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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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5 novembre 2024 2 05 /11 /novembre /2024 15:47

Pour relever les défis de l'avenir, il faut ouvrir une perspective au pays

 

Dans un entretien à Marianne, le 30 octobre 2024, répondant aux questions d'Etienne Campion, Jean-Pierre Chevènement a donné l'impression de vouloir "remettre la balle au centre" et de se situer dans la nouvelle période politique qui a commencé l'été dernier.

 

Le soutien au président de la République en 2022 ? "J'ai pensé, peut-être naïvement, que le président se conformerait aux intérêts supérieurs de la France"

 

Les prochaines échéances ? "Le moment venu, selon l’esprit des institutions de la Ve République, il faudra qu’un candidat émerge pour offrir, face à Marine le Pen, une véritable perspective au pays. Si quelqu’un pouvait s’inscrire authentiquement dans l’héritage gaulliste, cela changerait la donne".

 

Voici des extraits de cet entretien, dont la première partie est à retrouver dans le précédent article concernant les 20 ans de la Fondation Res Publica. Voir JP Chevènement : un livre collectif pour les vingt ans de Res Publica.

 

  • Marianne : Vous avez toujours appelé à faire « turbuler » le système. Aujourd’hui, vos grands thèmes, comme la souveraineté, sont omniprésents dans les discours politiques, mais le compte n’y est pas en matière de politiques publiques. Quel regard portez-vous sur ce paradoxe ?

    Jean-Pierre Chevènement : Vous avez raison : les discours évoluent plus que les politiques mises en œuvre. On ne peut cependant pas compter pour rien quelques inflexions majeures mais réversibles : ainsi l’emprunt européen de 2020 aurait pu changer la donne s’il avait été partagé dans d’autres domaines que la lutte « anti-Covid ». Force est de constater que l’Allemagne et les « pays frugaux » ont réussi à imposer le retour à l’observance des critères de Maastricht (déficits plafonnés à 3 % du PIB, endettement à 60 %). Nous triomphons dans les mots : la souveraineté fait partout son grand retour, mais c’est souvent pour être mieux déviée dans l’application.

    Les partis dits « de gouvernement » puisent toujours l’essentiel de leur inspiration dans les orientations libérales adoptées au sommet de Maastricht mais il y a, de temps à autre, l’espoir d’une inflexion. Rien cependant qui ramènerait la droite à une lecture gaulliste des institutions ou de la politique étrangère. Rien non plus, bien sûr, qui amènerait la gauche à rompre avec un européisme qui lui fait oublier ce qui, dans son héritage, la rattachait à l’analyse des structures de production et des classes sociales. Au discours robuste sur le social, la gauche actuelle a substitué un langage fade sur le sociétal. À la base de la crise politique de la gauche, il y a d’abord une crise intellectuelle. C’est à cela que nous voulons remédier en priorité en renouant avec l’universalisme de la pensée en matière de sociologie ou d’analyse géopolitique. Certaines avancées deviennent possibles : ainsi sur la relance du nucléaire et le rachat par EDF à General Electric des turbines Arabelle (ex Alstom). Donc tout n’est pas que verbal, même s’il faut beaucoup de vigilance pour que les choses se concrétisent.

     

  • Marianne : On vous décrit souvent comme un intellectuel parmi les politiques et un politique parmi les intellectuels. Le débat d’idées est-il pour vous le grand oublié de notre vie politique ?

    Jean-Pierre Chevènement : Je suis convaincu que l’on ne peut pas faire de politique, encore moins parvenir à redresser la France, sans un travail de fond sur les idées. Dans l’ouvrage Res Publica, à travers la pléiade d’esprits aiguisés et de contributions inédites réunies, nous tâchons de renouer avec un discours construit, dont découle un cap clair. Nos élites, comme la politique française, sont à reconstruire et c’est à travers le travail intellectuel que la Fondation Res Publica entend y contribuer. Près de 200 colloques et autant de cahiers, depuis 2004, témoignent de notre persévérance et de la cohérence - au moins intellectuelle -, à laquelle, grâce à de très nombreux contributeurs, choisis parmi les meilleurs, nous sommes parvenus. Bref, le travail intellectuel, à mes yeux, ne se sépare pas de la recherche en politique. C’est pourquoi nous avons essayé de forger « des munitions pour l’avenir ».

     

  • Marianne : Quelles seraient les priorités ?

    Jean-Pierre Chevènement : Tout ce qui contribue à rouvrir un chemin vers l’indépendance de la France au sein de l’Europe, si c’est possible, sinon à ses marges, en empruntant la voie d’une Europe confédérale, à géométrie variable. Mais tout passe par un retour aux sources de l’exigence républicaine. Il est essentiel en effet d’en revenir au modèle républicain - dans sa vision non dévoyée - et à l’idée que le débat argumenté, dans le cadre national, là où le sentiment d’appartenance est le plus fort, est le préalable à toute action. Cela implique de « refaire des citoyens », à travers l’École et le principe de laïcité, de renouer avec le sens de l’État comme de l’intérêt général et de retrouver le goût du « commun ». Ensuite, on se doit de décliner cette exigence républicaine de manière volontariste dans les principaux domaines. En économie par exemple, la reconquête de notre indépendance industrielle, agricole, technologique, numérique et énergétique constitue la priorité. Il faut retrouver une pensée claire en ce qui concerne la nation comme communauté d’idées et de destin, à rebours du communautarisme que l’on voit croître et du délitement de l’État que certains tolèrent, quand ils ne le précipitent pas. L’ouvrage offre des voies de redressement à nos politiques publiques dès lors que la question nationale redevient centrale, et cela en tous domaines : administration du territoire, défense et industrie de défense, politique étrangère à nouveau audible vis-à-vis du reste du monde (...)

  • Marianne : Certains de vos partisans n’ont pas compris votre soutien à Emmanuel Macron à la dernière élection présidentielle. Comment répondez-vous à ces chevènementistes déçus ? Si c'était à refaire, le referiez-vous ?

    Jean-Pierre Chevènement : Emmanuel Macron a tenu, entre 2020 à 2022, des discours sur la reconquête de notre indépendance et sur la remise à l'honneur du patriotisme républicain qui correspondaient à l’intérêt de la France. Ce fut la période « anti-Covid ». Même la politique européenne avec l’emprunt collectif de 800 milliards d’euros semblait reprendre un sens. Dans certaines circonstances, il faut savoir faire confiance, ce qui implique une prise de risque. Mon soutien n’a néanmoins jamais été un blanc-seing. J’ai formulé des réserves, en rappelant, dès février 2022 dans un entretien au Journal du dimanche, que mon soutien à Emmanuel Macron à l’élection présidentielle de 2022 (que, d’ailleurs, je n’avais pas soutenu en 2017) ne valait pas en matière de politique européenne.

    Quand il a paru clair, au lendemain des élections législatives, qu'Emmanuel Macron changeait de perspective par rapport à sa ligne de campagne aux élections présidentielles, je me suis exprimé avec force, ainsi pour refuser que la France puisse envoyer des troupes au sol en Ukraine. J’ai été ministre de la Défense et je connais les engrenages auxquels peut conduire un conflit non maîtrisé avec une puissance nucléaire irresponsable. Maintenant, je n’entendais pas ouvrir une polémique permanente avec le Président de la République
    (...).



La France n’est pas finie, à condition qu’elle retrouve et redonne confiance en elle-même. Tel est le message que nous avons voulu faire passer dans cet ouvrage collectif dont « Munitions pour l’avenir » aurait pu être le sous-titre.

 

Voir aussi, concernant la vie politique de JP Chevènement : Accueil bienveillant de J-Pierre Chevènement au gouvernement Barnier



Cet article est le 3371 ème sur le blog MRC 53 - le 212ème dans la catégorie CHEVENEMENT

Jean-Pierre Chevènement était invité par des jeunes de la Fondation Jean Jaurès, à Paris, le 12 novembre 2013

Jean-Pierre Chevènement était invité par des jeunes de la Fondation Jean Jaurès, à Paris, le 12 novembre 2013

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4 novembre 2024 1 04 /11 /novembre /2024 18:12

Quelle place pour la souveraineté nationale dans le désordre mondial ?

 

La Fondation Res Publica a 20 ans et un remarquable bilan. Créée en 2004 par Jean-Pierre Chevènement et reconnue d’utilité publique en 2005, la Fondation Res Publica s’est imposée comme un pilier du débat intellectuel en France.

Placée sous la présidence de Marie-Françoise Bechtel et dirigée par Joachim Le Floch-Imad, elle se distingue par la publication régulière de ses « cahiers bleus » – une série prolifique d’analyses et de réflexions issues de ses colloques et séminaires mensuels. Jusqu’à présent, près de 200 cahiers ont vu le jour, abordant des thématiques extrêmement diverses mais toujours orientées vers la défense de l’intérêt national et du bien commun.

Certaines récentes et retentissantes publications de la Fondation Res Publica – Jean-Éric Schoettl sur l’État de droit, Pierre Brochand sur l’immigration, ou encore Henri Proglio sur le nucléaire – en font tout particulièrement la preuve.

