Le MRC ne doit pas s’éteindre mais éclairer la gauche
Le Mouvement Républicain et Citoyen va réunir son Conseil national dimanche 6 avril. Ses dirigeants vont proposer la tenue d’un congrès, à la mi-juin, et appeler la gauche à organiser sa refondation dans un nouveau parti, comme le demandent également, par ailleurs, Paul Quilès et Marie-Noëlle Lienemann (www.gaucheavenir.org).
De mon point de vue, cet éventuel retour au sein du PS ne peut pas se faire en dehors d’une réelle refondation républicaine de la gauche.
Jean-Pierre Chevènement, en dépit de la faiblesse évidente du MRC, peut jouer un rôle primordial dans le rassemblement de la gauche (et, au-delà, des gaullistes sociaux refusant l’atlantisme et le néo-libéralisme du président de la République).
Bien sûr, le passé est unique et les conditions sont bien différentes de celles du début des années 1970. Toutefois, il faut se souvenir qu’après les évènements de mai-juin 1968, le parti socialiste de l’époque (la SFIO, puis le Nouveau Parti socialiste, à partir de 1969) était en crise, avec de nombreux clubs et organisations politiques, autour de lui.
Le mouvement social, issu de mai 1968, poussait à la refondation d’un vrai parti de la gauche socialiste, à côté du PCF, qui était alors le principal parti de gauche, mais en décalage avec les aspirations populaires exprimées en 1968.
François Mitterrand, qui avait su rassembler la gauche lors de l’élection présidentielle de 1965, était à la tête d’un petit parti « La Convention des Institutions Républicaines » (CIR) quand le nouveau parti socialiste organisait le congrès du rassemblement à Epinay-sur-Seine, en 1971.
Il trouva, à l’intérieur, des alliés qui lui permirent de devenir majoritaire et de prendre la tête du PS, sur la base de la stratégie d’union de la gauche et avec la volonté de proposer un programme commun de gouvernement.
Parmi les alliés, il y avait Jean-Pierre Chevènement et son mouvement, le Centre d’Etude, de Recherche et d’Education Socialistes (CERES), et, aussi, Objectif 72 de l’ancien ministre et nouveau maire de Laval, Robert Buron, qui eut l’honneur d’être l’auteur du discours de clôture du congrès.
L’histoire ne se répète pas, mais il peut être utile d’en retenir les leçons.
Voici le texte de l’article paru ce 3 avril sur www.lemonde.fr sous la signature de Sylvia Zappi (qui a la manière, subtile, d’abaisser notre mouvement, lequel n’a pas besoin de cela).
« M. Chevènement prépare son retour dans le giron du PS »
« Faut-il continuer en solo ou rejoindre le PS ? Après un nouvel épisode électoral qui a vu sa présence minorée, la question est posée au Mouvement républicain et citoyen (MRC). Son mentor, Jean-Pierre Chevènement, s'est donné jusqu'à la mi-juin pour trancher, lors d'un congrès.
M. Chevènement espère "peser" sur celui du PS, début novembre. "Si le PS retrouve en lui la force de redéfinir une stratégie, si je peux aider, je le ferai", déclare-t-il. L'ancien ministre estime qu'il a "tout tenté" : "l'intérieur" du PS durant trente ans et "l'extérieur" à partir de 1992. "Nous voyons comment c'est difficile", lâche-t-il. Il sait que le MRC a été une base de repli et qu'il ne peut la maintenir. Or le "Che" ne veut pas renoncer à jouer un rôle à gauche.
Les élections législatives de 2007 ont mis à terre ses amis. L'ancien ministre a été battu à Belfort et la présence des républicains de gauche à l'Assemblée se résume à un siège. Les municipales n'ont guère pansé les plaies : si, symboliquement, la mairie de Belfort a été conservée, le nombre d'élus MRC a baissé et la plupart doivent leur siège à une alliance avec le PS. Quant aux 4 000 adhérents revendiqués, ils commencent à lorgner vers le PS.
"L'isolement commence à leur peser", constate Marie-Noëlle Lienemann, députée socialiste européenne. "Le mouvement ne peut plus continuer comme ça", plaide Sami Naïr, proche de l'ancien ministre de l'intérieur. Si M. Chevènement continue à défendre sa "spécificité républicaine", il multiplie les signes. Le 12 février, il a encensé le congrès d'Epinay, "moment fondateur du PS". Il fait référence à l'initiative de Marie-Noëlle Lienemann et Paul Quilès, qui ont lancé un appel pour la création d'un grand parti de la gauche. "Sa famille politique est demeurée le Parti socialiste", glisse un proche de François Hollande.
"NOUVEL EPINAY"
Depuis la campagne présidentielle passée auprès de Ségolène Royal, les contacts avec la direction du PS n'ont jamais cessé. "Dans nos discussions, on sent qu'il a passé un cap, celui de l'éventualité d'un retour. Nous attendons que le MRC prenne la décision. Pour nous, ce sera forcément oui", assure Bruno Leroux, responsable des élections au PS.
M. Chevènement doit encore ménager ses troupes. Pour le moment, donc, pas question de fusion : "Nous n'allons pas rentrer au PS en pénitents mais participer à une refondation nécessaire à gauche", martèle-t-il. Lors du conseil national, dimanche 6 avril, il veut que son petit parti lance un appel pour un "nouvel Epinay". En écho à la proposition de François Hollande pour une "fédération de la gauche". "Le PS, ce n'est plus la pensée unique. Pour sortir de la nasse, des décisions vont être prises rapidement", assure M. Naïr ».
Un second article, dans cette édition du Monde, concerne tous les partis français. Michel Noblecourt passe en revue les difficultés des uns et des autres. Voici de brefs extraits de ce texte, ayant trait au PS et à l’UMP.
« Parfum de crise dans les partis français »
« Depuis l'élection de Nicolas Sarkozy, le 6 mai 2007, le monde politique est unanime dans son diagnostic : avec sa troisième défaite consécutive à une élection présidentielle, le Parti socialiste a vu s'accentuer une sévère crise d'identité. Sa nette victoire aux élections municipales et cantonales des 9 et 16 mars n'a pas chassé son mal-être. Une embellie électorale ne fait pas le printemps, et il est toujours en panne de leader, de projet et de stratégie. Avec une convention nationale, le 14 juin, et un congrès, du 7 au 9 novembre, le PS espère réussir un minimum de rénovation, suffisant pour le remettre en selle. Mais il est loin d'être le seul dans la tourmente. A des degrés divers, un parfum de crise flotte sur tous les partis politiques français.
Parti du président, l'UMP est confrontée à une vraie crise de fonctionnement et même de gouvernance. Tout se passe comme si la force tranquille qui avait permis à Nicolas Sarkozy de conquérir le pouvoir s'était brisée au soir de son élection. Assommée par l'absence de vague bleue au second tour des législatives, prise à revers par l'ouverture à gauche, l'UMP, qui se veut le premier parti de France - avec 370 000 adhérents - fonctionne au ralenti et peine à afficher son unité entre ses différentes chapelles. Sa cinglante défaite aux municipales, où elle a perdu 36 villes de plus de 30 000 habitants, n'a pas incité Patrick Devedjian, son secrétaire général, à la moindre autocritique. Vite rassuré par la conservation de Marseille, M. Devedjian s'est senti conforté par M. Sarkozy, qui lui a "renouvelé sa confiance" avant de lui imposer un nouvel organigramme, avec Xavier Bertrand, le rival de François Fillon, comme secrétaire général adjoint (…) ».