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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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Articles RÉCents

14 mai 2011 6 14 /05 /mai /2011 22:52

Un candidat qui veut poser les vraies questions et y répondre

 

Les responsables régionaux et départementaux du Mouvement Républicain et Citoyen étaient réunis ce 14 mai à l’initiative de Jean-Luc Laurent, président, en présence de Marie-Françoise Bechtel, vice-présidente et future directrice de campagne, et Pierre Dubreuil,  qui coordonne la question des parrainages.

MRC national 002Pour sa part, Jean-Pierre Chevènement était l'invité de Mediapolis sur Europe1, ce 14 mai. Il répondait aux questions de Michel Field et Olivier Duhamel. Voir "J'ai un plan A qui est le changement des règles du jeu de l'euro, et le cas échéant, un plan B"  et quelques extraits.

Il est indécent de cibler toujours les plus pauvres, les plus démunis dans une société. On a le sentiment que le gouvernement veut opposer les travailleurs pauvres à ceux que l'on appelle à tort ou à raison les "exclus". Bien entendu il ne peut pas y avoir de droits accordés sans qu'en contrepartie, il y ait des devoirs. Mais quels sont les devoirs qu'on demande d'accomplir à ceux qui bénéficient des privilèges du capital ?

 

Les classes populaires existent toujours autant. La classe ouvrière a pris des formes différentes : dans les emplois de services, dispersée géographiquement ; elle habite dans les grandes périphéries urbaines beaucoup plus que dans les banlieues "sensibles". Quantitativement, les ouvriers et employés pèsent autant que dans les années 1980. Oublier ces couches sociales sous prétexte qu'on pourrait additionner les minorités revendicatives, les communautés, emprunter à une catégorie qui n'est pas politique - la jeunesse - tout cela est une erreur !

 

Il faudrait donner à l'Europe une orientation visant à la croissance, s'appuyant sur une reprise salariale en particulier en Allemagne. La déflation salariale en Allemagne depuis 10 ans explique les écarts de compétitivité et la crise de l'euro. Ce serait changer les règles du jeu au niveau de la BCE, en lui donnant comme missions la croissance et l'emploi, en lui permettant de racheter les titres de dettes sur les marchés financiers, bref, ce serait prendre une autre orientation politique que le fameux pacte de compétitivité Merkel-Sarkozy qui nous envoie dans le mur.

 

(A propos de l'anniversaire du 10 mai 1981) Toute commémoration, quand elle dépasse un certain seuil, finit par être lassante. Seul un homme qui venait d'ailleurs, comme François Mitterrand, pouvait réunir la gauche. On oublie que François Mitterrand a ouvert la parenthèse libérale qu'il faudrait aujourd'hui refermer.

 

Le web a une autonomie ; les gens ont une certaine autonomie par rapport aux grands médias et aux grands groupes de communication. J'ai déjà désigné pour le jour où je serai candidat, une directrice de campagne, Marie-Françoise Bechtel, qui a été directrice de l'ENA sous la gauche, mais qui est en même temps un grand commis de l'Etat, et une femme très compétente. D'autre part, sur le web, c'est Julien Landfried qui s'occupera de mon site Chevenement2012, et puis naturellement, il sera aussi mon porte-parole avec Marie-Françoise Bechtel et Jean-Luc Laurent, président du Mouvement Républicain et Citoyen et maire du Kremlin-Bicêtre.

 

Le Front National existe essentiellement du fait d'une politique néolibérale menée en France depuis 1983 par le Parti socialiste et par l'UMP qui ont voté ensemble l'acte unique, Maastricht, et qui ont mené les mêmes politiques, d'abord le Franc fort puis l'euro fort. On en voit le résultat : un éloignement des couches populaires, des votes de rejet. La crise de 2008-2009 me donne rétrospectivement raison !

 

Sur l'euro, je dis que l'avion a malheureusement décollé. Le vice de conception initial est absolument évident. Mais maintenant que l'avion a décollé, on ne saute pas par le hublot, on essaye de reprendre les commandes de l'appareil pour le faire atterrir en douceur. J'ai un plan A qui est le changement des règles du jeu de l'euro, et le cas échéant, un plan B qui est une sortie harmonisée le jour où l'euro ne résisterait pas au défaut de la Grèce, de l'Irlande, de l'Espagne, etc.

 

Si je comprenais que dans la tête du candidat socialiste, il y a la volonté de redresser l'Europe, à ce moment-là, j'estimerais avoir fait bouger les lignes. Je veux également ramener les socialistes à une conception exigeante de la République. Pas de différentialisme, pas de communautarisme, pas de minorités qu'on ajoute les unes aux autres.

Il s'agit de s'adresser au peuple français et de le rétablir dans sa souveraineté, dans sa majesté, dans l'idée qu'il se fait d'un avenir qui lui appartient.

Source : Europe1.fr

 

Rappel : Chevènement s'est imposé à la table des candidats à la présidentielle - 11 mai 2011 


Cet article est le 11ème paru sur ce blog dans la catégorie Présidentielle 2012

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11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 22:32

Réconcilier le peuple français avec la gauche

 

Il n’était pas invité. Les médias le boudaient. Les instituts de sondage refusaient de l’inscrire parmi les présidentiables. Le PS, dans sa majorité restée jospinienne, le tenait à distance, continuant contre toute logique d’en faire le principal responsable de l’échec de Jospin en 2002.

Les lignes ont commencé à bouger. Le verrou médiatico-politique a sauté, permettant à Jean-Pierre Chevènement de faire son entrée dans les sondages et dans les rédactions des organes de presse.

La raison ? Le livre de Chevènement, un outil qui peut ouvrir un espace républicain.

 

Chevènement Le Mans 280111 002 TAyant obtenu le prix du livre politique de l’année (voir Evènement : JP Chevènement honoré pour son livre et pour son oeuvre - 3 avril 2011), le sénateur du Territoire de Belfort s’est imposé peu à peu comme étant l’un des rares élus du peuple à résister de manière argumentée aux politiques néolibérales en vigueur à Paris, Berlin et dans les institutions européennes, comme il l’a fait depuis plus de vingt ans. 

 

Cela s’est traduit dans les enquêtes d’opinion. Voir le Sondage Ifop - popularité Chevènement qui montre une progression de bonnes opinions (de 46 à 56%) depuis la précédente étude, réalisée en décembre 2008, ainsi qu’un potentiel électoral non négligeable pour l’élection présidentielle (16% de votes probables pour lui s’il était candidat).

 

Le PS se divise sur le cas Chevènement

 

Pour les partisans du pacte DSK- Aubry, cela renforce la nécessité d’aboutir à une «primaire de confirmation» et non pas de confrontation, afin que le candidat finalement désigné n’arrive pas abîmé à la présidentielle.

 

Les proches de François Hollande y voient eux une «alarme» sur la capacité du PS à rassembler au premier tour. « Il ne faut jamais désespérer Chevènement, qui est un assez bon thermomètre de ce qui se passe à gauche. Il a vocation à soutenir le même candidat que nous. Il ne faut pas lui donner les raisons de ne pas le faire », tacle Michel Sapin, proche du député de Corrèze. Conclusion perfide des «Hollandais» : « Plus DSK semble être candidat, plus Chevènement le sera ». Voir Le «Che», trublion sur le retour (Libération, 5 mai).

  

Dans une interview accordée à L’Est Républicain, François Hollande, ce 7 mai, en campagne à Besançon en vue de la primaire du PS pour la désignation du candidat socialiste à la présidentielle de 2012, estime qu’il faut prendre le sénateur du Territoire de Belfort «au sérieux». « Oui, je prends au sérieux Jean-Pierre Chevènement. Ce qu’il est, car je n’oublie pas d’où il vient. Ses idées, son attachement à la France, au modèle républicain », estime François Hollande. « Je prends également au sérieux ce que peut être son engagement dans une campagne, il l’a montré en 2002. Et plutôt que de lui faire la morale, je vais essayer de le convaincre. Mais il faut, pour cela, que je sois le candidat des socialistes ».

 

Chevènement : la France a besoin d’une alternative véritable

 

Vous allez vous présenter à l’élection présidentielle. Parce que le PS s’est égaré, parce que la « parenthèse libérale » ne s’est jamais refermée ?

