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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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Articles RÉCents

27 avril 2023 4 27 /04 /avril /2023 22:14

Ces sanctions ont provoqué un choc majeur pour l'économie internationale

 

L'évolution de la Russie était inquiétante il y a dix ans. La Fondation Res Publica avait rédigé une note en faveur du partenariat France-Russie. Voir (14 juin 2013) : Partenariat France-Russie, recommandé dans une note Res Publica.

Depuis l'invasion d'une partie du territoire ukrainien en 2014, et la décision des autorités russes de régler par la force armée le différend avec les USA et l'Union européenne, et, surtout, depuis le 24 février 2022, des sanctions économiques ont été appliquées à l'encontre de la Russie. Quels en sont les effets ?


 

L'Institut Montaigne a répondu à cette question, le 7 mars 2023, par un entretien avec Agathe Demarais. Voir Un an de guerre en Ukraine : quel bilan pour les sanctions économiques occidentales ?.


 

Jacques Sapir, chercheur en économie et spécialiste de la Russie, avec laquelle il a un partenariat, répond, lui aussi, sur le site Les Crises, qui l'héberge.

Voir (25 avril 2023) : Les sanctions économiques contre la Russie ont-elles échoué ? Par Jacques Sapir. Extraits.

 

La question de l’effet des sanctions prises contre la Russie depuis le début du conflit en Ukraine a été l’objet de nombreux débats. Elle doit désormais être posée et ce après près d’un an et demi d’application de ces dernières. Cette efficacité doit être évaluée que celle-ci soit économique ou politique, et en particulier il faut répondre à la question de savoir si la Russie a été isolée. De plus, il convient d’envisager les conséquences de long terme d’une action dont les conséquences pourraient être importantes, voire dévastatrices, pour l’organisation géoéconomique du monde. (...)

 

De plus, il convient de rappeler que l’économie de la Russie est nettement plus importante et plus diversifiée que ne l’était celle de l’Irak, de l’Iran, ou de Cuba, pays qui ont historiquement résisté aux sanctions. À cela, il faut ajouter que la Russie pouvait, et peut toujours, s’appuyer sur tout un groupe de pays importants, dont les positions allaient d’une neutralité bienveillante (Inde) à un soutien déguisé (Chine). L’Inde, notamment, s’oppose ouvertement aux tentatives « d’isoler » la Russie et considère que la position des pays occidentaux est hypocrite et inefficace. Par ailleurs, l’un des points qui a été oublié lors de la décision de sanctionner économiquement la Russie était que les pays dits « occidentaux » n’ont plus le poids qu’ils pouvaient avoir au sein de la production mondiale il y a vingt ou trente ans. Cette perte de puissance économique, et le fait que les pays occidentaux n’ont pu ou su faire partager leur point de vue au reste du monde, a considérablement affaibli l’impact des sanctions.

De ce fait, l’échec politique des sanctions était inévitable. Leur échec économique se mesurera dans le temps. Non seulement est-il évident que la Russie retrouvera son niveau économique du début 2022 sans doute à la fin de 2023, mais il est aussi clair que les sanctions sont appelées à perdre, dans les prochaines années, de leur efficacité.

Par contre, il est clair que ces sanctions ont provoqué un choc majeur pour l’économie internationale mais aussi pour les économies européennes. Elles ont fait voler en éclat ce qui restait du multilatéralisme, un fait qui est souligné par le FMI comme un facteur supplémentaire de risque, et accélérée des phénomènes de repli sur soi ou sur la constitution de groupes de pays réputé « amis », comme le montre le mouvement actuel d’élargissement des « BRICS ».

Ces sanctions, et en particulier les sanctions financières et le gel des avoirs de la Banque centrale de Russie, inquiètent de nombreux pays. Elles pourraient, dans les années à venir, accélérer une dédollarisation des échanges, même si ce processus sera probablement long. Ces sanctions ont aussi eu un important « effet Boomerang » important sur les pays de l’Union européenne, qui s’est manifesté par une forte accélération de l’inflation et une baisse générale de la compétitivité de ces économies.

Alors que les sanctions devaient, dans l’esprit de leurs initiateurs, démontrer la puissance du « bloc occidental » face à un pays considéré comme un « trouble-fête », voire un pays « voyou », elles sont en train de se révéler le catalyseur d’un processus de dé-occidentalisation du monde et de perte majeure de l’influence, politique, économique, mais aussi culturelle, de ce bloc occidental.

Cette tendance était déjà présente avant le conflit et l’usage des sanctions. Mais, elle pourrait avoir changé de nature avec la guerre et les sanctions. Le poids des pays n’appliquant pas les sanctions, et en particulier la Chine, l’Inde, mais aussi le Brésil et – paradoxalement – la Turquie (qui est pourtant membre de l’OTAN), en est sorti renforcé. La Russie, par sa capacité à résister à ces sanctions, bénéficie d’un prestige certain au sein des pays opposés au bloc occidental que ce soit en Afrique, en Amérique Latine ou en Asie.

Les sanctions étaient censées contenir un conflit dans un cadre régional et isoler celui qui était considéré par le bloc occidental comme le fauteur de troubles. Elles se sont avérées être le point de départ d’un pivotement du monde qui remet en cause nombre de hiérarchies internationales tenues jusque-là pour acquises.

 

Cet article est le 3282 ème sur le blog MRC 53 - le 9ème paru sur ce blog dans la catégorie Russie

Le 30 août 2011, à Paris, Jacques Sapir (à droite sur la photo, de profil) était l'un des intervenants au colloque sur la mondialisation organisée par Arnaud Montebourg et Jean-Pierre Chevènement (MRC)

Le 30 août 2011, à Paris, Jacques Sapir (à droite sur la photo, de profil) était l'un des intervenants au colloque sur la mondialisation organisée par Arnaud Montebourg et Jean-Pierre Chevènement (MRC)

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14 juin 2013 5 14 /06 /juin /2013 22:34

De réelles potentialités d’investissements en Russie

 

Au moment où les relations se tendent entre l’Union européenne et la Russie - voir Russie-UE: la guerre commerciale oubliée (Coulisses de Bruxelles, 13 juin 2013) - la Fondation Res Publica (voir Présentation de la Fondation) a publié, le 8 juin 2013, une note concernant le rôle que la France pourrait jouer dans l’effort de modernisation et de diversification de l’économie russe. 

