’enseignant (une seule matière), sur un excès de formalisme (y compris dans l’évaluation, notamment le baccalauréat), le cours magistral et la transmission passive du savoir.

 

Par contre, ce qui relève de l’apprentissage personnel, du travail dirigé, de la réalisation d’objectifs, du comportement individuel …passe au second plan. L’élève « idéal » est un être attentionné mais passif, soumis à la règle et à l’enseignant. Mais le problème, c’est que cela ne marche plus, ou mal.

 

Il faudrait beaucoup plus d’interdisciplinarité, de travaux dirigés orientés vers la découverte et la réalisation, moins d’épreuves académiques. Bref, former aux savoirs faire plus qu’aux simples savoirs.

 

En conclusion, s’agissant de la France, notre compétitivité par les prix est illusoire. Elle ne peut venir que de l’effort structurel et, en premier lieu, la formation. Le cas de la Finlande montre le lien entre la prospérité économique et la qualité du système éducatif.

 

Parmi toutes les réformes, celle du système éducatif est sans doute la moins chère et la plus urgente.

 

 

La conférence est mise en ligne sur le site de l’AFLEC*. Voir La Réforme du Système Educatif.

  

* J’avais déjà mentionné ces Conférences d'économie politique organisées par l'AFLEC Saint ...  dans un article paru sur ce blog le 20 octobre 2006.

 

Cet article est le 14ème paru sur ce blog dans la catégorie L'école

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20 décembre 2008 6 20 /12 /décembre /2008 22:46

Une réforme libérale, précipitée et non nécessaire

 

Pourquoi le ministre Darcos s’attaque-t-il aux maternelles et aux lycées, alors que c’est ce qui marche le mieux dans notre système éducatif ? Pourquoi cette précipitation, si ce n’est pour prendre de vitesse les lycéens ? Pourquoi vouloir libéraliser, au moment où le libéralisme est mis en cause partout, dans le monde, comme étant à l’origine de la crise ?

 

Autant de questions qui restent posées, car la réforme du lycée est reportée d’un an, mais maintenue avec fermeté par le gouvernement. Les manifestations des lycéens et des enseignants ont révélé l’immaturité de la réforme. Le fait qu’elle soit reportée est un bon point. Mais le problème reste entier.

 

Voici une brève revue de presse, qui donne les positions du ministre et des lycéens.

 

Réforme de la classe de seconde : Xavier Darcos dévoile les premières mesures (Le Monde, 14 décembre) ;

 

Xavier Darcos reporte la réforme du secondaire (Le Monde, 15 décembre) ;

 

Lycéens dans la rue : paroles de contestataires (Rue89, 18 décembre).

 

Michel Vignal*, secrétaire national MRC à l’éducation, a fait connaître, le 19 décembre, sa position, au nom du Mouvement Républicain et Citoyen (cliquer sur le titre).

 

La réforme du lycée porteuse d'une grave régression

 

Suite à la mobilisation des lycéens et des professeurs, l’application de la réforme du lycée a été reportée d'un an par le couple Darcos-Sarkozy. C’est un recul. Il faut obtenir le retrait de cette réforme d’inspiration libérale.

Le MRC constate en effet que cette réforme vise à réduire fortement le nombre d’heures de cours donnés aux élèves, afin de réduire encore le nombre de postes d’enseignants. Ce sont, pourtant, près de 60 000 postes de personnels de l’éducation nationale qui ont été supprimés depuis cinq ans, et 13 500 sont déjà prévus au budget 2009.

Cette réforme mettrait en cause la diversité et la qualité des connaissances transmises car elle organise une baisse de 15 à 20%, selon les options ou modules à dominantes choisis, du temps consacré à l’enseignement des savoirs des différentes disciplines. Véritable « usine à gaz » du fait de sa complexité, elle ne faciliterait pas l’orientation des lycéens, en particulier ceux issus des milieux sociaux les plus démunis culturellement.

