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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

L'Allemagne était au menu du colloque de la Fondation Res Publica le 12 février

 

Chevènement : La France et l’Allemagne ont la capacité politique de se projeter dans l’avenir à long terme

 Tous les colloques de la Fondation Res Publica se distinguent par le haut niveau des réflexions présentées par les intervenants. Il suffit d’aller sur le site www.fondation-res-publica.org pour le vérifier.

 Lundi, je m’étais inscrit (l’entrée est gratuite, mais il faut s’inscrire) pour participer au colloque sur le thème « L’Allemagne, l’Europe et la mondialisation » à la Maison de la Chimie à Paris.

 Le fil conducteur était le suivant :

 Après quinze mois de grande coalition, quels sont les choix de l'Allemagne ?

 Comment sont fondées ses performances dans le commerce mondial, et sont-elles pérennes ? Ont-elles un coût social ? Comment conçoit-elle les rapports entre l'insertion dans le marché mondial et l'engagement européen ? Voit-elle son destin comme celui d'une Allemagne mondialisée ou d'une Allemagne européenne ?
Ces questions décisives pour la relation franco-allemande étaient évoquées par des économistes, universitaires et chercheurs lors de ce 23ème colloque de la Fondation Res Publica.

 Les intervenants

 Edouard Husson, maître de conférences à Paris 4, directeur des études de la Fondation, déroulait le fil conducteur du colloque, puis intervenaient successivement : Gilbert Casassus, professeur associé à l'IEP de Paris ; Jean-Luc Gréau, économiste ; Stephan Martens, professeur à Bordeaux 3 - Montaigne ; Wolfram Vogel, chercheur à l'Institut franco-allemand de Ludwigsburg ; Mme Petra Wilke, chercheur à la Fondation Friedrich Ebert Stiftung et, en conclusion, Jean-Pierre Chevènement, président de la Fondation. Ensuite, les participants dans la salle étaient invités à s’exprimer.

 Les actes de ce colloque seront disponibles dans quelques semaines. Dans l’immédiat, je propose un résumé (rédigé à partir de mes notes) de l’intervention de Jean-Pierre Chevènement.

 Les conclusions de Jean-Pierre Chevènement

 L’horizon franco-allemand est incertain. On constate en France des tendances similaires à celles décrites par Mme Wilke en Allemagne, les deux peuples étant cousins germains depuis Charlemagne…

 Nous différons pourtant dans l’approche politique de l’Europe (post-nationalisme selon Habermas, débats politiques nationaux selon nous). Nous différons aussi par le solde du commerce extérieur. Encore faudrait-il compléter la balance commerciale par la balance des « invisibles » (services et revenus) qui est plus favorable à la France. Mais le taux de croissance n’est pas très différent, autour de 2,5% dans les deux pays. Le sentiment de précarité augmente partout.

 Les bourrasques se succèdent en France

 Le NON au TCE a rassemblé près de 55% des français lors du référendum européen. L’Allemagne souhaite préserver la substance ou l’essence du traité constitutionnel européen ? C’est un débat philosophique.

 En France, la « substance », la « Constitution »…ces mots ne passent pas. Reprendre la charte des valeurs ? C’est renforcer le pouvoir de la Cour de Justice.

 Par contre, établir une règle de vote tenant compte de l’intérêt national de l’Allemagne, notamment de la différence de population, est tout à fait admissible. La perspective de l’entrée des Balkans impose de revoir les règles de fonctionnement. Mais le traité de Nice est opérationnel actuellement, même si ceux qui l’ont signé n’en sont pas contents. Les directives « Reach » et « Bolkestein », le budget pour six ans, ont été votés.

 Un NON social et un NON politique à cette Europe

 Le NON français était un NON social (rejet de l’Europe, telle qu’elle fonctionne) et un NON politique (NON à l’idée de constitution en raison de l’attachement à la démocratie, NON à l’élargissement continu, perçu comme étant source d’insécurité politique).

 Voir l’Europe à travers un droit contraignant n’est pas une bonne idée. Nous avons en commun de nombreuses valeurs (à l’exception de la laïcité), les politiques commerciales et monétaires (l’euro).