 

France - Russie, un partenariat économique stratégique

Par Kevin Limonier, chercheur à l'Institut Français de Géopolitique (Université Paris VIII), enseignant en géopolitique (Université russe d'Etat en sciences humaines – RGGU, Moscou), et Baptiste Petitjean, directeur de la Fondation Res Publica. Quel rôle la France peut-elle jouer dans l’effort de modernisation et de diversification de l’économie russe ? Dans le cadre d’un partenariat stratégique, la France comme la Russie peuvent tirer profit d’une politique avisée d’investissement dans les secteurs et les régions bien ciblées.

 

La nécessaire modernisation et la diversification de l’industrie russe

Situation générale de l'industrie russe

Lorsque l'Union Soviétique s'écroula en 1991, nous découvrions que le pays qui avait le premier envoyé un homme dans l'espace était pratiquement dépourvu d'ordinateurs, de photocopieurs et de toutes sortes d'objets du quotidien. Vingt ans plus tard, la Russie contemporaine ne s'est pas totalement remise des effets dévastateurs d'une économie soviétique qui avait tout misé sur le secteur militaro-industriel, et où la production des biens de consommation avait été largement négligée.

Dans les secteurs où l'URSS était pourtant à la pointe, le manque de compétitivité d'industries et d’instituts de recherches qui furent subitement privés de leurs financements publics, mena de nombreux combinats à la faillite et à la perte de savoir-faire (notamment dans la construction navale), alors que la Russie fut contrainte d'importer tous ces biens de consommations que lui offrait désormais le capitalisme. Certains secteurs, comme l'aérospatial ou l'aéronautique s'en sortirent mieux que d'autres dans la mesure où l'excellence reconnue des industries soviétiques dans ces domaines leurs permettaient d'attirer des investissements étrangers sur des marchés oligopolistiques.

Il en résulte aujourd'hui, malgré des politiques de relance fortement dirigées par l'Etat et financées par la rente énergétique, que le secteur industriel russe demeure marqué par de profondes inégalités de développement. L’arrivée des nouvelles technologies a par exemple pu profiter à certains dispositifs datant de l’époque soviétique engagés dans leur reconversion. C'est par exemple le cas des nanotechnologies, aujourd'hui considérées par beaucoup d’acteurs institutionnels et économiques comme des voies d'avenir issues des recherches nucléaires menées en URSS. Au contraire, d'autres secteurs comme l'agroalimentaire souffrent encore de handicaps hérités de l'époque soviétique.

Si l'industrie russe est marquée par de grandes inégalités selon les secteurs d'activités, elle l'est également d'un point de vue géographique. A l'époque soviétique, la planification centralisée de l'économie et le contrôle du déplacement des populations avaient permis dès la fin des années cinquante de créer des dizaines de villes nouvelles « fonctionnelles », dans la mesure où elles étaient construites autour de quelques centres de production. Ces villes étaient à l'époque pensées sur le modèle de la cité ouvrière socialiste des années trente, où l'activité professionnelle se trouvait au centre de la vie sociale, culturelle des ouvriers qui résidaient souvent dans des habitations appartenant à leur usine. De même, la géographie industrielle de l'URSS répondait à une logique similaire de planification : le bassin industriel entourant Moscou était ainsi spécialisé dans les hautes technologies, le textile et la production de matériels agricoles. La région de l'Oural était dédiée à la recherche nucléaire, le bassin du Volga était spécialisé dans l'industrie lourde (acier), la production de voitures etc.

A la chute de l'URSS, la fin du contrôle sur les déplacements, conjuguée à une profonde crise économique, induisirent une grande vague de migrations. Dans de nombreuses villes fonctionnelles ayant vu leur industrie faire faillite ou réduire considérablement ses effectifs, les habitants étaient contraints de partir dans les grandes villes (Moscou en particulier) ou à l'étranger pour les spécialistes (fuite des cerveaux).

Aujourd'hui, la situation géographique du développement industriel est toujours marquée par les inégalités tracées à l'époque de la crise des années quatre-vingt-dix : au développement fulgurant de l'agglomération moscovite (qui passe de 6 millions d’habitants en 1991 à 18 millions aujourd'hui), on peut par exemple opposer des périphéries sinistrées dans un paysage ponctué d'usines ou de kolkhozes à demi abandonnés. En 2012 le chômage était quasi inexistant à Moscou, où l'on ne dénombrait que 75 000 personnes sans emploi, alors que l'on gagnait en moyenne trois fois mieux sa vie dans la capitale russe qu'en province

 

Cette carte présente les 250 centres économiques les plus importants du pays en termes de valeur des productions. Sans surprise, on retrouve un territoire soumis à de très fortes disparités de développement économique. Si Moscou et Saint-Pétersbourg constituent les deux plus grands centres économiques autour desquels gravitent un bon nombre de petites villes elles-mêmes entraînées par le dynamisme de leurs grandes voisines, il convient de noter que le troisième lieu de production de richesse de Russie n'est pas une agglomération fortement peuplée qui tirerait une économie polyvalente : il s'agit de Surgut et des localités avoisinantes, d'où provient une importante partie de la manne gazière et pétrolière dans laquelle la Russie contemporaine puise plus de 70% de sa richesse nationale. Au contraire, les anciens centres industriels soviétiques, qui bénéficient pourtant d'avantages certains en raison des politiques de relance mises en place par le gouvernement, n'occupent pas une place prédominante sur cette carte.

La part de la production industrielle dans la richesse nationale est en effet largement surclassée par la production d'hydrocarbures alors que la carcasse territoriale de l'industrie russe connait de très fortes inégalités centre-périphérie qui nuisent au développement industriel des régions et à la relance d'anciens combinats soviétiques.

Dans un tel contexte, une question préjudicielle se pose si l’on s’intéresse aux relations franco-russes : que peut et que veut faire la France avec la Russie ? La Russie, première puissance énergétique mondiale, et premier fournisseur de gaz naturel, a par ailleurs entrepris la modernisation et la diversification de son économie et notamment de son industrie. Dans le cadre d’un « partenariat stratégique », la France doit prendre pleinement sa part dans cet effort, sachant que la Russie constitue un relais de croissance indispensable. Les difficultés auxquelles fait face la Russie en matière de développement industriel doivent être prises en compte par les décideurs économiques et institutionnels français. Notre pays dispose en effet d'atouts qui répondent aux grands défis auxquels la Russie est aujourd'hui confrontée.

