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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

L'industrie liée à l'automobile, 1ère victime de la crise financière


La ministre Lagarde, évasive sur les aides de l’Etat

 

Les dernières informations économiques confirment les craintes évoquées dans un précédent article sur ce blog (voir Récession économique, chômage en très forte hausse, crise sociale - 30 novembre 2008).  

 

Dans son bulletin, ce 2 décembre, pour La Chronique Agora, Philippe Béchade observe que la tempête arrive (lire Les Etats-Unis en récession et l'Europe dans la tourmente : les indices boursiers vont avoir du mal à s'en remettre), une récession s’annonçant au début de l’année 2009. L'activité industrielle a continué de se dégrader en novembre dans la Zone euro. L’industrie automobile est en alerte rouge.


En guise de hors-d'oeuvre, les immatriculations ont reculé de 5,4% en novembre en France d'après le CCFA (Comité des constructeurs français d'automobiles) ; Peugeot voit ses ventes plonger de 17% en novembre.
 

En Mayenne, ce 2 décembre, Ouest-France (Guillaume LE DU) se fait l’écho de l’inquiétude de la CFDT, concernant les sous-traitants de l’automobile. « C'est environ 50 % de l'activité métallurgique qui va cesser son activité en fin d'année », affirme Marcel Placé, secrétaire départemental des métaux CFDT.


Les équipementiers automobiles au point mort

Chômage partiel. Les métaux CFDT indique que le secteur métallurgie (notamment les équipementiers automobiles) emploie 11 000 salariés en contrat à durée indéterminée (CDI). Le secteur souffre de la crise automobile. Selon le syndicat, 700 emplois intérimaires auraient été perdus, dans le département, depuis le 1er décembre 2007. Par exemple, l'usine Valeo (470 salariés) qui a compté jusqu'à 120 intérimaires, en janvier 2008, n'en compte plus aujourd'hui... « La demande de chômage partiel représente 110 000 heures de travail en janvier », affirme Marcel Placé, secrétaire du CE de Salmson. Le chômage partiel (salarié payé 50 % de sa rémunération) se multiplie (Valeo, Auto Cast etc.) mais on a aussi un plan social, comme chez Gevelot.

Gevelot. L'équipementier automobile dont le client principal est Peugeot-Citroën, est victime des baisses de commandes de ses donneurs d'ordre. Un plan social de 47 suppressions de poste est en cours dans ses trois usines françaises dont celle de Laval. Le site Lavallois (288 salariés) perdrait 17 postes : 14 à l'usine et trois au centre technique et de développement. L'usine sera fermée du 12 décembre au 5 janvier. L'équipementier qui fabrique des pièces de boîtes de vitesse, des pistons de frein et des colonnes de direction, pourrait fermer dès le 8 décembre avec du chômage partiel. Les congés et autres RTT pris dès le 28 novembre, pourraient ne pas suffire. Depuis le 15 septembre dernier, l'usine ne compte plus d'intérimaires. Il y en a eu jusqu'à 30.

Valeo. Les 470 salariés de Laval ont appris que l'usine (qui fabrique des radiateurs automobiles) fermerait du 16 décembre au 5 janvier. Les salariés qui n'ont plus de congés ou de RTT, seront placés en chômage partiel. De deux à quatre jours de chômage partiel sont déjà prévus en janvier. « Comme il n'y a plus d'intérimaires, les employés des bureaux se retrouvent en production », dit la CFDT. Le transfert d'une partie de l'activité du site de Laval vers celui de la Suze (Sarthe) est suspendu.

Auto-Cast. L'équipementier de Laval, qui fabrique des turbos pour les moteurs, compte 160 salariés. Ils subissent la crise depuis le mois de septembre avec 6 jours de chômage partiel puis 10 jours en octobre et encore 10 jours en novembre. L'avenir est incertain pour la fonderie si elle ne trouve pas rapidement des contrats. La CFDT indique l'usine pourrait fermer en février à défaut de nouvelles commandes venant d'Honeywell ou Scania, ses habituels donneurs d'ordre.

Métallurgie sinistrée. La liste des entreprises touchées par la crise est longue (STSM, Fonderie Mayennaise, Rapido, Salmson, Gys, le Joint Français, Maisonneuve, Alcad, Techni Industrie, Gruau, Tenneco). Selon la CFDT, plus de 4 500 salariés en CDI se voient imposer des prises de congés, des jours de chômage partiel. « C'est environ 50 % de l'activité métallurgique qui va cesser son activité en fin d'année », affirme Marcel Placé. Le syndicat réclame d'urgence la mise en place d'une cellule de crise pour repérer les effets de la crise. La CFDT réclame également que « les aides financières promises par le gouvernement soient débloquées. »


Sur le site du Monde
, le 19 novembre, Stéphane Lauer apportait un éclairage intéressant sur les raisons de la crise, notamment aux USA : Industrie automobile : les raisons de la crise (extraits) :


L'industrie automobile, aussi bien européenne qu'américaine, est la première grande victime de la crise financière
. La vitesse à laquelle le secteur subit les conséquences du ralentissement économique a quelque chose de sidérant. Les ventes s'effondrent de part et d'autre de l'Atlantique. Les annonces de fermeture d'usines se multiplient. Aucun constructeur n'échappe à une révision drastique de ses perspectives de bénéfices. La soudaineté et la rapidité du désastre s'expliquent par plusieurs raisons.