 

Voir Les actes des colloques.

Lors du colloque du 9 juin 2008, le président-fondateur Jean-Pierre Chevènement qui était aussi président du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC) m'avait demandé de participer en tant que chargé de l'agriculture au MRC. Voir Quelle politique agricole, au défi de la crise alimentaire mondiale ?


 

À l’occasion du vingtième anniversaire de la fondation, ses compagnons de route font paraître un livre de réflexions, des munitions pour l’avenir. Jean-Pierre Chevènement rappelle l’ambition première de Res Publica : œuvrer à la construction d’un discours orienté vers l’intérêt de la France et de ses citoyens, et combler le vide laissé par une politique qui a perdu de vue l’importance des idées, du temps long et de l’exigence républicaine.
 

La Fondation publie chez Plon un ouvrage collectif intitulé "Res Publica : vingt ans de réflexions pour l’avenir". Celui-ci réunit des textes inédits, rédigés par une vingtaine de membres et de contributeurs réguliers de la Fondation : Jean-Pierre Chevènement, Marie-Françoise Bechtel, Alain Dejammet, Jean-Michel Quatrepoint, Jean-Michel Naulot, Jean de Gliniasty, Jean-Éric Schoettl, Benjamin Morel, Souâd Ayada, Matthieu Lahaye, Jean-Yves Autexier, Sami Naïr, Joachim Le Floch-Imad, Marcel Gauchet, Louis Gallois, Yves Bréchet, Pierre Papon, Laurent Collet-Billon, Franck Dedieu et Baptiste Petitjean.

Ces textes cherchent à éclairer les conditions de maintien de notre indépendance dans le siècle qui vient, s’appuyant à la fois sur une réflexion quant à l’avenir de notre modèle républicain et à notre capacité à faire évoluer les outils de la souveraineté nationale dans le nouveau désordre mondial. Si, comme l’explique Jean-Pierre Chevènement, la France n’est pas finie, il importe aujourd’hui, plus que jamais, d’explorer les voies et les moyens de cette ambition !


 

Dans un entretien à Marianne, publié le 30 octobre 2024, Jean-Pierre Chevènement a répondu aux questions de Etienne Campion. Voir Chevènement : "J'ai pensé, peut-être naïvement, que le président se conformerait aux intérêts supérieurs de la France".

Voici sa réponse à la première question "Pourquoi avoir créé la Fondation Res Publica il y a vingt ans ?"

 

Jean-Pierre Chevènement : "Le débat politique avait été fermé au soir du 21 avril 2002. Chirac et Jospin, sur l’Europe par exemple, ne présentaient pas de politique alternative. Nous avions tenté le tout pour le tout. Dans mon discours de Vincennes du 9 septembre 2001, j’avais longuement développé qu’« au-dessus de la droite et de la gauche, il y avait la République et son exigence ». Le débat ne pouvait plus être mené à travers les partis politiques qui n’offraient que le choix « du pareil au même ». Il fallait donc inventer un nouveau chemin et rechercher par la voie de l’influence ce que nous ne pouvions plus atteindre par l’exercice du vote, tant du moins que le Parti socialiste ne se fracturerait pas de l’intérieur.

Avec la Fondation Res Publica nous avons voulu ranimer le débat d’idées par-delà les anciens clivages et réintroduire l’esprit de recherche dans un exercice de prospective à long terme. Ainsi sur l’Europe, où l’idée d’un projet de Constitution ne nous paraissait pas apporter une réponse juste aux vraies questions qu’étaient déjà la décroissance, la désindustrialisation, la relation avec la Russie, l’avenir du Proche-Orient. Sur tous ces sujets, il y avait des réponses transversales qui transcendaient les anciennes familles politiques. Et que dire du « nouvel ordre mondial » proclamé à Bagdad en 2003 ? La question européenne a divisé le Parti socialiste en 2006-2008 et le peuple français, par référendum, a rejeté, en 2005, le Projet de traité constitutionnel européen
. Le traité de Lisbonne, en 2008, a cherché à couvrir la fraude mais en vain. Il pèse depuis cette époque un soupçon d’illégitimité sur toutes les politiques européennes".

 

Cet article est le 3370 ème sur le blog MRC 53 - le 211ème dans la catégorie CHEVENEMENT

Article paru le 04 novembre 2024 sur http://mrc53.over-blog.com

Colloque de la Fondation Res Publica, le 23 septembre 2014, sur la Russie et la crise ukrainienne. De gauche à droite : Alain Dejammet, Hélène Carrère d'Encausse, Jean-Pierre Chevènement, Marc Perrin de Brichambaut, Jacques Sapir.

Colloque de la Fondation Res Publica, le 23 septembre 2014, sur la Russie et la crise ukrainienne. De gauche à droite : Alain Dejammet, Hélène Carrère d'Encausse, Jean-Pierre Chevènement, Marc Perrin de Brichambaut, Jacques Sapir.

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25 septembre 2024 3 25 /09 /septembre /2024 18:26

Trouver le bon équilibre entre l'appel à l'effort et le souci de la justice sociale
 

Le point de vue de Jean-Pierre Chevènement* sur le gouvernement Barnier est intéressant. Voici les mots employés par le président d'honneur de Refondation républicaine, le 23 septembre 2024.

Communiqué de Jean-Pierre Chevènement - Gouvernement de Michel Barnier

 

Nul ne peut souhaiter l’échec du gouvernement de Michel Barnier. Qui ne peut voir en effet qu’en dehors de la régulation des flux migratoires, condition de l’intégration citoyenne, et qu’en dehors de la maîtrise des comptes publics, condition du désendettement, il n’y aurait pour la France que chemins de déréliction ?

Reste à trouver le bon équilibre entre l’appel à l’effort et le souci de la justice sociale. Cet équilibre est la clé du succès. Il requiert le civisme et l’effort coopératif de tous. Est-ce trop demander aux partenaires sociaux d’accepter cet effort, seul à même d’éviter le chaos ?

Il serait important d’obtenir de l’Europe une relance de l’investissement à hauteur de 800 milliards d’euros, comme l’a proposée Mario Draghi.

J’entends dire, enfin, que le gouvernement Barnier serait le plus à droite que la France ait connu. Pour ma part, les gouvernements qui l’ont précédé l’étaient incontestablement davantage pour avoir laissé se créer la situation actuelle, par inconscience peut-être, en tout cas par confusion du sociétal avec le social.

 

* Biographie de Jean-Pierre Chevènement à lire sur le site Wikipédia

 

 

On trouve sur le site Refondation républicaine un excellent résumé de la biographie de Jean-Pierre Chevènement.

Jean-Pierre Chevènement est né le 9 mars 1939 à Belfort, de parents instituteurs.

Ancien élève de l'École Nationale d'Administration (promotion "Stendhal"), il adhère au Parti Socialiste SFIO en décembre 1964 et fonde en janvier 1966 - avec Georges Sarre, Didier Motchane, et Alain Gomez - le Centre d'Études, de Recherches et d'Éducation Socialistes (CERES).

Il est élu député sans discontinuer aux élections législatives de 1973 à 1997, et en 2000, dans le Territoire de Belfort.

Ministre d'État, ministre de la Recherche et de la Technologie puis de la Recherche et de l'Industrie des deux premiers gouvernements de Pierre Mauroy (1981-1983), il refuse de participer au troisième gouvernement de Pierre Mauroy pour s'opposer au tournant libéral du PS et défend "l’autre politique".

Il a été maire de Belfort entre 1983 et 2007.

Ministre de l'Éducation nationale du gouvernement de Laurent Fabius (1984-1986). Il met fin à la "guerre scolaire", fait le "pari de l'intelligence", et s'illustre par des mesures telles que la ré-introduction de l'instruction civique et l’objectif de 80% d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat

Ministre de la Défense des gouvernements de Michel Rocard (1988-1991)

Il démissionne le 29 janvier 1991 pour s'opposer à la guerre coloniale des Etats-Unis contre l'Irak.

En juillet 1992, il quitte la direction du PS afin de faire campagne pour le NON au traité de Maastricht. Il fonde le 30 août 1992 le Mouvement des Citoyens et, en avril 1993, démissionne du PS. Il transforme alors le Mouvement des Citoyens (MDC) en parti politique, dont il devient président.

En 1995, il appelle à voter pour Lionel Jospin dès le premier tour de l’élection présidentielle puis participe en 1997 au gouvernement de la "gauche plurielle" pour tenter de lui donner un axe républicain.

Ministre de l'Intérieur, il essaye d'imposer une grande politique d'accès à la citoyenneté, crée la police de proximité et donne une nouvelle impulsion à la coopération intercommunale. Il démissionne le 29 août 2000 pour s'opposer au processus de Matignon visant à donner le pouvoir législatif à la Corse.

Il déclare sa candidature à l'élection présidentielle de 2002 le 4 septembre 2001

Il obtient 5,33% des suffrages exprimés au premier tour de l'élection présidentielle, soit plus d'un million cinq cent mille voix.

Il est président de la Fondation Res Publica, fondation de recherche reconnue d'utilité publique en 2005. Il préside également le club République Moderne.

