Le parti de la République et du progrès social
En 2001, j’ai fait le constat déchirant que le Parti socialiste, mon parti depuis 1973, s’était éloigné, de fait, de l’électorat populaire en acceptant, depuis 1983, les politiques néolibérales portées par les USA et les Britanniques. Mes observations critiques, formulées auprès de François Hollande (j’étais membre du conseil national depuis 1997, en tant que responsable du PS en Mayenne), me rendaient suspect aux yeux des dirigeants socialistes. J’ai pu le vérifier dans leur comportement à mon égard.
Militant et responsable CERES (Centre d’étude, de recherche et d’éducation socialistes), puis Socialisme et République, resté au PS en 1993 sans rattachement à un courant interne (après la création du Mouvement des Citoyens, à l’initiative de Jean-Pierre Chevènement), j’ai espéré en 1997 que Lionel Jospin ferme la parenthèse libérale, ouverte par François Mitterrand en 1983.
Hélas, la rupture entre le premier ministre et Jean-Pierre Chevènement en 2000 sonnait le glas de cette perspective. Le PS était loin de son anticapitalisme des années 1970. Il était de moins en moins républicain. Le débat d’idées avait disparu, laissant la place au carriérisme des cadres, et à un discours électoraliste masquant son refus de s’attaquer à la dérive libérale.
En décembre 2001, je mettais fin, à regret, à 28 ans d’engagement au sein de ce parti et décidais de soutenir la démarche présidentielle de Jean-Pierre Chevènement (j'ai accepté, par la suite, de participer aux élections législatives dans la première circonscription de la Mayenne).
Après une année de contacts préliminaires, mon adhésion au MRC s’est concrétisée en 2004. Au congrès de cette même année 2004, Georges Sarre me proposait la délégation nationale à l’agriculture et Jean-Pierre Chevènement, au congrès 2008, le secrétariat national à l’agriculture et la responsabilité du Grand Ouest.
Pourquoi rappeler cet itinéraire, aujourd’hui ?
- Parce que je le crois représentatif de celui de nombreux militants qui ont rejoint le MRC par dépit vis-à-vis d’un PS infidèle à sa raison d’être.
- Et, aussi, parce que j’ai envie de me projeter vers l’avant, au moment où le Mouvement Républicain et Citoyen se situe à la croisée des chemins, après sa recherche vaine d’une alliance à gauche aux élections européennes. Nous allons débattre collectivement du chemin à prendre, le 6 mai, secrétaires et délégués nationaux, à la demande de notre président.
Jean-Pierre Chevènement a raison de vouloir amender notre texte d’orientation, adopté au congrès de juin 2008 (voir Un contenu et un chemin pour la création d'un grand parti de toute la gauche). Sa première partie, concernant l’analyse de la crise, n’est pas en cause (elle était anticipatrice). Par contre, la stratégie de la refondation de la gauche par la création d’un grand parti de toute la gauche ne sera pas opérationnelle avant longtemps.
La stratégie de la refondation de la gauche, en tenant compte de la crise du capitalisme, est à maintenir. La convergence de l’ensemble de la gauche, assortie de l’organisation de primaires pour désigner le candidat, est nécessaire pour aller à la prochaine élection présidentielle avec des chances de succès.
Dans ce cadre, nous avons besoin de reformuler notre projet pour le rendre accessible au peuple. Les thèmes de la protection et de la République sont à mettre en avant, en raison de la gravissime crise économique et sociale (impliquant la réorientation de l’Europe) d’une part, et dans la perspective de crise politique nécessitant un recours aux fondamentaux républicains d’autre part.
Le MRC doit se transformer en un vrai parti, le parti de la République et du progrès social, afin de prendre part, de manière influente, à l’avenir de la gauche et de la France.
Pour cela, il doit lier trois éléments : la crise du capitalisme, les aspirations du peuple français et la personnalité de Jean-Pierre Chevènement.
Voir, à ce sujet, les deux articles précédents :
Michel Sorin : le MRC doit s'accorder sur une stratégie opérationnelle - 22 avril 2009
Jean-Pierre Chevènement, un homme d'Etat, dans Le Nouvel Economiste - 23 avril 2009
Cette question de la mutation du MRC en un vrai parti n’est pas d’abord liée aux moyens financiers. Elle dépend de notre capacité à croire en nous-mêmes, en nos forces militantes.
Au CERES, dans les années 1970, nous parlions du mouvement d’en haut et du mouvement d’en bas. Certes, c’était au sein d’un PS. Le principe reste valable. Cela revient à réaliser une petite révolution culturelle, mais c’est ce qui pourrait nous arriver de mieux.
L’échec des négociations avec le front de gauche pour les élections européennes incite certains d’entre nous à se tourner vers une stratégie de repli républicain, du type de la stratégie de Vincennes (lancement de la campagne présidentielle de Jean-Pierre Chevènement en septembre 2001). Ce serait une erreur.
Car la crise du capitalisme appelle le rassemblement de la gauche, afin de mettre en place de nouveaux instruments de régulation et de stabilité des marchés. Il faut remettre de l’ordre dans le capitalisme, à défaut de lui substituer un autre système dans l’immédiat.
Ce n’est pas d’un repli intellectuel dont nous avons besoin, mais d’une plongée dans les milieux populaires pour faire connaître nos idées, qui seraient bien reçues si elles étaient mieux connues.
C’est une nécessité pour que Jean-Pierre Chevènement puisse parler au peuple, ce qu’il est tout à fait capable de faire avec succès, mais le système politico-médiatique ne lui permet pas, actuellement, de le faire. Prenons-en les moyens, en nous organisant dans les départements et dans les régions.
Jean-Pierre Chevènement, homme d’Etat et du passé,
doit devenir un homme du peuple et de l’avenir,
pour sortir la France et l’Europe de la crise.
Cet article est le 26ème paru sur ce blog dans la catégorie MRC national.