Reconstruire la gauche de fond en comble
Dans ce scrutin pour l’élection des représentants au Parlement de l’Union européenne, il est arrivé aux listes PS, ce qui était arrivé en 1994, un transfert partiel de son électorat. Il y a 15 ans, le responsable était Bernard Tapie. Ce soir, c’est Daniel Cohn-Bendit. Des personnalités atypiques, médiatiques, au langage percutant.
D’abord, il faut interpréter les résultats en tenant compte des abstentions, votes blancs et nuls, qui dépassent 60%. Les modalités de la construction européenne et la politique actuelle de l’Union sont en cause dans ce désastre démocratique.
Ensuite, il faut noter que les gagnants sont ceux qui se sont investis pleinement dans les questions européennes. Cohn-Bendit et Sarkozy, chacun à sa manière, ont traité de l’Europe, l’un en tant que parlementaire sortant, président de groupe, l’autre en tant que président, au second semestre 2008, du Conseil de l’Union européenne.
La question écologiste et climatique, au niveau de la planète, mobilise l’attention des citoyens. Europe-Ecologie, qui rassemblait bien au-delà des Verts, a su capter les regards d’électeurs intéressés à la fois par l’Europe et l’écologie. Mais, comme en 1994, avec la liste Tapie, cela ne garantit pas que les Verts se maintiendront à ce niveau électoral.
Il est incontestable, néanmoins, que le PS est un parti menacé d’affaiblissement durable, un peu comme le parti radical dans le passé.
Martine Aubry serait bien inspirée d’écouter Marie-Noëlle Lienemann qui, avec Paul Quilès et Gauche Avenir, a proposé une démarche conduisant au rassemblement de la gauche sur des bases nouvelles, de type Front populaire.
Je fais partie des signataires de leur appel : Un nouveau Front populaire, par Paul Quilès et Marie-Noëlle Lienemann et j’approuve leur déclaration, ce soir, dès la publication des résultats.
Première réaction après les élections européennes
COMMUNIQUE DE PRESSE
de Marie-Noëlle LIENEMANN et Paul QUILES, anciens ministres
(7 juin, 21h30)
Après les élections européennes, il faut vite créer
un « comité national pour un nouveau Front Populaire »
Les résultats de ces élections montrent que :
Ø l’écart entre gauche et droite demeure comparable à celui de 2004, mais la droite est plus unie, la gauche explosée et le PS affaibli ;
Ø les forces qui progressent à gauche sont celles qui ont organisé un certain rassemblement, diversifiant leur influence et qui ont essayé de proposer un projet de société;
Ø l’abstention a été forte chez les jeunes et dans les couches populaires, alors qu’ils s’étaient mobilisés lors du référendum constitutionnel (en faveur du Non) et qu’ils subissent aujourd’hui de plein fouet les effets désastreux de la crise.
Faute de présenter tout à la fois un projet alternatif et une perspective d’alternance effective, le PS et la gauche n’ont pas su convaincre une partie de leur électorat. En Europe, comme en France, le monde du travail, les couches populaires attendent une gauche forte, claire, unie capable de préparer une nouvelle société, des changements profonds, une vision d’avenir et de répondre à l’urgence sociale et environnementale.
Pour la gauche, les résultats de ce scrutin sanctionnent donc l’absence d’un projet alternatif et d’une perspective d’alternance. Ils prouvent qu’il est urgent d’engager une stratégie de rassemblement de la gauche pour imposer des décisions immédiates (pouvoir d’achat, emploi, interdiction des licenciements boursiers, abrogation du bouclier fiscal), mais aussi pour présenter un projet de société à nos concitoyens et une perspective de victoire en 2012.
C’est pourquoi nous demandons aux responsables des organisations de gauche et écologistes d’engager immédiatement la création d’un « Comité pour un nouveau Front populaire», avec le souci d’associer les partis et toutes les forces de gauche et de l’écologie (clubs, associations, mouvements syndicaux …).
Ø Ce comité préparera des « Etats généraux de la gauche », qui dégageront des thèmes fondateurs, en vue de la mise au point, avant mi 2010, d’une charte pour l’élection présidentielle, ambitieuse et novatrice.
Ø Sur la base de cette charte, seront élaborés le programme d’un candidat unique de la gauche à l’élection présidentielle, ainsi qu’un accord législatif assurant une représentation de la diversité des composantes de la gauche et de l’écologie.
Ø L’organisation de primaires, où les militants des organisations signataires de la Charte seraient consultés, permettra alors de désigner le candidat qui portera les couleurs de ce nouveau Front populaire.
Cet article est le 30ème paru sur ce blog dans la catégorie Européennes 2009.