En outre, en développant l’autonomie de chaque lycée pour la mise en œuvre de la réforme, elle va renforcer l’application du principe de concurrence à tous les niveaux, à l’intérieur de chacun d’eux dans le choix des nouveaux modules d’enseignement et des disciplines, et à l’extérieur entre les établissements eux-mêmes dont l’inégalité, déjà présente, va s’accroître avec cette nouvelle logique libérale. L’individu consommateur sera visé, bien loin de l’idéal de l’élève apprenti citoyen tel que l’a conçu l’école républicaine.

Xavier Darcos veut faire le « lycée light » : allègement des horaires, allègement des connaissances acquises, allègement de l’encadrement professoral, seraient le résultat de cette réforme, si elle aboutit.

Le MRC est partisan d’un lycée structuré assurant une solide maîtrise des différents savoirs. Un lycée déjà diversifié par l’existence des voies d’enseignement général, technologique et professionnelle entre lesquelles il faut développer les passerelles permettant aux élèves d’évoluer et de se réorienter.

Surtout, le lycée doit retrouver, partout, qualité et exigence afin de préparer un baccalauréat qui doit rester un examen national anonyme, d’un niveau suffisamment exigeant. Toutes les disciplines scolaires actuellement enseignées doivent y garder leur place car elles sont constitutives de cette culture générale qui doit être commune à tous les élèves afin de leur offrir les meilleures chances de réussite à l’université ou dans la vie professionnelle.

 

* Michel Vignal a été à l’origine de nombreux articles parus sur ce blog (voir, notamment MRC et rentrée scolaire 2008 : l'école républicaine encore affaiblie - 4 septembre 2008 et les articles répertoriés dans la catégorie L'école - celui-ci est le 13ème).

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20 novembre 2008 4 20 /11 /novembre /2008 17:25

 

Les ministres face à la réalité de leur politique

 

Ce 20 novembre date le lancement des grands mouvements sociaux en faveur de l’éducation et de la recherche publiques face à la politique du président Sarkozy. Les décisions de la majorité gouvernementale sont remises en cause (le budget et le contenu des réformes).

 

Voir ces articles du Monde (19 novembre) : Education : les raisons de la colère et (20 novembre) La grève des enseignants plutôt bien suivie.

 

Dans l’université, la situation est différente, mais il faut être attentif au point de vue paru le 17 novembre (Le Monde) :Université : des réformes en trompe-l'oeil, par Jean Fabbri, Bertrand Monthubert et Jean-Baptiste Prévost.

 

Ce n’est pas tout : les associations éducatives complémentaires de l’enseignement public crient au secours. Elles l’écrivent dans ce communiqué de presse, daté du 17 novembre.

 

Les Associations Educatives Complémentaires de l’Enseignement Public, agréées par le Ministère de l’Education nationale, œuvrent, sur tous les territoires, au plus près des citoyens, aux côtés des enseignants, des parents, des élus, dans le champ scolaire et périscolaire, dans la logique du développement et du rayonnement de l’Ecole publique. Elles en défendent les valeurs et visent à promouvoir le service public d’éducation dont elles sont des partenaires importants.

 

Pour lire la suite. Pétition nationale en ligne : www.pourleducation.fr

 

Le MRC soutient les personnels de l’éducation nationale

Le Mouvement Républicain et Citoyen soutient la grève des personnels de l’Education nationale

Aujourd’hui 20 novembre, les personnels et les syndicats de l’Education nationale ont engagé une grève d’ampleur à laquelle le Mouvement Républicain et Citoyen apporte son plein et entier soutien.  

Les suppressions de postes d’enseignants (près de 34.000 pour la période 2007-2009), l’absence de dialogue social, les réformes du collège et du lycée, des concours de recrutement, du statut d’enseignant chercheur et enfin, la remise en cause de la carte scolaire, portent gravement atteinte à l’école, institution majeure de l’Etat républicain.

