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  • : Michel Sorin
  • : Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.
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19 mai 2007 6 19 /05 /mai /2007 21:01

 

« Cette innovation est une régression historique »

 

 

Le projet de créer un ministère de l’immigration et de l’identité nationale avait suscité une vive réaction de Jean-Pierre Chevènement le 12 mars sur son blog (voir plus loin). Maintenant, c’est fait, le ministère existe sous la dénomination « ministère de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du co-développement ».

On a pu lire hier sur www.liberation.fr un article de Camille Didelon concernant la démission de Patrick Weil du CNHI, dans lequel le chercheur s’exprime sur les raisons de cette démission.

 Immigration et identité nationale : une «confusion» et une «régression»

« Patrick Weil et sept autres universitaires ont démissionné ce vendredi des instances publiques de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI) pour protester contre la création d’un ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du co-développement.

La Cité, «chargée de rassembler, sauvegarder, mettre en valeur et rendre accessibles les éléments relatifs à l’histoire de l’immigration en France», est née en 2003.

Patrick Weil, historien, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de l’immigration, explique sa démarche à Liberation.fr ».

 Pourquoi avez-vous démissionné de la CNHI ? 

« Il s’agit pour moi d’un acte éthique. On ne peut pas accepter la création d’un ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du co-développement et faire comme s’il ne se passait rien. Vu notre métier, vu les manipulations politiques qui existent contre l’immigration et vu le développement du nationalisme xénophobe, c’est notre travail qui est en jeu même si la CNHI elle-même n’est pas entachée par la création de ce ministère. Nous participerons à titre privé aux activités de la CNHI, aux conférences, mais nous ne siégerons plus dans les instances publiques afin de garder notre indépendance et notre sens critique ».

En quoi la création de ce ministère peut-elle peser sur le fonctionnement de la CNHI ? 

« La CNHI a un sens: elle vise à permettre à tous les Français, à tous les jeunes, de comprendre l’apport et la part des étrangers depuis deux siècles dans le développement de la société française. L’idée est de combattre les préjugés et toutes les images falsifiées. Or associer «identité nationale» et «immigration», ce qui est unique dans un pays démocratique, signifie que la France et les Français ont un problème avec la question même de l’immigration.
Mon rôle est d’expliquer que
cette confusion est une régression historique. Il ne faut pas schématiser et faire de l’immigration un «problème». Selon moi, il n’y a pas de raisons d’associer la naturalisation au contrôle des frontières dans un même ministère, de regrouper des domaines distincts. On sent d’ailleurs dans la politique menée un ciblage vers certaines origines par rapport à d’autres. On veut empêcher certaines nationalités d’entrer en France, restreindre certains visas ».

Pourquoi pensez-vous que ce ministère ne va pas fonctionner ? 

« Parce que les ministères de l’Intérieur, des Affaires étrangères et de l’Emploi vont se contenter de se décharger des tâches peu nobles en matière d’immigration sur ce nouveau ministère. Il n’est pas cohérent historiquement d’associer le droit d’asile au regroupement familial. Ce nouveau ministère risque d’être débordé et de ne pouvoir remplir ces fonctions ».

 

Le 12 mars, sur son blog www.chevenement.fr Jean-Pierre Chevènement réagissait au projet du candidat de l’UMP en ces termes.

 Le petit « et » de M. Sarkozy fait mal à tous les républicains

« Il n'est évidemment par malvenu de parler d'identité nationale dans une campagne présidentielle. 

La nôtre s'identifie largement à l'identité républicaine, laquelle plonge ses racines dans ce qui lui préexistait : la langue française par exemple. Ségolène Royal l'a fort bien exprimé à la Halle Carpentier et à Villepinte.

Ce qui est malvenu chez M. Sarkozy c'est de vouloir créer un ministère de l'immigration et de l'identité nationale.

Déjà l'idée de créer un ministère de l'immigration n'est pas, selon moi, une bonne idée : l'immigration est en effet une question transversale qui concerne un grand nombre de ministères. Vouloir créer un ministère-ghetto pour les immigrés est loin d'être une idée géniale mais c'est la conjonction de coordination « et » qui fait le plus problème : la question de l'identité nationale de la France à notre époque est, comme le relève justement Max Gallo, une question décisive. Mais elle n'intéresse pas que les immigrés. Elle concerne tout le pays et d'abord ses élites.

 C'est parce que celles-ci, depuis longtemps, ont cessé de croire en la France que l'intégration des immigrés est rendue plus difficile*.

 L'amalgame fait par M. Sarkozy entre l'identité nationale et les immigrés n'est pas innocent. Ce petit « et » est un clin d'œil adressé à une conception de la France qui n'a rien de républicaine.

 Un petit « et » qui fait mal à tous les républicains ».

*Cf. à cet égard, l'excellent Cahier de « Res Publica » « La République au défi des banlieues ».

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