De réelles potentialités d’investissements en Russie

Du côté des stocks d’IDE, la France n’est actuellement pas en position de force en Russie: avec environ 10 milliards de dollars, la France est le 9ème investisseur étranger en Russie. Ces IDE concernent en particulier le secteur agroalimentaire, automobile, les transports et le secteur financier. A noter aussi l’excellente implantation de certains groupes comme le distributeur Auchan, premier employeur étranger en Russie. La coopération économique souffre malgré tout ici encore d’un déséquilibre bilatéral de un à dix. Toutefois, plusieurs événements récents laissent penser qu’une relation dynamique en matière d’investissements peut s’enclencher. Tout d’abord le rachat de 75% de GEFCO par RZD à la fin de l’année 2012 pour un montant de 800 millions d’euros. Ensuite, rappelons que les cabinets d’architecture français Grumbach et Wilmotte ont été désignés vainqueurs du concours sur le développement du Grand Moscou. Enfin, plusieurs grandes entreprises comme Alstom ou EADS n’ont pas tardé à se positionner dans le cadre du grand projet d’innovation « Skolkovo » (aussi connu sous le nom de Silicon Valley russe).

Le commerce franco-russe trop faible

Le graphique ci-dessous montre que les échanges commerciaux franco-russes, même s’ils augmentent tendanciellement depuis dix ans, restent assez faibles. En 2011, ils atteignent seulement 21,3 milliards d’euros.

La France a également vu ses parts de marché en Russie se réduire progressivement : passant de 5% en 2009, à 4,5% en 2010 en enfin 4,35% en 2011. Cela fait de la France le 8ème fournisseur de la Russie, derrière l’Allemagne (12% des parts de marché) et l’Italie (4,4%). Pourtant les exportations de la France vers la Russie sont assez diversifiées, signes de grandes potentialités, ce qui n’est pas le cas des exportations russes vers notre territoire. La France est bien positionnée sur le matériel de transport (27% du total de nos exportations vers la Russie), les équipements mécaniques, électroniques, électriques et informatiques (23 du total) et les produits pharmaceutiques (11% du total). En revanche, les hydrocarbures et les produits pétroliers raffinés représentent 89% des exportations russes vers la France. Enfin, le déficit commercial de la France avec la Russie s’est creusé, à cause justement de la facture énergétique (12,3 milliards d’euros). Il s’élève en 2011 à 6,4 milliards d’euros.

Dans le cadre d’un partenariat économique stratégique, la France a vocation à prendre part à la modernisation de l’appareil productif russe et à l’enrichissement des relations économiques bilatérales, tant du point de vue des échanges commerciaux que des investissements. Les défis qui se présentent aujourd'hui à la Russie en termes de diversification d'une économie trop dépendante des hydrocarbures et trop concentrée dans quelques grands centres offrent des opportunités réelles aux investisseurs français. Ceux-ci doivent « aller en région » et accompagner par leurs investissements le renouveau d'un paysage industriel dévasté par la chute de l'Union Soviétique. La diversité de l'offre économique française tout comme l'image très positive dont jouissent nos produits en Russie sont un atout majeur qu'il s'agit de pérenniser en s'ouvrant aux régions et aux classes moyennes qui y émergent lentement. Mais pour cela, les investisseurs français doivent avoir des marchés régionaux russes une connaissance qu'il est souvent difficile d'acquérir : opacité des réseaux de pouvoir et de décision, complexité juridique et administrative ou encore méconnaissance du territoire d'investissement sont des obstacles qui ne pourront être levés que grâce à une coopération accrue entre les investisseurs, l'Etat et les spécialistes qui connaissent effectivement ces régions.
 

MRC national 002Voir aussi Jean-Pierre Chevènement : la France doit devenir le deuxième pays en terme de volume d’investissement en Russie (France Monde Express, 9 février 2013)

Le représentant spécial du ministère des Affaires étrangères pour les relations avec la Russie Jean-Pierre Chevènement a rencontré le 6 décembre les dirigeants des sociétés françaises présentes en Russie, au cours d’une conférence-débat organisée par la Chambre de commerce et d’industrie franco-russe (CCIFR) et l’Observatoire franco-russe. C’était la première visite que M. Chevènement effectuait dans le cadre de ses nouvelles fonctions (voir Jean-Pierre Chevènement, représentant spécial de la France pour la Russie).

Voir Consulter le discours de Jean-Pierre Chevènement sur la coopération franco-russe (extraits) et France-Russie : Chevènement avec Hollande pour dégeler les relations - 28 février 2013.

A consulter : Jacques Sapir - La Transition russe, vingt ans après  

 

Cet article est le 8ème paru sur ce blog dans la catégorie Russie

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28 février 2013 4 28 /02 /février /2013 21:53

Représentant spécial de la France pour les relations avec la Russie

 

Dans le cadre de la diplomatie économique mise en œuvre par le gouvernement français, Jean-Pierre Chevènement est le représentant spécial de la France pour la Russie. Voir le communiqué publié le 26 novembre 2012 sur le blog de Jean-Pierre Chevènement. Dans sa lettre de mission, le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, lui demandait d’œuvrer pour une mobilisation des acteurs français publics et privés en faveur des relations politiques, économiques, commerciales, scientifiques et culturelles entre la France et la Russie.

MRC national 002Le 10 décembre 2012, dans le cadre d’un colloque organisé par la Fondation Res Publica, Jean-Pierre Chevènement, son président, a évoqué la Russie. Voir Débat final et conclusion de Jean-Pierre Chevènement. Extrait des Actes du colloque "Les Etats émergents: vers un basculement du monde?"