Comme je l’ai dit, ma candidature sera le moyen de « faire bouger les lignes ». Je crois à la nécessité d’un débat républicain et argumenté pour former l’esprit public et pour mettre la France en mesure de relever les redoutables défis qui sont devant elle : redresser l’Europe qui ne peut et ne doit pas se confondre avec une cure de rigueur à perpétuité (cf. le pacte de compétitivité Merkel-Sarkozy. Réaffirmer enfin l’identité républicaine de la France. Ni repli frileux ni régression communautariste ! La France a besoin qu’on lui parle à la fois de son Histoire et de son avenir. Elle a besoin d’une alternative véritable, d’un projet citoyen pour le XXIe siècle.
Source : Le Pays (propos recueillis par Céline Mazeau - 7 mai 2011)
Jean-Pierre Chevènement était l'invité du Talk Orange Le Figaro, mercredi 11 mai 2011. Il répondait aux questions de Judith Waintraub.

Il faut mettre l'esprit public à la hauteur des défis, et en particulier de la crise de l'euro que nous voyons devant nous. Quand je lis M. Sarkozy qui dit que toute sa politique d'austérité est fondée sur le triple A que la France doit conserver dans les notes de Standard & Poors, comment mieux avouer qu'il n'y a plus de souveraineté nationale ? C'est Standard & Poors qui fait la politique de la France aujourd'hui. En 2002, je disais déjà : "ce ne sont pas les marchés financiers qui sont l'horizon de l'humanité, ce sont les peuples et les nations". Je dis toujours la même chose !

 

Le projet du Parti socialiste n'est pas sans mérite. Il comporte des dispositions avec lesquelles je ne suis pas d'accord : par exemple une allocation d'autonomie à tous les jeunes. Je pense que c'est de l'assistanat. Il vaudrait mieux multiplier les bourses en grande quantité. Le projet socialiste n'est de toute façon pas réalisable dans la logique actuelle ; il faut changer les règles du jeu ! On ne peut pas accepter l'austérité à perpétuité.

 

Je ne vois pas Dominique Strauss-Kahn faire en France et en Europe une autre politique que celle qu'il impulse à la tête du FMI, où il demande par exemple à la Grèce d'accélérer ses privatisations.

 

Sur la République, je poserai la question de savoir si on la confond avec une identité rétractée et frileuse ou si on la dissout dans un différentialisme sans rivages. Il faut affirmer l'identité républicaine de la France. Il faut ramener la France sur le devant de la scène en Europe et dans le monde. La France est un pays qui équilibre l'Allemagne.

 

Concernant le rapport de Terra Nova* : C'est le social-libéralisme dans sa pureté de cristal. C'est une gauche qui oublie le peuple. C'est une stratégie qui a échoué partout, celle qui consiste à additionner les minorités pour qu'elles se substituent aux ouvirers et employés, qui existent toujours et habitent dans les grandes périphéries urbaines, et qui sont effectivement des classes populaires différentes de celles qu'elles étaient dans les années 1960, mais qui n'en existent pas moins. Il faut leur redonner un horizon d'espérance et de promotion.

J'entends ce que dit Terra Nova : "ils se préoccupent de tranquillité, ils veulent l'ordre, donc ils ont viré à l'extrême droite". Non mais c'est ridicule ! Ces aspirations sont tout à fait légitimes et la gauche républicaine que je représente prendra en charge ces aspirations à la tranquillité publique, à un emploi correctement rémunéré, à un emploi pour leurs enfants.

Source :
LeFigaro.fr.

Terra Nova a écrit une note ravageuse intitulée « gauche : quelle majorité électorale pour 2012 ? », qui dresse un constat de divorce entre la classe ouvrière et la social-démocratie. Le think tank imagine une nouvelle coalition centrée sur « les valeurs », rassemblant femmes, jeunes, minorités, diplômés.

 

Cet article est le 10ème paru sur ce blog dans la catégorie Présidentielle 2012

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10 mai 2011 2 10 /05 /mai /2011 17:49

En 2012, pour gagner, il faut créer les conditions de rassembler

 

Ce 30ème anniversaire du 10 mai 1981 est le bienvenu pour inciter à la réflexion sur ce qu’il faut faire pour gagner en 2012. « Je crois pour demain comme hier à la victoire de la gauche, à condition qu’elle reste elle-même. Qu’elle n’oublie pas que sa famille, c’est toute la gauche. Hors du rassemblement des forces populaires, il n’y a pas de salut » (François Mitterrand, 18 novembre 1994).

Voir l’Appel du 10 mai : pour un « accord de rassemblement de la gauche »

 

Lors de l’élection présidentielle en 1981, en tant que responsable départemental du PS, je « représentais François Mitterrand dans le département de la Mayenne pour la campagne électorale » (selon les termes de la lettre, datée du 23 mars 1981, signée François Mitterrand).

Le 10 mai, j’étais heureux de la victoire de la gauche, mais peu optimiste en ce qui concerne la capacité de la gauche à réussir la transformation sociale du pays. C’est une discussion que je me souviens avoir eue avec Georges Minzière en fin de soirée. A partir de 1982-83, cela deviendra de plus en plus évident. Mais restons-en à la satisfaction de voir effacées 23 années de domination de la droite en France.

 

Ne pas manquer, le témoignage de Jean-Pierre Chevènement (nous faisions partie de son courant interne au PS, le CERES) : "François Mitterrand était un homme supérieur"

 

Voir L'élection de François Mitterrand le 10 mai 1981, notamment la déclaration prononcée à Château-Chinon le 10 mai 1981 :

 

Cette victoire est d'abord celle des forces de la jeunesse, des forces du travail, des forces de création, des forces du renouveau qui se sont rassemblées dans un grand élan national pour l'emploi, la paix, la liberté, thèmes qui furent ceux de ma campagne présidentielle et qui demeureront ceux de mon septennat.
- Elle est aussi celle de ces femmes, de ces hommes, humbles militants pénétrés d
'idéal, qui, dans chaque commune de France, dans chaque ville, chaque village, toute leur vie, ont espéré ce jour où leur pays viendrait enfin à leur rencontre.
- A tous je dois et l
'honneur et la charge des responsabilités qui désormais m'incombent. Je ne distingue pas entre eux. Ils sont notre peuple et rien d'autre. Je n'aurai pas d'autre ambition que de justifier leur confiance.
Ma pensée va en cet instant vers les miens, aujourd
'hui disparus, dont je tiens le simple amour de ma patrie et la volonté sans faille de servir. Je mesure le poids de l'histoire, sa rigueur, sa grandeur. Seule la communauté nationale entière doit répondre aux exigences du temps présent. J'agirai avec résolution pour que, dans la fidélité à mes engagements, elles trouvent le chemin des réconciliations nécessaires. Nous avons tant à faire ensemble et tant à dire aussi.
- Des centaines de millions d
'hommes sur la terre sauront ce soir que la France est prête à leur parler le langage qu'ils ont appris à aimer d'elle.
- Mesdames et messieurs j
'ai une autre déclaration brève à faire. A M. Giscard d'Estaing, que je remercie de son message, j'adresse les voeux que je dois à l'homme qui, pendant sept ans, a dirigé la France. Au-delà des luttes politiques, des contradictions, c'est à l'histoire qu'il appartient maintenant de juger chacun de nos actes.

 

Pour mieux comprendre cette période, voici des extraits de l’éditorial de Louis de Guébriant (comte et châtelain de Craon, dirigeant de l'hebdomadaire Le Courrier de la Mayenne, représentant la Mayenne catholique et conservatrice*), 15 mai 1981.

 

MITTERRAND PRESIDENT  

En France, les militants de gauche attendaient depuis des années un succès politique qu’ils avaient cru tenir quelques mois avant les élections législatives de 1978. A leur grande déception, ils l’avaient vu s’évanouir avec la rupture de l’Union de la Gauche et le durcissement du P.C.

Y croyaient-ils encore lorsque dimanche dernier à 20 heures, les premières estimations sont tombées ? Des estimations qui ne laissaient aucun doute la France avait élu François Mitterrand.  

L’alternance dans le calme  

Depuis 1958, au travers des présidences du général de Gaulle, de M. Pompidou, puis de M. Giscard d’Estaing, cela faisait 23 ans que la même tendance gouvernait la France, disposant à la fois de la présidence de la République et d’une majorité au Parlement. Vingt-trois ans, presque un quart de siècle. Tant et si bien qu’on s’était demandé si l’alternance était possible avec cette Constitution … Question sans fondement : il suffisait que les électeurs le veuillent ; le jour où ils en ont ainsi décidé, l’alternance a joué : un socialiste va prendre possession de l’Elysée.