La politique Sarkozy-Darcos avance masquée : au delà des mots qui rappellent les grands principes et peuvent parfois être marqués par le bon sens, c’est un grave affaiblissement de l’école républicaine qui est engagé.

Jean-Luc Laurent, Secrétaire national du MRC et maire du Kremlin-Bicêtre, exprime sa stupéfaction face aux propos du ministre de l’Education nationale qui juge utile de dénoncer une prétendue culture de la grève chez les enseignants : « Dans le prolongement de la loi sur le service minimum à l’école, il s’en prend désormais frontalement au droit de grève. Xavier Darcos, lui, fait preuve d’une certaine culture de la provocation. Les enseignants effectuent une tâche quotidienne précieuse. Il est temps de réaffirmer la grandeur de leur mission et de cesser ce type d’allégation coupable. »

Communiqué de presse de Catherine Coutard, porte-parole nationale du MRC, 19 novembre 2008.
Dans le projet de finances actuellement en discussion, les moyens consacrés à l’Ecole, comme à l’éducation populaire, ou au système de formation en général régressent.

Voir Projet de loi de finances 2009 : la jeunesse oubliée.

 

Cet article est le 12ème article paru sur ce blog dans la catégorie L'école  

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4 septembre 2008 4 04 /09 /septembre /2008 21:07

Derrière le masque Darcos, la dérive à l’anglo-saxonne

 

Sur proposition de son secrétaire national, Michel Vignal, le Mouvement Républicain et Citoyen a fait connaître sa position sur la situation de l’école publique à l’heure de la rentrée. Voici le texte paru ce 4 septembre sur le site du MRC. Il appelle des remarques et des commentaires de la part des internautes qui le liront, l’école faisant partie des questions très importantes et fort discutées.

 

Rentrée 2008 : une école en crise, une politique gouvernementale incapable d'y faire face

Aujourd'hui, l'Ecole publique ne tient plus pleinement son rôle d'institution majeure de l'Etat républicain, dont la mission est de donner à chaque élève, futur citoyen, les clés de sa liberté, grâce à une solide maîtrise du savoir. Pour la redresser et la refonder, il faudrait faire le pari de la qualité, et mettre l'accent tout à la fois sur le travail, l'exigence et l'implication forte de l'Etat.

Les tropismes libéraux de la droite ruinent les quelques velléités de redressement. La gauche, attachée historiquement à l'Ecole, doit refuser les dérives inspirées par une idéologie libérale-libertaire, à l'œuvre depuis plus de trente ans dans le domaine pédagogique, comme sur des structures marquées de plus en plus par la concurrence et le marché.

Avec cette rentrée 2008, la politique Sarkozy-Darcos avance masquée : au delà des mots qui rappellent les grands principes et peuvent être marqués par le bon sens, c'est globalement un grave affaiblissement de l'école républicaine qui est engagé.

Quel jugement porter sur les principales mesures mises en œuvre ou annoncées ?

1- Pour l'école primaire


Le MRC est depuis longtemps partisan de programmes simples, structurés, rigoureux, qui redonnent toute leur place à une solide progressivité des apprentissages.

 
Les nouveaux programmes, qui mettent l'accent sur les apprentissages fondamentaux (l'orthographe, la grammaire, la rédaction, le calcul opératoire, …) et le recours à des exercices plus systématiques et à la mémoire, comportent des éléments positifs. Des bases solides ne sont en rien contradictoires avec le développement de la compréhension et de l'esprit critique des élèves.

En revanche, quand Darcos, poussé par la volonté de Sarkozy de réduire le nombre de fonctionnaires, décide de supprimer deux heures hebdomadaires pour les élèves en fermant les écoles le samedi matin, c'est une faute grave contre l'école primaire. Ce n'est pas en travaillant moins que les élèves amélioreront leurs résultats.

L'aide personnalisée instituée pour les élèves en difficulté, qui justifie cette réduction selon le ministre, est bienvenue, mais elle aurait dû être financée tout en maintenant pour tous les élèves l'horaire ancien. C'est, sur ce point, une véritable régression scolaire qui va entraîner l'amenuisement de l'enseignement dans de nombreuses disciplines.