 Ce qui manque à l’Europe, c’est la croissance de l’économie (afin de résorber le chômage et la précarité, préserver le tissu industriel). L’Allemagne a encore 3,9 millions de chômeurs. C’est seulement ensemble, avec la France,  qu’elle pourra réellement faire le poids, par rapport à la mondialisation (l’euro ne joue aucun rôle, il ne fait guère plus que l’ancien mark allemand).

 Il y a les traités européens, mais il faut utiliser la clause de rendez-vous afin de modifier le rôle de la BCE, son mode de raisonnement, faire en sorte que les gouvernements y mettent leur nez et  donner à l’Europe des objectifs sociaux et fiscaux. Le problème n’est pas d’abord institutionnel (la substance...).

 Les défis de la mondialisation

 La vraie question, c’est comment relever les défis de la mondialisation ? Nous sommes face à des coûts de main-d’œuvre durablement bas et des taux de croissance très hauts (10% en Chine, 8% en Inde, 6% au Brésil). Les coûts salariaux français restent inférieurs aux coûts allemands, même si l’écart s’est réduit.

 Comment la situation va-t-elle évoluer dans les 5-6 ans à venir ? La Chine construit une industrie de biens d’équipement, elle deviendra vite un rival. La croissance européenne est vitale. Il faut arrimer l’Afrique et la Russie à notre développement, hiérarchiser nos priorités (industrie, espace, défense…).

 Une ambition pour l’Europe

 Quelle ambition pour l’Europe ? Quel est son intérêt à long terme ? Les USA, qui oeuvrent au rapprochement avec l’Allemagne, donnent l’impression d’être un grand pays emporté par le poids de sa puissance. Que feront-ils demain avec l’Iran ? Il y a un danger.

 Nous ne sommes pas favorables à la guerre des civilisations. Nous voulons un développement pacifique, régler le problème du Proche-Orient, faire une politique méditerranéenne.

 L’Allemagne et la France ont à rechercher la voie de la raison

 L’Allemagne et la France sont proches et ont des relations étroites, en augmentation depuis cinquante ans. Chaque nation doit défendre ses intérêts sans arrogance et passer des compromis en répondant aux intérêts des deux peuples.

 Les élections en France ? Tout est possible, y compris la défaite de Sarkozy. Les français, comme les allemands, se répartissent en trois parties à peu près égales : ceux qui sont en déshérence, ceux qui sont inquiets et ceux qui se sentent bien.

 La Constitution renvoie à l’idée de fédération européenne. Sur ce point, l’Allemagne est plus pragmatique, grâce à Schroëder. Il n’y a pas de catastrophe en vue. Le traité de Nice est applicable. Il faut trouver la voie de la raison (gouvernement économique de la zone euro, fonctionnement à 30, la France tournée vers la Méditerranée, l’Allemagne vers la Russie).

 C’est possible (à condition de faire un gros effort de compréhension entre français et allemands) avant les élections européennes de 2009, même si ces élections n’ont jamais constitué un événement marquant jusqu’à présent.

 Pendant le débat qui a suivi, Jean-Pierre Chevènement s’est exprimé en réponse à des interventions.

 La Russie et la Chine

 Concernant la Russie et la Chine, il a repris cette idée que la France et l’Allemagne ont de nombreuses similitudes et la capacité politique de se projeter dans l’avenir à long terme.

 C’est une nécessité vitale au moment où les géants (Chine, Inde), endormis pendant cinq siècles d’expansion européenne, se réveillent.

 Quant à la Russie et à l’Ukraine, qui font partie de la famille des nations européennes et de l’espace russophone, il faut leur proposer un partenariat renforcé (voir sur www.fondation-res-publica.org le compte rendu du colloque du 11 octobre 2005 sur le thème « Où va la Russie ? »).

 Après le NON français, laisser passer l’orage

 Le NON français du 29 mai 2005 n’a pas été compris en Allemagne. La France n’a pas le même système politique que l’Allemagne. Mais il ne faut pas dramatiser et voir le long terme. La première période Schroëder n’a pas été facile.

 En 2003, il s’est produit une éclaircie, puis, en 2005, le peuple français s’est exprimé, ce qui est son droit. Il n’y a pas à s’excuser. C’était un NON à cette Europe. La France a contribué beaucoup dans le passé à la construction européenne.

 Si l’on n’est pas compris, il faut laisser passer l’orage, relativiser, prendre de la distance et éviter de se laisser happer par des problématiques subalternes.

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