Je rentre de Russie où la consommation automobile augmente de 10 % par an, tandis que la croissance est un peu inférieure à 4 %. Des besoins de tous ordres s’y expriment : consommation, infrastructures, services urbains… La Russie n’est pas à proprement parler un pays émergent, elle est, pourrait-on dire, un pays ré-émergent dont le parcours historique est tellement sinusoïdal qu’on ne peut pas le qualifier. La Russie était déjà un pays fortement émergent au temps de Stolypine. Suivit la période soviétique, puis dix années de break, de crise grave, et, depuis dix ans, un relèvement qui mérite d’être reconnu du point de vue économique.

 

Voir aussi : La Russie, prolongement de l'Europe vers l'Asie, a besoin de l'Europe - 13 août 2009 

Jacques Sapir au sujet de la prochaine visite de François Hollande (Audio, 26 février 2013)

Jacques Sapir et la transition économique russe (Fattorius, 16 février 2012)

 

A propos de la visite du président de la République française en Russie

François Hollande souhaite ménager la Russie (Le Monde, Piotr Smolar, 28 février 2013)

Hollande veut dégeler les relations avec Poutine (Le Figaro, Alain Barluet, 28 février 2013)

Le retour du «Che» sur le front russe

ON A RETROUVÉ le général Chevènement sur le front russe. Nommé en octobre dernier «représentant spécial» pour les relations avec la Russie, le sénateur de Belfort, 74 ans la semaine prochaine, accompagne François Hollande à Moscou. Il s'y est déjà rendu à deux reprises, en décembre et en février, dans le cadre de la diplomatie économique lancée par Laurent Fabius. L'occasion pour lui de multiplier les rencontres avec les ministres et les grands patrons russes, tels celui des chemins de fer ou du holding d'État Rostechnologies.

«Je mets de l'huile dans les rouages, je suis un facilitateur», dit-il, lorsqu'on l'interroge sur son rôle. L'accueil que lui réservent ses interlocuteurs russes est «excellent», dit-on. «Ils me connaissent depuis longtemps», glisse l'ancien ministre de la Défense de François Mitterrand. En décembre, il était à Alger, aux côtés du chef de l'État, et le week-end dernier, à Bamako, avec une mission parlementaire.

Sur les bords de la Moskova, il rassure: souverainiste, étatiste, industrialiste, eurosceptique, américano-critique - le profil idéal. «Il apporte un regard différent et peut entretenir avec les autorités russes une relation plus directe que l'ambassadeur», estime un diplomate.

Pour Jean-Pierre Chevènement, la croissance russe, quoique ralentie (3,4 % l'an dernier, contre 7 % en 2000), reste porteuse, y compris, pense-t-il, en matière de libertés fondamentales: «Aider la démocratie, c'est aider la Russie à progresser et à soutenir l'essor de sa classe moyenne.» À l'aune des besoins croissants du pays, les perspectives de coopération économique sont prometteuses: énergie, automobile, transports, distribution… Ce qui ne l'empêche pas de rester prudent sur la réussite de ses efforts. Tout de même, se félicite-t-il sans en dire davantage, «de petits dossiers commencent à se débloquer»…

 

A noter que le sénateur du Territoire de Belfort, vice-président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, co-préside le groupe Sahel du Sénat. A ce titre, il était à Bamako (Mali) les 24 et 25 février 2013, rencontrant sur place les responsables des forces armées, françaises, maliennes et africaines, mais aussi des responsables politiques maliens, les associations humanitaires et les acteurs du développement économique, ainsi que des représentants de la société civile malienne.

 

A noter aussi que Jean-Pierre Chevènement était à Alger, en décembre 2012, aux côtés du chef de l'État, en tant que président de l’association France-Algérie.

 

Cet article est le 7ème paru sur ce blog dans la catégorie Russie

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13 août 2009 4 13 /08 /août /2009 22:50

 

Entre l’Europe et l’Asie, quel avenir pour la Russie ?

 

Je suis inquiet pour le peuple russe et je souhaite que l’Europe et le monde tendent la main à la Russie pour l’aider à résoudre ses problèmes. Obama veut « une Russie forte, pacifique et prospère ». On en est loin, comme l’a souligné l’ancien directeur du Monde, André Fontaine, dans un article paru le 1er août : Pourquoi l'Occident a intérêt à aider le peuple russe.

 

Ce 13 août, Alexandre Billette, dans le même journal, rappelle les évènements récents qui ont marqué la vie de la Russie : Assassinats, attentats : la situation se dégrade dans le Caucase russe.


Le 14 juillet, la correspondante du Monde à Moscou complétait le tableau : Sur fond de récession, la Russie guettée par les troubles sociaux, par Marie Jégo.

 

L’Ukraine a très mal vécu cette crise du gaz et ne comprend pas les accusations du président Medvedev (voir, sur le site du Nouvel Observateur, le 12 août : Kiev accuse Moscou de "complexes impérialistes").

 

Quant à la Géorgie, elle n’a rien oublié de ce qui s’est passé il y a un an (voir, sur ce blog, La Russie montre sa force militaire pour marquer sa zone d'influence - 12 août 2008).

 

Et les menaces de guerre n’ont pas disparu : Moscou accuse la Géorgie de préparer une agression (Le Monde, 5 août 2009).

Le président géorgien répond (Libération, 11 août) : Saakachvili : «L’avenir de Tbilissi ne doit pas s’écrire à Moscou».

La Moldavie se situe à égale distance entre Bruxelles et Moscou, entre l’ouest et l’est de la grande Europe. 

Nous avons besoin d’un éclairage sur la situation de ce pays : Les clefs de la crise politique en Moldavie (Le Monde, 9 avril).

           

Notons que la situation politique évolue rapidement : Moldavie : quatre partis d'opposition forment une coalition (Le Monde, 8 août).

La Russie a des points faibles que Jacques Sapir a mis en évidence lors du séminaire franco-russe sur les problèmes monétaires et financiers du développement économique de la Russie qui s'est tenu de 22 au 24 juin 2009. Sur le site de Marianne, on retrouve son texte en cinq épisodes :

1 - Et la crise frappa Moscou... 1/5 (Marianne, 7 juillet 2009)

 

2 - Et la crise frappa Moscou... 2/5 (8 juillet)

 

3 - Et la crise frappa Moscou... 3/5 (9 juillet)

 

4 - Et la crise frappa Moscou... 4/5 (11 juillet)

 

5 - Et la crise frappa Moscou... 5/5 (12 juillet)

 

Cet article est le 6ème paru sur ce blog dans la catégorie Russie

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15 août 2008 5 15 /08 /août /2008 11:07

Russie-USA-Europe : une nouvelle donne

 

Relâche pendant deux semaines sur ce blog. Les Jeux Olympiques et la confrontation est-ouest continuent. Sur ce point, je renvoie à quelques articles de presse que j’ai retenus pour la qualité ou l’originalité de leur analyse.