Il a été Sénateur du Territoire de Belfort de 2008 à 2014 et vice-président de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat.

Il occupe le poste de Représentant spécial de la France pour la Russie, dans le cadre de la "diplomatie économique" du Ministère des Affaires étrangères, entre 2012 et 2021.

Il est également président de la Fondation de l'Islam de France, établissement d'utilité publique, de 2016 à 2018, et dont l’objet (développer des projets culturels, éducatifs et sociaux) n’est pas religieux mais profane et culturel.

Il est l'auteur de plus d'une vingtaine d'ouvrages- Dont, récemment, ses mémoires Qui veut risquer sa vie la sauvera (Robert Laffont, 2020), le recueil Passion de la France (Robert Laffont, collection Bouquins, 2019), et Un Défi de civilisation (Fayard, 2016).

Jean-Pierre Chevènement lance, en avril 2022, Refondation républicaine

Refondation républicaine est un mouvement politique ayant vocation à réunir des citoyens de tous bords qui veulent œuvrer à un véritable redressement de la France et à la reconquête de notre indépendance en tous domaines (industrielle, technologique, alimentaire et sanitaire), en travaillant à un programme de salut public.

Cet article est le 3358 ème sur le blog MRC 53 - le 210ème dans la catégorie CHEVENEMENT

Article paru le 25 septembre 2024 sur http://mrc53.over-blog.com

Jean-Pierre Chevènement, dédicaçant son livre "La France est-elle finie ?" à Michel Sorin, le 28 janvier 2011, à la librairie Doucet, Le Mans.

Jean-Pierre Chevènement, dédicaçant son livre "La France est-elle finie ?" à Michel Sorin, le 28 janvier 2011, à la librairie Doucet, Le Mans.

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13 mars 2016 7 13 /03 /mars /2016 23:09

 

Comment, par ce moyen, les USA assurent leur domination (JM Quatrepoint)

 

Les colloques de la Fondation Res Publica sont appréciés par la qualité des interventions, ce que chacun peut vérifier en consultant les Actes, qui sont publiés quelques semaines après les réunions.

Cette Fondation a été créée et est présidée par Jean-Pierre Chevènement. Voir, à ce sujet, la Présentation de la Fondation Res Publica.

 

Les Actes du colloque du 1er février 2016 sur L’extraterritorialité du droit américain ont été publiés. La première intervention, posant parfaitement le problème, était celle de Jean-Michel Quatrepoint, journaliste économique, membre du Conseil scientifique de la Fondation Res Publica, auteur de "Alstom, un scandale d’État – Dernière liquidation de l’industrie française" (Fayard : août 2015).

 

(…) Les États-Unis, forts de leur puissance, ont donc développé un arsenal juridique tous azimuts. Ils décident qui peut commercer avec qui. Ils peuvent décider aussi d’éliminer les concurrents. Les entreprises françaises en savent quelque chose avec l’Iran. À la différence de ce qui se passait dans les années 80-90, ils bénéficient de la position du dollar : 78 % des transactions mondiales se font en dollars et tout est compensé par les États-Unis.

Comme toutes les transactions en dollars transitent par les États-Unis, toute transaction en dollars est soumise à la loi américaine. Ils ont aussi les écoutes : on a découvert que la NSA et les services américains écoutaient systématiquement tout, y compris les chefs d’État… et personne n’a protesté.

Et surtout, cette extraterritorialité devient un extraordinaire business qui profite d’abord aux Américains. Les amendes proprement dites commencent à atteindre des montants conséquents. Pour les banques, le total des amendes infligées par la justice américaine est de 125 milliards de dollars, dont une bonne partie concerne les banques américaines. Mais les banques américaines ont été condamnées pour les affaires de subprimes (aucun banquier américain n’a fait de prison) tandis que les banques européennes et japonaises ont été condamnées pour avoir violé des embargos. Les banques suisses ont payé un très lourd tribut pour ne pas avoir communiqué à temps un certain nombre de données. 

On en est aujourd’hui à 35 milliards de dollars d’amendes pour les banques étrangères et une demi-douzaine de milliards de dollars pour les groupes industriels. Sur les dix premières amendes infligées, notamment pour des affaires de corruption, aux groupes industriels, neuf concernent des groupes étrangers. Le record va à Siemens (800 millions de dollars) suivi par Alstom (772 millions de dollars). 

Cet argent sert d’abord à l’auto-alimentation du système judiciaire américain (la SEC, le Trésor, le DOJ etc.) dont les coûts annexes sont considérables. Le système judiciaire américain, les centaines de milliers de lawyers des cabinets, sont embauchés par les entreprises et vivent « sur la bête ». L’argent des amendes fait donc vivre le système judiciaire américain au sens large. S’y ajoute la contestation de brevets etc. L’application de ce système de l’extraterritorialité est un formidable business qui alimente la machine judiciaire et juridique américaine. 

Les gens de BNP Paribas seront sans doute heureux d’apprendre qu’une partie de leur amende va servir à indemniser les citoyens américains qui avaient été victimes de la prise d’otages à l’ambassade des États-Unis à Téhéran en 1979. Plus de cinquante personnes, retenues pendant 444 jours, n’avaient jamais été indemnisées parce que, dans l’accord entre l’Iran et Ronald Reagan, l’Iran avait refusé de payer quelque indemnité que ce soit (l’une des raisons pour lesquelles les Iraniens avaient pris en otage les personnels de l’ambassade américaine était la « prise en otage » par les Américains des compte iraniens à la Chase Manhattan Bank…). Le Congrès a l’intention d’utiliser 1 à 2 milliards de dollars, pris sur l’amende de BNP Paribas, pour indemniser ces ex-otages américains. 

Plus grave : les accords que les entreprises étrangères sont contraintes de signer s’accompagnent généralement de la mise sous tutelle de fait de ces entreprises qui, de par le settlement, l’accord passé avec la justice américaine, subissent pendant six mois, un an, trois ans… la présence de contrôleurs indépendants chargés de vérifier que l’entreprise condamnée se conforme bien à toutes les règles de la compliance américaine.

Alcatel Lucent avait été condamnée il y a quelques années à une amende pour corruption à propos d’affaires qui remontaient au début des années 2000 (le montant, moins important que celui infligé à Alstom, s’élevait quand même à 170 millions de dollars). Contrainte d’accepter pendant trois ans la présence d’un contrôleur indépendant, Alcatel Lucent devait lui donner toutes les informations que ce contrôleur jugeait utiles à la réalisation de sa mission. D’aucuns disent que Alcatel Lucent a été ainsi pillée pendant quelques années par la justice américaine. Les secrets de fabrication et un certain nombre de données essentielles peuvent être transférés ainsi à une puissance étrangère. 

L’extraterritorialité du droit américain permet à la puissance américaine, sur les secteurs qu’elle estime stratégiques, d’asseoir sa domination

Rappel (10 août 2015) : Fondation Res Publica : le débat sur la réindustrialisation de la France

 

 

Cet article est le 209ème paru sur ce blog dans la catégorie CHEVENEMENT

Au premier plan, à gauche, Jean-Michel Quatrepoint est aux côtés de Jean-Pierre Chevènement, Arnaud Montebourg et Jacques Sapir, avant leur intervention lors du colloque Mondialisation à Paris le 30 août 2011

Au premier plan, à gauche, Jean-Michel Quatrepoint est aux côtés de Jean-Pierre Chevènement, Arnaud Montebourg et Jacques Sapir, avant leur intervention lors du colloque Mondialisation à Paris le 30 août 2011

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2 janvier 2016 6 02 /01 /janvier /2016 23:42

 

Cette Europe ira de plus en plus mal parce que sur des bases supranationales

 

Le 16 décembre 2015, nous avons assisté à la première Rencontre organisée par République Moderne à l'Assemblée nationale sur le thème « Souveraineté et Europe ». Voir, à ce sujet, les deux articles publiés sur le blog du MRC 53 concernant cet évènement :

- (30 déc. 2015) : Jean-Pierre Chevènement, séparé du MRC, préside République Moderne

- (31 déc. 2015 : Souveraineté et Europe : Chevènement a relancé République Moderne

 

Coralie Delaume* intervenait après JP Chevènement, Alain Supiot, Stéphane Rozès, Jacques Mézard, Pierre-Alain Muet et Régis Debray. Marie-Françoise Bechtel était la maîtresse de cérémonie, sous la présidence de Jean-Pierre Chevènement, président-fondateur de République Moderne.

 

* Voir (28 avril 2014) Entretien avec Coralie Delaume sur l'Europe

  Voir aussi (29 mars 2014) Europe, les Etats désunis : premier livre, réussi, de Coralie Delaume

et (26 janvier 2015) Table ronde MRC le 20 sept. 2014 à Caen : Europe, lever les tabous

 

Voici l'essentiel de son intervention le 16 décembre 2015.

 

Au premier tour des élections régionales 2015, le vote FN a été un vote de classe. Les employés et ouvriers, les moins diplômés (sans le baccalauréat), les plus exposés aux effets délétères de la mondialisation, forment les principaux bataillons de cet électorat. Il ne faut pas y voir une pulsion fascisante mais une demande de démocratie.

