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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

La pratique de la langue française décline dans les instances européennes et internationales



Le néolibéralisme est véhiculé par l’anglais

 

Dans le monde des affaires, l’anglais est considéré comme la langue universelle. C’est le support de l’économie libérale. On assiste à une évolution qui remet en question la diversité des langues et des cultures, y compris en Europe, malgré les beaux principes de l’Union européenne.

 

Selon le correspondant du quotidien Libération à Bruxelles, Jean Quatremer, la Commission européenne joue un rôle actif dans la promotion de l’anglais.

 

Voici un article paru sur son blog http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses le 10 décembre 2007 et repris le 7 janvier 2008 dans Libération.

  « Barroso promeut l’Europe anglaise »

« Le conservateur José Manuel Durao Barroso était, on s’en souvient, le candidat de la Grande-Bretagne : en juin 2004, il n’a dû sa nomination à la tête de la Commission européenne qu’au veto de Londres à la candidature du Premier ministre belge, Guy Verhofstadt, soutenu par Berlin et Paris. Depuis il s’acquitte activement de sa dette : l’exécutif communautaire, sous son règne, est devenu un efficace secrétariat au service des États membres et non le centre de la gouvernance européenne, comme le souhaitait Londres. Surtout, pour lui, l’avenir de l’Europe est d’être un grand marché ouvert sur le monde et non une puissance faisant de l’ombre aux États-Unis. Certes, depuis quelques mois, il a mis de l’eau dans son vin « libéral » (au sens français du terme) afin de complaire à la France dans l’espoir d’être reconduit à son poste en juin 2009.

Néanmoins, les faits sont têtus : Barroso, dans l’ombre, continue à promouvoir son Europe anglaise. Ainsi, l’emblématique service du porte-parole, dirigé par l’Allemand Johannes Laitenberger, est devenu un véritable bastion anglophone en quelques années. Sur 36 porte-paroles, chargés de communiquer avec les médias et les opinions publiques, on compte désormais  9 Britanniques et  4 Irlandais, soit un tiers d’Anglo-saxons (les 2 Néerlandais pourraient même être rajoutés à ce contingent… ) ! Et ils n'occupent pas des postes de second ordre, loin de là (concurrence, etc). Un tel déséquilibre linguistique n’a pas de précédent, et surtout pas en faveur des Français. Si on ajoute à cela 8 Allemands (qui n’ont jamais été aussi bien servis), ce sont 21 postes sur 36 qui sont squattés par trois nationalités. Sans précédent!

Les Français, eux, doivent se contenter de deux postes : celui de Valérie Rampi (administration) et celui d’Alain Bloedt (cellule horizontale, qui n’est pas en contact direct avec les journalistes). Il y a aussi deux franco….britanniques, que l’on peut ajouter au contingent français. Les Italiens (2), les Espagnols (2) et les Polonais (1) sont aussi mal servis que les Français. En revanche, une fois n’est pas coutume, les Portugais (2), les Néerlandais (2) et les Grecs (2) ont une représentation équivalente à leur poids démographique (…).

Cela a des conséquences, évidemment : même si officiellement le français reste avec l’anglais l’une des deux langues de la salle de presse, quasiment tous les documents importants sont désormais en anglais. Les porte-parole ne parlent qu’anglais entre eux, ce qui leur donne une vision très anglo-saxonne du monde : par exemple, pour eux, le marché est une évidence, l’État un ennemi à abattre. Comprendre les réticences des Français, aussi infondées soient-elles, en matière de concurrence est souvent au-delà de leurs capacités intellectuelles : pour eux, la France a tout d’une tribu africaine oubliée qu’il convient de civiliser… Enfin, comme l’anglais est devenu la langue unique de la Commission, cela favorise évidemment ceux qui ont pour langue maternelle l’anglais: mieux vaut embaucher un Britannique plutôt que quelqu'un qui aura simplement appris l'anglais (…).

Penser et communiquer en anglais (comme persiste à le faire la Commissaire suédoise chargée de la communication, Margot Wallström), c’est la certitude de se couper des citoyens européens : certes, le Financial Times  sera content, mais qui d’autre ? Le virage vers le tout anglais a, curieusement, correspondu à la désaffection des peuples vis-à-vis de l’Europe. La Commission sait pertinemment que l'anglais est la langue de communication d'une petite élite bruxelloise et celle du monde des affaires, pas celle des peuples. Elle n’en a cure. Pourtant, il existe un commissaire chargé du multilinguisme : mais, depuis qu’il a été nommé, en janvier dernier, rien n’a changé. Lui-même s’exprime en anglais…».

Le gouvernement français emboîte le pas de Barroso. C’est ce que Jean Quatremer écrivait sur son blog le 25 février 2008.

Valérie Pécresse, la ministre chargée de l’enseignement supérieur et de la recherche, veut rendre obligatoire l’enseignement de l’anglais pour tous en France : « je veux rompre le tabou de l’anglais », a-t-elle expliqué, tout à l’heure, à Bruxelles. Elle avait invité à déjeuner un groupe de journalistes français, en marge d’un Conseil des ministres « compétitivité », afin de donner ses priorités pour la présidence française de l’Union. « L’anglais doit être une des langues que tous les jeunes doivent maîtriser : on ne peut pas laisser sortir du système éducatif un enfant qui ne sait pas parler cette langue », a affirmé Pécresse qui, outre l’anglais, parle le russe. « Il faut même donner des cours en anglais à l’université », sur le modèle de ce qui se fait déjà aux Pays-Bas et dans les pays nordiques. « Notre culture rayonne d’autant mieux qu’on s’exprime dans la langue de l’autre ».  La ministre a raconté que lors des déjeuners informels avec ses vingt-six collègues, elle s’exprimait en anglais sans réticence puisque c’est la langue commune : « je ne vais pas les obliger à avoir recours à l’interprétation » (…).


Le Monde diplomatique
, notamment Bernard Cassen, a beaucoup écrit à ce sujet.

La bataille des langues, Manière de voir n° 97, février-mars 2008. La langue n’est pas seulement un outil de communication, c’est aussi le creuset de l’identité d’un individu ou d’un peuple.

« Contre le “tout-anglais” », par Bernard Cassen, août 2007. Dans un nombre croissant d’entreprises, l’usage de l’anglais est imposé sans aucune justification fonctionnelle. Mais à la base, les salariés commencent à s’organiser contre cette forme de servitude volontaire.

 

« Un monde polyglotte pour échapper à la dictature de l’anglais » (B Cassen), janvier 2005.
Les langues latines constituent une famille au sein de laquelle on peut apprendre à se comprendre en s’exprimant chacun dans la sienne. Cette intercompréhension est une manière de résister au rouleau compresseur de la langue de l’hyperpuissance.

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S
A mon tour de te remercier, Christine, pour ce commentaire qui m'amène à compléter mon propos. L'horizon des Barroso et Pécresse n'est pas européen mais néolibéral. Construire l'Europe en respectant les nations n'est pas possible si l'on reste dans le cadre de politiques néolibérales, dont la priorité est d'affaiblir l'intervention des pouvoirs publics dans les affaires économiques. Bien sûr, comprendre l'anglais et savoir le parler est fort utile mais l'Europe doit maintenir la diversité de ses langues pour que les peuples qui la composent puissent s'exprimer et peser démocratiquement et culturellement.
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C
Merci, Michel, pour cet article documenté qui montre bien à quel point, au-delà de Lisbonne, c'est tout ce qui fait la nation française qui est jeté aux oubliettes.
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