 

- Bernard Guetta, Rebonds Libération, 14 août La vraie raison de cette guerre

 

- Charles Urjewicz, rebonds Libération, 14 août La route de l’Ossétie du Sud passe par le Kosovo

 

- Hélène Carrère d’Encausse, Le Figaro, 13 août Le président géorgien a rendu, malgré lui, un grand service à la Russie

- Malakine, Marianne, 14 août Medvedev offre une victoire diplomatique au «président de l'Europe»

 

Pendant cette pause estivale, consulter les articles parus sur ce blog est recommandé par l’auteur…

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12 août 2008 2 12 /08 /août /2008 16:33

Les provinces séparatistes de Géorgie, comme le Kosovo

 

Poutine avait prévenu : il ne laisserait pas passer le précédent kosovar sans agir en Géorgie. La Russie a préparé son intervention militaire et attendu les circonstances favorables.

 

Le président géorgien Saakachvili, de son côté, s’étant engagé à reconquérir les provinces dissidentes, l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie, ne pouvait plus accepter les provocations qui minaient son autorité politique. Il comptait sur ses alliés américains et européens pour renégocier le statut de ces territoires.

La Russie va se servir de ses positions de force pour renforcer son influence sur les territoires qui ne sont pas intégrés à l’Alliance atlantique et à l’Union européenne.

Son objectif principal est de neutraliser l’Ukraine et la Géorgie (voir l’article paru sur ce blog le 9 août Guerre en Ossétie du sud : la fracture est-ouest passe en Géorgie). Elle veut reconquérir une partie de la puissance passée de l’URSS.

 

Je propose des liens avec des articles de presse, qui permettent de mieux comprendre les évènements de Géorgie.

 

D’abord, Le Monde, le 11 août :

 

Les dates-clés d'un conflit latent depuis 1989 

 

Cinq questions sur le conflit en Géorgie 

 

Géorgie, OTAN, Kosovo : la revanche russe, par Nathalie Nougayrède 

 

Puis, Marianne, le 11 août (la conclusion d’Eric Dupin) :

Les vraies raisons de la guerre en Géorgie 

(…) Au-delà de la question ossète, Moscou avait une autre raison stratégique pour s'en prendre à la Géorgie. Ce pays fait des pieds et des mains pour intégrer l'OTAN. Une perspective insupportable pour Vladimir Poutine, resté le véritable maître de la Russie. Une Géorgie déstabilisée serait, à coup sûr, dans l'incapacité de rejoindre l'alliance atlantique. Or Moscou cherche à réaffirmer son influence sur ce Caucase qui faisait partie de son empire à l'époque soviétique.


Restent de triviales considérations économiques qu'on ne saurait oublier. De par sa situation géographique, la Géorgie permet de contourner la Russie par voie d'oléoduc ou de gazoduc. Ce pays est devenu un axe de transport pétrolier avec l'inauguration de l'oléoduc Bakou (Azerbaïdjan)-Tbilissi (Géorgie)-Ceyhan (Turquie). La trop fameuse société russe Gazprom s'intéresse de très près à ce qui se trame sur le territoire géorgien…


Toutes les conditions étaient donc réunies pour que Moscou prenne le risque mesuré de provoquer des cris d'orfraie en Occident en donnant une bonne leçon à la Géorgie. Les Etats-Unis multiplient les protestations verbales et l'Europe cherche tant bien que mal à dégager les voies d'un compromis. En attendant, Poutine est à la manœuvre
.

 

Et, enfin, Rue89, le 11 août :

 

Guerre en Ossétie: Moscou tente de rompre son encerclement

 

 

Voir, aussi, les précédents articles sur La Russie parus sur ce blog.

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9 août 2008 6 09 /08 /août /2008 20:15

La Géorgie, va-t-en-guerre, au-delà de ses forces ?

 

La Géorgie est la pointe avancée du Caucase vers l’Alliance atlantique, mais son fougueux président a-t-il bien mesuré le rapport des forces actuel ? Le président Saakachvili a voulu provoquer et tester les réactions de ses alliés américains et européens, face à la Russie. Il ne semble pas avoir compris que la Géorgie reste en dehors de l’OTAN.

 

L’union européenne, pas plus que les USA, ne désire une confrontation militaire avec la Russie. Celle-ci a une idée bien arrêtée sur la question. Voici ce qu’écrivait Bernard Guetta, dans Libération, le 23 avril 2008. 

 

« Le message du Kremlin »

 

Pour empêcher l’entrée de l’Ukraine et de la Géorgie dans l’Otan, la Russie menace de favoriser leur éclatement. Elle en aurait tous les moyens. Une crise couve en Europe, grave, mais parfaitement évitable. Une crise, une vraie, politique et potentiellement militaire. On peut la circonscrire, mais le temps presse car un engrenage s’est enclenché, mercredi dernier, quand la Russie a annoncé sa décision de «coopérer avec les autorités de fait» de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, les régions sécessionnistes de Géorgie.

C’était un message aux Occidentaux. La Russie vient de leur dire que, s’ils n’abandonnaient pas l’idée de faire entrer l’Ukraine et la Géorgie dans l’Otan, elle favoriserait l’éclatement de ces deux anciennes républiques soviétiques qui bordent ses frontières. Ce n’est pas une menace en l’air.

En Ukraine, au cœur du continent, la Russie n’aurait qu’à attiser les divisions qui s’étaient exprimées pendant la présidentielle de 2004, lorsqu’il avait fallu la «révolution orange», deux mois de manifestations, pour imposer la victoire du candidat proeuropéen sur celui des prorusses. A chaque scrutin, la carte électorale reflète cette fracture. L’Ukraine occidentale, dont l’Eglise est liée au Vatican, regarde vers l’ouest. L’Ukraine orientale, russophone, orthodoxe et dépendante de l’économie russe, ne veut pas rompre avec Moscou. Il y a deux Ukraine et ce n’est pas tout. Presqu’île de la mer Noire, grande base navale de l’URSS et, maintenant, de la Russie, la Crimée n’est ukrainienne que depuis que Khrouchtchev l’avait intégrée, dans les années 50, à la république socialiste soviétique d’Ukraine. Historiquement, la Crimée est russe. Economiquement, elle l’est restée et, si elle devait en faire un, son choix serait acquis d’avance.

