Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
L’action d’un maire ne se limite pas à la gestion
Yannick Borde, maire de Saint-Berthevin, élu en 2003, est directeur du Crédit immobilier de la Mayenne. A ce titre, il dirige la construction sur la commune de lotissements appartenant à son organisme. Pour lui, le rôle du maire est comparable à celui du manager dans une entreprise. Il ne voit donc pas d’inconvénients à mélanger les genres. Il dirige la mairie avec un petit nombre de collaborateurs, se situant plus près de l’oligarchie que de la démocratie.
Comme beaucoup d’élus chefs d’entreprise de sa génération, Yannick Borde survalorise son bilan (le marketing est passé par là) et déprécie ceux qui l’ont précédé aux responsabilités municipales. Il est sûr de son efficacité de gestionnaire et persuadé que les contribuables n’attendent rien d’autre du maire.
Bien sûr, il manage une équipe qui se situe en dehors de toute connotation politique. Lui-même soutenait François Bayrou au premier tour de l’élection présidentielle et Nicolas Sarkozy au second tour. Il a des relations privilégiées avec Jean Arthuis et François Zocchetto, sénateurs UDF, tendance Sarkozy. Mais il ne s’agit que de gestion, pas de politique...
J’ai reçu dans ma boîte aux lettres son premier document de campagne, dans lequel il démontre qu’il a parfaitement réalisé son programme de 2003 et laisse « une ville en ordre de marche ». J’en suis fort heureux, en tant que Berthevinois, et je constate, en tant qu’ancien maire (de novembre 1990 à mars 2001) et ancien conseiller municipal (de mars 1983 à mars 2003) que ce bilan 2003-2008 s’inscrit, pour l’essentiel, dans la continuité de l’action de ses prédécesseurs.
Pour ma part, je constate que nos projets de développement urbain, initiés dans les années 1990, ont été menés à bien sous les mandats de Bernard Gastineau (2001-2003) et de Yannick Borde.
Je pense à la voie de contournement nord et à l’aménagement du centre-ville. Il est vrai que nous n’avions pas bien mesuré, au début des années 1990, le bon cadencement des travaux à réaliser, en tenant compte des contraintes internes (la capacité de financement) et externes (la réalisation par l’échelon intercommunal de la voie de contournement).
J’accepte la critique et ne refuse pas l’autocritique, mais je demande un minimum d’objectivité. Dès le début de mon mandat, en 1991, j’avais organisé un déplacement à Arnage, près du Mans, afin d’examiner sur place l’aménagement d’un centre-ville coupé en deux par une route nationale.
Ce qui vient d’être réalisé est globalement conforme, sur le principe, à ce que nous envisagions, mais nous n’aurions pas traité le problème du stationnement de cette façon. Le mécontentement des usagers est tel que l’activité des commerces va s’en trouver pénalisée. La balance penche trop du côté des piétons et des espaces verts, au détriment des automobilistes, de leur sécurité et de leur confort en ce qui concerne le stationnement des véhicules.
Le Plan d’Occupation des Sols (POS) organisait le développement de St-Berthevin au nord-est (la Provostière) et au sud-ouest (le Châtaignier), ce qui n’a pas été remis en cause depuis 2001. Le transfert du Centre Leclerc était décidé avant 2001, à mon initiative, en concertation avec les dirigeants de cette entreprise.
Il a pu être vérifié que l’opposition de certains conseillers municipaux de mon équipe, en 2000-2001, à l’urbanisation du secteur de la Provostière, ne reposait pas sur des données objectives, compte tenu de la nécessité de réaliser la voie de contournement et la zone d’activités économiques.
Par ailleurs, je regrette de devoir préciser que les raisons de certaines difficultés et retards dans les équipements (cas du centre de secours) étaient en rapport avec le fait que je n’avais pas les mêmes options politiques que le président de la communauté de communes, François d’Aubert.
Je conteste formellement le jugement du maire sortant dans son bilan de mandat, concernant la partie financière. Il ose écrire « Les finances communales sont également en ordre de marche après la gestion calamiteuse des années 1990 ». Cette formule lapidaire ne correspond pas à la réalité, complexe, de la période 1990-2001, pendant laquelle nous avons mis à la disposition des Berthevinois des services et des activités, qui ont été supprimés depuis 2001. Pour ma part, je n’ai jamais porté de tels jugements sur mon prédécesseur, Bernard Le Godais, qui, pourtant, nous avait laissé, en 1990, une situation financière compliquée.
Il est vrai que l’endettement communal, déjà élevé fin 1990, avait augmenté à la fin de notre second mandat, en 2000-2001, sous le triple effet d’investissements importants réalisés (la salle de sports, notamment), de la baisse relative des recettes en provenance de l’Etat et de la communauté d’agglomération, et de l’accroissement des charges de personnel (emplois jeunes, notamment).
Cette situation ne me semble pas scandaleuse et ne devrait pas être traitée aussi cavalièrement, pour des raisons électoralistes, par le maire sortant.
De même, j’ai été désagréablement surpris par les commentaires d’enfant gâté concernant les équipements sportifs. Non content de bénéficier des investissements réalisés par notre municipalité en 2000, le maire se plaint d’avoir dû réaliser des travaux de réfection dans les vestiaires, les douches et les sanitaires. Pourquoi nous reprocher de ne pas avoir souscrit d’assurance dommage ouvrage, cet équipement étant placé sous le régime de la garantie décennale ? Je reste sans réponse à cette question.
Bref, ce bilan de mandat est comparable à un document publicitaire. Monsieur le maire est visiblement heureux de ce qu’il a fait depuis 2001. J’invite les Berthevinois à conserver leur esprit critique et à s’intéresser aux réalités de la politique municipale conduite ces dernières années.
Lors de ces élections municipales du 9 mars, il y aura deux listes en présence, et donc un seul tour :
- la liste du maire sortant, de droite, proche de la philosophie libérale portée au niveau national par le président de la République et la majorité parlementaire,
- la liste de son opposant depuis 2003, de gauche, dans la mouvance de la candidate socialiste à la dernière élection présidentielle.
Mon regret est d’avoir constaté que mes propositions de rassemblement de l’ensemble de la gauche à Saint-Berthevin n’ont pas trouvé preneur, en raison des divisions persistantes, qui n’ont pas évolué depuis 2000-2001. Ce n’est qu’une occasion manquée.
Cela ne m’empêche pas de souhaiter le succès de la liste de gauche afin de mettre un terme à une conception fort peu démocratique et beaucoup trop oligarchique du pouvoir municipal.