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Le MRC 53 est la structure mayennaise du Mouvement Républicain et Citoyen, qui a pour but de rassembler la gauche républicaine à partir, notamment, des idées de Jean-Pierre Chevènement, l'un de ses fondateurs, qui n'est plus membre du MRC depuis 2015. Le MRC a pris le relais du Mouvement des Citoyens (MDC) après les élections de 2002. En 2022, le MRC est devenu membre de la Fédération de la Gauche Républicaine avec quatre autres organisations politiques.

Rwanda, reconstruction après le génocide : 2ème partie du texte de Bernard Patureau


Au Rwanda, 49% des députés sont des femmes

 

Voici la seconde partie de l’information concernant le Rwanda, que m’a communiquée Bernard Patureau, l’actuel vice secrétaire général de l’association Ibuka France* et, aussi, l’un de mes camarades de la 118ème promotion de l’ENSA de Rennes (cette école forme des ingénieurs agronomes ; elle fait partie d’Agrocampus à Rennes depuis quelques années).

 

Bernard avait choisi, en 3ème année d’études, l’Ecole Supérieure d’Agronomie Tropicale, ce qui l’a conduit à faire toute sa carrière professionnelle en Afrique. Son épouse, d’origine rwandaise, l’accompagnait en Guinée en 1994 lorsque s’est produit le génocide des tutsis au Rwanda. Toute sa famille, tutsie, a été massacrée. L’engagement de Bernard Patureau et de son épouse, très fort au sein de l’association Ibuka, ne doit donc rien au hasard. Il m’a transmis un texte explicatif que j’ai découpé en deux parties.

Dans le précédent article, étaient exposés la partie historique et le contexte dans lequel s’est situé le Rwanda. Dans cette seconde partie, il traite de l’après génocide et de la reconstruction du pays. Et il évoque le rôle de l’association Ibuka.

 

Situation du pays aujourd’hui

 

L’après génocide, la reconstruction

Le Tribunal pénal international pour le Rwanda est constitué par l'ONU fin 1994. Le pays commença à se reconstruire sur les ruines du génocide, avec les quelques rescapés, leurs bourreaux et complices vivant en liberté pour la plupart, en prison pour certains, une partie des ex-exilés de retour, au rythme des souffrances, de la justice, des peurs vers une difficile réconciliation car aucun remords ni aucun pardon ne s’est exprimé. Le pays a retrouvé les caractéristiques de sa démographie d’avant génocide. Moins de 40 dossiers ont été à ce jour traités.

Des fonds - insuffisants -  furent dégagés pour aider les rescapés, les maisons remises aux fuyards « hutus » de retour, des efforts importants pour une reprise économique furent consentis ; aujourd’hui la paix et la stabilité semblent rétablies, les activités économiques et sociales normalisées… mais tant de choses restent à faire, notamment la sécurité des rescapés-témoins, l’appui à ces mêmes rescapés, aujourd’hui « dilués » dans le contexte de pauvreté.

Les élections, la constitution (loi anti-discrimination)

P. Bizimungu démissionne en 2000. P. Kagame est élu président de la République par l'Assemblée nationale.

Le Rwanda doit faire face à un besoin de justice qui engorge les tribunaux et amène à la réhabilitation de la justice traditionnelle (Gacacas)

La nouvelle constitution du Rwanda, votée par référendum le 26 mai 2003, a abrogé ces références ethniques et les a même rendues illégales pour quiconque chercherait à s'en prévaloir au Rwanda. La culture internationale n'a pas encore véritablement intégré cette évolution. Une loi anti-discrimination fut érigée.

L'élection présidentielle se déroule au suffrage universel le 25 août 2003 et Paul Kagame est élu président de la République. Les élections législatives au suffrage universel suivent le 2 octobre 2003.

Les députés favorables à Paul Kagame obtiennent la majorité des sièges. 49% des députés sont des femmes, ainsi qu'une très forte proportion de sénateurs et de ministres, ce qui fait du Rwanda le pays dont la participation des femmes au pouvoir politique est la plus forte au monde. Une représentation d’handicapés siège également.

La politique de « réconciliation » et la problématique des rescapés

 

De ces dernières années post-génocide, il faut retenir les progrès économiques, la mise en place d’une démocratie fragilisée par la menace constante des génocidaires réfugiés en dehors du Rwanda, nostalgiques d’un ethnisme toujours latent, et les difficultés des rescapés, témoins vivants et gênants tant pour les assassins que pour la politique de réconciliation menée par le gouvernement.

 

 

Bernard Patureau résumait ainsi l'histoire précédant le génocide.

 

« Les éléments pouvant expliquer le génocide remontent à une histoire incluant tout le 20ème siècle :

 

- différenciation et fixation "ethnique" par le colonisateur (cartes d'identités ethniques 1930),

- revirement de l'appui belge face aux souhaits indépendantistes, de façon à déstabiliser le "partenaire" rwandais en place,

- esprit revanchard de la nouvelle "alliance" se matérialisant dès avant l'indépendance (1960) par des massacres et des fuites de tutsis, et ce pendant plus de 30 ans...

- souhait exprimé de retour des exilés survivants, refus et retour de "force" (fin des années 1980 à 92)

 

Et, en parallèle, dans les années 1990-94 :

- montée de la notion occidentale de "démocratie" créant ressentiments, provocations et haines "ethniques" de façon à conforter par la division le pouvoir en place,

- propagande médiatique anti-tutsie et préparation de l'armée et de milices...

 

Il ne manquait qu'un déclencheur, pour éviter les accords en négociation...! »

 

Ibuka

Après le génocide, des rescapés et leurs proches créaient à Bruxelles, dès 1994, une association Ibuka -Mémoire et Justice- en prévision de la création d'une Fondation Internationale Ibuka.

 Au Rwanda, Ibuka vit le jour dès fin 1994 pour se pencher sur tous les problèmes causés par le génocide, dont l'assistance, la défense et la représentation des rescapés, la recherche des preuves, la sauvegarde de la mémoire des victimes, la lutte contre le révisionnisme et le négationnisme, l'analyse des causes profondes du génocide, la lutte contre les discriminations ethniques

Aujourd'hui IBUKA regroupe plusieurs associations qui oeuvrent dans ce sens et comprend également des membres individuels. Elle est implantée dans tout le Rwanda.

Dans ce cadre, Ibuka Belgique A.S.B.L. a soutenu la création de l'association Ibuka au Rwanda, eainsi que des sections en Suisse en 1995, Ibuka France en 2002 et une section récemment créée en Hollande.

IBUKA – Souviens toi – est une structure regroupant les associations des rescapés du génocide, ainsi que tout autre individu ou organisation soucieux de lutter contre le génocide perpétré au Rwanda et de contribuer particulièrement à la réhabilitation des rescapés et de la société rwandaise.

Les objectifs vont de la coordination des activités axées essentiellement sur les conditions de vie sociale à la recherche d'une justice équitable qui bannit l'impunité et à la préservation de la mémoire des victimes. IBUKA peut initier ses propres activités, chercher les financements et exécuter des projets en rapport avec ses objectifs. A Montargis, une cellule d'Ibuka mène des actions pour aider directement des rescapés toujours en grande précarité.

* Site Ibuka France : http://one.xthost.info/ibukafrance.

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