Cette victoire de la Gauche a été accueillie un peu partout en France par une explosion de joie dont les écrans de télévision ont bien rendu la ferveur et le tonus. A Paris, il a fallu une pluie d’orage pour arrêter les orchestres et disperser les farandoles.

Par contre, le lendemain tout était calme et il n’y avait pas eu dans la rue ou dans les ateliers le climat tendu des jours de revanche, pendant lesquels on s’apprête à régler des comptes avec des adversaires.

Il est réconfortant de constater que la masse des Français ne s’est pas laissé monter la tête par les propos outranciers qui ont été échangés de part et d’autre au cours d’une campagne électorale comme celle que nous venons de vivre. Si la grande masse des salariés français pensaient vraiment, comme il a été répété à satiété, que « le bilan de ce septennat a été, sur le plan social, catastrophique … que les riches devenaient toujours plus riches et les pauvres toujours plus pauvres … que des millions d’hommes et de femmes ne pouvaient plus continuer à vivre dans cette société qui leur était faite … », si des millions de personnes avaient cru cela, beaucoup de rapports sociaux seraient devenus explosifs au lendemain du 10 mai. Or, il n’en a rien été (…). Tout cela prouve que l’inflation verbale, d’un côté comme de l’autre, n’a pas fait recette.  

Une défaite personnelle  

D’ailleurs, au premier tour de ces élections, alors qu’un choix de candidats s’offrait aux Français, le total des voix de la droite a été supérieur à celui de la gauche, ce qui veut dire que le grand perdant a bien été Valéry Giscard d’Estaing.

Il faut reconnaître que son style de grand bourgeois fortuné le rendait très vulnérable à des attaques contre les « tenants du grand capital », supposés inféodés aux « multinationales », et que son long mutisme dans l’affaire des diamants a troublé plus d’un Français. Le Général de Gaulle et M. Pompidou ne présentaient pas les mêmes faiblesses.

La manière omnipotente de gouverner de VGE, celle qu’il a employée pour écarter d’un revers de main toutes les objections du parti de Jacques Chirac, sa prise de position très favorable sur une question comme l’avortement, sa politique si complaisante vis-à-vis de l’URSS, tout cela lui a valu des inimitiés qui ont pesé lourd dans le scrutin du 10 mai. Les jeunes enfin ne se sont pas laissés séduire.  

Le vote « historique »  

Scrutin « historique » a-t-on dit et c’est vrai, puisqu’il marque peut-être la fin d’une oscillation du balancier politique, mais il faudra qu’il soit confirmé en juin par l’envoi au parlement d’une majorité socialo-communiste pour que le président Mitterrand puisse mettre en œuvre sa politique. Sinon que se passera-t-il ?

Sans majorité à l’assemblée, le président de la République règne mais ne gouverne pas. Il nomme un Premier Ministre, encore faut-il que celui-ci corresponde à la tonalité de la fraction dominante des députés (…).

Telle pourrait être la situation à l’Elysée de François Mitterrand si le pays vote fin juin comme il a voté le 26 avril. Jacques Fauvet écrivait ceci dans Le Monde du 12 mai : « Les dirigeants de la gauche commettraient une erreur en pensant qu’elle est devenue nettement majoritaire dans le pays. Elle ne l’était pas au premier tour sans les écologistes. Elle ne l’a été apparemment au second que grâce à ceux qui ont éprouvé une lassitude à l’égard d’un pouvoir aussi satisfait que vain. Un phénomène de rejet s’est incontestablement produit dans bien des milieux modérés et gaullistes à l’égard du président sortant ».

Ces mêmes milieux n’auront aucune raison de refuser leurs voix, en juin, à des candidats à la députation « modérés et gaullistes ». Encore faudra-t-il que des disputes fratricides ne séparent pas les familles de la droite, car la gauche a prouvé que, dans l’état actuel de ses rapports internes, elle retrouve sa cohésion dans l’isoloir.

Le vrai vote historique, ce serait celui qui amènerait en juin une majorité de socialistes et de communistes à la Chambre des Députés ; il donnerait à François Mitterrand les pleins pouvoirs dont ont joui ses prédécesseurs (…).

 

* Résultat du second tour en Mayenne : Giscard d’Estaing : 60,06% ; Mitterrand : 39,93%.

 

Voir aussi Le 10 mai 1981, la gauche voulait « changer la vie » (Ouest-France, 10 mai).

Les socialistes fêtent, aujourd'hui, le 30e anniversaire de la victoire de François Mitterrand. L'historien Jean-François Sirinelli explique la portée de cet événement. Et ce qu'il en reste.

Cet article est le 9ème paru sur ce blog dans la catégorie Présidentielle 2012

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8 mai 2011 7 08 /05 /mai /2011 22:48

Offrir une perspective vraiment républicaine au peuple français

 

Ce commentaire vient d'être posté sur le blog du MRC 53 par Xavier DUMOULIN sur l'article Sur Europe1, Chevènement : je serai candidat en 2012, pas contre le PS.

Présidentielles : le jeu fermé DSK/Sarkosy/ Le Pen… est-il une fatalité?

Lors de sa visite à Bordeaux, Jean-Pierre Chevènement confiait récemment au Blog citoyen, socialiste et républicain et à AgoraVox les raisons d'une probable candidature en 2012 :
“La démocratie est aussi un effort de pédagogie collective. Elle a besoin du débat, de la contradiction. L
'intérêt général se définit en terme de débat. Il ne se définit pas a priori.”

Et dans un entretien du 7 mai au journal Le Pays dans sa réponse à Céline Mazeau : “Vous allez vous présenter à l’élection présidentielle. Parce que vous pensez que le PS s’est égaré ?”,
Jean-Pierre Chevènement précise à nouveau ses objectifs.
“Comme je l’ai dit, ma candidature sera le moyen de « faire bouger les lignes ». Je crois à la nécessité d’un débat républicain et argumenté pour former l’esprit public et pour mettre la France en mesure de relever les redoutables défis qui sont devant elle : redresser l’Europe
qui ne peut et ne doit pas se confondre avec une cure de rigueur à perpétuité. Réaffirmer enfin l’identité républicaine de la France. Ni repli frileux ni régression communautariste ! La France a besoin qu’on lui parle à la fois de son histoire et de son avenir. Elle a besoin d’une alternative véritable, d’un projet citoyen pour le XXI e siècle.”

C'est tout à l'avantage de la gauche de disposer d'un logiciel d'idées et de propositions nouvelles incarnées par le président d'honneur du MRC.
J
'ai souvent évoqué sur ce blog l'exemplaire capacité de Jean-Pierre Chevènement dans sa résistance politique et culturelle à la vague néolibérale. Fort de son parcours, cet homme inspire un profond respect, ce qui n'est pas de nos jours la chose la mieux partagée dans les sommets de la politique.

Avec son charisme, ses convictions, les propositions de son mouvement et de sa fondation Res Publica,
Jean-Pierre Chevènement préserve les chances d'une reconquête républicaine face à la montée d'une Marine Le Pen qui engrange électoralement les frustrations de nos compatriotes. En parlant clair sur des sujets majeurs tels que la politique économique et sociale, la sûreté publique, la défense, la recherche et l'enseignement, l'énergie et l'environnement, le président rompt avec la facilité des choix incohérents. On sait qu'il va au fond des choses et qu'il traduit dans ses actes sa parole publique.  

A la différence d'un DSK et d'un Sarkosy qui n'offrent aucune réponse pour sortir du cercle vicieux de l'euro cher, de la désindustrialisation, des suppressions d'emplois, de l'endettement et de l'effacement de la France, le programme de salut public permet la reconquête de notre nation citoyenne.
Dans ce temps d
'une annonce sans doute décisive, Jean-Pierre Chevènement vient d'ouvrir une perspective vraiment républicaine à notre peuple.

 

Chevènement Président !

 

Voir Jean-Pierre Chevènement, le podcast de l'intervention publique de Jean-Pierre Chevènementdans les salons de la librairie Mollat à Bordeaux (cliquer sur le lien pour écouter l'intervention intégrale). 

 

Xavier Dumoulin (responsable MRC 40) est un républicain de gauche et un intellectuel de haut niveau, qui vit et travaille à Mont-de-Marsan (Landes). Je lui dois beaucoup.

Voir ces articles, qui font référence sur la Toile (ils sont parmi les plus lus).