D'abord, l'industrie automobile est d'une extrême sensibilité aux variations de consommation. Quoi de plus facile pour les ménages ou les entreprises de retarder de six mois, voire plus, l'achat d'un véhicule, alors qu'il s'agit d'un poste lourd pour le budget. Ensuite, l'industrie automobile subit de plein fouet la crise du crédit. Dans les pays développés, les trois quarts des voitures sont achetées à crédit. Lorsque l'accès à celui-ci est plus difficile, l'impact sur les ventes est immédiat.

Troisième raison : l'organisation en flux tendu du secteur. Il suffit d'une baisse des fréquentations des show room des concessionnaires pour que les usines soient obligées de réduire les cadences, voire de fermer partiellement. Le stockage de véhicules produits, mais non vendus se révélant plus coûteux que la mise en chômage partiel d'une partie des salariés.

Une fois ce contexte posé, la situation de l'industrie automobile aux Etats-Unis et en Europe n'a pas grand-chose à voir. Aux Etats-Unis, ces problèmes conjoncturels viennent en effet se greffer sur une crise structurelle lourde (…).


Le point de vue d’un sociologue
est exprimé dans Le Monde (25 octobre 2008, propos recueillis par Nathalie Brafman) sous le titre Quatre roues, cinq crises : où va l'automobile ?

Auteur de "Mobilités, trajectoires fluides" (éd. de l'Aube, 2005), Bruno Marzloff est sociologue et consultant spécialiste des enjeux de mobilité. Selon lui, nous ne pourrons plus, demain, nous servir de notre voiture comme nous le faisons aujourd'hui, du moins en ville, et les constructeurs devront aussi changer de logique (…).

 

Sur le site de Marianne, le 29 novembre, Edouard Husson évoque cette question, à sa façon, dans sa rubrique hebdomadaire : Ma semaine allemande: L'industrie automobile crie «Au secours, je péris !». 

 

Au Sénat, lors de la séance des questions d’actualité au gouvernement, le 27 novembre, Jean-Pierre Chevènement a interpellé la ministre de l’économie, de l’industrie et de l’emploi, Christine Lagarde, sur le sauvetage de l’industrie automobile (voir Intervention).

La question du sénateur Chevènement et la réponse de la ministre Lagarde (extraits) :


Madame le ministre, le sauvetage de notre industrie automobile doit devenir une priorité absolue pour le Gouvernement
. L’enjeu est de taille : 3 millions de personnes directement et indirectement employées sont concernées. Cela représente 10 % de notre PIB, si l’on inclut les activités de commerce et de réparation (…).


La logique industrielle libre-échangiste, en l’absence de toute protection, conduit, et je pèse mes mots, à la disparition potentielle des sites de production français. Toute la production française – je dis bien « toute » – peut être réalisée en Europe centrale et orientale ou dans des pays d’Asie, faute de protection du marché européen. Nous perdrions alors notre marché et l’accès aux marchés voisins : nous serions doublement perdants, à l’exportation comme à l’importation.


La nécessité d’un plan européen s’impose à l’évidence. Les États-Unis ont déjà annoncé un programme de 25 milliards de dollars. La Commission européenne avance le chiffre de 40 milliards d’euros. Qu’en est-il vraiment, puisqu’il s’agit essentiellement de l’addition de plans nationaux ?

Madame la ministre, pouvez-vous nous donner des montants précis et décrire les modalités concrètes d’une telle aide ? Celle-ci ne peut se limiter ni à une baisse de la TVA, qui profitera à toutes les voitures, quelle que soit leur origine, ni à quelques incitations en faveur de la production de véhicules propres.


J’insisterai sur deux points. En premier lieu
, ces aides ne peuvent pas être accordées sans contreparties précises, notamment en ce qui concerne l’emploi des salariés. Par ailleurs, le Gouvernement est-il prêt à envisager l’implication de la puissance publique dans le capital des entreprises françaises notoirement sous-capitalisées ?

 En second lieu, une taxe anti-dumping social et une écotaxe pour égaliser les conditions de concurrence avec les pays à bas coût salarial et refusant toute protection environnementale sont-elles prévues ?

Madame la ministre, lors du prochain Conseil européen qui se réunira dans quelques jours, la France, qui préside l’Union européenne, soulèvera-t-elle le problème de la protection du marché européen, seule à même de garantir la pérennité de notre industrie ?


Mme Christine Lagarde, ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi.


Monsieur le sénateur
, nous n’attendrons pas le prochain Conseil européen : nous avons déjà engagé ce dialogue avec l’ensemble des États membres, mais aussi, plus largement, avec les pays du G20. En effet, nous devons faire face à deux problèmes simultanés : le développement de tous les pays du monde et la stratégie industrielle de la France, au cœur de l’Europe.


Lors du sommet du G20 à Washington
, – je vous renvoie au communiqué final de cette réunion – a été prise la résolution de ne pas avoir recours au protectionnisme. Nous le savons, pour l’avoir éprouvé lors des crises précédentes, le protectionnisme n’est pas une bonne solution et ne peut mener qu’à des crises beaucoup plus graves encore.


Pour suivre les interventions du sénateur Chevènement, cliquer sur www.senat.fr.

 

Cet article est le 31ème paru sur ce blog dans la catégorie Travail Economie

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