Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
Donner un contenu au nouveau partenariat stratégique
Le sommet Europe-Afrique, qui s’est déroulé à Lisbonne le 8 décembre 2007, doit être pris au sérieux, car son objectif, ambitieux, est de définir un nouveau partenariat stratégique entre l’Afrique et l’Union européenne. Le temps presse, car la Chine investit massivement sur le continent africain, où elle jouit d’une influence croissante.
Lors de ce sommet, selon un article paru sur www.lemonde.fr ce même jour, Angela Merkel a évoqué la situation du Zimbabwe (atteintes aux droits de l’homme, dérive autoritariste, faillite économique), en présence de son président Robert Mugabe, avec la volonté de résoudre un problème qui nuit à l’image de l’Afrique.
Pour leur part, le Premier ministre portugais, José Socrates, et le président en exercice de l’Union africaine, le chef de l’Etat ghanéen, John Kufuor, ont bien situé l’enjeu
- « relever le défi historique, écrire une page complètement nouvelle de la relation entre l’Europe et l’Afrique », pour le premier
- « un nouveau partenariat fondé sur le respect mutuel, l’Europe ayant autant besoin de l’Afrique que l’Afrique de l’Europe », selon le second.
Souhaitons que ces bonnes intentions seront suivies d’effets concrets. Il y a fort à faire.
En tant que citoyens, nous devons faire l’effort d’aller chercher les informations. C’est pourquoi j’ai relayé celles qui concernent le Rwanda (voir, sur ce blog, catégorie « Afrique », les articles des 5 et 21 janvier, puis du 11 février 2008).
L’effort de mémoire sur le génocide au Rwanda
Rappel : ne pas manquer le film (fiction à partir de documents vérifiés) évoquant le génocide des tutsis au Rwanda en 1994
A voir sur Arte vendredi 22 février 2008 à 21h
Quelques extraits, en avant-première sur :
http://cdurable.info/Quelques-jours-en-avril-Raoul-Peck-Arte-Genocide-Rwanda,848.html
« Violences au Kenya et démocratie bafouée »
(…) « Qu'est-il arrivé pour qu'une réaction en chaîne entraîne vers l'abîme un pays qui avait célébré dans la joie une "transition modèle" cinq années plus tôt ? Le début de la crise peut être daté avec précision. Le feu a pris au Kenya le 30 décembre, lors de l'annonce des résultats d'un scrutin qui s'était déroulé jusqu'ici de manière exemplaire. Après des opérations de vote parfaites, le décompte, entaché de fraudes variées, s'était conclu par la victoire contestée du président sortant, Mwai Kibaki, aux dépens de son rival, l'opposant Raila Odinga, dont les partisans étaient aussitôt descendus dans la rue, ouvrant le cycle des violences.
Le caractère litigieux des résultats ne fait aucun doute. Le président de la Commission électorale, Samuel Kivuitu, qui les avait proclamés, accordant la victoire au président Kibaki avec 200 000 voix d'avance, s'est rétracté par la suite, révélant avoir procédé à cette annonce après avoir subi des "pressions" du pouvoir (…).
Ces violences ont pris une dimension ethnique qui a pu donner l'impression que la clef de la crise nationale se trouvait là, alors qu'il s'agissait essentiellement d'une superposition de conflits locaux, greffés sur l'embrasement initial. Ce ne sont pas les émeutes, mais les fraudes, qui sont à l'origine du bûcher où viennent se consumer les espoirs d'un pays qui a travaillé, vingt ans durant, à construire patiemment une démocratie enviée par beaucoup de pays du continent.
La tragédie que vit le Kenya n'est pas l'expression du caractère violent de ses électeurs, mais, au moins en partie, le reflet des espoirs immenses qu'ils plaçaient dans les élections. Ces espoirs sont aussi à la mesure des souffrances de la vaste majorité des pauvres d'un pays qui s'enorgueillit à juste titre d'une croissance économique de 6,1 %, mais néglige de redistribuer ses richesses.
La première leçon du naufrage électoral kényan a donc valeur de mise en garde contre l'égoïsme de ses dirigeants. Alors que ces derniers comptent parmi les mieux payés au monde, ils n'ont encore jamais songé à se pencher sur le sort des 55 % de Kényans qui vivent avec moins de 2 dollars par jour et dont les conditions de vie se sont dégradées au cours de l'embellie économique récente. Ce n'est pas un hasard si Raila Odinga, lui-même homme d'affaires prospère, s'est forgé, en flirtant avec le populisme, une réputation de "candidat des pauvres" dans les bidonvilles (…).
Les années 1990 avaient été marquées par des violences politiques organisées par le président Moi pour se maintenir au pouvoir. Le fait que la carte des violences de la semaine écoulée recoupe celle des "clashs ethniques" organisés pour les élections de 1992 et 1997 n'est pas un hasard. Il y a dix ans, des gangs de voyous, financés, armés et transportés par les proches du président Moi - dont certains se trouvent à présent dans l'opposition et adoptent sans complexe une posture vertueuse -, organisaient des campagnes d'épuration ethnico-électorale dirigées essentiellement contre des Kikuyu, ethnie du président Kibaki, supposés voter collectivement pour l'opposition de l'époque. Les viols, assassinats, pillages et déplacements forcés avaient alors pour but d'empêcher des populations entières d'exprimer leurs suffrages le jour du scrutin (…).
Le Kenya de la raison peut-il l'emporter durablement si le retour au calme se traduit par un simple fait accompli de la victoire contestée de Mwai Kibaki ? Ce serait prendre un risque considérable, celui de remettre en question la légitimité des institutions nationales. Or, lorsque les urnes perdent leur raison d'être, survient le temps des aventuriers, capables de pousser le déraisonnement un peu plus loin en affirmant que le pouvoir est au bout du kalachnikov sans risque d'être démentis.
Un pays réputé "stable" et "prospère" en a fait l'expérience amère sur le continent. Il s'agit de la Côte d'Ivoire. L'ex-vitrine économique de l'Afrique de l'Ouest a commencé par négliger les règles du jeu démocratique, pour finir par subir un coup d'Etat, une rébellion et un cycle de troubles dont elle espère briser la fatalité par des élections prévues courant 2008. Il faut souhaiter qu'à Abidjan les leçons de Nairobi soient comprises et entendues. Il faut souhaiter qu'elles le soient aussi dans les nombreux pays d'Afrique où les élections, à force d'être volées au nom d'une "stabilité" illusoire, ont enlevé tout espoir à leurs électeurs.