L'Union européenne est une structure de surplomb qui enferme l'action dans des structures contraignantes. La démocratie n'est pas possible dans ce système, si l'on n'en change pas.

Les votes négatifs de 2005 sont changés en votes positifs en 2008 en France. Ailleurs (Irlande), on fait revoter les peuples.

Par contre, au Danemark, on respecte le vote des citoyens. Tout récemment, un référendum posant la question d'accroître l'intégration dans l'UE (davantage de coopération) a vu une bonne participation au scrutin (72%) et un vote NON (53%).

En Grèce, ce qui s'est passé entre janvier et juillet 2015 (Syriza au pouvoir) est édifiant.

- Le président Juncker de la Commission européenne a affirmé « Il ne peut y avoir de démocratie contre les traités européens ».

- La Banque Centrale Européenne a montré qu'elle pouvait faire sortir un pays de sa propre monnaie s'il n'accepte pas les conditions de l'UE. Il suffit de couper les financements des banques grecques.

Le gouvernement grec a décidé d'organiser un référendum, suite au harcèlement sur Tsipras.

La BCE a fait pression pour sidérer la population, ce qui n'a pas empêché les grecs de voter largement NON. Et le plus incroyable, c'est que la victoire du NON s'est transformée en OUI, le premier ministre, devant le constat de l'affaiblissement des banques de son pays, ayant fini par signer le mémorandum refusé par son peuple.

Ainsi, la preuve a été faite que, dans les conditions d'exercice du pouvoir par les institutions européennes, il ne peut y avoir de choix contre les traités européens. La Grèce a changé de gouvernement afin de mettre en œuvre les décisions européennes.

On observe que les trois institutions indépendantes (Commission, BCE, Cour de justice) européennes se renforcent entre elles. Exemple : le sauvetage de l'euro par la BCE. Celle-ci fait une politique monétaire accommodante, hétérodoxe, pour parvenir à ses fins. Des plaignants allemands ont saisi le tribunal de Karlsruhe contre la BCE, laquelle a demandé à la Cour de justice de Luxembourg de se prononcer. Elle a validé la politique monétaire de la BCE.

Il s'agit de décisions très politiques, que personne ne conteste. Cela vient du fait que les traités ont été ratifiés par les Etats. On peut parler de castration volontaire. Les Etats se sont volontairement rendu impuissants, acceptant des renoncements majeurs. La démocratie est court-circuitée dans les faits, ce qui provoque une frustration chez les citoyens.

Tout va continuer puisque la politique monétaire a été transférée au niveau européen et que la monnaie n'est pas adossée à une institution politique. Pour faire face aux divergences des économies, liées à l'euro, des instruments ont été mis en place (Merkel-Sarkozy) et deux paquets législatifs (two packs et six packs) ont été votés par le Parlement européen, ayant pour effet d'augmenter le pouvoir de la Commission européenne en matière de supervision des budgets des Etats membres, avec sanctions possibles.

Les Etats n'ont plus de pouvoir sur la monnaie et ils en ont moins sur leurs budgets. Ils en viennent à jouer sur le coût du travail pour gagner en compétitivité. Toute réorientation de l'Europe est devenue peu probable.

En conclusion, l'économie et la démocratie s'effondrent parce que l'Europe a été construite sur le mode supranational et non sur le mode international de coopération entre les nations.

Désormais, l'attention doit être portée en priorité sur la zone euro, qui évoluera mal, ce qui mettra en jeu l'existence même de l'euro.

Cet article est le 208ème paru sur ce blog dans la catégorie CHEVENEMENT

Coralie Delaume, le 20 septembre 2014 à Caen, lors de l'université de rentrée du MRC

Coralie Delaume, le 20 septembre 2014 à Caen, lors de l'université de rentrée du MRC

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31 décembre 2015 4 31 /12 /décembre /2015 18:36

 

Ressourcement républicain de la gauche, RM s'adresse à tous les républicains

 

Après un premier essai manqué, en raison du désistement de Jean-Luc Mélenchon, nous étions nombreux à suivre avec intérêt - le 16 décembre 2015, salle Colbert de l'Assemblée nationale - la première Rencontre de République Moderne.

RM est un club créé en 1983 par Jean-Pierre Chevènement et relancé sur de nouvelles bases après la séparation intervenue avec le Mouvement Républicain et Citoyen, en juin 2015.

Voir renouvellement des instances du club "République moderne"

et Jean-Pierre Chevènement, séparé du MRC, préside République Moderne.

 

Ce club, nous dit Jean-Pierre Chevènement, a vocation à contribuer au ressourcement républicain de la gauche, tout en s'adressant à tous les républicains, y compris ceux qui sont membres du parti « Les Républicains ». Il tient à préciser qu'il n'est pas candidat à l'élection présidentielle de 2017.

République Moderne a prévu d'organiser quatre autres Rencontres d'ici juillet 2016, portant sur les affaires étrangères, les questions économiques et monétaires, les questions sociales, la transmission (notamment, l'école). Cette première traite des questions de souveraineté, de la Nation à l'Europe.

 

Jean-Pierre Chevènement exprime son point de vue. Selon lui, l'Europe s'est construite sur une erreur. Faute de peuple européen (demos), il n'y a pas de démocratie possible à ce niveau. La souveraineté a été transférée à des instances opaques. De plus, à partir de la première guerre du Golfe, les pays européens ont démissionné en ce qui concerne leur défense, s'alignant sur les USA. Ils n'ont pas pris conscience des défis migratoires.

La souveraineté appartient au peuple, c'est lui qui décide. Elle est nationale et populaire, la distinction entre les deux n'a plus de sens. C'est au niveau de la nation que s'exerce le pouvoir d’État. Il peut y avoir des délégations de compétences à des instances européennes mais à condition qu'il y ait un contrôle parlementaire. L'opacité des instances bruxelloises ne leur permet pas d'être efficaces.

Tout doit être passé au crible du doute. Il faut repartir avec des notions simples. L'Europe doit procéder des nations, être à la carte, construire un partenariat stratégique avec la Russie. Il faut la réorienter avec l'objectif qu'elle devienne une Europe européenne, selon l'expression du général de Gaulle, alliée des USA mais pas vassale. La France doit susciter une autre Europe.

Au niveau national, il faut à la France un gouvernement républicain énergique. Il faut changer de logiciel, faire une politique de salut public qui vide le FN de sa substance.

 

Alain Supiot, auteur du livre « La gouvernance par les nombres » (Fayard, avril 2015), observe que les institutions européennes ont démantelé les solidarités nationales sans en reconstruire d'autres. Dans toutes les juridictions européennes, il n'est question que de souveraineté de l'individu, de compétition, de mise en concurrence, avec réduction du social.

L'Union européenne ne connaît que le « doux commerce » ou la guerre civile. Il a été demandé aux grecs, en préalable, de reconnaître leurs torts, puis de faire allégeance. Cela n'a rien à voir avec la souveraineté populaire.

Le tableau actuel de l'Europe, c'est la guerre du dernier mot, la guerre des juges. Le conflit de suprématie au niveau européen crée un blocage, le chaos des sources jurisprudentielles.

En résumé, ce qui domine, c'est la compétition et la souveraineté de l'individu, pas la solidarité. Trois propositions :

- Rendre l'économie à la politique,

- Se doter d'objectifs de solidarité (l'unité allemande a été réalisée sur cette base),

- Qui gardera le gardien ? Qui aura le dernier mot ?

 

Stéphane Rozès intervient en tant que consultant. Il constate un lien entre les difficultés françaises et le déclin européen. La gouvernance et la politique européennes ne sont pas adaptées au génie européen. « Chaque nation a une âme » (François Hollande, discours du Bourget). Chaque peuple est en friction avec les autres. A la Renaissance, le génie européen s'est répandu avec l'idée que l'homme est maître de son destin, de la nature.

Après la 2ème guerre mondiale, l'Europe est devenue une entité. Une France universaliste a tendu la main à une Allemagne divisée. L'Europe devait exister sous pression des USA face à l'est. La peur du communisme a favorisé la prospérité et la paix mondiale.

Entre la France et l'Allemagne, l'imaginaire est différent. En France, c'est la raison (Descartes, l'esprit est séparé du corps). En Allemand, il n'y a qu'un mot pour qualifier la culpabilité et la dette. On ne s'approprie pas le réel de la même façon en France et en Allemagne. En France c'est par les statistiques (l'appareil d’État, l'INSEE). En Allemagne, c'est par le bas, les réalités du terrain.

Sur la question de la Grèce, il y a eu un début de discussion et de compréhension mutuelle entre Merkel et Hollande. On ne fera jamais des grecs des allemands. Merkel juge Poutine irrationnel parce qu'il n'a pas cédé aux chiffres. Mais c'est la société qui fait l'économie. Le problème allemand, c'est de civiliser les passions allemandes par l'économie. En France, c'est différent, on passe par le politique.