L'origine des trois couleurs du drapeau français, selon Xavier Dumoulin - 30 mars 2007  

Les paroles de La Marseillaise sont à resituer dans leur contexte historique - 28 juillet 2007

 

Cet autre fait référence sur le fond de ce que doit être le combat de la gauche.  

Sur son blog citoyen, Xavier Dumoulin livre une réflexion de fond sur la gauche - 9 juillet 2007 

 

(…) Le néolibéralisme - qui n'est rien d'autre qu'une victoire du capitalisme financier sur le monde du travail -  doit donc être combattu avec détermination et réalisme. Il appartient ainsi aux forces de gauche d'entamer et de contester sa légitimité. Il s'agit d'un engagement concret de soutien et de relais aux luttes des salariés et aux aspirations populaires, en France, en Europe et dans d'autres régions du monde, couplé d'un travail d'analyses, d'échanges et  d'éducation populaire. 

Une telle perspective - en contrepoint absolu avec la logique du néolibéralisme - suppose l'élaboration collective, en France, d'un  projet politique visant à souder un “front de classes”, d'abord  ancré dans les couches populaires (sans oublier les travailleurs précaires) et trouvant ses appuis dans de larges fractions du salariat, des travailleurs indépendants et des couches intellectuelles.

C'est le combat pour une nouvelle hégémonie culturelle et idéologique autour des valeurs républicaines et sociales de la gauche française ! C'est une volonté de peser pour une Europe solidaire vraiment européenne, tournée vers le Sud et l'Est, en contrepoids à la mondialisation libérale et à l'unilatéralisme américain.

La question de la refondation de la gauche se pose dans cette problématique ”centriste” à la recherche de l'ambition du réalisme pour sortir des impasses ; celle d'une gauche de la gauche anti-libérale, cantonnée dans un rôle protestataire et celle d'un républicanisme sans visée affirmée de transformation sociale. 

D'où notre posture résolument éclectique, fondée sur la critique radicale du néolibéralisme mais profondément ancrée dans les fondamentaux républicains. Rompant avec des réflexes idéologiques pavloviens, ce nouveau ”centrisme” a besoin d'être expliqué pour devenir un nouveau point d'équilibre à gauche entre différentes sensibilités. C'est un défi encore loin d'être relevé !

 

 Je recommande la lecture du Blog citoyen, socialiste et républicain pour 2012

 

Cet article est le 8ème paru sur ce blog dans la catégorie Présidentielle 2012

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4 mai 2011 3 04 /05 /mai /2011 11:39

Le candidat d’une vraie alternative face à Sarkozy

 

Le PS est en train de se donner à Strauss-Kahn, sur la base de l’argument des sondages et de la défense d’une ligne politique qui a complètement échoué, celle de l’alliance de la gauche avec le néolibéralisme. La crise financière est passée par là. Et elle va revenir (voir USA : derrière le succès de l'opération Ben Laden, le tsunami financier - 3 mai 2011).

Université d'été MRC 2010 003 TDans ces conditions, Jean-Pierre Chevènement, qui était l'invité de Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1 mercredi 4 mai 2011, a déclaré, plus tôt que prévu, sa candidature à l’élection présidentielle : "Je serai candidat en 2012 pour faire bouger les lignes".

Rappel : Présidentielle 2012 : seul Chevènement peut perturber le jeu UMP-PS - 29 avril 2011 

Pour info, l’entretien de Jean-Pierre Chevènement aux Inrockuptibles, hors série "Mai 1981, 30 ans après", propos recueillis par Alain Dreyfus Entretien aux Inrockuptibles sur mai 1981: "Nous étions très confiants en nous-mêmes".

Cet article est le 7ème paru sur ce blog dans la catégorie Présidentielle 2012

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29 avril 2011 5 29 /04 /avril /2011 22:53

Le PS s’est figé sur une ligne politique qui a échoué

 

En restant figés sur la ligne Jospin et en ne se préoccupant que d’eux-mêmes, les socialistes ne se sont pas donné les moyens de prendre le virage stratégique qui s’imposait après la crise financière de 2008. Leur programme, tourné vers une alliance avec les écologistes, n’est pas fait pour faire face à la crise du capitalisme financier et remédier à l’affaiblissement de la France et de l’Europe.

 

Cette gauche social-écologiste-libérale n’a rien à dire sur l’essentiel : la politique économique, industrielle et monétaire, qui suppose une réorientation des règles européennes. Elle parle peu (ou mal) de l’école, de la sécurité, du patriotisme, du civisme, de la politique des flux migratoires. Pire, elle fait fausse route sur la politique énergétique en prétendant vouloir sortir du nucléaire.

"Il faut évidemment casser le pacte de compétitivité"

Jean-Pierre Chevènement était jeudi 28 avril l’invité de l’émission « Face aux chrétiens » animée par Dominique Gerbaud sur Radio Notre Dame. Il répondait aux questions de Louis Daufresne (Radio Notre-Dame), Romain Mazenod (RCF) et Bernard Gorce (« La Croix »). L’émission est podcastée en trois parties.

Je recommande, plus particulièrement, la 3ème partie, notamment à partir de la 16ème minute quand Jean-Pierre Chevènement dresse l’autoportrait du candidat qu’il faut pour la France à l’élection présidentielle.

 

Pourquoi les instituts de sondage refusent de prendre en compte la candidature possible de Chevènement ? On a, peut-être, la réponse avec le résultat du sondage « secrètement » réalisé les 7 et 8 avril 2011 par l’IFOP - à la demande du MRC - auprès d’un échantillon représentatif de 957 personnes (méthode des quotas).

Concernant  la popularité, 56 %  des personnes interrogées déclarent avoir une bonne opinion de Chevènement. Surtout, à la question « Quelle est la probabilité que vous votiez pour Jean-Pierre Chevènement s’il était candidat ? »  16 % répondent favorablement (dont 21 % des sympathisants de gauche). Certes, ce chiffre n’exprime pas des intentions de vote. Mais, se félicite Jean-Luc LAURENT, le président du MRC, « cela démontre que son socle électoral est prometteur » (…). Le Parisien, 29 avril.

 

L’élection présidentielle ne ressemble à aucune autre. Henri Guaino, conseiller spécial du président de la République, le rappelait ce 29 avril lors de ses échanges avec les internautes du quotidien Le Monde (extraits) :

Nous verrons bien qui, en définitive, sera réellement candidat au moment de l'élection, c'est-à-dire qui aura la volonté d'aller jusqu'au bout, qui obtiendra les parrainages nécessaires, qui sera réellement prêt à affronter l'épreuve très dure que constitue une campagne présidentielle. J'ai en tout cas une conviction, c'est que l'on ne gagne jamais une élection présidentielle en étant obsédé par ce genre de question. La seule question importante est de savoir pourquoi on est candidat, ce que l'on porte en soi, ce que l'on veut incarner.

Bref, il vaut mieux pour gagner une élection présidentielle, s'intéresser aux Français, à leurs besoins, à leurs aspirations, à leurs difficultés, et à la manière dont on veut y répondre plutôt que de s'intéresser à ce qui se passe dans le microcosme politique.

Le grand thème de l'élection de 2012, c'est : comment affronter la crise de société, la crise d'identité, la crise morale, la crise de civilisation que nous traversons. C'est de quelles qualités, de quel caractère faut-il être doté pour affronter le monde périlleux dans lequel nous entrons.

L'élection présidentielle n'est pas l'affaire des partis. Ce sont des hommes ou des femmes qui vont à la rencontre des Français. Je suis donc totalement opposé à toute idée de primaires, incompatibles à mes yeux avec l'esprit de la Ve République et avec l'idée que je me fais de la fonction présidentielle.

A l'élection présidentielle, encore une fois, ce n'est pas la droite qui se présente, ce n'est pas la gauche, ce n'est pas le centre, ce sont des personnalités. La France, ce n'est pas la droite, la France, ce n'est pas la gauche, la France, c'est tous les Français, disait le général de Gaulle. Pour ma part, je ne sortirai jamais de cette vision de la politique, en particulier s'agissant des élections présidentielles.

Voir "Le grand thème de la présidentielle sera comment affronter la crise de civilisation"

Voir aussi, pour information : «Les partis font de ce scrutin l’enjeu majeur du pouvoir» (Lilian Alemagna, Libération, 21 avril)

Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne, défend un renforcement des législatives pour éviter que les partis se «servent» de la présidentielle.

