Les libéraux (CDU et FDP) vers la victoire nationale
Le résultat des élections, hier, dans le land de Hesse (Francfort) est très favorable à la droite libérale (CDU et FDP), ce qui peut s’expliquer par les divisions de la gauche (voir Allemagne : l'affrontement entre le SPD et Die Linke n'est pas nouveau - 29 novembre 2008).
Voici l’article, signé Marie de Vergès, paru ce 19 janvier sur le site du quotidien Le Monde.
Elections en Hesse : revers électoral des sociaux-démocrates
Ce n'est certes pas le raz-de-marée dont aurait pu rêver Angela Merkel. Mais à huit mois des législatives allemandes, l'Union chrétienne-démocrate (CDU), le parti de la chancelière, peut se targuer d'avoir clairement distancé les sociaux-démocrates (SPD) aux élections régionales de Hesse, dimanche 18 janvier. La région de Francfort avait déjà voté il y a un an. Le résultat avait alors été si serré qu'aucun des deux grands partis n'était parvenu à former une coalition.
Avec 37,2 % des voix, les conservateurs sont arrivés en tête, mais ils n'ont pas franchement amélioré leur score de janvier 2008 (36,8 %). Le SPD, partenaire de Mme Merkel au sein du gouvernement de grande coalition, s'est vu, quant à lui, infliger un sévère camouflet : les électeurs de Hesse ne lui ont accordé que 23,7 % de leurs suffrages, soit 13 points de moins qu'un an plus tôt et le plus mauvais score jamais enregistré par le parti dans cette région.
Le ministre-président sortant, Roland Koch, l'un des poids lourds de la CDU, va donc pouvoir continuer à gouverner en s'alliant avec les libéraux du FDP. Grands gagnants du scrutin, ceux-ci ont obtenu 16,2 % des voix, contre 9,4 % il y a un an.
Une telle coalition avec le FDP est le modèle souhaité au niveau fédéral par les chrétiens-démocrates, qui veulent sortir de leur cohabitation forcée avec le SPD. "Si l'on considère cette année électorale, nous avons toutes les chances de gagner avec plus de 40 %", a triomphé le secrétaire général de la CDU, Ronald Pofalla.
Les sociaux-démocrates démarrent sur un mauvais pied le marathon qui les sépare des législatives de septembre. D'autant que leur candidat à la chancellerie, le ministre des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, est toujours à la traîne dans les sondages, loin derrière Mme Merkel.
Le SPD sait qu'il lui faudra tirer les leçons de sa débâcle en Hesse. Presque vainqueur il y a un an, il paie aujourd'hui le prix de ses querelles internes sur l'attitude à adopter face à la gauche radicale, Die Linke. Après avoir promis qu'elle ne solliciterait jamais un tel appui, la fédération hessoise s'est déchirée sur l'opportunité de former un gouvernement minoritaire avec les Verts, soutenu par Die Linke. Deux tentatives en ce sens ont échoué et entraîné de nouvelles élections.
La direction fédérale du SPD semble, elle aussi, hésiter sur la marche à suivre avec Die Linke : elle exclut toute coopération au sein d'un gouvernement national, mais pas à l'échelon régional. Ce parti, qui rassemble des ex-communistes et des déçus de la social-démocratie, s'affirme comme un véritable acteur dans les négociations de coalition. Dimanche, il a confirmé son entrée au Parlement de Hesse en recueillant 5,4 % des voix. Au niveau fédéral, il est crédité de plus de 10 % d'intentions de vote. Les sondages lui sont d'ores et déjà très favorables en Sarre et en Thuringe, où des élections régionales auront lieu fin août.
- A lire aussi, sur le site de Marianne, 17 janvier, Ma semaine allemande : L'Allemagne, plus exposée à la crise que les autres ?, par Edouard Husson, historien de l'Allemagne contemporaine. Au sommaire : une Allemagne éclatée politiquement, un entretien passionnant avec Gilbert Casasus, le déclin du modèle allemand d'économie sociale de marché…