
Le MRC doit présenter son projet politique aux citoyens
Je continue de réfléchir aux propositions que je présenterai lors de la réunion de réflexion que la direction du MRC organise le 6 mai (voir sur ce blog Michel Sorin plaide pour un MRC plus proche des attentes populaires - 24 avril 2009).
Nous avons une place particulière dans le paysage politique français, une petite place, certes, mais que nous devons mieux occuper et faire connaître.
Nous sommes le parti de la République et du progrès social. Cela signifie que nous voulons associer République et un système mixte, dans lequel les moyens de production sont possédés, pour l’essentiel, par des capitaux privés, mais aussi des capitaux publics quand il s’agit d’activités liées directement à l’intérêt général de la société.
Autrement dit, nous associons les deux systèmes, capitaliste et socialiste, mais en mettant en avant la maîtrise par les citoyens de leur avenir, y compris en ce qui concerne la gestion de l’économie, considérant que, selon le contexte historique et géographique, il revient au pouvoir politique (l’Etat) de décider démocratiquement de la meilleure combinaison du moment pour faire fonctionner l’économie au mieux, en termes d’efficacité et d’intérêt général.
Les qualificatifs capitaliste et socialiste ne peuvent caractériser correctement le système républicain d’économie mixte (privée, mutualiste, coopérative, publique…) que nous préconisons, le capitalisme et le socialisme pouvant être définis de la façon suivante :
Capitalisme : les détenteurs de capitaux, possesseurs (à titre privé) des moyens de production, contrôlent le pouvoir économique et financier. Celui-ci maîtrise le pouvoir politique, par le biais de l’Etat (cas des USA et… de la France). Quand les grands moyens de production sont nationalisés, on peut parler de capitalisme d’Etat (cas actuel de la Chine).
Socialisme : les principaux moyens de production sont possédés et gérés par la collectivité (la nation, ou les collectivités locales ou territoriales). Dans ce cas, le pouvoir politique issu de la société maîtrise directement l’ensemble de l’économie.
Aujourd’hui, le socialisme n’est pas à l’ordre du jour, mais le capitalisme s’est dévoyé sous l’impulsion de l’idéologie néolibérale des années 1980 (Reagan, Thatcher) et en l’absence d’alternative, depuis la reddition du pseudo socialisme d’Etat de l’URSS, à la fin de ces années 1980 (l’Etat étant lui-même contrôlé par un seul parti, le parti communiste).
On peut considérer que les deux systèmes ont échoué, l’un (le socialisme d’Etat) par dérive bureaucratique et totalitaire, l’autre (le capitalisme financier) par dérive néolibérale. C’est un échec, mais ce n’est pas la mort de ces deux systèmes. Le socialisme reste une utopie, ou un objectif à très long terme. Le capitalisme reste ultra dominant dans le monde actuel.
Le Parti socialiste a été créé pour mettre fin au capitalisme. Lors de sa refondation, en 1971, son nouveau dirigeant, François Mitterrand, affirmait qu’adhérer au PS, c’était vouloir rompre avec le capitalisme. Elu chef de l’Etat, en 1981, il se heurtait à un capitalisme revanchard, dopé à l’idéologie néolibérale, et ne voyait d’autre solution que la fuite en avant dans une Europe fort accommodante avec le néolibéralisme.
Le PS a accompagné cette évolution, se plaçant en contradiction flagrante avec ses buts initiaux. Il soutient le capitalisme et l’Europe, se limitant à vouloir préserver un vernis social qui ne trompe que les croyants inconditionnels.
En France, les deux principaux partis de gauche, le PS et le PCF, n’ont pas de vision claire de l’avenir, tant leur passé est lourd à porter. Ils ne s’en sortiront pas seuls, sans un aiguillon extérieur qui les aide à refonder la gauche.
A vrai dire, il y a deux aiguillons potentiels : le MRC et le Parti de Gauche, animés par Jean-Pierre Chevènement et Jean-Luc Mélenchon.
- Le premier a opté pour la refondation de toute la gauche, incluant le PS et le PCF. Le second s’est allié au PCF en vue de rassembler la gauche de la gauche, dans un premier temps, afin d’établir un rapport de forces avec le PS, dans le cadre d’une future alliance à gauche, dans un second temps.
- Le premier est plus familier du pouvoir d’Etat et du mouvement républicain d’en haut pour aboutir à ses fins. Le second privilégie le mouvement social d’en bas et ce qu’il appelle « l’insurrection civique » pour atteindre son objectif.
Les deux aiguillons pourraient-ils se rapprocher, après les élections européennes, constatant leur complémentarité dans le cadre de la perspective du rassemblement de la gauche ? On peut le souhaiter mais en douter, compte tenu des divergences, qui ne sont pas nouvelles, mais qui sont apparues au grand jour au moment des négociations entre le MRC et le Front de gauche.
Que doit faire le MRC pour être utile et partie prenante dans la recomposition de la gauche ?