 

Cet article est le 6ème paru sur ce blog dans la catégorie Présidentielle 2012

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27 avril 2011 3 27 /04 /avril /2011 15:26

Avec Chevènement président, la France ne sera pas finie

 

Ne nous résignons pas à n’avoir le choix qu’entre Sarkozy et Strauss-Kahn, car ce sont des variantes d’une même politique, néolibérale. Faisons en sorte qu’émerge - enfin ! - une personnalité capable de porter une autre politique, française et européenne.

 

De la profondeur de notre démocratie républicaine, dans tous les coins du pays, ayons la volonté et le culot d’affirmer qu’il existe en France un homme d’Etat doté de convictions, d’expérience et d’engagements, qui peut rassembler le peuple français dans un an, lors de l’élection présidentielle : Jean-Pierre Chevènement

 

Chevènement Nantes 110411 006 TL’auteur du livre « La France est-elle finie ? » (Fayard, janvier 2011), qui a joué un rôle important dans la rénovation du socialisme français, au côté de François Mitterrand, dans les années 1970-80, pourrait être l’homme de la situation pour fermer la « parenthèse libérale » et ramener la gauche sur les rails de la République et du socialisme.

 

C’est dans ce but que le Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), présidé par Jean-Luc Laurent, va se mobiliser auprès des maires afin de leur demander de réserver leur parrainage à la candidature de Jean-Pierre Chevènement. Voici le texte de la lettre qui leur est adressée.

 

Monsieur le maire,

 

Université d'été MRC 2010 021 TJe m’adresse à vous en ma qualité de président du Mouvement Républicain et Citoyen

(MRC) dont Jean-Pierre CHEVENEMENT est le fondateur. Je suis maire et, comme vous, je mesure les difficultés de notre pays, l’angoisse de nos concitoyens pour l’avenir et l’absence de réponse politique à la hauteur des enjeux. En homme d’action, aucun de nous ne se résigne au déclassement des générations, au délitement de la société, au déclin de la vie civique et à l’effacement de la France.

 

Suite aux renoncements face à la toute puissance des marchés financiers, la France s’enfonce dans le marasme économique, social, politique et moral ; et c’est dans un contexte de crise que nous élirons au printemps prochain le Président de la République.

La lucidité n’interdit ni l’optimisme ni la volonté. Echéance centrale de la vie politique, l’élection présidentielle devra porter une ambition forte autour d’un homme de rassemblement qui aura l’immense charge de redresser notre pays, proposer un nouveau pacte social et redonner force à la parole de la France en Europe et dans le monde. Avant cela, le futur président de la République devra également mettre fin au désordre au sommet de l’Etat et montrer une direction à la Nation qui vit depuis trop longtemps dans l’agitation et la confusion.

 

Au quotidien, vous faites face en première ligne au désengagement de l’Etat et au recul des services publics. Faute de volonté politique, la construction européenne accompagne et accélère le règne sans entraves du capitalisme financier. Combiné à l’Euro fort, un libre-échangisme biaisé est la cause des délocalisations industrielles, de la crise du monde agricole, de la disparition des emplois productifs et de l’accroissement des inégalités. La crise est aussi intérieure avec la montée des insécurités auxquelles nous devons répondre en nous appuyant sur les principes républicains de liberté et d’égalité, de fraternité et de solidarité, d’universalisme et de laïcité.

 

Jean-Pierre CHEVENEMENT a été le premier à refuser la logique du capitalisme financier mondialisé, à annoncer la crise de 2008 et à dénoncer l’abandon du modèle républicain.

Son dernier livre, « La France est-elle finie ? », a rencontré l’adhésion de dizaines de milliers de lecteurs par la pertinence de son analyse et de ses propositions qui toutes convergent dans la défense de l’intérêt national et du projet républicain. Ce livre a été salué, y compris par ceux qui avaient longtemps contesté ses analyses.

 

Dans ses fonctions gouvernementales successives, Jean-Pierre CHEVENEMENT a prouvé son sens de l’Etat. En homme libre et courageux, il a su faire coïncider sa parole et ses actes quand l’essentiel était en jeu : l’ouverture d’une « parenthèse libérale» qui ne s’est jamais refermée, l’impasse de la guerre du Golfe, l’abandon des principes républicains.

 

L’élection présidentielle n’est pas un concours de beauté réglé par les sondeurs et les médias, elle appartient aux citoyens. Au préalable, les maires ont le pouvoir de permettre aux candidats à l’élection présidentielle de se présenter. Comme vous le savez, chaque candidat doit réunir les parrainages de 500 maires, conseillers généraux ou régionaux. Votre  responsabilité est donc éminente puisqu’elle permet à notre démocratie de fonctionner au travers d’un vrai débat entre des candidats porteurs de projets différents.

 

Aujourd’hui, je vous sollicite pour un engagement de parrainage en faveur de Jean-Pierre CHEVENEMENT afin de lui permettre d’être candidat, de présenter son projet pour sortir la France de l’impasse et de faire enfin « bouger les lignes ».

Vous remerciant vivement par avance pour l’aide que vous saurez apporter à ceux qui n’ont pas désespéré de la République et de la France, je vous prie d’agréer, Monsieur le maire, l’expression de mes salutations les plus cordiales.

 

Jean Luc-Laurent

Président du MRC

Maire du Kremlin-Bicêtre

 

Jean-Pierre Chevènement, parcours d'un homme d'Etat

 

1973 Député du Territoire de Belfort.

1980 François Mitterrand lui confie l’élaboration du projet Socialiste en vue de l’élection présidentielle.

1981-82 Ministre de la Recherche et de l’Industrie, il organise les états généraux de la recherche, fait voter une loi de programmation de la recherche, crée l’ADEME, met en place des contrats entre l’Etat et les entreprises publiques nationalisées.

1983 Election comme maire de Belfort. Il démissionne du gouvernement pour s’opposer au tournant libéral du Parti Socialiste.

1984-86 Ministre de l’Education Nationale, il met en place l’instruction civique, crée le baccalauréat professionnel et fixe l’objectif de 80 % d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat

1988 Ministre de la Défense, il élabore le plan Armée 2000

1991 Démissionne pour s’opposer à la Première guerre du Golfe

1992 Il fait campagne pour le NON au Traité de Maastricht

1997 Ministre de l’Intérieur et des collectivités locales, il crée la police de proximité, fait voter la loi en faveur de l’intercommunalité et met en place un pacte de solidarité et de croissance entre l’Etat et les collectivités territoriales qui permet d’indexer les dotations sur l’inflation et la moitié de la croissance du Produit Intérieur Brut.

2000 Démissionne en opposition avec les choix de Lionel Jospin en Corse

2002 Candidature à l’élection présidentielle. Il rassemble 1,5 million de voix sur son nom (5.33%)

2005 Il participe activement à la campagne victorieuse du NON à la Constitution Européenne

2008 Election comme sénateur du Territoire de Belfort.

2012: Chevènement voit sa candidature comme "de plus en plus inéluctable"

Entretien au site Internet de Public Sénat, 27 avril 2011.

 

Cet article est le 5ème paru sur ce blog dans la catégorie Présidentielle 2012

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21 avril 2011 4 21 /04 /avril /2011 22:46

Des différences mais aussi des convergences dans les textes

 

Quand je suis entré au Mouvement Républicain et Citoyen en 2004, Georges Sarre m’a confié la délégation nationale de l’agriculture. Il avait un jeune collaborateur à la mairie du 11ème arrondissement qu’il avait propulsé au secrétariat national du MRC. C’était Patrick Trannoy, dont l’avenir me semblait prometteur. J’avais noué des relations avec lui - voir son intervention à Nantes lors d’une réunion que j’animais : Assises régionales Ouest à Nantes - 16 décembre 2005 - Intervention de Patrick TRANNOY.

 

Lors de la préparation du congrès MRC de Paris, en juin 2010, Patrick a été l’un des premiers à s’associer à la contribution que j’avais proposée au débat et il avait apporté au texte de réelles améliorations.

Candidat aux élections cantonales en mars 2011 en Corrèze, avec le soutien du PS et de François Hollande, président du Conseil général, mais dans un canton imprenable, Patrick Trannoy a fait une bonne campagne.

 

Récemment, il a pris position contre Strauss-Kahn (voir  Strauss-Kahn, préféré des marchés et des sondages, divise la gauche - 17 avril 2011). Ces derniers jours, il a publié deux articles concernant le MRC et le PS (voir le Blog de Patrick TRANNOY). Manifestement, il ne croit pas les conditions réunies pour que son souhait se réalise (la candidature de Chevènement). Il considère qu’il y a un espace idéologique pour cette candidature, mais pas d’espace électoral et politique. Il reste, donc, à peser sur les primaires du PS, la priorité étant que Strauss-Kahn ne soit pas candidat, car avoir à choisir entre DSK, Sarkozy et Le Pen, serait catastrophique.

