Pour un renouveau du monde agricole et rural
L'effritement de la PAC est exemplaire des dérives de la construction européenne sous l'influence des idées libérales et socio-libérales. A l'origine, elle permettait aux agriculteurs de percevoir, plus ou moins bien il est vrai, des prix fondés sur leurs coûts de production grâce à l'application de la préférence communautaire complétée en tant que de besoin par des mécanismes d'intervention. Maintenant le marché européen est ouvert aux produits de pays dont les normes sociales et environnementales n'ont rien de commun avec les standards européens ; il le sera encore plus avec les négociations en cours à l'OMC. Dans le même temps, les dispositifs d'intervention et de garantie des prix ont été démantelés. Pour faire accepter cette baisse brutale de revenu, l'Union européenne a imaginé un dispositif kafkaïen d'aides directes dissociées ("découplées") des quantités produites. Outre que ce dispositif est mal perçu par le reste de la société, son financement n'est pas assuré à moyen terme, avec pour résultat inéluctable la perte de centaines de milliers de postes de travail agricoles. Une PAC rénovée, plus proche de ses buts originels, est possible dans le cadre de la politique européenne que nous préconisons, libérée de la dictature à court terme des marchés financiers et de la tutelle des intérêts géopolitiques des USA. Cette politique permettra de refonder le lien entre le monde agricole et le reste de la société… Cette réforme de la politique européenne s'accompagnera de mesures nationales visant à simplifier la gestion interne du secteur agricole et rural, notamment en réduisant l'influence disproportionnée des lobbies professionnels sur les orientations politiques. Pour garantir simultanément les intérêts des producteurs et des consommateurs, ainsi que la viabilité des industries agricoles et alimentaires (qui génèrent plus d'emplois que l'activité agricole proprement dite), des mesures effectives garantiront une juste répartition de la valeur ajoutée entre les divers échelons de filières agroalimentaires en réduisant les pressions exercées par les grands distributeurs sur leurs fournisseurs. Le nombre et le volume des organisations professionnelles de service à l'agriculture ont pu se justifier dans le passé, mais ne sont plus adaptés à la situation actuelle et représentent une charge trop lourde pour les producteurs .Le regroupement de ces organisations sera effectué dans le cadre de Chambres d'Agriculture rénovées, ouvertes aux acteurs des filières agroalimentaires et du monde rural et associées aux collectivités territoriales. L'enseignement agricole retrouvera son rôle d'appui au développement agricole et rural pour accompagner les nouvelles activités extra agricoles et les utilisations non-alimentaires des produits agricoles. La forêt française constitue une des dernières ressources primaires de notre pays, mais elle est largement sous-exploitée, ce qui permet à certains de "justifier" les importations de bois tropicaux. Une grande politique forestière assurera la mise en valeur de cette richesse nationale en réduisant le pillage du tiers monde et la destruction de ses écosystèmes. Les changements climatiques posent avec acuité la question des ressources en eau. Notre pays dispose heureusement d'une situation favorable dans ce domaine, mais une conception étroite de la préservation de la nature s'est opposé à la création de réserves, à grande et petite échelle, qui risquent de s'avérer nécessaires dans le futur. Une relance de la politique hydraulique permettra de garantir la couverture des besoins de la population et de ses diverses activités.