Quant à la Géorgie, au sud, ce n’est pas qu’elle pourrait éclater si le Kremlin y poussait. Elle est déjà fracturée depuis que les Abkhazes et les Ossètes ont décidé de rompre avec elle après qu’elle eut déclaré son indépendance dans la foulée de l’effondrement soviétique. Entre deux capitales étrangères, ces peuples avaient préféré la plus lointaine, Moscou plutôt que Tbilissi, parce qu’ils ne sont pas géorgiens et voulaient défendre leur identité.

Ravie de pouvoir garder un pied en Géorgie, la Russie les avait aidés en armes et en argent. Elle les avait soutenus dans leurs guerres, mais elle n’a pas inventé ces séparatismes, pas plus qu’elle n’aurait à le faire en Ukraine. Elle les a seulement amplifiés pour s’en servir, un jour, de monnaie d’échange et, face à l’éventualité d’un élargissement de l’Otan jusqu’à ses frontières, elle transforme cette protection officieuse en «coopération» officielle, donnant à voir qu’elle n’est pas plus impuissante sur son flanc occidental que méridional.

Le Kremlin se sent d’autant plus fort que les Occidentaux lui ont offert un précédent avec l’indépendance kosovare. S’ils ont pu s’asseoir sur le droit international en approuvant cette modification unilatérale des frontières serbes, pourquoi la Russie ne pourrait-elle pas le faire en Ukraine et en Géorgie ? Pourquoi ne pourrait-elle pas y invoquer, à son tour, le droit à l’autodétermination de régions à l’identité tout aussi affirmée que celle du Kosovo ? Une machine infernale s’est mise en marche. Elle porte en elle des conflits en Europe et, surtout, un affrontement politique tous azimuts entre la Russie et l’Alliance atlantique.

L’époque se passerait de tels luxes. Devant de tels dangers, les arguments ressassés ne tiennent plus. Les Occidentaux ne peuvent plus continuer à dire que, la guerre froide enterrée, la Russie n’aurait rien à craindre de ce nouvel élargissement de l’Otan alors qu’on imagine aisément ce que serait la réaction américaine si le Mexique et le Canada devaient entrer dans un système de sécurité dominé par Moscou.

Les Russes ne peuvent plus, eux, faire semblant d’ignorer la profondeur des craintes que leurs nostalgies impériales entretiennent dans leurs anciennes possessions. Il faut dépasser les raisons des uns et des autres, ces réminiscences d’un siècle passé, et un bon moyen de le faire serait de s’accorder sur une neutralisation de l’Ukraine et de la Géorgie - sur une création de zones tampons qui serait la première pierre de l’entente cordiale à bâtir entre l’Occident et la Russie. Le Kremlin ne souhaiterait que cela.

Ce serait tellement l’intérêt des Européens que Paris et Berlin viennent de s’opposer à une entrée immédiate de Kiev et Tbilissi dans l’antichambre de l’Otan mais il faut, maintenant, avancer cette idée de neutralité. Nicolas Sarkozy présidera l’Union à compter de juillet. Il a l’oreille des Etats-Unis. Ce serait à lui de le faire.

Pour en savoir plus sur les évènements en cours, voici une revue de presse :

Tension au plus fort entre la Géorgie et l'Ossétie du Sud - Le Monde, Luc Vinogradoff, 7 août.

 

Conflit Est-Ouest au cœur du Caucase - Libération, Philippe Grangereau, Lorraine Millot, Marc Semo, 9 août. Les combats en Ossétie du Sud sont les premiers affrontements de l’après-guerre froide entre la Russie et la Géorgie, soutenue par Washington, dans une région stratégique riche en hydrocarbures.

 

Ossétie: comprendre la nouvelle guerre du Caucase

Rue89, David Servenay, 8 août.

Hasard ou ruse de guerre ? Les Géorgiens ont choisi la trêve olympique pour lancer une vaste offensive dans la nuit de jeudi à vendredi sur l’Ossétie du Sud. Selon les dernières dépêches, l’armée géorgienne a pris, puis reperdu, le contrôle de la capitale ossète. Des forces russes participent aux combats. D’où vient ce conflit ? Quels en sont les enjeux ? 

  

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10 octobre 2007 3 10 /10 /octobre /2007 21:21

Une stratégie de développement à long terme

 

Le premier séjour du président Sarkozy en Russie, ces 9 et 10 octobre,  ne semble pas avoir donné de résultats spectaculaires. Mais les deux présidents ont beaucoup échangé, ce qui est positif.

Concernant la politique économique, je relève dans un article paru ce jour sur www.lefigaro.fr que « opposées sur les dossiers diplomatiques, la France et la Russie ont en revanche loué leur partenariat sur le plan économique, notamment sur l’espace, l'aéronautique et l'énergie ».

 Voici un extrait, qui figure sous le titre « Discours protectionnistes » à la fin de l’article intitulé  « Vladimir Poutine et Nicolas Sarkozy brisent la glace ».

 

« Partenaire stratégique » pour reprendre la formule consacrée, la France n'en est pas moins un partenaire modeste. Elle est le 8e fournisseur de la Russie, qui est son 15e client. Quelque 500 entreprises françaises sont présentes en Russie, contre 3 000 allemandes, constate-t-on à la mission économique à Moscou. La croissance russe (+ 7,8 % en rythme annuel, fin juin) et l'émergence d'une classe moyenne attire comme jamais les grands groupes, Renault, PSA (qui doit construire une usine) ou encore Carrefour (qui doit ouvrir ses premiers magasins en 2008).

 

Bien sûr, les hommes d'affaires français, comme les autres étrangers, répugnent à parler ouvertement des difficultés rencontrées, en premier lieu la bureaucratie pesante et son corollaire, la corruption. Autant d'obstacles qui sont parfois dissuasifs pour les PME.