Premier article (20 avril) : MRC-PS : ne nous racontons pas d’histoire

Comparer sur deux enjeux essentiels le « programme de salut public » du MRC, et le « projet socialiste pour 2012 » : sur la question de l’Euro et plus largement du « policy mix » européen, et sur la question du libre-échange et plus largement de la politique industrielle. Instructif… (…)

 

Chacun le voit, les différences existent entre les deux programmes. Celui du MRC est plus audacieux, notamment sur les outils d’un protectionnisme commercial, de la monétisation partielle des dettes souveraines, et des nationalisations. Mais l’architecture d’ensemble présente de réelles convergences : reprise en main par l’Eurogroupe de la politique monétaire pour faire baisser le cours de l’Euro, initiative de croissance européenne par l’emprunt et les salaires, intervention de l’Etat pour favoriser la reconquête industrielle, y inclus le refus du jusqu’au-bout-isme libre-échangiste…
 
Alors bien sûr, « les promesses n’engagent que ceux qui les croient ». L’enjeu est donc non seulement d’infléchir la ligne du PS, mais de l’amener à tenir ses propres engagements ! Il ne faut dès lors surtout pas se priver - tout en continuant à affirmer la cohérence singulière des vues du MRC - de souligner le bien fondé de
beaucoup d'orientations programmatiques du PS, de les faire connaître le plus possible, de les mettre au cœur du débat des mois à venir, afin de les rendre le plus incontournables possible après 2012…
Ceci me paraît plus utile que de laisser le candidat surnaturel des marchés faire main basse sur l’élection présidentielle, et mener demain, comme aujourd’hui, la politique du capitalisme financier mondialisé.

En 2002, de fait, Jean-Pierre Chevènement n’était pas dans le « camp » de Lionel Jospin, et réciproquement. Le premier n’était pas, non plus, dans le « camp » de Jacques Chirac [*]. Aucun n’était, bien sûr dans celui de Jean-Marie Le Pen. Pourquoi n’étaient-ils pas « dans le même camp » ? Parce que Jean-Pierre Chevènement présentait un projet très différent de Lionel Jospin. Un tout autre paradigme de construction européenne (la différence de vision entre les deux allait s’éclairer à la faveur du référendum de 2005). Une conception de l’unité de la République difficilement conciliable avec celle du Premier Ministre sortant (qu’on songe à la question corse). Une façon plus que distincte d’assumer (ou non…) l’exigence de sécurité des Français, notamment les plus modestes. Une approche à maints égards opposée de l’Ecole de la République (s’il est permis de schématiser un peu, c’était la transmission des savoirs et de la morale républicaine pour l’un, l’agora des épanouissements pour l’autre)… Et bien sûr, au plan économique et social, deux options très éloignées : Chevènement défendait les services publics jusqu’et y compris contre les directives européennes de libéralisation, il préconisait l’intervention publique dans le pilotage économique et industriel malgré la politique de concurrence de la Commission, s’engageait sur l’augmentation du SMIC de 25% en rendant des marges de compétitivité aux entreprises… toutes choses qu’on ne retrouvait pas dans le programme de Jospin, qui, c’est lui-même qui le disait, « n’était pas socialiste » (le programme… au moins).

 

Les mêmes causes qui ont motivé la candidature de Chevènement, ont démotivé l’électorat populaire. Ce n’est pas vers Chevènement (et puisque Jospin porte la responsabilité de sa défaite, Chevènement doit assumer celle de n’avoir pas convaincu non plus cet électorat populaire) que s’est porté l’électorat ouvrier, dont seulement 11% a voté Jospin (ils étaient 25% en 1995, avant de l’avoir vu à l’œuvre). Ni les abstentionnistes, les votes blancs, et les votes nuls : près de 13 Millions, une réserve d’électeurs 65 fois supérieure à l’électorat supplémentaire que Lionel Jospin aurait dû convaincre pour se qualifier au second tour !

Alors, pour éviter un nouveau 21 avril, allons chercher les remèdes à la racine des maux. Que le candidat socialiste propose une vraie réponse alternative à la politique de Sarkozy, à la crise de capitalisme financier mondialisé, à la dislocation de la République indivisible, laïque et sociale, à l’obscurcissement de l’horizon national.

Que le candidat socialiste porte un programme, qu’il s’appelle ou non comme celui du MRC, « de salut public », pour sortir la France de l’ornière, et avec elle proposer à nouveau au monde un autre chemin que celui de vibrer à l’unisson d’un globalisme ploutocratique failli !
Qu’il porte une vision de la puissance et de l’indépendance d’une Europe enfin dimensionnée, de la Méditerranée à la Russie, pour pallier l’écrasement qui nous est promis entre les deux becs de la pince de fer sino-états-unienne. Une telle Europe ne peut se bâtir que sur la coopération volontariste de ses Nations.
Qu’il apporte une réponse à la crise de l’Euro, en puisant dans les propositions les plus inspirées du programme socialiste, puisqu’au sein même du PS, d’aucuns ont rejoint les positions chevènementistes (réforme des statuts de la BCE, pilotage politique intergouvernemental du change Euro / Dollar et Euro / Yuan, etc.).
Qu’il ose, sans qu’il soit ici question d’une quelconque dérive autarcique (dont la caricature n’a pour but que de dissimuler la couardise de ceux qui la mettent en avant), proposer de protéger l’économie européenne des concurrences déloyales exercées par les multinationales dans les pays où elles peuvent exploiter la main d’œuvre et dévaster l’environnement…
Qu’il assume l’autorité de la loi, égale pour tous, et l’école de la citoyenneté, de l’émancipation intellectuelle et culturelle, de l’excellence républicaine…

Ce candidat socialiste,
Jean-Pierre Chevènement le soutiendrait. Ce candidat socialiste, nous sommes prêts non seulement à ne pas « diviser son camp », car ce serait bien le nôtre aussi, mais à ne pas compter nos heures, notre énergie, notre volonté, pour nous mettre entièrement à son service. Ce candidat socialiste, nous sommes prêts à l’aider à « changer la vie ». Nous ne demandons pas mieux !
Existe-t-il ? Ce n
'est certainement pas Dominique Strauss-Kahn. Gageons que, si ce candidat authentiquement socialiste devait ne pas se révéler, le 22 avril 2012 risquerait fort, avec ou sans candidature Chevènement, de ressembler au 21 avril 2002… Dix ans pour rien ?


[*] Soyons un peu provocateurs, pour faire avancer le débat et « bien châtier », puisqu’au fond nous les « aimons bien », nos camarades socialistes : nous avons ici écrit « le premier n’était pas dans le camp de Jacques Chirac », car enfin, le second, lui, avait, comme Premier Ministre, signé avec le Président sortant l’accord européen de Barcelone, qui allait engendrer, quelques années plus tard, la libéralisation du service public de l’électricité, ou encore l’allongement de la durée de cotisations des retraites…

 

Cet article est le 4ème paru sur ce blog dans la catégorie Présidentielle 2012

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17 avril 2011 7 17 /04 /avril /2011 19:54

La personnalité la plus éloignée du peuple et de la République

 

Les élites françaises du monde de la finance et des médias semblent avoir choisi de soutenir la candidature de Dominique Strauss-Kahn à l’élection présidentielle qui aura lieu vraisemblablement les 22 avril et 6 mai 2012. Logique, compte tenu du parcours du directeur du Fonds Monétaire International (FMI), dont les capacités de gestion du pays ne font pas de doute.

Il a fait savoir qu’il préciserait ses intentions avant le 28 juin en vue de sa participation aux primaires du PS. Car il est socialiste, ce qui ne se voit pas au premier coup d’œil. Mais si, il est bien adhérent du PS*, comme son ami Pascal Lamy, directeur de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Ce sont des socialistes néolibéraux, très bien introduits dans le monde capitaliste financier et ses relais au sein des institutions européennes.

 

Au début des années 2000, Strauss-Kahn était  l’influent ministre de l’économie et des finances qui avait convaincu Jospin, premier ministre, de s’engager fermement dans la libéralisation de l’économie et des services publics. En mars 2002, après la sortie de son livre 1, Le Monde Diplomatique avait bien caractérisé l’univers social et politique de l’auteur - voir  Flamme bourgeoise, cendre prolétarienne, par Serge Halimi (Le Monde Diplomatique).