La crise grecque (le Grexit) a été évitée parce que Hollande a bénéficié de l'aide de Merkel. Il ne l'aurait pas eu si Schäuble avait été à sa place.

Un pacte de sécurité est fait pour protéger. Pour le libéral, l'économie fait la société. Chaque peuple a le droit de défendre son modèle. Les frontières sont faites pour protéger. C'est sur cette base que viendra la renaissance européenne.

La France a un surmoi. Mitterrand disait « La France est notre patrie, l'Europe est notre avenir ». Hollande a constaté que les allemands ne sont pas universalistes, contrairement aux français.

La France est dépendante du fonctionnement de l'Europe. Le Pen instrumentalise, Sarkozy joue au sauveur, Hollande au médiateur. Ils intériorisent les contraintes.

L'élection présidentielle s'offrira à celui qui saura concilier le redressement français avec la renaissance européenne.

La suite dans un prochain article…

Cet article est le 207ème paru sur ce blog dans la catégorie CHEVENEMENT

Autour de Jean-Pierre Chevènement et de Marie-Françoise Bechtel, les intervenants, salle Colbert, Assemblée nationale, 16 décembre 2015

Autour de Jean-Pierre Chevènement et de Marie-Françoise Bechtel, les intervenants, salle Colbert, Assemblée nationale, 16 décembre 2015

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30 décembre 2015 3 30 /12 /décembre /2015 17:59

 

Une 1ère Rencontre RM a eu lieu le 16 décembre 2015 à l'Assemblée nationale

 

Le congrès 2015 du Mouvement Républicain et Citoyen avait cristallisé le désaccord stratégique entre Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur, et son successeur à la présidence, Jean-Luc Laurent, ce qui avait conduit l'ancien ministre à quitter le MRC. Voir (blog MRC 53, 20 juillet 2015) :

La République moderne de Chevènement pour sortir la France de l'ornière

Pourtant, les deux stratégies pouvaient être mises en œuvre dans la même formation politique car elles sont complémentaires : celle du MRC en tant que parti politique appartenant à la gauche républicaine et celle de Jean-Pierre Chevènement en tant qu'homme politique voulant créer des rapprochements d'idées afin de proposer une alternative républicaine aux politiques néolibérales. Cette alternative implique un ancrage à gauche et une ouverture à toutes celles et ceux pour qui la République est la communauté des citoyens.

Jusqu'à preuve du contraire, le MRC existe dans le prolongement des idées portées par Jean-Pierre Chevènement et ses amis depuis la fondation du CERES (Centre d'études, de recherches et d'éducation socialiste, créé en 1964) et son projet, comme celui de République moderne, n'a de sens et d'avenir qu'en prenant appui sur une double souveraineté, celle du peuple face au capital et celle de la nation citoyenne face à la tentation oligarchique au niveau européen.

On peut regretter la décision de Jean-Pierre Chevènement et de Marie-Françoise Bechtel mais c'est un fait : République moderne (voir La France en grand) et le Mouvement Républicain et Citoyen sont désormais des entités distinctes.

 

La première Rencontre organisée par République Moderne a eu lieu le 16 décembre 2015, salle Colbert à l'Assemblée nationale. Voir Un changement de logiciel pour vider le Front National de sa substance et faire la démocratie républicaine

 

Le club République Moderne dont le président est Monsieur Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre, a organisé une première Rencontre autour de sa vice-présidente Madame Marie-Françoise Bechtel, députée de l’Aisne, de Régis Debray, philosophe, Alain Supiot, professeur au Collège de France, Jacques Mézard, sénateur du Cantal, président du groupe RDSE au Sénat, Pierre-Alain Muet, député socialiste du Rhône, Stéphane Rozès, politologue, et Coralie Delaume, essayiste. 

Le thème de la Rencontre était : 

« De la souveraineté nationale à l’Europe européenne »

Des débats qui se sont tenus dans la salle Colbert de l’Assemblée Nationale, entièrement remplie, a émergé l’idée que pour rester une puissance mondiale la France devait promouvoir à la fois une politique étrangère indépendante et l’idée d’une Europe européenne, englobant tous les pays européens, y compris la Russie. Ce point est capital. Car seule une Europe européenne ainsi comprise peut éviter au XXIème siècle un monde bipolaire autour des États-Unis et de la Chine. L’indépendance implique la souveraineté populaire. C’est le peuple qui, en dernier ressort, consent ou révoque les délégations de compétences.

Jean-Pierre Chevènement et Marie-Françoise Bechtel ont lancé un appel aux parlementaires et aux autres invités présents [1], quelle que soit leur origine politique, pour contribuer à l’élaboration d’un nouveau logiciel pour la France. Ils ont appelé à la formation d’un gouvernement de salut public. Celui-ci se distingue de l’union nationale, dès lors qu’il est en rupture avec les politiques erronées qui ont conduit la France là où elle en est aujourd’hui. Une telle refondation permettra à la France de faire vivre chez elle et dans le monde ses valeurs de liberté, de laïcité, d’égalité et de fraternité, qui sont plus que jamais des valeurs d’avenir. Seule une telle réorientation de la politique française autour d’un gouvernement républicain énergique permettra de vider le Front National de sa substance et de faire revivre la démocratie républicaine. » 

[1] Notamment :  M. Arnaud Montebourg, ancien ministre, Mme Marie-France Garaud, ancienne conseillère du Président Pompidou, MM. Gérard Bapt, Jean-Pierre Blazy, Jean-Michel Villaumé, député (PS), Christian Hutin, député (MRC), M. Pierre-Yves Collombat, sénateur (RDSE), M. Jean-Pierre Brard, ancien député-maire de Montreuil (PCF), M. François Morvan, responsable national de DLF, Mme Marielle Boullier-Gallo, ancienne députée européenne.

REVIVEZ LA RENCONTRE RM DU 16 DÉCEMBRE

Voir aussi (JP Chevènement, 7 décembre 2015) : Pour un gouvernement de salut public

 

Cet article est le 206ème paru sur ce blog dans la catégorie CHEVENEMENT

Les intervenants autour de Jean-Pierre Chevènement et Marie-Françoise Bechtel, lors de la 1ère Rencontre de République Moderne, le 16 décembre 2015

Les intervenants autour de Jean-Pierre Chevènement et Marie-Françoise Bechtel, lors de la 1ère Rencontre de République Moderne, le 16 décembre 2015

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10 août 2015 1 10 /08 /août /2015 21:56

 

JP Chevènement et la salle ont dialogué avec L Gallois et un chef d'entreprise

 

Les actes du colloque du 1er juin 2015 sont en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.
Accueil de Jean-Pierre Chevènement, Président de la Fondation Res Publica*.
Energie, consensus et confiance, par Louis Gallois, Président du Conseil de Surveillance de PSA.
Fiscalité et code du travail, deux maux français, Laurent Burelle, PDG de Plastic Omium.
Tour de table conduit par Jean-Pierre Chevènement, Président de la Fondation Res Publica.

* Pour en savoir plus sur cette Fondation, voir la Présentation par son président.

 

L'intervention de Louis Gallois a été reprise. Voir Réindustrialisation de la France : Louis Gallois au colloque Res Publica. Les débats qui ont suivi (retranscrits par la Fondation Res Publica) sont de haute qualité. En voici des extraits.

Jean-Pierre Chevènement 

J’apprécie beaucoup la manière dont Louis Gallois a posé le problème en disant que l’industrie française a le choix entre la voie espagnole, c'est-à-dire la dévaluation interne, brutale mais qui permet de retrouver une compétitivité par les prix, et la voie malheureusement lente, trop lente selon moi, de la stratégie de montée en gamme qui implique naturellement au niveau des entreprises les marges sans lesquelles on ne peut pas la financer. Même l’acte de courage qui consiste à s’endetter n’est pas possible s’il n’y a pas les fonds propres et une rentabilité suffisante pour permettre cet endettement. Par conséquent on laisse vieillir l’appareil de production. Le choix fondamental est là, entre ces deux voies. 

La voie lente nous est-elle permise ? Si la confiance était au rendez-vous ça se verrait. Ce n’est pas le cas. Comment la créer ? Je cherche, j’aimerais trouver. Je ne pense pas que les exhortations qui sont faites ou les plaintes que j’entends s’exhaler soient de nature à recréer cette confiance. 
En principe un pays a la monnaie qui convient à son économie. Je dis que la France n’a pas aujourd’hui la monnaie qui convient à son économie. La France est prisonnière d’une monnaie surévaluée depuis très longtemps par rapport à ses voisins de la zone euro vis-à-vis desquels elle est en déficit. On ne veut pas le voir. On préfère s’aveugler volontairement. La monnaie unique est un tabou. Je souscris à l’idée que la seule voie qui soit praticable est cette stratégie dite de « montée en gamme ». Suffit-il de s’échiner à exhorter un peuple qui n’entend pas, des industriels qui pour la plupart pensent que la France n’est plus un pays où il faut investir ? M. Burelle nous a dit tout à l’heure très nettement qu’il vaut mieux investir à l’étranger. Lui-même ne sauvegarde les 5 000 emplois qu’il a pu conserver en France que parce qu’il a aujourd’hui plus de 20 000 emplois à l’étranger. Mais le problème qui se pose est celui de l’économie française, ce n’est pas celui des entreprises françaises qui, telles nos entreprises du CAC40, se développent très bien… à l’étranger ! Elles ne se développent pas en France. C’est l’économie française qui en pâtit et c’est le peuple français, dont nous sommes responsables, qui souffre.

