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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

La population de l'Afrique subsaharienne augmentera très fortement au 21ème siècle


Population multipliée par sept au 20ème siècle

 

Le 20 février, sur ce blog, j’évoquais le partenariat entre l’Europe et l’Afrique. Nous devons nous intéresser davantage à cette question, en ayant une meilleure connaissance des pays africains.

J’y reviens aujourd’hui en abordant la démographie africaine, à partir d’un article paru dans le quotidien Le Monde. Le journaliste Jean-Pierre Tuquoi s’entretient avec John May, démographe Afrique de la Banque mondiale, et Jean-Pierre Guengant, directeur de recherche à l'Institut de recherche pour le développement (IRD).

Voici des extraits de cet article paru dans l’édition du Monde, datée du 16 décembre 2007.

 

« Afrique : le grand rattrapage démographique »

 

D'origine belge, John May est "le" démographe Afrique de la Banque mondiale. Jean-Pierre Guengant est directeur de recherche à l'Institut de recherche pour le développement (IRD). Il est responsable du centre de l'IRD à Ouagadougou, au Burkina Faso.

La population continue de croître très rapidement en Afrique subsaharienne, alors qu'elle est en voie de stabilisation partout ailleurs dans le monde. Existe-t-il une exception africaine ?

John May : L'Afrique est un continent qui n'a pas encore véritablement entamé la dernière partie de sa transition démographique : la baisse de la fécondité - le nombre d'enfants par femme - n'a pas encore eu lieu. D'où cette croissance démographique forte qui va se poursuivre au cours du XXIe siècle. Aujourd'hui, l'Afrique subsaharienne, c'est 12 % de la population mondiale. Au milieu du siècle, elle représentera 19 %, soit près de 2 milliards d'habitants, contre 760 millions aujourd'hui.

Jean-Pierre Guengant : Les évolutions démographiques en Afrique sont décalées par rapport au reste du monde. Historiquement, on a parlé de deux chocs majeurs pour le Continent noir : l'esclavage et la colonisation. Ils expliquent qu'entre 1 500 et 1 900, grosso modo, la population de l'Afrique n'a pratiquement pas augmenté. Certains auteurs estiment même qu'elle a diminué, alors que la population mondiale était multipliée par 3,5 et celle de la Chine comme celle de l'Europe par 5.

En poids relatif, la part de l'Afrique subsaharienne dans la population mondiale a donc baissé jusqu'à ce qu'une récupération s'amorce. Elle est phénoménale. Songez qu'au XXe siècle la population du Continent noir a été multipliée par 7. C'est du jamais vu ! Et ce n'est pas terminé. Elle continue de croître à un taux de l'ordre de 2,5 % par an, deux fois plus vite que dans le reste du monde en développement. C'est en Afrique subsaharienne que l'on trouve la quasi-totalité des pays - une trentaine - qui ont une fécondité très importante, plus de 5 enfants par femme (…).

 Une idée courante est que l'Afrique est un continent très vaste et sous-peuplé.

J.-P. G. C'était vrai autrefois ; ça ne l'est plus. En 1900, l'Afrique comptait 4 habitants par km2. Aujourd'hui, la densité est de 32 habitants par km2 pour l'Afrique subsaharienne. C'est plus que l'ensemble Amérique latine-Caraïbes (28) et quatre fois moins que pour l'ensemble de l'Asie (128), où les conditions géographiques sont plus favorables à de fortes densités.

Si vous prenez en compte les densités à partir des superficies de terres arables et cultivables, vous arrivez à des résultats stupéfiants : la Mauritanie passe d'une densité de 3 à 529 habitants au km2 ; le Sénégal de 48 à 391 ; la Somalie de 14 à 817...

 J. M. Je nuancerais en disant que l'Afrique subsaharienne reste sous-peuplée dans certaines zones, mais qu'elle se peuple trop rapidement. Elle n'est pas à même d'assurer "les investissements démographiques" dont parlait le démographe Alfred Sauvy, qu'il s'agisse d'infrastructures, d'éducation, de santé... Si vous avez un pays avec une population très jeune, une fécondité forte, une mortalité en baisse, vous allez probablement au-devant de graves problèmes.

N'a-t-on pas un avant-goût de ces problèmes avec la croissance urbaine en Afrique ?

J.-P. G. Il n'y avait en 1950 aucune ville de plus de 1 million d'habitants en Afrique noire. En 1960, il y en avait une seule : Johannesburg. Aujourd'hui, on en compte une quarantaine. En un demi-siècle, la population urbaine a été multipliée par 11, même si les mégapoles africaines demeurent moins grandes que celles d'Amérique latine ou d'Asie. Lagos, au Nigéria, est la seule ville africaine comptant plus de 10 millions d'habitants.

L'Afrique subsaharienne reste la région la moins urbanisée au monde, autour de 35 %, mais plus de la moitié de la population vivra en ville dans 3 pays africains sur 4 d'ici 2030. Les infrastructures seront le gros problème. Des études récentes montrent que la pauvreté croit en milieu urbain alors qu'auparavant c'était l'apanage du milieu rural. La ville n'est plus cet ascenseur social qui permettait d'avoir accès à l'éducation, à un emploi. C'est une source d'inquiétude pour l'avenir (…).

On assiste à une explosion des investissements chinois et indiens en Afrique. Les flux humains vont-ils suivre ?

J.-P. G. Il y a 200 millions de migrants internationaux dans le monde. Les plus importantes diasporas sont chinoises, indiennes et philippines, mais c'est surtout dans les pays du Nord qu'elles s'installent, car c'est là que la promotion sociale est la plus facile. Les migrations africaines vers le Nord, elles, restent peu importantes, même si des discours xénophobes tentent de faire croire le contraire. Des commerçants chinois s'installent en Afrique subsaharienne avec femmes et enfants. Le phénomène est pour l'instant marginal. Dans des pays d'Afrique de l'Est, des tensions avec les populations autochtones apparaissent. Il est difficile de dire jusqu'à quel point cela va continuer.

Rappel : film Rwanda sur Arte ce vendredi soir à 21h

 

Rue89, ce 22 février, présente le film ainsi :

 

N'hésitons pas: le film que diffuse Arte ce vendredi soir est la plus intelligente vision du génocide rwandais que le cinéma ait produit. En 134 minutes, Raoul Peck fixe la peur des hommes, l'implacable logique de l'Etat et l'aveuglement des grandes puissances. Mais un film ne résout pas tout. Quatre ans après le tournage de "Sometimes in April", le réalisateur haïtien dénonce le silence français qui entoure les événements du printemps 1994. Lire la suite sur :

 

http://www.rue89.com/2008/02/21/raul-peck-passer-sur-le-genocide-au-rwanda-est-scandaleux

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