 

(…) Mais, une fois passée la page de garde, les rémanences politiques du tribun socialiste assassiné en 1914 sont particulièrement rares. Sur ce plan, on accordera volontiers à l’ancien ministre des finances de M. Lionel Jospin le crédit d’une certaine franchise. Car son propos théorise la rupture du Parti socialiste à la fois avec son histoire et avec ce qui constitua longtemps une fraction significative de sa base sociale. Depuis vingt ans, la gauche de gouvernement a appliqué des politiques favorables aux hauts revenus, y compris ceux du capital (2). Peut-être était-il temps pour cette gauche, pas très à gauche, de passer enfin par pertes et profits les exploités, après avoir sacrifié leurs intérêts en accomplissant le « sale boulot de la droite » (…).

 

Gérard Filoche avait analysé en 2002 le livre. A propos de « La flamme et la cendre », réflexion sur le salariat… (2002). Que dit DSK, dans son livre, sur les classes sociales ? Voir DSK et les couches moyennes « La flamme et la cendre »

(…) Le « montage », qui tient lieu d’analyse sociologico-politique de DSK ne tient pas : il reviendrait à marginaliser l’idéal socialiste, à le réduire à une charité d’une part, à une recherche de rentabilité rationalisée d’autre part, et il prétend qu’il n’y a plus de force sociale pour imposer un vrai changement (…).

 

La Tribune de Patrick TRANNOY (MRC) sur le site de Marianne (16 avril) :

 

DSK, le candidat des marchés ?

La candidature Strauss-Kahn, d'apparence infaillible, est une création médiatique. C'est ce qu'explique Patrick Trannoy dans cette tribune qui montre que le président du FMI n'incarne en rien une alternative républicaine et sociale à la présidence Sarkozy, mais qu'il est au contraire le « candidat surnaturel des marchés ».

A un an d’élections, présidentielle et législatives, directrices pour la France, Nicolas Sarkozy paraît très affaibli. Par ses échecs sur le plan de l’emploi, du pouvoir d’achat, des finances publiques. Par ses provocations sur le plan de l’équilibre républicain. Par ses rodomontades contradictoires sur le plan de la politique étrangère…

Les marchés n’ont plus confiance en lui : si ce n’est en sa capacité à servir leurs intérêts, du moins en sa capacité à gagner de nouveau l’élection présidentielle pour rester en situation de le faire.

Il faut donc aux marchés un candidat de substitution. Ils l’ont trouvé : l’actuel président du F.M.I., comme naguère Édouard Balladur et Jacques Delors. Le-candidat-qui-ne-peut-pas-perdre, super-héros des médias, champion toutes catégories des sondages, est présenté « sur un plateau », à tous les sens du terme, à des citoyens tout juste priés de l’adouber.

Un sigle tient lieu de vision, de programme, de rapport au peuple : D.S.K.. Candidat surnaturel, il échappe - pour l’heure - à toutes les contingences d’ici-bas !
Or, s’il devait être ainsi candidat, D.S.K. serait sans aucun doute le plus anti-républicain des prétendants à l’Elysée, à gauche et au-delà de la gauche.

Premièrement, parce que la genèse même de cette candidature surnaturelle est contraire à la substance du processus républicain, qui doit conduire un citoyen à représenter les autres, tout en restant primus inter pares, au terme d’une histoire partagée avec le peuple, qui l’aura vu faire ses preuves dans l’exercice politique, qui l’aura vu rencontrer la France réelle, s’y forger une vision de l’histoire nationale, passée et future, des besoins du pays, sociaux, culturels… Le candidat surnaturel des élites mondialisées, propulsé du haut de son piédestal de Washington, veut court-circuiter ce processus républicain, même s’il a jadis exercé des mandats et des fonctions en France - nous y reviendrons ci-après.
De surcroît, pour représenter la Nation, ce complexe « plébiscite de chaque instant » d’un projet évolutif, mais enraciné dans les âges et qui cimente les Français pour l’avenir, il faut d’abord vivre ce plébiscite au plus profond de soi-même ; il est permis de douter que ce soit le cas d’un homme dont la patrie et le projet semblent se confondre sans réserve avec l’univers et les intérêts du business mondialisé.

Deuxièmement, la vision du candidat surnaturel des marchés est contraire à la souveraineté de la France, qu’un Président de la République se doit au contraire d’incarner. Il suffit, pour s’en convaincre, de lire le rapport de Dominique Strauss-Kahn à Romano Prodi, alors Président de la Commission Européenne, préconisant le transfert sur vingt ans de l’essentiel de ce qui reste des souverainetés nationales à une Europe fédérale. On peut y trouver des affirmations lourdes de sens, et parmi les plus belles perles : hélas, « l’espoir de construire une Europe supranationale » s’est par le passé heurtée « à la réalité de nationalismes encore vivaces » (p1) ; mais il existe désormais « un peuple européen porteur d’une identité, de valeurs, d’un modèle de société » (p2) même si, souvent « il ne le sait pas » - sic – (p8), ce qui justifie un processus vers l’Europe fédérale, y compris « une autorité budgétaire européenne » (p16), « un impôt européen » (p7), etc. Inutile de préciser que ce rapport, en 2004, préconisait bien évidemment l’adoption du « traité constitutionnel européen » rejeté par une large majorité de Français, et qui plus est n’y voyait que la première pierre d’un édifice d’intégration supranationale beaucoup plus abouti !

Troisièmement, le candidat surnaturel des marchés porte une démarche néo-libérale anachronique face à une crise du capitalisme transnational démontrant au contraire la nécessité d’une intervention vigoureuse et moderne de la puissance publique dans l’économie. Le directeur général du FMI, comme naguère le ministre de l’Economie D.S.K., se caractérise par sa vision anti-interventionniste et dérégulatrice. C’est lui qui, par exemple, soutient la baisse des traitements des fonctionnaires grecs comme réponse à la crise économique et financière de notre voisin européen, en féal du paradigme néo-libéral selon lequel les peuples doivent démontrer leur « crédibilité » aux marchés (en l’espèce financiers) et non s’organiser pour échapper à leur mainmise, par exemple en se finançant directement auprès de leur banque centrale. Le même D.S.K. a brillé comme ministre des privatisations sous Lionel Jospin ; on songe bien sûr à France Télécom, mais on lui doit aussi, entre autres, d’avoir bradé Arcelor à des actionnaires privés (passée par des mains luxembourgeoises et espagnoles, notre sidérurgie a fini par se retrouver, en 2006, croquée par l’Indien Mittal !), etc. Il avait d’ailleurs théorisé, au séminaire gouvernemental de Rambouillet, dès septembre 1999, la non intervention de l’Etat dans les affaires économiques ; quelques années plus tard, face aux salariés de Lu et de Michelin, Lionel Jospin résuma cette doctrine de soumission au marché : « l’Etat ne peut pas tout » - comprenez : « l’Etat ne fera rien » !…

Quatrièmement, le candidat surnaturel des marchés est aux antipodes de la reconquête, plus que jamais nécessaire, de la justice sociale… On ne peut pas lui reprocher, soyons honnêtes (puisque c’était alors Laurent Fabius), d’avoir été ministre des Finances lorsque la France à majorité socialiste baissa l’IRPP, tranche supérieure comprise, en 2001 ; mais c’est lui qui avait préparé cette mesure dès la fin 1999, avant d’être empêché de la mettre en œuvre personnellement, par une affaire judiciaire, dont il sortit blanchi, liée à ses activités de conseil (des conseils grassement facturés aux étudiants sociétaires de l’ex M.N.E.F., qui, s’ils ne savent pas exactement ce que D.S.K. a fait pour eux, savent maintenant ce qu’ils ont fait pour lui !). Cette politique fiscale n’était-elle pas, somme toute, inspirée par la même logique que la création et le renforcement, quelques années plus tard, du « bouclier fiscal » par Dominique de Villepin puis Nicolas Sarkozy ? C’est aussi lui qui théorisa, en contre-partie du passage aux 35 heures, outre l’annualisation et autres joyeusetés « flexibles », la modération salariale et donc la baisse du pouvoir d’achat des ménages salariés. Et c’est la même logique qui l’a conduit récemment à se ranger, plus au moins tacitement, du côté des partisans de l’allongement de la durée des cotisations retraite, et du recul de l’âge légal au-delà de 60 ans. Entre, d’une part, l’hyper-mobilité du capital, son exigence sans cesse croissante de profits, le tout-libre échange planétaire, et, d’autre part, l’amélioration, voire le maintien, de la rémunération, directe ou indirecte, du travail français, D.S.K. a depuis longtemps choisi son camp.

