ORIENTATIONS POUR L’ECOLE (3ème partie) Après avoir réaffirmé la mission première de l’Ecole (1ère partie), puis écarté les faux remèdes (2ème partie), Michel Vignal*, dans cette 3ème partie, aborde les vraies solutions préconisées par la commission éducation du MRC en vue de leur mise en œuvre par la gauche à l’issue des élections 2007. Troisième idée : POUR REUSSIR LA DEMOCRATISATION DE L’ECOLE, LA GAUCHE DOIT METTRE L’ACCENT SUR LA QUALITE ET DONC SUR L’EFFORT ET LE TRAVAIL. La qualité, l’exigence, doivent être les objectifs essentiels. L’Etat doit assumer pleinement son rôle. Moins d’Etat, moins de crédits budgétaires, c’est plus de renoncement et plus d’inégalité. On le voit avec l’actuel budget de l’Education nationale qui réduit de 30 % les postes au concours de professeurs. La réduction du temps de formation effectif des enseignants en formation en I.U.F.M. comme la mise en place d’une bivalence au rabais pour les professeurs certifiés, ainsi que la suppression d’heures de décharge justifiées dans le secondaire, sont de mauvaises décisions. Plus d’école, d’heures enseignées et dans toutes les matières, plus de soutien scolaire en groupes de petite taille, d’études surveillées ou dirigées, d’efforts pour les ZEP, de surveillants et d’éducateurs pour assurer la sécurité et la vie scolaire, tout cela c’est plus de qualité et d’égalité. L’Ecole se doit d’être plus présente auprès des élèves. Les dispositifs d’accompagnement et de soutien doivent se développer dans le cadre de la gratuité des établissements publics pour combattre l’explosion du marché des cours particuliers : - modules de soutien scolaire adaptés aux difficultés des élèves, - suivi personnalisé des élèves en relation avec les familles qui doivent être associées et conseillées, - études dirigées ou surveillées pour l’aide aux leçons, exercices et devoirs. Mieux soutenir et conforter les enseignants, pour reconnaître aux professeurs l’autorité qui découle de leur fonction, pour valoriser leur magistère, c’est leur permettre de mieux accomplir la tâche difficile d’inculquer le goût de l’effort dans une société hédoniste, le sens du travail dans un monde qui applaudit la réussite par l’argent; donner la joie de comprendre; la fierté de s’élever dans une société où règnent le zapping et les démagogies télévisuelles. Les professeurs ont besoin que l’Etat et la nation leur témoignent plus de considération. Nous proposons de réformer les IUFM dans le sens d’une formation exigeante, plus rigoureuse, plus progressive, plus cadrée sur le plan national et nourrie des valeurs républicaines. Une telle formation doit articuler de solides connaissances théoriques à une sérieuse formation didactique et pédagogique (dégagée des dérives « pédagogistes »), qui ne sont pas contradictoires mais complémentaires. Il faut aussi créer des financements d’Etat pour aider des jeunes de milieu modeste à faire leurs études, s’ils s’engagent ensuite à servir l’Education nationale et d’autres services publics pendant 10 ans. L’éducation civique doit, au-delà des discours, être une réalité forte dans les programmes et les pratiques. Elle apprend à connaître, comprendre et partager les valeurs morales et sociales, en particulier celles de la vie collective dans l’institution scolaire, qui prennent leur sens dans l’application exemplaire des règles. Plus largement, elle apprend à l’élève à connaître et comprendre ce qu’est la citoyenneté, l’exercice de la souveraineté populaire, et le sens des droits et devoirs du citoyen. L’éducation aux institutions et à la vie politique, ainsi que la morale civique, sont parties prenantes d’une formation des futurs citoyens qui doit gagner en ampleur, conviction et rigueur. Les établissements scolaires doivent être valorisés comme éléments de l’institution majeure de la République. Outre l’attention portée à la qualité des bâtiments qui contribue à leur considération et attractivité, ils doivent être préservés des difficultés de leur environnement et de « l’ouverture » à toute les fatalités sociales, à toutes les formes d’incivilité et de violence. La question de la sécurité dans et aux abords des établissements, en particulier pour les collèges et les lycées professionnels, est, en effet, très importante. Les familles y sont très sensibles dans leur choix d’établissements. La fermeté et la discipline s’imposent comme facteurs primordiaux de la liberté d’enseigner et d’apprendre. C’est ce qu’attendent aussi bien les élèves et les professeurs que les parents Plus de qualité partout, c’est aussi aménager la carte scolaire, afin de lutter contre les inégalités territoriales et particulièrement supprimer les ghettos scolaires. Nous sommes partisans de redécouper des secteurs scolaires plus larges afin de mêler dans les mêmes établissements des élèves de diverses origines sociales en utilisant les possibilités données par des transports scolaires gratuits. Il faut aussi multiplier et diffuser sur le territoire les voies du mérite et de l’excellence. L’accès aux meilleures formations supérieures doit être ouvert aux élèves des banlieues et des villes petites et moyennes. Nous favoriserons aussi l’obtention de bourses au mérite tout en augmentant le nombre de bourses sur critères sociaux. Jean-Pierre Chevènement propose aussi la création d’un Institut de la parentalité, autrement dit une Ecole des parents. Cette école serait facultative, mais installée sur tout le territoire avec des conseillers et spécialistes afin que les parents puissent disposer de cadres et repères qui font de plus en plus défaut. * Michel Vignal , conseiller municipal de Laon (Aisne), est secrétaire national du MRC.