 

Les entrepreneurs français rêvent d'un assouplissement du régime des visas, tant pour les expatriés européens que pour les professionnels russes qui se rendent en France. Le sujet sera au menu des présidents. « L'amélioration du climat des affaires passe par l'amélioration de la circulation des hommes », résume Pavel Chinsky, directeur général du Club France, la chambre de commerce française en Russie. Et de conclure : « Le travail en Russie n'est pas une partie de plaisir, mais les récompenses sont à la mesure des efforts consentis. »

 

Dans un autre article du même journal, ce 10 octobre sur www.lefigaro.fr (onglet « actualité », rubrique « débats et opinions »), Jacques Sapir, professeur d’économie à Paris, présente un bilan flatteur des années Poutine sur le plan économique. C’est un point de vue très intéressant, à contre-courant de ce qui est écrit habituellement sur la Russie. Voici ce texte.

 

« En Russie, les "interventionnistes" ont gagné contre les "libéraux" »

 

« Nicolas Sarkozy arrive en Russie alors que l'économie russe entame sa neuvième année de croissance ininterrompue. À la vue des résultats obtenus, on peut considérer que le pays a enfin surmonté la « crise de transition » qu'il a connue de 1991 à 1998 et qui lui avait fait perdre jusqu'à 40 % du PIB de la fin de l'ère soviétique. Ce n'est qu'au premier semestre 2007 que la Russie retrouve son niveau de PIB de 1990.

Loin d'être le seul produit de la hausse des prix des hydrocarbures, cette croissance est le fruit de la mise en place progressive d'une véritable politique économique en Russie. Le second mandat présidentiel de Vladimir Poutine, entamé en 2004, a, en effet, été marqué par une inflexion significative de la politique économique vers une politique de diversification industrielle volontariste.

 

Cet éloignement progressif des thèses libérales dominantes a émergé dès 2004 et s'est précisé avec la définition des « priorités présidentielles » à l'automne 2005 et les décisions économiques prises en 2006, en particulier en faveur de la constitution de grandes entreprises publiques ou semi-publiques dans plusieurs branches de l'industrie.

Le remaniement ministériel de février 2007, qui a vu le ministre de la Défense, Sergueï Ivanov, être promu au poste de premier vice-premier ministre, peut être considéré comme un symbole important de ce mouvement. Sergueï Ivanov est en effet parmi les dirigeants russes celui qui peut passer pour le plus engagé en faveur d'une politique industrielle active. Le récent départ du gouvernement de German Gref, un des derniers ministres « libéraux », est encore un signe de la cohérence qu'a désormais acquise la politique économique russe.

 

Ce processus n'est pas circonscrit au cercle gouvernemental restreint. Il s'inscrit dans le cadre global d'une évolution qui voit l'ensemble de l'élite politique et économique russe se rallier à des conceptions interventionnistes et qui se traduit par la montée d'une forme de « patriotisme économique ». Aujourd'hui, des notions comme la politique industrielle, la nécessaire présence d'un secteur public ou le protectionnisme ne font plus clivage entre ceux que l'on appelle les « libéraux » et les « interventionnistes ».

 

Ce volontarisme russe s'est traduit par un double mouvement de réaffirmation de l'État dans l'économie et de re-concentration des activités. Dans les faits, on a vu apparaître une organisation de l'économie autour de trois secteurs dans lesquels le rôle de l'État est différencié :

- un secteur prioritaire, celui de l'énergie et des matières premières qui doit être étroitement contrôlé par l'État ;

- un secteur des industries stratégiques qui se définit dans une logique de diversification où l'entrée des acteurs étrangers est possible et même souhaitée, comme c'est le cas pour la production automobile ;

- un secteur des autres industries où l'État n'intervient que pour faire respecter la législation commune.

 

La diversification de l'économie est devenue un axe stratégique de la politique économique, justifié par un risque de dépendance vis-à-vis des matières premières. Cet objectif a été repris par Alexandre Chokhine, le président de l'Union des industriels et des entrepreneurs de Russie (le RSPP), qui appelle à la mobilisation d'une partie des moyens du fonds de stabilisation et la mise en place de ce qu'il qualifie de « protectionnisme raisonnable ».

 

Le vote par la Douma de la création d'une Banque d'investissement publique, qui aura pour mission de financer les projets à long terme et les infrastructures et d'aider les PME s'orientant vers les marchés d'exportation, va dans le même sens. On doit ajouter ici que le fonds de stabilisation a été scindé en plusieurs entités avec un fonds des investissements, un fonds des générations futures et enfin un fonds gazier et pétrolier, dont le rôle sera de protéger le budget des variations de recettes que pourrait entraîner une baisse temporaire des prix mondiaux. Ces mesures ont pour but de constituer un instrument efficace d'intervention économique entre les mains de l'État.

 

On constate aujourd'hui que la croissance dans l'industrie manufacturière (hors énergie et matières premières) a été très forte au premier semestre (8 %). De même, une grande société des techniques avancées est en train de voir le jour (Rustechnologia) et elle sera un partenaire important pour les entreprises françaises et européennes.

 

On est donc bien en présence d'une stratégie économique et industrielle cohérente. Cette politique suscite aujourd'hui l'intérêt d'un nombre croissant de pays. Au-delà de sa santé économique retrouvée, la Russie s'affirme comme un exemple de pays qui réussit à assouplir le carcan des règles du néolibéralisme pour assurer un développement de long terme. Ceci a des conséquences importantes sur l'image de la Russie dans de nombreux pays en voie de développement et même développés.

Si Moscou ne se prétend plus la 3e Rome ou le centre de la contestation de l'ordre capitaliste mondial, la Russie redevient dans les faits une alternative crédible en matière de stratégie de développement économique et industriel. Le poids international de la Russie en est ainsi autant renforcé que par la présence du pays dans les hydrocarbures ou le secteur minier ».

 

A propos de la Russie, je recommande vivement aux lecteurs de ce blog de consulter les actes du colloque de la Fondation Res Publica du 11 octobre 2005, « Où va la Russie ? », notamment les conclusions de Jean-Pierre Chevènement.