 

Tour de table

Jean-Pierre Chevènement 

L’Allemagne est évidemment un pays mercantiliste qui dégage un excédent commercial de plus de 200 milliards d’euros chaque année. Mais elle a une structure démographique vieillissante et veut préparer l’avenir de ses retraités. 

Mme Merkel a dit en 2005 : « Mettre l’Allemagne au sommet de l’Europe, voilà mon programme ». Cette politique qui, en fait, avait été initiée par Gerhardt Schröder porte ses fruits. Elle s’appuie naturellement sur des avantages comparatifs très anciens (l’Allemagne a creusé l’écart sur le plan industriel depuis longtemps) mais n’en pose pas moins un problème à toute l’Europe. En effet, l’orientation globale de la politique économique européenne est déterminée par le choix du cadre moyen supérieur allemand vieillissant qui veut faire cracher des dividendes aux entreprises alimentant les fonds de pension qui lui verseront sa retraite. C’est devenu le paradigme qui, en quelque sorte, sur-détermine ce que je n’ose pas appeler la croissance européenne mais le développement économique de l’Europe. L’animal sacré, c’est ce cadre presque sexagénaire qui entend vivre bien les trente années de vie qui lui restent devant lui. Je ne dis pas cela pour critiquer l’Allemagne – après tout c’est une logique – mais cela mériterait qu’on en débatte au niveau européen parce que d’autres logiques doivent s’appliquer à des pays comme la France où il y a au minimum 3,5 millions de chômeurs (c’est le nombre de ceux qui sont recensés à temps plein) et une jeunesse nombreuse qui a le sentiment que l’avenir est peut-être ailleurs, ce qui est un vrai problème pour une France qui veut « rebondir », car c’est bien de cela qu’il s’agit. 

La réflexion de Louis Gallois à propos de l’euro mérite d’être approfondie. Il a longtemps critiqué l’euro fort, à juste titre du point de vue de EADS. Mais on se rend compte aujourd’hui que l’appareil industriel français est tellement affaibli que l’offre intérieure ne répond plus. Cela mérite d’être vérifié parce qu’il ne faut pas se fier à des idées toutes faites et trop simples. Peut-être cela peut-il se corriger avec un temps de retard. 

Je faisais remarquer au Président de la République, la dernière fois que je l’ai rencontré, que notre compétitivité manufacturière continue à se dégrader puisque le solde manufacturier en 2014, solde négatif malheureusement, est supérieur de 2 milliards d’euros à ce qu’il était en 2013. De fait nous avons un déficit commercial de 54 milliards d’euros en 2014, un peu moins élevé que l’année précédente à cause de la baisse du prix du pétrole. Sur ces 54 milliards, 35 milliards seraient imputables au déficit commercial franco-allemand. Quand j’étais ministre de l’Industrie, au début des années 1980, nous avions 28 milliards de francs de déficit. Après conversion en euros, introduction de l’inflation, des intérêts composés…, on constate que notre déficit commercial vis-à-vis de l’Allemagne a été quadruplé ou quintuplé en l’espace d’une trentaine d’années. Cette dégradation, si elle est vérifiée, est préoccupante. (...)

 

Jean-Michel Naulot 

(…) Les solutions proposées dans ce débat, rétablir la confiance, réconcilier les Français avec l’entreprise… s’inscrivent malheureusement dans le très long terme. Mme Bechtel et Jean-Pierre Chevènement ont cité des chiffres sur la place de la production industrielle dans la valeur ajoutée. J’aimerais les compléter. 

Les Échos publiaient il y a quelques semaines un article sur l’évolution de la production industrielle au sein de la zone euro depuis 2000 : -12 % pour la France, -20 % pour l’Italie et… + 34 % pour l’Allemagne ! On peut certes incriminer la dérive de nos coûts de production mais surtout, me semble-t-il, il faut constater qu’il y a un biais inégalitaire dû à la monnaie unique, annoncé il y a vingt ans par les économistes. Nous sommes vraiment dans l’urgence. Ne faut-il pas commencer à évoquer publiquement ce que vous avez dit tout à l’heure sur le fonctionnement de la zone euro ? En effet, pour l’instant, ce sont toujours un peu les mêmes qui parlent. 

Louis Gallois 

Je parlais évidemment des PME quand j’évoquais les difficultés de financement de l’industrie. Les grandes entreprises n’ont aucun problème de financement, elles trouvent de l’argent en abondance directement sur les marchés, sans même recourir aux banques auprès desquelles elles ont des lignes de crédit qu’elles ne tirent pas, pour l’essentiel. 

Il est vrai que la zone euro a créé entre les différents pays une situation de fausse symétrie qui ne reflétait pas les différents niveaux de compétitivité. L’euro a été créé à un niveau qui, s’il était adapté à la situation française, équivalait à une formidable dévaluation pour l’Allemagne. Par la suite, sept ans d’euro fort ont laminé l’industrie française. Comme je l’avais dit dans mon rapport, l’euro fort renforce les forts et affaiblit les faibles. Et l’Allemagne a été le grand bénéficiaire de cette période. Maintenant l’euro est revenu à un niveau plus acceptable mais il ne réduit pas les effets d’asymétrie entre la France et l’Allemagne que Jean-Pierre Chevènement évoquait. Je me demande si notre appareil industriel est encore capable de répondre à une dévaluation vis-à-vis de l’Allemagne de telle manière que notre déficit commercial avec l’Allemagne s’en trouve réduit et non aggravé. Au début il risque de s’accroître mais il ne faudrait pas que ça dure. 


Jean-Pierre Chevènement 

Autrement dit, le malade est-il encore en mesure de supporter le traitement ? Je crains que nous ne soyons déjà au stade des soins palliatifs… 
Louis Gallois a évoqué deux problèmes : la valeur de l’euro par rapport au dollar et le problème interne à la zone euro. Selon un économiste canadien, Robert Mundell, dans une zone monétaire dite « non optimale », où cohabitent des régions riches, productives, et des régions sous-productives et pauvres, un mécanisme cumulatif s’exerce qui enrichit les zones riches et appauvrit les zones pauvres (…).


Louis Gallois 

C’est la crainte de la négociation sociale en France qui conduit les acteurs à considérer que c’est à l’État de régler ce problème. Chaque fois que les partenaires sociaux n’arrivent pas à s’entendre, on se retourne vers l’État. Je répète que nous avons raté une occasion historique d’établir un dialogue social plus serein tout en contribuant à éviter la désindustrialisation. 
En Allemagne, le dialogue social n’est pas facile : chez Airbus, quand j’affrontais une grève, j’avais 98 % de grévistes, car ils obéissent au doigt et à l’œil aux syndicats. On le constate dans les chemins de fer allemands, actuellement en grève. Ce sont des syndicats qui se défendent mais le niveau d’acceptation du dialogue est absolument extraordinaire. Sachez que l’actuel président du conseil de surveillance de Volkswagen est le représentant des salariés, l’ancien patron du syndicat IG Metall (Industriegewerkschaft Metall), M. Huber. C’est un peu comme si, en France, M. Martinez (secrétaire général de la CGT) était Président du Conseil d’Administration de Renault ! 

 

Cet article est le 205ème paru sur ce blog dans la catégorie CHEVENEMENT

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8 août 2015 6 08 /08 /août /2015 22:50

 

Monter en gamme, opter pour la recherche et le travail qualifié, persévérer

Les actes du colloque du 1er juin 2015 sont en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.
Pour en savoir plus sur cette Fondation, présidée par Jean-Pierre Chevènement, voir sa Présentation.
Accueil de Jean-Pierre Chevènement, Président de la Fondation Res Publica.
Energie, consensus et confiance, par Louis Gallois*, Président du Conseil de Surveillance de PSA.
Fiscalité et code du travail, deux maux français, Laurent Burelle, Président Directeur Général de Plastic Omium.
Tour de table conduit par Jean-Pierre Chevènement, Président de la Fondation Res Publica. 
* Voici l'exposé de Louis Gallois : Energie, consensus et confiance


Tout est question de confiance et d’énergie. Si nous sommes capables de créer de la confiance et de l’énergie, beaucoup de choses sont possibles dans un pays comme la France « ce vieux pays qui va de déclins en renouveaux », disait le Général de Gaulle, qui a déjà montré sa capacité de redressement. Nous avons en France tout ce qu’il faut pour rebondir mais nous ne le ferons qu’en rétablissant la confiance et l’énergie. 


