Ce texte rappelle la question sociale et les attentes du monde du travail
Alain Gély est retraité, après avoir travaillé à la direction générale de l'Insee, en tant que statisticien-économiste. Il a eu des responsabilités à la Confédération générale du travail.
Après le communiqué intersyndical du 5 décembre (voir Les organisations syndicales rappellent les attentes du monde du travail), il a transmis ce texte aux membres du Club républicain le 7 décembre en approuvant l'idée politique des organisations syndicales rassemblées, qui lui semblait être un appel implicite à un gouvernement de "front républicain" ou de "salut public".
Ayant reçu des commentaires, il en a tenu compte dans la rédaction, le 10 décembre, du texte qui suit. C'est sa contribution au débat.
Le communiqué intersyndical est une des rares bonnes nouvelles de ces dernières années en France. Il témoigne en effet de la volonté et de la capacité d'organisations très diverses à surmonter leurs désaccords.
Certes, ce communiqué n'est pas un manifeste très novateur, il n'est pas un appel à la mobilisation populaire ni un programme de gouvernement, que d'ailleurs aucune organisation syndicale ne serait prête à signer. Mais il est utile, notamment pour la droite « républicaine » et, malheureusement, une partie de la gauche dite « de gouvernement » qui a tendance à n'adopter que le point de vue patronal en oubliant les 27 millions de salariés et leurs représentants syndicaux.
Ce texte intersyndical rappelle et privilégie la question sociale (salaires, retraites, emploi, services publics, égalité femmes-hommes, justice fiscale...). Il exprime les préoccupations du monde du travail, trop souvent réduit à une clientèle électorale infidèle et ainsi laissée absurdement au RN. Il montre qu'il n'y pas de fatalité à la multiplication des divisions et à la sinistrose généralisée.
Ne serait-ce qu'à ce titre, ce communiqué est politique et politiquement utile, même si les organisations signataires ne le revendiqueraient pas.
Tout d'abord, il se démarque clairement du RN et de la partie de la droite qui en est proche :
« Nos organisations ont collectivement salué en juillet dernier le sursaut démocratique et républicain remarquable des citoyens et citoyennes. »
C'est ce qu'on a appelé le Front Républicain, donné comme moribond et qui s'est reconstitué à cette occasion avec succès. Provisoirement ? Uniquement par sauve-qui-peut électoral ? Sans véritable accord sur un programme ? On verra.
Mais notons au passage que LR ne s'y était pas associé, même si certains de ses candidats en ont bénéficié. Les dirigeants de LR ne sont donc pas fondés à lancer des exclusives contre les écologistes, les LFI ou les socialistes qui ne seraient pas considérés comme fréquentables. Et la nomination de Barnier, issu de LR, ne correspondait nullement à une demande des citoyens aux Législatives.
Ensuite, en s'adressant au président de la République, ce texte ne fait pas de sa démission un préalable à la recherche d'un gouvernement.
Alors, tient-on une piste de solution à la crise politique actuelle ? Il faudrait pour cela que le Président de la République appelât à la constitution d'un véritable gouvernement d'intérêt général, traduction du Front républicain. Piste de solution, peut-être, si les débats au Parlement n'étaient pas excessivement pollués, voire interdits, par les tactiques des uns et des autres en vue des échéances présidentielles.
Ce serait peut-être la dernière possibilité pour éviter que la crise politique devienne une crise de régime ouverte, marquée par une marginalisation totale ou une démission contrainte du président de la République, voire par la nécessité devenue évidente d'une nouvelle constitution.
Mais une telle lucidité macronienne serait une vraie surprise ! A défaut, les orages annoncés se développeront. Mais ce ne serait pas la fin de l'Histoire.
Cet article est le 3399 ème sur le blog MRC 53 - le 156ème catégorie Travail Economie
Article paru le 11 décembre 2024 sur http://mrc53.over-blog.com/