Le PS et le PCF n’ont pas d’avenir dans leur état actuel. Le PS sort de la faillite néolibérale dans un état comparable à celui de la SFIO après la guerre d’Algérie. Il a besoin de se ressourcer au contact de forces politiques qui ont résisté au néolibéralisme. Le MRC peut l’y aider, à condition de préciser son propre projet et de s’organiser de manière efficace.
Je propose, donc, de réfléchir au contenu de notre système républicain d’économie mixte, s’inscrivant dans une perspective socialiste, mais se réalisant dans un présent et un avenir, à court terme, qui restera capitaliste. Il faut impérativement associer République et progrès social, ce qui implique de remettre en cause le capitalisme sous sa forme actuelle et l’orientation néolibérale et atlantiste de la construction européenne.
Jean-Pierre Chevènement, dans son intervention au Sénat le 30 avril (voir Débat sur le G20 au Sénat : Chevènement évoque trois tabous à lever - 30 avril 2009), a pointé sur quoi doit porter la rupture avec le système actuel, qui a failli : la propriété des banques, la régulation du commerce international, une nouvelle monnaie de réserve.
Patrick Quinqueton avait proposé des éléments pour actualiser notre projet politique (voir Face à la crise, le MRC prépare les éléments d'un projet politique - 17 novembre 2008). En voici les grands titres. Ils devront être développés en tenant compte de l’évolution de la crise.
ELEMENTS POUR UN PROJET POLITIQUE
Un monde nouveau et multipolaire
La mondialisation sans règles, à partir du leadership américain, a vécu. Les issues n’en sont pas évidentes pour autant, dès lors que l’élection du nouveau président des Etats-Unis peut fonctionner comme une relégitimation du leadership américain, sans pour autant s’accompagner des changements indispensables. Pourtant, tout devrait nous conduire vers un monde multipolaire.
1 – Une nouvelle ONU, plus légitime donc plus efficace
2 – La reconstruction du système financier mondial
3 – Un commerce doté de clauses sociales et environnementales
4 – Des groupements géographiques d’Etats souverains
5 – Une action politique commune et concertée contre le terrorisme
6 – Le dialogue entre toutes les civilisations
7 – Des politiques migratoires négociées et organisées
8 – Un nouvel équilibre stratégique respectant l’indépendance de la France
9 – L’action sans exclusive pour le développement humain
Une phase radicalement nouvelle de l’histoire européenne
La capacité propulsive de l’Europe de Bruxelles a vécu. Et pourtant, jamais autant qu’aujourd’hui le besoin d’une action commune des nations européennes n’a paru plus indispensable.
1 – Un vrai gouvernement économique de la zone euro
2 – L’ouverture et la coopération avec la Russie et en Méditerranée
3 – L’objectif de la sécurité d’approvisionnement en énergie
4 – De grands travaux pour les territoires de l’Europe
5 – L’agriculture orientée vers la sécurité alimentaire
6 – L’appui et non l’entrave aux services publics et d’intérêt général
7 – Une politique commerciale qui protège notre modèle de développement
8 – Une alliance équilibrée entre les grands pays européens et l’Amérique
Un projet pour la France qui rassemble les français
Il est temps de trouver des motifs de vivre ensemble dans le monde d’aujourd’hui, de trouver une signification nouvelle au « rêve français ». Nous devons nous appuyer, à l’intérieur et à l’extérieur, sur la capacité propulsive de la révolution française, et notamment de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Il faut sortir du discours moraliste « citoyen » pour donner un contenu précis à cette qualité, en introduisant des rites citoyens qui aient un sens à notre époque (cérémonies d’admission des nouveaux citoyens, service national, vote obligatoire, etc.).
1 – Les services publics, outil de l’intérêt général
2 – Un impôt franchement redistributif et assumé par tous
3 – L’égalité des droits entre les citoyens, quelle que soit leur origine
4 – Un nouveau dynamisme des institutions
5 – Des collectivités locales, parties prenantes de la puissance publique
6 – Un nouveau service civique, qui rassemble chaque génération
7 – La sécurité sociale sauvegardée et étendue à de nouveaux domaines
8 – L’égalité entre les hommes et les femmes, en France et ailleurs
9 – Un vrai travail sur l’histoire commune de la France
Un modèle de développement résolument tourné vers l’avenir
Le pari sur l’intelligence est ce qui permettra à la France de rester dans le peloton de tête des nations industrialisées et ce qui permettra à tous les français de prendre leur part à la réussite collective.
1 – L’école pour tous, outil de savoir et d’émancipation
2 – La reconnaissance financière de la valeur du travail
3 – La recherche et la culture, facteurs de croissance et de développement
4 – L’industrie, objectif d’action des partenaires sociaux
5 – La nationalisation, instrument au service de la politique industrielle
6 – L’égal accès des jeunes à la vie sociale et professionnelle
7 – La construction de logements répondant aux besoins
8 – Des réseaux numériques tournés vers le progrès de chacun et l’accès de tous
9 – Un système de santé de bonne qualité pour tous
Cet article est le 27ème paru sur ce blog dans la catégorie MRC national.