L’industrie française se caractérise par le fait qu’elle ne se différencie pas assez des productions des pays à bas coût. Positionnée sur la moyenne gamme, elle ne peut pas concourir véritablement avec les industries haut de gamme qui, très différenciées, peuvent au moins et partiellement s’exonérer de la compétition par les prix. Incapable de sortir de cette compétition par les prix, l’industrie française l’affronte en taillant dans ses marges pour s’aligner sur les prix mondiaux. On constate cet alignement depuis une dizaine d’années dans l’industrie française dont les marges, en régression constante, n’ont commencé à remonter légèrement que depuis le second semestre 2014, essentiellement sous l’effet du CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi). Bien sûr, il y a des exceptions : les entreprises qui travaillent à l’étranger et font des marges à l’étranger, c’est-à-dire une grande partie du CAC40 et certaines entreprises qui, comme Plastic Omnium, sont en plein développement à l’étranger. 


Il est des domaines où nous sommes capables, sur le territoire français, d’une production haut de gamme : le luxe, l’aéronautique ou les vins français où nous avons réussi une reconversion assez exceptionnelle vers le haut de gamme (en sacrifiant d’ailleurs le bas de gamme). Certaines entreprises ont su remarquablement incarner le haut de gamme ; c’est le cas de Michelin qui est capable de vendre ses pneus plus cher que la concurrence parce qu’on tient à avoir des pneus Michelin, même chers, car ce sont les meilleurs. 


Pour reconquérir la compétitivité, je dirai de manière caricaturale qu’il y a, dans le cadre de l’euro, deux voies possibles. La voie espagnole consiste à faire une dévaluation interne : on baisse les coûts de manière drastique, on réduit les salaires (environ – 20 %), on accroît considérablement la flexibilité du travail et on réduit très fortement la dépense publique pour limiter le poids des impôts. 
Cette stratégie réussit assez vite. L’Espagne a retrouvé l’équilibre de sa balance commerciale, les investissements étrangers affluent et s’amorce l’idée que l’Espagne pourrait devenir une sorte d’atelier de l’Europe, à l’Ouest de l’Europe, comme le furent il y a quelques années les pays de l’Est qui étaient notamment l’atelier de l’Allemagne. Mais cette médaille a un revers, un coût social gigantesque : 50 % des jeunes au chômage, 22 % de la population active au chômage, un taux de pauvreté qui est aussi de 22 % (contre 14 % en France). D’autre part, la réduction des dépenses publiques s’étant traduite par l’effondrement de l’effort de recherche, les chercheurs espagnols émigrent massivement et les Allemands viennent recruter à la sortie des universités espagnoles. 

Rapidité des résultats mais coût social énorme et fuite des cerveaux.  Cette voie ne convient pas à la France qui a capacité à jouer une autre stratégie, celle de la montée en gamme. Le haut de gamme c’est l’innovation, la qualité, le service et la réputation qu’on est capable de créer à partir de là. Cela suppose un double substrat : la recherche et une main d’œuvre qualifiée qui permette de soutenir cette montée en gamme. Nous avons la recherche mais la recherche qualifiée pose plus de problèmes. 

Cette stratégie a l’avantage de nous mettre dans une situation beaucoup plus stable où nous sommes moins sensibles à la compétition par les prix. On le voit en Allemagne et au nord de l’Europe. Elle a deux inconvénients, deux contraintes : elle est beaucoup plus lente à produire ses effets et suppose donc une persévérance beaucoup plus grande que nous n’avons jamais eue dans l’action. Il faudra dix ans pour reconquérir la compétitivité de l’industrie française. J’hésitais à le dire jusqu’ici mais je pense qu’il faut quand même que les gens se rendent compte que c’est un travail énorme qui suppose dix ans d’action persévérante. En Allemagne, quoi qu’on pense de la stratégie mise en place dans le cadre de l’Agenda 2010, c’est une même politique, menée pendant dix ans par deux chanceliers et trois majorités politiques différentes, qui a produit ses effets. En sommes-nous capables en France ? C’est une question qui concerne les politiques beaucoup plus que moi. 

La seconde contrainte est la nécessité d’investir. Pour investir, il faut d’abord reconstituer les marges des entreprises, ce qui suppose de réduire un certain nombre d’éléments de coût. C’est pourquoi j’avais proposé « un choc de compétitivité » à travers une réduction des charges sociales supportées par les entreprises, précisant que cette réduction devrait porter sur les salaires qui sont ceux de l’industrie, c'est-à-dire jusqu’à 3,5 fois le Smic et non sur les très bas salaires qui concernent essentiellement des services qui, d’ailleurs, ne sont pas exposés à la concurrence internationale. La « Fabrique de l’industrie [2] », le think tank que j’anime avec Denis Ranque, va rouvrir ce débat face à la plupart des économistes français qui proposent de faire des réductions de charges sociales sur les bas salaires. Nous préconisons, quant à nous, de focaliser ces aides en élevant le niveau des salaires visés sur l’industrie et les services à haute valeur ajoutée qui gravitent autour de l’industrie (bureaux d’études, ingénierie etc.). Il faut aussi tirer la main d’œuvre française vers les emplois qualifiés si nous voulons faire les gains de productivité dont nous avons besoin pour créer de la croissance. 

Créer la confiance est la seconde condition nécessaire pour créer de l’investissement. Cela me paraît être aujourd’hui le principal problème de la France où tous les indicateurs sont au vert pour créer de l’activité. Cette confiance ne peut être fondée que sur les perspectives de développement, mais aussi sur le fait que le gouvernement donne de la visibilité aux industriels, ce qui veut dire un cadre réglementaire et législatif qui ne change pas sans arrêt, des systèmes de soutien de l’industrie qui ne soient pas constamment remis en cause.  

Un exemple : Le crédit d’impôt recherche (CIR) suscite le débat. Aucun mécanisme n’est parfait mais à force de les remettre en cause on tue leurs potentiels effets positifs. Le Parti socialiste veut remettre en cause le crédit impôt compétitivité emploi (CICE), précisément au moment où il commence à créer ses effets ! Mais cela voudrait dire que nous avons gaspillé de l’argent ! Il faut de la visibilité et de la stabilité et il faut certainement faire un effort de simplification pour que les entreprises n’aient pas l’impression d’être face à une marée réglementaire qui déferle. Le patron de Paprec, grande entreprise de recyclage, me confiait qu’en 8 mois de l’année 2012, la réglementation concernant les déchets avait connu 45 modifications (dont 50 % venaient de Bruxelles) impactant son entreprise ! 

Il est également nécessaire de créer un minimum de consensus dans ce pays. Ce consensus doit reposer sur deux pieds. Le premier, c’est de reconnaître que l’entreprise est le lieu de la création de richesses. Et nous avons encore une difficulté sur ce point pour une frange de l’opinion. Le deuxième, c’est de reconnaître que l’entreprise a des parties prenantes parmi lesquelles il y a les salariés qui ont le droit de s’exprimer. Nous devons être capables de porter à un niveau supérieur le dialogue social dont nous avons besoin pour créer de la confiance, j’en suis convaincu. 

Le problème des obstacles à la confiance est décisif. Aujourd’hui encore, un industriel me disait que nous pourrions doubler le taux de croissance de l’économie. Tous les éléments sont là : euro faible, prix du baril de pétrole bas, taux d’intérêt très faibles… Il manque l’étincelle de la confiance. 

J’évoquerai rapidement les instruments de la politique industrielle. L’investissement est clé. Plus que sur des mesures sur l’emploi, il faut se focaliser sur des mesures sur l’investissement. À cet égard, la mesure concernant l’amortissement annoncée récemment est à mon avis une bonne chose : pour les investissements autres qu’immobiliers les entreprises vont pouvoir sur-amortir 140 % de leur investissement. Ces investissements doivent porter à la fois sur la qualité, l’innovation et la productivité. 

Un second point me paraît décisif : il est essentiel que le numérique devienne une priorité nationale. Nous serons évincés des activités industrielles ou liées à l’industrie si nous ne sommes pas capables de maîtriser ce que le numérique représente dans les processus de production et dans la relation avec le client. Les Allemands ont initié dans ce domaine un plan extrêmement ambitieux : "Industrie 4.0". En France, un nouveau plan, « Industrie du futur », est animé par M. Sanchez, patron du Groupe Fives et M. Charlès, patron de la société Dassault systèmes [6]. Je leur souhaite de réussir parce qu’ils tiennent une partie du sort de l’industrie française entre leurs mains. 

Je voudrais insister également sur la formation professionnelle. Je ne suis pas du tout sûr que l’accord sur la formation professionnelle ait réglé ce problème en France. Nous dépensons 30 milliards d’euros pour une formation professionnelle très en-deçà d’un système efficace. C’est un chantier à rouvrir. Je crois également absolument essentiel de réconcilier l’éducation nationale avec l’apprentissage. En effet, l’un des obstacles majeurs au développement de l’apprentissage est aujourd’hui la concurrence absurde entre les lycées professionnels et l’apprentissage. 