2- Dans l'enseignement secondaire

Nous sommes partisans d'accroître le rôle des dispositifs de soutien. La généralisation de « l'accompagnement éducatif » pour les élèves volontaires, dans les collèges, et les stages de soutien initiés dans les lycées, vont dans le bon sens.


En revanche, le projet de réforme du lycée vise à réduire, là aussi, le nombre d'heures de cours donnés aux élèves par des professeurs qualifiés, pour faire des économies massives de postes.
Et cela, au prix d'un mensonge pour le primaire, comme pour le secondaire : la France n'est pas le pays où les horaires annuels des élèves sont les plus élevés d'Europe. Elle est simplement dans une bonne moyenne. Notre école va donc régresser.


Le ministre Darcos veut faire le « lycée light » qu'Allègre avait tenté d'imposer. Allègement des connaissances acquises, allègement de l'encadrement professoral, seront le résultat de cette réforme, si elle aboutit.

3- Au niveau des personnels


Les conditions d'enseignement vont souvent être rendues plus difficiles, du fait des 11 200 suppressions de postes en septembre 2008 et des 13 500 prévues pour 2009. Le ministère s'oriente aussi vers une utilisation accrue des heures supplémentaires et, plus gravement, vers l'appel à des vacataires de droit privé. Ainsi, le noyau dur des professeurs fonctionnaires, au statut protecteur, pourra progressivement être déstabilisé (la Poste a connu sur plusieurs années une telle évolution).
L'annonce brusque et succincte, par Nicolas Sarkozy, d'une réforme de la formation des enseignants, fait craindre le pire.


Certes, le contenu de la formation dans les IUFM nécessite de profonds changements. Le MRC est critique sur toute forme de « pensée unique » sur le plan pédagogique, orientation qui est loin d'ailleurs d'avoir montré son efficacité. Toutes les conceptions et méthodes doivent être enseignées aux futurs professeurs afin qu'ils puissent exercer leur liberté pédagogique.

Mais le projet vise, là aussi pour réaliser des économies importantes de postes, à liquider toute formation professionnelle sérieuse, derrière l'affichage trompeur d'un recrutement au niveau du Master.


4- Enfin, le principe de « concurrence » va davantage s'appliquer dans l'enseignement.


L'autonomie renforcée des établissements que souhaite Nicolas Sarkozy, alliée à la marche accélérée en cette rentrée 2008 vers la suppression totale de la carte scolaire, vont encore accroître la concurrence et les inégalités entre les établissements scolaires puisque le gouvernement n'a pas pris les mesures permettant d'améliorer la qualité des établissements en difficulté et d'accroître résolument le brassage social.


Déjà, un rapport de l'Inspection générale, montre que les mesures prises à la rentrée 2007 ont contribué à faire régresser la mixité sociale. Les plus pauvres, les plus démunis culturellement et financièrement seront assignés à leur territoire-ghetto et se retrouveront entre eux, avec très peu d'espoir de réussite et d'élévation sociale.

La détérioration de la situation de certains établissements publics, notamment dans les quartiers difficiles, favorise auprès des familles la concurrence des établissements privés de plus en plus attractifs, et de fait, favorisés par la politique du gouvernement qui porte atteinte à l'école publique.

Au total, les mesures mises en œuvre ou annoncées en cette rentrée de septembre 2008, demandent explications et convictions, pour montrer les contradictions et les enjeux.

 

Derrière des mots rassurants, malgré quelques mesures acceptables, l'essentiel est inspiré par une conception libérale de l'Ecole, une dérive accentuée à l'anglo-saxonne, avec des écoles à plusieurs vitesses.

Le combat pour une école républicaine est plus que jamais d'actualité.

 

 

Voir les propositions et réflexions, émises sur ce blog, relatives à L'école.

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