Cinquièmement, le candidat surnaturel des marchés ne répond pas à l’idéal d’émancipation et de citoyenneté qui, au-delà de la fonction économique, productrice et consommatrice, donne du sens à la vie. Enfermé dans une vision strictement économiciste, D.S.K. ne porte jusqu’à présent aucun message sur l’émancipation par l’école, la culture, la participation citoyenne… L’élève que j’étais fut stupéfait d’entendre son maître de conférence rêver de structurer l’Europe en « vaste réseau hanséatique de sphères d’influence économique » (c’était avant son rapport à Romano Prodi, qui, au fond, dit la même chose, mais maquillée derrière la chimère de l’Europe politique : le miroir aux alouettes fédéraliste permet de faire avaler la pilule de la suppression de la souveraineté des peuples). J’eus le malheur de lui demander quel serait alors le creuset et le cadre de la citoyenneté ; D.S.K. me regarda avec des yeux incrédules, surpris, et un brin agacé, et ne se donna pas la peine de répondre à cette question de détail, qui venait contre-carrer sa vision strictement mercantile… Quant à son rapport à la citoyenneté, en tant que Maire de Sarcelles, il s’est surtout révélé particulièrement communautariste…

Non, décidément, un rassemblement humaniste, progressiste et républicain porteur d’une authentique alternative à Nicolas Sarkozy ne peut pas se reconnaître dans le candidat surnaturel des marchés.

Si nous ne voulons pas avoir à choisir entre Le Pen, Sarkozy et Strauss-Kahn, nous devons d’urgence organiser, du Front de Gauche aux gaullistes de progrès, avec les socialistes, les vrais, une confrontation et une convergence d’idées dont il faudra faire émerger un candidat, le candidat d’une politique républicaine réelle, héritier moderne du programme du Conseil National de la Résistance. Que ce candidat passe ou non par la case des primaires socialistes n’est qu’une question secondaire…

 

Cet article est le 3ème paru sur ce blog dans la catégorie Présidentielle 2012

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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 22:28

On attend toujours le sursaut de la gauche face à la crise

 

Universitéd'étéMRC2009 024 TAu vu du programme socialiste pour l’élection présidentielle (voir Le projet | PS, le Mouvement Républicain et Citoyen ne soutiendra pas le candidat du PS. C’est le propos tenu par Julien Landfried, secrétaire national, dans deux entretiens récents avec la presse.

Le premier a été publié hier par Atlantico. Voir Programme du PS : où sont les questions de fond ?

Le second a fait l’objet de cet article dans le Nouvel Observateur (entretien réalisé par Anne Collin, 6 avril).

 

2012 : un projet PS "déconnecté de la réalité", selon les chevènementistes

 

Le Parti socialiste a dévoilé officiellement, mardi 5 avril, son projet pour l'élection présidentielle de 2012. Baptisé "le changement" et comportant 30 propositions, celui-ci est torpillé par la droite et ne fait pas l'unanimité à gauche. En effet, après les critiques du Parti communiste, d'Europe-Ecologie-Les Verts et de Lutte ouvrière, c'est au tour des chevènementistes de s'en prendre à cette amorce de programme socialiste. Le secrétaire national du Mouvement républicain et citoyen (MRC), Julien Landfried, revient pour Nouvelobs.com sur les virulentes critiques faites par le MRC.

Dans une tribune publiée sur le site Atlantico, vous critiquez violemment les propositions socialistes et estimez notamment que ce projet "n'augure rien de bon". Pourquoi ?

- Ce qui frappe quand on lit les propositions du Parti socialiste, c'est qu'il s'agit d'une resucée des programmes de 2002 et de 2007. Pire, celui de 2012 est en retrait par rapport à celui de 2007. Ségolène Royal s'était alors notamment engagée à revenir sur les statuts de la Banque centrale européenne (BCE) en y intégrant l’objectif de l’emploi et de la croissance?. Mais cette mesure n'apparaît dans aucun des documents présentés mardi par le PS : ni dans le plan détaillé, ni dans le document résumé de 30 pages, ni dans celui, complet, de 75 pages. D'ailleurs, on peut s'étonner de devoir lire trois documents différents pour connaître leur projet et leurs priorités. Par exemple, la question du rééquilibrage du taux de change de l'euro face au dollar et au yuan chinois n'apparaît que dans le document le plus long. Cela montre bien qu'elle n'est malheureusement pas prioritaire pour le Parti socialiste.

Les principaux dirigeants du PS font comme si la zone euro n'était pas menacée d'éclatement comme en témoignent les graves difficultés que connaissent la Grèce, le Portugal et l'Espagne. Ils pourraient sauver l’euro et le réorienter dans un sens favorable au monde du travail. La zone euro n'accélère pas la convergence économique des pays, mais accroît les divergences internes à la zone, et fonctionne comme un mécanisme de déflation salariale. La France doit de toute urgence discuter avec l'Allemagne. Si elle ne le fait pas la zone euro va s’effondrer par le Sud. Le fonds de stabilisation engagé à l'heure actuelle ne suffit pas pour la sauver. Si la discussion avec l’Allemagne s’avérait impossible, un plan B s’imposerait à la France : quitter la zone euro.

Une autre question doit être posée au PS : celle de la cohérence de sa politique industrielle. La France, reconnaissent-ils enfin, est confrontée à une désindustrialisation dramatique. Au niveau européen, une politique industrielle existe déjà : c’est celle de la commission européenne ultralibérale, soit l’inverse de ce qu’il faudrait faire. Demander une politique industrielle européenne à l’heure actuelle, c’est donc poursuivre l'"irreal politik" européenne dénoncée par Hubert Védrine. Elle est complètement déconnectée de la réalité. Par ailleurs, les socialistes demandent une Banque Publique d’Investissement (BPI). Celle-ci existe déjà avec le Fonds Stratégique d’Investissement (FSI) créé par Nicolas Sarkozy (une de ses rares bonnes idées). En quoi leur BPI sera-t-elle différente du FSI ?

Au final, le sentiment qui domine à la lecture de ce projet est celui d’un certain provincialisme, notamment sur le plan économique.

Les limites des politiques européennes ne sont-elles pas des thèmes éloignés de ceux qui intéressent directement les Français au quotidien ?

- Pas du tout, car la France est complètement intégrée dans la globalisation. Ne pas discuter de la situation de la zone euro par exemple, c'est ne pas affronter les réalités internes du pays qui se posent aux classes moyennes et populaires. Le Parti socialiste propose de nouvelles dépenses sociales mais sans crédibilité sur la question industrielle. Or les gens savent que pour financer une politique sociale, il faut avant tout une base industrielle solide.

Le MRC agiterait-il le spectre du "plombier polonais" ?

- Nous n'agitons rien du tout. Nous disons simplement que le Parti socialiste fait comme si l'appauvrissement des Français n'était pas d’abord dû à la globalisation financière et à son cheval de Troie, la construction européenne. Au sein de l'Union européenne, on a mis fin aux droits de douane, libéré les mouvements de capitaux, permis l’épanouissement de paradis fiscaux... nous laissant sans défense. Il serait sage pour le Parti Socialiste de s’en aviser enfin.

 Les sévères critiques que vous adressez à ces "30 propositions", signifient-elles que vous n'envisagez aucune alliance en 2012 avec le PS ?

- Il est trop tôt pour le dire. Par contre, ce qui est certain c'est que ce programme ne participe pas au sursaut nécessaire du PS. Appliqué ainsi, une majorité de gauche serait sans armes face à la réalité de l'économie française et internationale dans les premiers mois d'une présidence socialiste. La crise française et la crise de l'euro sévissent, c'est un fait. Le MRC compte peser sur le PS par un dialogue politique qui permettra de mettre la gauche à la hauteur de l’enjeu. Ce dont la France a besoin, ce n'est pas d'une simple alternance mais d'une vraie alternative. On ne peut pas faire comme si le monde n'avait pas changé. Le MRC a sérieusement travaillé sur ces questions et appellera à soutenir un candidat républicain pour 2012, qui ne peut pas être aujourd’hui celui du projet du PS.

Cet article est le 2ème paru sur ce blog dans la catégorie Présidentielle 2012

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