 

A voir sur http://www.fondation-res-publica.org

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22 juillet 2007 7 22 /07 /juillet /2007 20:08

 

Poutine a fait ce que le peuple russe attendait

 

 Ce dimanche soir, j’ai choisi de reproduire sur ce blog le point de vue d’un lecteur de La Chronique Agora, suite à un édito portant sur la Russie (voir l’article paru le 14 juillet dernier sous le titre « Dépendance européenne énergétique envers Moscou »). La rédactrice de l’édito Matières premières, Isabelle Moulleseaux, avait titré le 13 juillet « Les Européens se sont livrés aux Russes sur un plateau d'argent... ».

 

 Un lecteur, bon connaisseur de la Russie, avait réagi en élargissant l’angle de vue, ce qui est bien utile en la circonstance. Voici ce qu’il écrit, les intertitres étant ajoutés par la rédactrice de l’édito Matières premières, dans sa chronique parue le 17 juillet (je suis destinataire des lettres électroniques gratuites – voir http://www.la-chronique-agora.com). 

« Qu'ont fait les Européens pour que nous en arrivions là ? »

 

 « C'est avec beaucoup de plaisir et d'attention que je lis votre Edito ainsi que les différentes rubriques éditée par Agora. Ce matin, ayant lu votre diatribe anti-Poutine -- qui sur le fond me semble refléter la réalité -- je m'interroge : pourquoi en sommes nous arrivés à cette situation ? Qu'ont fait les pays occidentaux pour que nous en arrivions là ?

 

 On ne met pas impunément un peuple à genoux, surtout quand il s'agit du peuple russe
Manifestement les dirigeants de nos pays (qui, soit dit en passant, aiment autant le pouvoir et l'argent que Poutine) préféraient Eltsine ; mais pourquoi le peuple russe préfère Poutine ? Ma réponse est simple : on ne met pas impunément un peuple à genoux surtout quand il s'agit du peuple russe ! Napoléon et Hitler l'ont appris à leurs dépens !

 

 On a cherché à profiter de la faiblesse de la Russie
Au lieu d'aider la Russie à entrer dans l'économie de marché, on a cherché à profiter de sa faiblesse pour s'accaparer à bon prix ses richesses -- de connivence avec les oligarques, comme on pille les ressources des républiques bananières, de connivence avec les dirigeants politiques.

 

Un peuple capable d'évoluer et de réagir
Le communisme et tous ses errements ont conduit le pays à l'échec, à écraser les individus, mais il a aussi laissé un niveau culturel et de formation qui peut laisser envieuses nos démocraties. Et les oligarques n'ont pas eu besoin d'aller à Philadelphie suivre un MBA de gestion pour profiter du système capitaliste. Cela aurait dû nous faire réfléchir sur la capacité de ce peuple à évoluer et réagir. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, on voit ce que cela donne au Venezuela ! Et à mon avis nous ne sommes pas au bout de nos surprises !

 

 S'enrichir sur le dos des "gens d'en bas"
Vous parlez de " pleins pouvoirs ", mais que cherchent les dirigeants de toutes les sociétés internationales sinon absorber les autres pour devenir plus puissants ...et au bout du compte s'enrichir sur le dos des "gens d'en bas" comme osait le dire Raffarin, célèbre inventeur de la formule, mais incapable d'imaginer le mépris qu'elle véhicule.

 

 Nous sommes au centre d'un grand jeu de monopoly mondial
Les occidentaux ont cru qu'ils tenaient toutes les cartes en mains. C'était facile il y a 50 ans ! Depuis, les autres ont appris à jouer... Je pense qu'on est à la fin d'un règne : l'Amérique, et derrière elle le monde occidental, a bien profité de la situation pendant un siècle et demi. Maintenant une partie de la puissance va passer du côté de ceux qui possèdent les matières premières, et pas seulement le gaz !

 

 Bush Poutine, même combat ?
Poutine monopoliserait-il trop de pouvoir ? Sans doute ! En a-t-il beaucoup plus que les grands capitalistes américains qui mettent à la Maison Blanche un " sous-fifre " chargé de faire prospérer le business par tous les moyens, y compris la guerre ? A Bush qui reprochait à Poutine le manque de démocratie en Russie, l'intéressé a eu beau jeu de répondre qu'une démocratie comme celle que les Américains avaient exportée en Irak n'était pas le modèle dont rêvait son pays !

 

 Accepter le prix du marché, une évidence... dans une économie de marché
Quant aux anciens pays satellites qui ont été privés de gaz par Poutine, pourquoi ne pas expliquer que le différent portait sur le prix du gaz ? On est pour ou contre l'économie de marché, mais si on est pour, il faut accepter le prix du marché, cela me semble la base. La Pologne, l'Ukraine, la Biélorussie et d'autres trouvent normal de laisser s'installer sur leur territoire des bases américaines qui encerclent la Russie. Alors comment peuvent-elles espérer en retour des cadeaux d'un pays qu'elles critiquent constamment ; leur histoire en est sûrement une bonne raison... La France pour sa part reçoit du gaz russe depuis des décennies sans jamais avoir connu de problèmes d'approvisionnement.

 

 Que pense le " Russe d'en bas " ?
Je n'ai aucune affection pour M. Poutine, mais si j'étais un " russe d'en bas " je pense que je le soutiendrais. La Russie avait besoin d'un régime fort pour remettre de l'ordre dans une pagaille destructrice dont ici nous avons du mal à imaginer les dégâts. Elle l'a trouvé, et en est satisfaite.

 

 Main mise sur les médias
Ce n'était pas l'objet de votre édito, mais je voudrais ajouter que les articles concernant Poutine parlent souvent, en plus, d'une main mise sur les médias. Ce qui fait sourire tout Français lucide quand on voit ce qui se passe en France, mais carrément rire tous ceux qui comme moi lisent tous les jours sur Internet les journaux d'opposition à Poutine. J'apprends parfois par les journaux russes des informations qui concernent notre pays ... et qui ne sont pas diffusées ici ! Pourquoi d'ailleurs ?

 

 En conclusion, vous aurez compris que je connais un peu et que j'aime ce peuple russe que je cherche à comprendre. Je n'approuve pas la toute puissance qu'elle soit politique ou financière (souvent, les deux vont ensemble), pas plus en Russie qu'en Occident ».

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