Le dernier point est le financement. Il faut que nous organisions la transition du financement bancaire vers le financement de marché parce que les réglementations prudentielles bancaires sont telles que les banques ne vont plus être en mesure d’assurer les 75 % du financement des entreprises qu’elles assuraient dans le passé. En Europe, 75 % du financement provient des banques, 25 % vient directement du marché financier. Aux États-Unis, la proportion est exactement inverse. Les réglementations bancaires prudentielles, probablement excessives et extraordinairement contraignantes, sont adaptées aux États-Unis mais pas à l’Europe. C’est d’ailleurs pourquoi on les met en œuvre en Europe et pas aux États-Unis : nous devons remplacer le tarissement relatif du financement bancaire, par le financement de marché. Cela pose un problème énorme aux PME qui n’ont pas accès directement au marché. Ce doit être aux banques d’organiser l’accès direct au marché des PME. C’est un enjeu tout à fait décisif. 

Consensus et confiance : c’est ce qui déclenchera l’investissement. C’est ce sur quoi les politiques doivent intervenir. 

 

Cet article est le 204ème paru sur ce blog dans la catégorie CHEVENEMENT

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20 juillet 2015 1 20 /07 /juillet /2015 22:50

 

L'alternative républicaine au néolibéralisme implique un ancrage à gauche

 

C'est pendant le congrès du Mouvement Républicain et Citoyen, le 13 juin 2015 à Paris, que les militants ont pris connaissance de la décision de Jean-Pierre Chevènement de s'éloigner du parti qu'il avait fondé en janvier 2003 et qu'il avait présidé de 2008 à 2010, avant d'accepter d'en être le président d'honneur.Cette rupture a été motivée par le désaccord stratégique qui l'a opposé à son successeur, Jean-Luc Laurent, à la direction du MRC.

 

Pourtant, il est évident que les deux stratégies sont complémentaires : celle du MRC en tant que parti politique appartenant à la gauche républicaine et celle de Jean-Pierre Chevènement en tant qu'homme politique voulant créer des rapprochements d'idées afin de proposer une alternative républicaine aux politiques néolibérales.

 

L'alternative républicaine implique un ancrage à gauche et une ouverture à toutes celles et ceux pour qui la République est la communauté des citoyens.

Attachons-nous à maintenir les ponts entre les deux stratégies jusqu'à ce qu'elles se rejoignent. Le plus tôt sera le mieux car les deux sont indissociables.

- Le MRC ne peut exister que dans le prolongement des idées portées par Jean-Pierre Chevènement et ses amis depuis la fondation du CERES (Centre d'études, de recherches et d'éducation socialiste, créé en 1964).

- La République moderne n'a de sens et d'avenir que si elle s'appuie sur une double souveraineté, celle du peuple face au capital et celle de la nation citoyenne face à la tentation oligarchique au niveau des institutions européennes.

 

Voir La France en grand

Déclaration de République Moderne, juillet 2015.

Notre pays vit une crise historique de longue durée. Cette crise s’est fortement aggravée avec la dérégulation néolibérale, le choix d’une monnaie unique viciée dans son principe même et l’inféodation qui résulte des traités européens de Luxembourg (1987), Maastricht (1992) et Lisbonne (2008). Avec un PNB stagnant depuis 2007, plus de cinq millions de chômeurs toutes catégories confondues, un parti d’extrême-droite à 25 % des voix, notre pays pressent que le gros des secousses est encore à venir. 

Pourquoi République Moderne, maintenant ? 
On aurait pu espérer que ceux qui mènent la même politique depuis quatre décennies s’avisent d’en changer mais force est de constater qu’ils n’en prennent pas le chemin. L’extrême droite se nourrit de la désespérance du peuple mais ne propose aucune alternative crédible, bien au contraire. Son accession au pouvoir, ruineuse pour l’image de la France dans le monde, nourrirait le « clash des civilisations » que souhaitent les fanatiques et serait un mauvais coup porté à notre pays.

La France mérite autre chose qu’un destin en peau de chagrin. Nous n’acceptons pas de rester enfermés dans l’impasse actuelle. La France, communauté de citoyens, a besoin d’être soudée sur un projet réellement alternatif. C’est ce projet d’alternative républicaine que République Moderne, à travers des rencontres périodiques, se propose de faire surgir. Il s’agit de redresser d’un même mouvement la France et l’Europe. Une Europe que nous voulons réellement européenne, c’est-à-dire indépendante. Une Europe démocratique et donc avec les nations. Une Europe recentrée sur l’essentiel : une monnaie favorisant la croissance et l’emploi, une politique extérieure au service de la paix dans le monde. Nous voulons reprendre le contrôle de la Finance, nous battre contre l’aggravation des inégalités et pour plus de justice sociale, relever le citoyen à travers l’Ecole et reconstruire l’Etat républicain. C’est ainsi que la France, enlisée dans le déclin, ira vers le renouveau. 

République Moderne avec qui et pour qui ? 
RM s’adresse à tous ceux qui ont une vision exigeante de la République et qui ne se résignent pas à voir une gauche et une droite interchangeables se succéder au pouvoir pour y conduire, pour l’essentiel, la même politique néolibérale et inféodée, faisant ainsi le lit du Front National. 
RM s’adresse, au-delà des partis et des clivages politiques obsolètes, à tous ceux, socialistes, communistes, radicaux, gaullistes, démocrates, républicains, femmes et hommes de progrès qui croient que la France, loin d’être finie, a encore un rôle majeur à jouer pour équilibrer l’Europe et donner aux idées républicaines leur portée universelle face aux désordres engendrés par la « globalisation ». 
RM s’adresse à toutes les forces vives, tous ceux pour lesquels le mot «patriotisme » a gardé un sens. 
Ce projet doit être porté par le « peuple des citoyens », c’est-à-dire la communauté civique qu’est la France républicaine. C’est cette communauté que nous voulons relever à travers un projet d’alternative républicaine à la politique néolibérale. Ce projet s’imposera, à travers l’immense crise qui est encore devant nous, avec le concours de tous ceux qui ne désespèrent pas d’un avenir commun. 


République Moderne, au niveau national … 
Espace politique original où peuvent se rencontrer des citoyens de tous horizons (chefs d'entreprises, syndicalistes, élus, chercheurs, enseignants, toutes catégories de salariés, hommes et femmes qui souvent s'ignorent), le Club République Moderne est un lieu de réflexion, de discussion, de débat et de proposition. 
RM n’exclut pas l’action politique. Elle se réserve, le moment venu, d’apporter son soutien à des candidats aux élections locales ou nationales qui partageraient ses valeurs et ses propositions. 

et régional 
RM encourage le développement dans les régions et départements de Comités d’Initiative Citoyenne pour une République moderne. Ces comités sont ouverts à tous ceux qui souhaitent débattre, proposer, agir dans un esprit d’exigence républicaine. Les premiers comités locaux verront le jour en Nord Pas de Calais, Bourgogne, Picardie … 

 

Voir aussi - renouvellement des instances du club "République moderne"

- "Nous sommes passés dans l'allégeance au suzerain américain"

Entretien de Jean-Pierre Chevènement accordé à Marianne, vendredi 10 juillet 2015. Propos recueillis par Anne Rosencher et Alexis Lacroix.

Lu dans la presse (Le Figaro, 15 juin 2015) : Chevènement veut un «mouvement d'idées» allant de Mélenchon à Dupont-Aignan. Extrait.

De Mélenchon à Dupont-Aignan

L'ancien candidat à l'élection présidentielle de 2002, âgé de 76 ans, veut relancer le cercle République moderne, qu'il a créé en 1983 après sont départ du gouvernement Mauroy. Ancien socialiste, Jean-Pierre Chevènement souhaite désormais se rapprocher de Nicolas Dupont-Aignan, qu'il apprécie pour ses engagements souverainistes. «Il faut créer un mouvement d'idées alternatif qui transcende les sensibilités historiques car on ne sortira pas la France de l'ornière sans cela», assure-t-il ce lundi dans les colonnes du Parisien.

Pour l'ancien ministre de l'Éducation nationale du gouvernement Fabius, le «logiciel» des partis de gouvernement est «périmé». «Je suis partisan d'un dialogue sans exclusivité et sans sectarisme avec tous ceux qui souhaitent une alternative républicaine, de Mélenchon à Dupont-Aignan», annonce-t-il. Le président de Debout la France, lui, se dit «content» qu'«un homme d'État» rompe avec «le socialisme de soumission à Bruxelles». «C'est un point positif pour le combat des patriotes», a-t-il souligné au Scan, tout en se défendant de chercher à le «débaucher». «Je serais content de l'accueillir», euphémise-t-il.

«Il n'en est pas question», a quant à lui opposé Jean-Luc Mélenchon, du Parti de gauche. «Il y a une différence substantielle entre moi, qui suis partisan de la République jusqu'au bout et en tous lieux (...) et la vision de M. Dupont-Aignan qui a une vision beaucoup plus nationaliste», a-t-il expliqué. L'eurodéputé a ensuite nuancé: «M. Chevènement aurait sa place au Front de gauche, pas M. Dupont-Aignan, et le dire, c'est nullement être sectaire. C'est juste partir des faits. Donc, je ne suis pas d'accord pour ces sortes de mélanges qui rendent la situation plus confuse au moment où elle a besoin d'être clarifiée».

Cet article est le 203ème paru sur ce blog dans la catégorie CHEVENEMENT

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